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20/08 2024
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URGENCES: UNE "CINQUANTAINE" D'HÔPITAUX ACTUELLEMENT EN TENSION (FRÉDÉRIC VALLETOUX)

PARIS, 20 août 2024 (APMnews) - Une "cinquantaine" d'hôpitaux sont actuellement en tension, ce qui est "un peu mieux" qu'à l'été 2023, a observé le ministre délégué démissionnaire chargé de la santé et de la prévention, Frédéric Valletoux, dans une interview au quotidien Ouest-France publiée mardi, en réponse à une question sur les fermetures de service d'urgence.

Les conditions de fonctionnement des services d'urgence, aggravées par le manque de personnel en cette période estivale, provoquent des situations de tension dans plusieurs régions (cf dépêche du 08/08/2024 à 18:08).

"Les tensions ne sont pas aussi fortes qu'au cours de [l'été] 2022", a estimé le ministre délégué. "Pour autant, la période du mois d'août demeure complexe, de la même manière que l'est celle entre Noël et le jour de l'an".

Il considère néanmoins que "les mesures issues de la mission flash sur les urgences et de la réforme des autorisations de médecine d'urgence, du 29 décembre 2023" (cf dépêche du 02/05/2023 à 11:48 et dépêche du 02/01/2024 à 19:27) "portent leurs fruits".

"On constate […] qu'il est plus facile de recruter des personnels supplémentaires durant cet été", s'est-il réjoui, en rappelant que "les revalorisations des gardes de nuit et des heures travaillées les dimanches et les jours fériés -ce qui constituait l'une des demandes principales des syndicats hospitaliers- ont été pérennisées".

Frédéric Valletoux a admis qu'il restait "des situations délicates" mais assuré que des solutions sont trouvées "au cas par cas" avec le "concours des agences régionales de santé" (ARS), "pour transférer, par exemple, l'activité vers d'autres établissements".

Pour lui, "il faut continuer à faciliter le travail des urgences, à recruter là où c'est nécessaire et à renforcer la coopération avec la médecine de ville", notamment par le biais des services d'accès aux soins (SAS), qui existent désormais dans 93% des territoires et doivent être généralisées "d'ici à la fin septembre".

Interrogé sur le CHU de Brest, où "entre le 10 juillet et le 7 août, 127 patients de plus de 75 ans ont attendu en moyenne 23 heures aux urgences", selon la CGT, Frédéric Valletoux a pointé en effet "une situation de tension particulière début août, sachant que l'afflux de patients augmente dans cette région qui accueille un grand nombre de touristes".

"Selon nos données, le temps d'attente moyen -c'est-à-dire le temps entre l'arrivée et la sortie des urgences ou l'orientation vers un autre service- a pu monter à neuf heures, mais il ne s'agit pas de la durée habituelle d'attente, qui est plutôt de six ou sept heures", a-t-il précisé, en observant que "l'attente aux urgences ne sera jamais d'une heure".

Il a par ailleurs relaté que, depuis trois ou quatre ans, le nombre de passages aux urgences à Brest a tendance à diminuer et que les effectifs ont "malgré tout" été augmentés.

Enfin, le ministre a rappelé qu'en application de la loi visant à améliorer l'accès aux soins par l'engagement territorial des professionnels, publiée le 28 décembre 2023 et qu'il avait portée en tant que député Horizons de Seine-et-Marne (cf dépêche du 28/12/2023 à 10:27), "les cliniques vont participer à la permanence des soins (week-ends, soirs et jours fériés)".

"En lien avec les cliniques, nous allons organiser ces nouvelles permanences dans chaque département", a-t-il expliqué. "Il s'agit d'une mesure supplémentaire pour aider les hôpitaux publics qui assurent l'essentiel de cette permanence."

Cette loi prévoit la mise en place d'une réponse graduée, fondée sur une "responsabilité collective" dont les modalités seront fixées par voie réglementaire, note-t-on. Ce texte d'application est toujours attendu (cf dépêche du 01/08/2024 à 15:25).

S'agissant de la baisse du nombre de postes d'internes, le ministre a rappelé que cette situation est liée à la réduction du nombre d'étudiants en lien avec les nouvelles modalités d'examen (cf dépêche du 18/03/2024 à 11:32 et dépêche du 16/08/2024 à 18:40).

"Ces nouvelles modalités ont pu inquiéter certains étudiants qui ont choisi de reporter d'une année le passage de l'examen" et "nous allons donc avoir un trou d'air qui sera rattrapé l'an prochain", a assuré Frédéric Valletoux. "Avec cette nouvelle formule d'examen, le taux d'échec n'est pas plus important que précédemment: il reste d'environ 2%."

Le ministre délégué a par ailleurs observé qu'en tant que ministre démissionnaire, il ne faisait que gérer les affaires courantes, qui impliquent l'anticipation "au mieux [de] l'arrivée de la nouvelle souche du mpox".

"La contrepartie est que nous avons dû poser notre stylo concernant certains chantiers: la revalorisation du métier d'infirmier, l'amélioration du système de prise en charge de la santé mentale… Il est évident que cette situation ne peut pas s'éterniser", a-t-il déploré.

Une situation estivale "comparable" aux années précédentes (président de la FHF)

Mardi matin, sur l'antenne de France inter, le président de la Fédération hospitalière de France (FHF), Arnaud Robinet, a estimé qu'il était "trop tôt pour fournir des éléments chiffrés sur l'activité hospitalière dans sa globalité" cet été.

Néanmoins, "la situation estivale est comparable aux années précédentes avec des situations très hétérogènes suivant les territoires, avec des difficultés à maintenir des services d'urgence ouverts et puis la mise en place de régulations de l'accès aux urgences dans certains territoires", a-t-il constaté.

Pour lui, cela s'explique par un "déficit en termes de personnels" mais aussi, comme chaque été, par des fermetures de services dans le secteur privé et les congés de professionnels en ville. Pour y faire face, il a appelé à renforcer la complémentarité entre le public et le privé, surtout entre les établissements publics de santé et la médecine de ville.

Interrogé également sur la baisse du nombre de nouveaux internes à la rentrée, il a évoqué un "effet conjoncturel cette année" et observé qu'il était encore "trop tôt pour faire un diagnostic".

La FHF attend un état des lieux "beaucoup plus affiné par spécialités et notamment par spécialités qui font l'objet de sous-recours" dans les hôpitaux. Il a indiqué qu'elle présentera, le mardi 3 septembre lors d'une conférence de presse, une étude plus précise sur le sujet.

Il s'est néanmoins montré "optimiste" car "les internes qui ont redoublé, on va les retrouver l'année prochaine" et la situation actuelle "ne doit pas cacher la très forte augmentation d'internes qui est prévue pour l'année 2025".

"Cette baisse, bien évidemment, elle peut inquiéter", et "nous avons aussi des remontées, des inquiétudes et interrogations de la part de nombreux établissements", mais "ce n'est pas un effondrement en tant que tel", même si pour pallier ce manque d'internes, c'est "l'adaptabilité du service public qui va être mise à l'épreuve", ainsi que la réactivité de l'ensemble des agents et des internes dans nos différents services, a-t-il pointé.

Parmi les solutions qui seront mises en place, il a évoqué des médecins étrangers qui "vont être recrutés de façon temporaire, de façon conjoncturelle, mais l'objectif, bien évidemment du gouvernement c'est […] d'avoir un nombre d'internes suffisant l'année prochaine, et dans les années qui suivent".

cb/ab/APMnews

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PARIS, 20 août 2024 (APMnews) - Une "cinquantaine" d'hôpitaux sont actuellement en tension, ce qui est "un peu mieux" qu'à l'été 2023, a observé le ministre délégué démissionnaire chargé de la santé et de la prévention, Frédéric Valletoux, dans une interview au quotidien Ouest-France publiée mardi, en réponse à une question sur les fermetures de service d'urgence.

Les conditions de fonctionnement des services d'urgence, aggravées par le manque de personnel en cette période estivale, provoquent des situations de tension dans plusieurs régions (cf dépêche du 08/08/2024 à 18:08).

"Les tensions ne sont pas aussi fortes qu'au cours de [l'été] 2022", a estimé le ministre délégué. "Pour autant, la période du mois d'août demeure complexe, de la même manière que l'est celle entre Noël et le jour de l'an".

Il considère néanmoins que "les mesures issues de la mission flash sur les urgences et de la réforme des autorisations de médecine d'urgence, du 29 décembre 2023" (cf dépêche du 02/05/2023 à 11:48 et dépêche du 02/01/2024 à 19:27) "portent leurs fruits".

"On constate […] qu'il est plus facile de recruter des personnels supplémentaires durant cet été", s'est-il réjoui, en rappelant que "les revalorisations des gardes de nuit et des heures travaillées les dimanches et les jours fériés -ce qui constituait l'une des demandes principales des syndicats hospitaliers- ont été pérennisées".

Frédéric Valletoux a admis qu'il restait "des situations délicates" mais assuré que des solutions sont trouvées "au cas par cas" avec le "concours des agences régionales de santé" (ARS), "pour transférer, par exemple, l'activité vers d'autres établissements".

Pour lui, "il faut continuer à faciliter le travail des urgences, à recruter là où c'est nécessaire et à renforcer la coopération avec la médecine de ville", notamment par le biais des services d'accès aux soins (SAS), qui existent désormais dans 93% des territoires et doivent être généralisées "d'ici à la fin septembre".

Interrogé sur le CHU de Brest, où "entre le 10 juillet et le 7 août, 127 patients de plus de 75 ans ont attendu en moyenne 23 heures aux urgences", selon la CGT, Frédéric Valletoux a pointé en effet "une situation de tension particulière début août, sachant que l'afflux de patients augmente dans cette région qui accueille un grand nombre de touristes".

"Selon nos données, le temps d'attente moyen -c'est-à-dire le temps entre l'arrivée et la sortie des urgences ou l'orientation vers un autre service- a pu monter à neuf heures, mais il ne s'agit pas de la durée habituelle d'attente, qui est plutôt de six ou sept heures", a-t-il précisé, en observant que "l'attente aux urgences ne sera jamais d'une heure".

Il a par ailleurs relaté que, depuis trois ou quatre ans, le nombre de passages aux urgences à Brest a tendance à diminuer et que les effectifs ont "malgré tout" été augmentés.

Enfin, le ministre a rappelé qu'en application de la loi visant à améliorer l'accès aux soins par l'engagement territorial des professionnels, publiée le 28 décembre 2023 et qu'il avait portée en tant que député Horizons de Seine-et-Marne (cf dépêche du 28/12/2023 à 10:27), "les cliniques vont participer à la permanence des soins (week-ends, soirs et jours fériés)".

"En lien avec les cliniques, nous allons organiser ces nouvelles permanences dans chaque département", a-t-il expliqué. "Il s'agit d'une mesure supplémentaire pour aider les hôpitaux publics qui assurent l'essentiel de cette permanence."

Cette loi prévoit la mise en place d'une réponse graduée, fondée sur une "responsabilité collective" dont les modalités seront fixées par voie réglementaire, note-t-on. Ce texte d'application est toujours attendu (cf dépêche du 01/08/2024 à 15:25).

S'agissant de la baisse du nombre de postes d'internes, le ministre a rappelé que cette situation est liée à la réduction du nombre d'étudiants en lien avec les nouvelles modalités d'examen (cf dépêche du 18/03/2024 à 11:32 et dépêche du 16/08/2024 à 18:40).

"Ces nouvelles modalités ont pu inquiéter certains étudiants qui ont choisi de reporter d'une année le passage de l'examen" et "nous allons donc avoir un trou d'air qui sera rattrapé l'an prochain", a assuré Frédéric Valletoux. "Avec cette nouvelle formule d'examen, le taux d'échec n'est pas plus important que précédemment: il reste d'environ 2%."

Le ministre délégué a par ailleurs observé qu'en tant que ministre démissionnaire, il ne faisait que gérer les affaires courantes, qui impliquent l'anticipation "au mieux [de] l'arrivée de la nouvelle souche du mpox".

"La contrepartie est que nous avons dû poser notre stylo concernant certains chantiers: la revalorisation du métier d'infirmier, l'amélioration du système de prise en charge de la santé mentale… Il est évident que cette situation ne peut pas s'éterniser", a-t-il déploré.

Une situation estivale "comparable" aux années précédentes (président de la FHF)

Mardi matin, sur l'antenne de France inter, le président de la Fédération hospitalière de France (FHF), Arnaud Robinet, a estimé qu'il était "trop tôt pour fournir des éléments chiffrés sur l'activité hospitalière dans sa globalité" cet été.

Néanmoins, "la situation estivale est comparable aux années précédentes avec des situations très hétérogènes suivant les territoires, avec des difficultés à maintenir des services d'urgence ouverts et puis la mise en place de régulations de l'accès aux urgences dans certains territoires", a-t-il constaté.

Pour lui, cela s'explique par un "déficit en termes de personnels" mais aussi, comme chaque été, par des fermetures de services dans le secteur privé et les congés de professionnels en ville. Pour y faire face, il a appelé à renforcer la complémentarité entre le public et le privé, surtout entre les établissements publics de santé et la médecine de ville.

Interrogé également sur la baisse du nombre de nouveaux internes à la rentrée, il a évoqué un "effet conjoncturel cette année" et observé qu'il était encore "trop tôt pour faire un diagnostic".

La FHF attend un état des lieux "beaucoup plus affiné par spécialités et notamment par spécialités qui font l'objet de sous-recours" dans les hôpitaux. Il a indiqué qu'elle présentera, le mardi 3 septembre lors d'une conférence de presse, une étude plus précise sur le sujet.

Il s'est néanmoins montré "optimiste" car "les internes qui ont redoublé, on va les retrouver l'année prochaine" et la situation actuelle "ne doit pas cacher la très forte augmentation d'internes qui est prévue pour l'année 2025".

"Cette baisse, bien évidemment, elle peut inquiéter", et "nous avons aussi des remontées, des inquiétudes et interrogations de la part de nombreux établissements", mais "ce n'est pas un effondrement en tant que tel", même si pour pallier ce manque d'internes, c'est "l'adaptabilité du service public qui va être mise à l'épreuve", ainsi que la réactivité de l'ensemble des agents et des internes dans nos différents services, a-t-il pointé.

Parmi les solutions qui seront mises en place, il a évoqué des médecins étrangers qui "vont être recrutés de façon temporaire, de façon conjoncturelle, mais l'objectif, bien évidemment du gouvernement c'est […] d'avoir un nombre d'internes suffisant l'année prochaine, et dans les années qui suivent".

cb/ab/APMnews

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