Actualités de l'Urgence - APM
UN COMPLÉMENT DE REVENU MENSUEL POUR LES PLUS PRÉCAIRES S'AVÈRE BÉNÉFIQUE POUR LA SANTÉ ET L'ACCÈS AUX SOINS (ÉTUDE AMÉRICAINE)
La pauvreté est un obstacle à l'accès aux soins et est associée à une moins bonne santé. Cette association pourrait toutefois être davantage due à des facteurs confondants qu'au niveau de revenu lui-même, et la question du bénéfice sur la santé d'une allocation de soutien au revenu reste ouverte aux Etats-Unis, soulignent Sumit Agarwal du Brigham and Women's Hospital à Boston et ses collègues.
Un tel avantage pécuniaire permettrait de réduire la pression financière et d'améliorer ainsi la santé mentale, et de payer l'accès aux soins. Mais il est souvent considéré que ces prestations en espèces inciteraient à davantage d'usage de substances et d'alcool, au détriment de la santé, rappellent-ils.
Les précédentes études randomisées sur la question n'ont montré que des effets modestes ou pas d'effet sur la santé, mais elles étaient pour la plupart de petite taille, l'aide au revenu n'était versée qu'une fois, et aucune n'a exploité les données de santé administratives qui permettent d'avoir une vision précise et globale du recours aux soins et des biomarqueurs, notent-ils.
Ils ont étudié 2.880 personnes vivant à Chelsea (Massachusetts), une ville abritant une communauté à faibles revenus, majoritairement "latina" et immigrée, près de Boston. Ces personnes ont participé à une loterie organisée par la ville pour recevoir une prestation en espèces allant jusqu'à 400 dollars par mois en fonction du nombre de personnes par foyer, tous les mois pendant neuf mois, via une carte bancaire prépayée et rechargée mensuellement.
Pour pouvoir participer à la loterie, il fallait habiter Chelsea et disposer d'un revenu par foyer inférieur à 30% du revenu médian de la zone statistique métropolitaine de Boston. Une seule personne par foyer pouvait participer, et des tickets de loterie supplémentaires (augmentant les chances de gagner) pouvaient être distribués selon des critères spécifiques, comme le fait d'avoir des enfants ou une personne âgée à charge, être vétéran ou handicapé, ne pas recevoir d'allocation de chômage, le fait qu'aucun membre du foyer n'ait un emploi, ou ne pas être éligible aux programmes d'aide alimentaire.
Parmi les 2.880 personnes incluses dans l'étude, 1.746 ont été assignées aléatoirement, via la loterie, au versement de la prestation, tandis que 1.134 personnes n'en ont pas bénéficié et constituaient le groupe contrôle. Les dossiers médicaux des participants ont été croisés à travers plusieurs systèmes de santé.
Le nombre de visites aux urgences au cours de la période de versement de la prestation était significativement moindre dans le groupe ayant reçu la prestation que dans le groupe contrôle (217,1 visites pour 1.000 personnes contre 317,5 visites pour 1.000, soit une différence de -87,0 visites pour 1.000).
Il y a eu notamment une réduction significative des visites aux urgences liées à des troubles de santé mentale ou à l'usage de substances (-21,6 visites pour 1.000) et plus spécifiquement liées à l'usage de substances (-12,8 visites pour 1.000).
Une baisse significative du nombre de visites aux urgences entraînant une hospitalisation a également été observée (-27,3 visites pour 1.000).
La prestation en espèces n'a pas eu d'effet significatif sur le nombre total de consultations externes, de consultations en médecine générale ni de consultations externes liées à la santé mentale ou à l'usage de substances.
Les consultations externes dans d'autres spécialités ont été plus fréquentes dans le groupe bénéficiant de la prestation (+303,1 consultations pour 1.000 personnes).
L'aide financière n'a pas eu d'effet significatif sur le recours à la vaccination contre le Covid-19, ni sur la pression artérielle, le poids, l'hémoglobine glyquée ou le taux de cholestérol.
"Les résultats de cette étude suggèrent que des stratégies visant à soulager la pauvreté en apportant une aide au revenu peuvent avoir des bénéfices importants sur la santé et l'accès aux soins", concluent les auteurs.
(JAMA, publication en ligne du 22 juillet)
cd/nc/APMnews
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UN COMPLÉMENT DE REVENU MENSUEL POUR LES PLUS PRÉCAIRES S'AVÈRE BÉNÉFIQUE POUR LA SANTÉ ET L'ACCÈS AUX SOINS (ÉTUDE AMÉRICAINE)
La pauvreté est un obstacle à l'accès aux soins et est associée à une moins bonne santé. Cette association pourrait toutefois être davantage due à des facteurs confondants qu'au niveau de revenu lui-même, et la question du bénéfice sur la santé d'une allocation de soutien au revenu reste ouverte aux Etats-Unis, soulignent Sumit Agarwal du Brigham and Women's Hospital à Boston et ses collègues.
Un tel avantage pécuniaire permettrait de réduire la pression financière et d'améliorer ainsi la santé mentale, et de payer l'accès aux soins. Mais il est souvent considéré que ces prestations en espèces inciteraient à davantage d'usage de substances et d'alcool, au détriment de la santé, rappellent-ils.
Les précédentes études randomisées sur la question n'ont montré que des effets modestes ou pas d'effet sur la santé, mais elles étaient pour la plupart de petite taille, l'aide au revenu n'était versée qu'une fois, et aucune n'a exploité les données de santé administratives qui permettent d'avoir une vision précise et globale du recours aux soins et des biomarqueurs, notent-ils.
Ils ont étudié 2.880 personnes vivant à Chelsea (Massachusetts), une ville abritant une communauté à faibles revenus, majoritairement "latina" et immigrée, près de Boston. Ces personnes ont participé à une loterie organisée par la ville pour recevoir une prestation en espèces allant jusqu'à 400 dollars par mois en fonction du nombre de personnes par foyer, tous les mois pendant neuf mois, via une carte bancaire prépayée et rechargée mensuellement.
Pour pouvoir participer à la loterie, il fallait habiter Chelsea et disposer d'un revenu par foyer inférieur à 30% du revenu médian de la zone statistique métropolitaine de Boston. Une seule personne par foyer pouvait participer, et des tickets de loterie supplémentaires (augmentant les chances de gagner) pouvaient être distribués selon des critères spécifiques, comme le fait d'avoir des enfants ou une personne âgée à charge, être vétéran ou handicapé, ne pas recevoir d'allocation de chômage, le fait qu'aucun membre du foyer n'ait un emploi, ou ne pas être éligible aux programmes d'aide alimentaire.
Parmi les 2.880 personnes incluses dans l'étude, 1.746 ont été assignées aléatoirement, via la loterie, au versement de la prestation, tandis que 1.134 personnes n'en ont pas bénéficié et constituaient le groupe contrôle. Les dossiers médicaux des participants ont été croisés à travers plusieurs systèmes de santé.
Le nombre de visites aux urgences au cours de la période de versement de la prestation était significativement moindre dans le groupe ayant reçu la prestation que dans le groupe contrôle (217,1 visites pour 1.000 personnes contre 317,5 visites pour 1.000, soit une différence de -87,0 visites pour 1.000).
Il y a eu notamment une réduction significative des visites aux urgences liées à des troubles de santé mentale ou à l'usage de substances (-21,6 visites pour 1.000) et plus spécifiquement liées à l'usage de substances (-12,8 visites pour 1.000).
Une baisse significative du nombre de visites aux urgences entraînant une hospitalisation a également été observée (-27,3 visites pour 1.000).
La prestation en espèces n'a pas eu d'effet significatif sur le nombre total de consultations externes, de consultations en médecine générale ni de consultations externes liées à la santé mentale ou à l'usage de substances.
Les consultations externes dans d'autres spécialités ont été plus fréquentes dans le groupe bénéficiant de la prestation (+303,1 consultations pour 1.000 personnes).
L'aide financière n'a pas eu d'effet significatif sur le recours à la vaccination contre le Covid-19, ni sur la pression artérielle, le poids, l'hémoglobine glyquée ou le taux de cholestérol.
"Les résultats de cette étude suggèrent que des stratégies visant à soulager la pauvreté en apportant une aide au revenu peuvent avoir des bénéfices importants sur la santé et l'accès aux soins", concluent les auteurs.
(JAMA, publication en ligne du 22 juillet)
cd/nc/APMnews