L'alcoolisation chez les suicidants

Auteurs

L. HADJEB (1),

F. DUCROCQ (2),

G. VAIVA (3),

V. BOSS (3),

T. DANEL (4),

P. MAURIAUCOURT (5),

P. GOLDSTEIN (6),

E. WIEL (7)

1. Pôle de l’Urgence CHRU Lille,, Service des urgences CH Denain, Lille, France

2. CUMP SAMU Régional de Lille, Pôle des Urgences & Clinique Universitaire de Psychiatrie, CHRU Lille, Lille, France

3. Clinique Universitaire de Psychiatrie & Pôle des Urgences, CHRU Lille, Lille, France

4. Fédération Régionale de Recherche en Santé Mentale 59 62, CHRU Lille, Lille, France

5. Collège Régional de Médecine d’Urgence 59 62, CHRU Lille, Lille, France

6. Pôle de l’Urgence, SAMU Régional de Lille, CHRU Lille, Lille, France

7. Pôle de l’Urgence, SAMU Régional de Lille, CHRU de Lille, Université de Lille 2 Nord de France, Lille, France

Introduction

Plusieurs études ont montré le lien entre le risque suicidaire et la consommation d’alcool. Elle est retrouvée dans 30 % des suicides, et jusque 60 % des tentatives de suicide (TS). La prise d’alcool provoque souvent une certaine impulsivité et une déshinibition ou au contraire induit un état dépressif ou l’émergence d’idées suicidaires qui peuvent favoriser le passage à l’acte. On estime que 20 à 60 % des suicidants sont alcoolo-dépendants. L’alcool augmente le risque suicidaire d’un facteur 6 à 8. Enfin, il peut potentialiser les effets toxiques de certains médicaments et augmente donc la gravité du geste suicidaire. Une enquête réalisée sur la prise en charge aux urgences des TS a permis l’analyse de cette population alcoolisée.

Méthodologie

Il s’agit d’une étude prospective transversale multicentrique descriptive réalisée du 1er au 7 Février 2010 et qui incluait tout patient arrivant aux urgences pour TS. L’association de l’alcool a été recherchée lors de la prise en charge.

Résultats

445 Patients étaient pris en charge pour une TS et pour 379 d’entre eux l’item prise d’alcool ou non a été renseigné. 190 suicidants étaient alcoolisés (plus de 50 % des cas). 55 % d’hommes et 45 % de femmes. Sur 103 jeunes de moins de 23 ans ayant fait une TS, il n’y a que 8 % d’alcoolisés. On note une majorité d’hommes alcoolisés chez les jeunes de 15 à 34 ans, ce chiffre s’égalise pour les 35-44 ans puis ce sont les femmes alcoolisées qui sont majoritaires chez les plus de 45 ans. Les 45-54 ans sont les plus alcoolisés (57,7 %) suivis des 25-34 ans et des 55-64 ans avec 52 % chacun. Concernant le mode de TS chez les alcoolisés on retrouve 84 % d’intoxications médicamenteuses, 10,5 % par phlébotomie, 3,7 % par défenestration et 1 % par arme à feu. Enfin, l’enquête a montrée que la majorité des TS arrivant aux urgences de 8 h à 17 h ne sont pas alcoolisées et qu’à l’inverse celles arrivant entre 18 h et 8 h du matin sont en majorité alcoolisées avec un pic entre 19 h et 21 h.

Conclusion

Cette enquête qui confirme la forte proportion d’alcoolisés (50 %) chez les suicidants montre également que l’alcool touche toutes les tranches d’âges dans les 2 sexes, le risque de passage à l’acte doit être recherché systématiquement. Une prise en charge du problème de l’alcool peut-être préalable avant toute prise en charge psychiatrique. Il serait également nécessaire d’organiser pour cette population une prise en charge en réseau entre les différents intervenants.

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