AuteursPierre FABRIES (1), Thierry COTON (2), Alain PUIDUPIN (1), Aurélien RENARD (1) 1. Service d'Accueil des Urgences, Hôpital d'Instruction des Armées Laveran, Marseille, France 2. Pathologies digestives, Hôpital d'Instruction des Armées Laveran, Marseille, France ![]() |
IntroductionLe syndrome cannabinoïde [1] se définit chez le consommateur chronique de cannabis par des épisodes récurrents de douleurs abdominales, nausées, vomissements et agitation. Le bilan complémentaire est normal (polynucléose neutrophile inconstante). Les patients sont soulagés par des douches d’eau chaude [2]. L’objectif était d’étudier l’incidence de cette pathologie chez les consommateurs de cannabis consultants au SAU pour douleurs abdominales non fébriles. Matériel et MéthodeCette étude prospective, monocentrique, incluait les consommateurs hebdomadaires de cannabis de 18 à 65 ans consultants pour douleurs abdominales. Les traumatismes, la fièvre, l’instabilité hémodynamique, la détresse respiratoire ou le coma étaient des critères d’exclusion. Etaient notés les habitudes toxiques, anomalies cliniques et paracliniques, et le diagnostic de sortie. Résultats16 patients ont été inclus de mai à novembre 2013 (14 hommes, 2 femmes, âge moyen: 32 ans). Le diagnostic de syndrome cannabinoïde était retenu pour 9 patients (8 hommes, 1 femme). Ils consommaient de 1 à 10 joints/jours. La douleur était d’EVA moyenne 7/10 à l'arrivée, sans éléments de gravité clinique. Tous montraient une polynucléose neutrophile. L’imagerie abdominale était normale (n=4). En plus d'un syndrome ulcéreux, les autres diagnostics retenus à l'imagerie (2 échographies et 4 scanners) étaient: 2 coliques néphrétiques, 1 appendicite, 1 abcès sigmoïdien, 1 trouble fonctionnel intestinal, et 1 étiologie inexpliquée malgré exploration coeliscopique d’une anomalie scannographique. DiscussionAu total, le diagnostic de syndrome cannabinoïde a été retenu dans 56% des cas. En plus de l’ECG et du bilan biologique avec BU, les examens complémentaires orientés ont écarté les diagnostics différentiels. ConclusionIl s’agit d’une pathologie émergente de diagnostic d’élimination, dont la connaissance du tableau permet d’orienter la prise en charge dès l’interrogatoire. La normalité du bilan complémentaire évite une surprescription d’antalgiques de palier II/III, une hospitalisation et des examens invasifs; alors qu’il semble qu’une douche chaude puisse améliorer le patient. La physiopathologie reste à définir. Le seul traitement définitif est le sevrage. [1] Allen JJ et al. Cannabinoid hyperemesis: cyclical hyperemesis in association with chronic cannabis abuse. Gut 2004;53:1566-70. [2] Simonetto DA et al. JH. Cannabinoid Hyperemesis: a case series of 98 patient. Mayo Clin Proc 2012;87:114-9. |