Hypothermie toxique
Elle est définie par une baisse de la température
centrale en dessous de 35°C. Elle est grave en dessous de
32°C.
Elle résulte de l'action toxique de dépresseurs
du système nerveux central (intoxication volontaire éthylique
ou médicamenteuse) sur un organisme placé dans des
conditions défavorables (surface froide, local non chauffé,
environnement extérieur froid...).
Physiopathologie et conséquences thérapeutiques
- Hypothermie accidentelle, à défense conservée
(alpiniste en perdition, victime d'avalanche, immersion prolongée
dans l"eau...)
- L'organisme lutte contre le froid (élévation
du métabolisme, frissons, vasoconstriction)
- Il existe un fort différentiel de température
entre le "noyau" (rassemblant les organes préservés
du froid) et l' "enveloppe". Dans ces conditions :
- Le réchauffement actif externe lève la vasoconstriction,
et augmente les besoins métaboliques de l' "enveloppe"
alors que le "noyau" est froid : il expose à
un collapsus de réchauffement
- Le réchauffement passif externe (couverture de laine,
d'aluminium) assure une remontée progressive de la température
(de l'ordre de 1°C/heure) et une adaptation de la réponse
cardiaque à l'augmentation des besoins périphériques.
Le risque de collapsus de réchauffement est moindre. Cette
méthode apparaît lente, notamment dans le contexte
d'une réanimation cardio-circulatoire.
- Le réchauffement actif interne (dialyse, circulation
extra corporelle) réchauffe d'abord le "noyau".
C'est la méthode la plus efficace (plusieurs degrés
par heure) à mettre en uvre dans les hypothermies
profondes et notamment lors d'état de mort apparente ou
de complications cardiocirculatoires
- Hypothermie toxique à défense minimale
- Du fait de l'action toxique, l'organisme perd ses moyens
de lutte contre le froid (dépression centrale, abolition
du frisson, vasoplégie). Les organes nobles ne sont plus
protégés : il n'existe pas de fort différentiel
de température
- Le réchauffement passif externe est généralement
suffisant dans cette situation, en l'absence de complication
cardiocirculatoire
Clinique
- Sauf pour le retentissement cardiocirculatoire, les signes
liés à l'exposition toxique prennent le pas sur
l'hypothermie : dépression du système
nerveux central, coma plus ou moins profond, hypotonique,
hypo ou aréflexique, avec mydriase bilatérale peu
ou pas réactive.
- Le retentissement cardiocirculatoire est la conséquence
de la bradycardie liée au froid, de la diminution de la
compétence myocardique, auxquels s'ajoutent les effets
propres de certains toxiques (méprobamate, dextropropoxyphène,
antidépresseurs tricycliques...).
Plusieurs caractéristiques :
- Sur l'ECG : onde J d'Osborn (élévation du point
J de jonction entre le contexte QRS et le segment ST)
- Troubles de conduction commun à l'hypothermie et à
certains toxiques
- Fibrillation ventriculaire, rare dans le contexte toxique,
survenant lorsque la température descend en dessous de
28°C
- Collapsus de réchauffement à anticiper
Des complications sont à rechercher : rhabdomyolyse,
pneumopathie d'inhalation
et insuffisance rénale aiguë.
Un intoxiqué hypothermique peut présenter un
état de mort apparente, justifiant réanimation cardiorespiratoire
et réchauffement. Le diagnostic de mort cérébrale
ne peut être posé qu'une fois la température
normalisée.
Réalisé sous la direction
du Pr Vincent Danel, Université Grenoble Alpes
Dernière révision : Décembre 2019