Actualités de l'Urgence - APM

SUCCÈS CONFIRMÉ POUR L'EXPÉRIMENTATION D'ÉQUIPE PARAMÉDICALE D'URGENCE EN SARTHE
Devant la pénurie de médecin urgentiste en Sarthe (40 ETP vacants sur le département) avec des fermetures itératives hebdomadaires de plusieurs sites d'urgence et la suspension du Smur du Pôle santé Sarthe et Loir (PSSL) la nuit en continu depuis octobre 2019 et la journée de façon récurrente, l'agence régionale de santé (ARS) Pays de la Loire et la direction générale de l'offre de soins (DGOS) ont validé une expérimentation d'EPMU pour tenter de corriger cet accès inéquitable de la population aux soins d'urgence.
La première équipe composée d'un infirmier et d'un conducteur ambulancier aide-soignant, sélectionnés et habilités à cette pratique, a été mise en place en mai 2021 au centre hospitalier (CH) de Château-du-Loir à Montval-sur-Loir avec le Samu 72, rappelle-t-on (cf dépêche du 14/04/2021 à 16:06). Cet hôpital est situé à 60 km du Smur le plus proche, celui du Mans, soit 48 minutes. L'équipe paramédicale intervient sous la responsabilité du médecin régulateur pendant toute la durée de l'intervention.
L'expérimentation s'inscrit dans le pacte de refondation des urgences annoncé en septembre 2019, a noté le Dr Joël Pannetier, chef de service adjoint Samu 72, vice-président de la commission médicale d'établissement (CME) du CH du Mans référent pour les coopérations territoriales, qui a présenté mercredi les résultats à un an de cette expérimentation.
Ils confirment les premiers résultats à 6 mois présentés en décembre 2021 (cf dépêche du 06/12/2021 à 17:17).
En excluant l'activité du premier mois où l'EPMU fonctionnait sur 12h (et pas encore sur 24h), l'évaluation a porté sur un an (du 31 mai 2021 au 31 mai 2022) avec 388 interventions dont 10 annulées.
Au total, 378 patients ont été pris en charge. La majorité des interventions se font en journée (de 8h à 20h) avec 266 interventions (69%) pour 122 la nuit et la moitié des interventions de nuit ont eu lieu entre 20h et 23h (47,5%). Cela représente 1,1 sortie par 24h.
L'écart moyen entre l'arrivée de l'EPMU et l'arrivée du Smur, critère principal de cette évaluation prospective, est de 22 min. C'est le même constat qu'à 6 mois.
"La plus-value est nette pour le patient qui est pris en charge 22 minutes en moyenne avant l'arrivée du Smur. L'équipe peut engager des protocoles infirmiers notamment la gestion de la douleur par exemple pour une fracture de l'humérus. Pour des allergies graves comme un arrêt cardiaque à la suite d'une piqûre de guêpe, l'infirmier administre l'adrénaline et on sauve la vie des gens", a commenté le Dr Pannetier, interrogé par APMnews.
La réalisation du bilan infirmier 22 minutes plus tôt représente aussi "une plus-value énorme" pour anticiper la filière d'aval (réanimation, plateau de coronarographie).
Une disponibilité du Smur augmentée
Cette équipe paramédicale augmente aussi la disponibilité des équipes médicales Smur. Quand elles arrivent sur l'intervention, les évaluations faites par l'équipe paramédicale et les différents recueils à réaliser offrent un gain de temps, de l'ordre de trois fois moins de temps.
Grâce au gain de temps sur place pour le Smur et à la possibilité de paramédicaliser certains transferts (l'EPMU accompagne le patient sans mobiliser le Smur qui peut repartir vers une autre intervention), la disponibilité du Smur est plus importante sur le territoire. Au total, l'EPMU a paramédicalisé le transport dans 20% des interventions.
"Le médecin est beaucoup plus recentré sur ses compétences", souligne le Dr Pannetier.
S'agissant des catégories de déclenchement de l'EPMU, 56% relevaient de la catégorie 1 (protocole infirmier de soins d'urgence -Pisu- avec déclenchement Smur concomitant systématique) et 39% de la catégorie 2 (Pisu avec déclenchement Smur concomitant à l'appréciation du médecin régulateur).
Les motifs les plus fréquents d'intervention sont la douleur aiguë traumatique (34%), la douleur thoracique (27%) et l'arrêt cardio-respiratoire (ACR; 15%).
Il n'y a pas eu d'effet indésirable concernant le patient. Les trois événements déclarés concernent le matériel avec des problèmes de transmission des électrocardiogrammes.
Les bons résultats observés déjà à 6 mois ont permis de lancer une EPMU au CH de Saint-Calais en janvier, rappelle-t-on (cf dépêche du 25/01/2022 à 18:23). Cet établissement présente les mêmes conditions justifiant l'implantation: éloignement du bassin de population à plus de 30 min d'un Smur, fermetures itératives du service d'urgence faute d'effectif médical, absence d'autres moyens de prise en charge des urgences vitales pré-hospitalières (pas de Smur).
Pour l'instant, l'EPMU de Saint-Calais marche sur 12h mais une demande a été faite auprès de l'ARS pour passer à 24h en juin. Cette expérimentation suit le même cahier des charges et les professionnels recrutés sont "aguerris à la médecine d'urgence". Ils ont plus de 3 ans d'expérience en service d'urgence.
"C'est un nouveau modèle en repositionnant un partenaire paramédical entre le secouriste et le médecin", commente le Dr Pannetier tout en insistant sur sa non-substitution et sur la complémentarité des différents acteurs de l'urgence. "J'entends bien conserver la médicalisation du Smur", assure-t-il.
Il indique qu'il a été très sollicité par d'autres équipes en France dans des territoires rencontrant les mêmes problématiques d'accès. "D'autres expérimentations devraient débuter cet été", ajoute-t-il.
Il reste à savoir quelle reconnaissance la DGOS va donner à ce nouveau modèle.
"Il est important de garder un cadre ultra-restrictif avec des critères exigeants sur la formation des professionnels, l'importance du suivi… La dérive peut venir vite. Il faut le faire de façon très sérieuse pour ne pas être sous-optimal", souligne le médecin.
Ce projet a aussi permis de dynamiser l'équipe avec une perspective territoriale. L'équipe EPMU comprend au total 6 équivalents temps plein (ETP) d'IDE et 6 ETP d'aides-soignants conducteurs ambulanciers et fait intervenir des paramédicaux du CH du Mans qui consacrent 20% à 30% de leur temps à l'EPMU.
Pour ces paramédicaux expérimentés, c'est un projet qui relance la carrière, note le médecin. "On conserve les professionnels qui ne partent pas sur une autre activité comme la formation dans les écoles par exemple", a-t-il déclaré.
Les travaux se poursuivent sur la constitution d'une équipe territoriale d'urgence à l'échelle du groupement hospitalier de territoire (GHT) 72 pour améliorer l'accès à un service d'urgence de proximité. Le concept est créé mais il reste à compléter les effectifs par des recrutements. Une réflexion est en cours pour mettre en place une EPMU au Bailleul (au PSSL) également. Il faut en outre y rétablir un Smur.
sl/ab/APMnews
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SUCCÈS CONFIRMÉ POUR L'EXPÉRIMENTATION D'ÉQUIPE PARAMÉDICALE D'URGENCE EN SARTHE
Devant la pénurie de médecin urgentiste en Sarthe (40 ETP vacants sur le département) avec des fermetures itératives hebdomadaires de plusieurs sites d'urgence et la suspension du Smur du Pôle santé Sarthe et Loir (PSSL) la nuit en continu depuis octobre 2019 et la journée de façon récurrente, l'agence régionale de santé (ARS) Pays de la Loire et la direction générale de l'offre de soins (DGOS) ont validé une expérimentation d'EPMU pour tenter de corriger cet accès inéquitable de la population aux soins d'urgence.
La première équipe composée d'un infirmier et d'un conducteur ambulancier aide-soignant, sélectionnés et habilités à cette pratique, a été mise en place en mai 2021 au centre hospitalier (CH) de Château-du-Loir à Montval-sur-Loir avec le Samu 72, rappelle-t-on (cf dépêche du 14/04/2021 à 16:06). Cet hôpital est situé à 60 km du Smur le plus proche, celui du Mans, soit 48 minutes. L'équipe paramédicale intervient sous la responsabilité du médecin régulateur pendant toute la durée de l'intervention.
L'expérimentation s'inscrit dans le pacte de refondation des urgences annoncé en septembre 2019, a noté le Dr Joël Pannetier, chef de service adjoint Samu 72, vice-président de la commission médicale d'établissement (CME) du CH du Mans référent pour les coopérations territoriales, qui a présenté mercredi les résultats à un an de cette expérimentation.
Ils confirment les premiers résultats à 6 mois présentés en décembre 2021 (cf dépêche du 06/12/2021 à 17:17).
En excluant l'activité du premier mois où l'EPMU fonctionnait sur 12h (et pas encore sur 24h), l'évaluation a porté sur un an (du 31 mai 2021 au 31 mai 2022) avec 388 interventions dont 10 annulées.
Au total, 378 patients ont été pris en charge. La majorité des interventions se font en journée (de 8h à 20h) avec 266 interventions (69%) pour 122 la nuit et la moitié des interventions de nuit ont eu lieu entre 20h et 23h (47,5%). Cela représente 1,1 sortie par 24h.
L'écart moyen entre l'arrivée de l'EPMU et l'arrivée du Smur, critère principal de cette évaluation prospective, est de 22 min. C'est le même constat qu'à 6 mois.
"La plus-value est nette pour le patient qui est pris en charge 22 minutes en moyenne avant l'arrivée du Smur. L'équipe peut engager des protocoles infirmiers notamment la gestion de la douleur par exemple pour une fracture de l'humérus. Pour des allergies graves comme un arrêt cardiaque à la suite d'une piqûre de guêpe, l'infirmier administre l'adrénaline et on sauve la vie des gens", a commenté le Dr Pannetier, interrogé par APMnews.
La réalisation du bilan infirmier 22 minutes plus tôt représente aussi "une plus-value énorme" pour anticiper la filière d'aval (réanimation, plateau de coronarographie).
Une disponibilité du Smur augmentée
Cette équipe paramédicale augmente aussi la disponibilité des équipes médicales Smur. Quand elles arrivent sur l'intervention, les évaluations faites par l'équipe paramédicale et les différents recueils à réaliser offrent un gain de temps, de l'ordre de trois fois moins de temps.
Grâce au gain de temps sur place pour le Smur et à la possibilité de paramédicaliser certains transferts (l'EPMU accompagne le patient sans mobiliser le Smur qui peut repartir vers une autre intervention), la disponibilité du Smur est plus importante sur le territoire. Au total, l'EPMU a paramédicalisé le transport dans 20% des interventions.
"Le médecin est beaucoup plus recentré sur ses compétences", souligne le Dr Pannetier.
S'agissant des catégories de déclenchement de l'EPMU, 56% relevaient de la catégorie 1 (protocole infirmier de soins d'urgence -Pisu- avec déclenchement Smur concomitant systématique) et 39% de la catégorie 2 (Pisu avec déclenchement Smur concomitant à l'appréciation du médecin régulateur).
Les motifs les plus fréquents d'intervention sont la douleur aiguë traumatique (34%), la douleur thoracique (27%) et l'arrêt cardio-respiratoire (ACR; 15%).
Il n'y a pas eu d'effet indésirable concernant le patient. Les trois événements déclarés concernent le matériel avec des problèmes de transmission des électrocardiogrammes.
Les bons résultats observés déjà à 6 mois ont permis de lancer une EPMU au CH de Saint-Calais en janvier, rappelle-t-on (cf dépêche du 25/01/2022 à 18:23). Cet établissement présente les mêmes conditions justifiant l'implantation: éloignement du bassin de population à plus de 30 min d'un Smur, fermetures itératives du service d'urgence faute d'effectif médical, absence d'autres moyens de prise en charge des urgences vitales pré-hospitalières (pas de Smur).
Pour l'instant, l'EPMU de Saint-Calais marche sur 12h mais une demande a été faite auprès de l'ARS pour passer à 24h en juin. Cette expérimentation suit le même cahier des charges et les professionnels recrutés sont "aguerris à la médecine d'urgence". Ils ont plus de 3 ans d'expérience en service d'urgence.
"C'est un nouveau modèle en repositionnant un partenaire paramédical entre le secouriste et le médecin", commente le Dr Pannetier tout en insistant sur sa non-substitution et sur la complémentarité des différents acteurs de l'urgence. "J'entends bien conserver la médicalisation du Smur", assure-t-il.
Il indique qu'il a été très sollicité par d'autres équipes en France dans des territoires rencontrant les mêmes problématiques d'accès. "D'autres expérimentations devraient débuter cet été", ajoute-t-il.
Il reste à savoir quelle reconnaissance la DGOS va donner à ce nouveau modèle.
"Il est important de garder un cadre ultra-restrictif avec des critères exigeants sur la formation des professionnels, l'importance du suivi… La dérive peut venir vite. Il faut le faire de façon très sérieuse pour ne pas être sous-optimal", souligne le médecin.
Ce projet a aussi permis de dynamiser l'équipe avec une perspective territoriale. L'équipe EPMU comprend au total 6 équivalents temps plein (ETP) d'IDE et 6 ETP d'aides-soignants conducteurs ambulanciers et fait intervenir des paramédicaux du CH du Mans qui consacrent 20% à 30% de leur temps à l'EPMU.
Pour ces paramédicaux expérimentés, c'est un projet qui relance la carrière, note le médecin. "On conserve les professionnels qui ne partent pas sur une autre activité comme la formation dans les écoles par exemple", a-t-il déclaré.
Les travaux se poursuivent sur la constitution d'une équipe territoriale d'urgence à l'échelle du groupement hospitalier de territoire (GHT) 72 pour améliorer l'accès à un service d'urgence de proximité. Le concept est créé mais il reste à compléter les effectifs par des recrutements. Une réflexion est en cours pour mettre en place une EPMU au Bailleul (au PSSL) également. Il faut en outre y rétablir un Smur.
sl/ab/APMnews