Actualités de l'Urgence - APM
SPF MODERNISE SON SYSTÈME DE SURVEILLANCE ÉPIDÉMIOLOGIQUE POUR RÉPONDRE EFFICACEMENT AUX PROCHAINES CRISES
"L'émergence de la pandémie de Covid-19 en 2020 a mis en lumière […] la nécessité de disposer de systèmes d'information robustes, réactifs et adaptés pour surveiller une possible émergence et la propagation des virus", peut-on lire dans l'éditorial du BEH.
Pendant la pandémie, le dispositif de surveillance multisource (médecine de ville, laboratoires de biologie médicale, hôpitaux) a permis à SPF de publier "plus de 150 indicateurs par jour". L'enjeu, à l'ère post-Covid, est de capitaliser sur les systèmes d'information déployés et d'assurer le développement des outils, afin de se préparer aux futures situations sanitaires exceptionnelles et notamment à l'émergence de nouveaux virus.
"La surveillance épidémiologique doit à l'avenir se moderniser, afin de pouvoir se reposer sur des données existantes sans devoir dépendre d'une saisie spécifique par les professionnels de santé", expliquent le chef de la division data à SPF, Yann Le Strat, et sa collègue Fanny Chereau dans un des articles.
Actuellement, la production d'indicateurs en temps réel repose sur les données SOS-Médecin et Oscour, transmises à SPF chaque nuit. Cependant, à l'hôpital, "nous n'avons pas de visibilité en dehors des urgences, nous n'avons pas de système de surveillance pour les hospitalisations conventionnelles, la réanimation, etc.", a listé Yann Le Strat, interrogé par APMnews.
Pendant la pandémie, la surveillance hospitalière en temps réel a reposé sur SI-VIC (Système d'information pour le suivi des victimes, initialement créé pour informer les proches de victimes d'attentats), une application qui nécessitait une saisie, chronophage, des informations pour chaque patient par les professionnels de santé.
Le projet Orchidée (Organisation d'un réseau de centres hospitaliers impliqués dans la surveillance épidémiologique et la réponse aux émergences), lancé en octobre, a pour vocation de répondre à ce défi (cf dépêche du 15/10/2024 à 10:37). Les 25 CHU volontaires produiront des indicateurs de surveillance hospitalière à partir des données saisies lors de la prise en charge des patients et centralisées dans leurs entrepôts de données de santé (EDS).
L'innovation de ce système tient également dans le "modèle fédéré", a expliqué le chercheur, puisque les CHU produiront directement les indicateurs sans sortie de données. Afin de répondre au "défi" méthodologique d'harmonisation des données entre les CHU, un programme informatique commun leur permettra de produire des indicateurs épidémiologiques identiques et comparables.
Les indicateurs produits par les CHU intégreront dès la saison hivernale prochaine, les bulletins infections respiratoires aiguës de SPF. Par ailleurs, "un premier groupe de travail sur les infections associées aux soins s'est monté" et un autre sur les arboviroses le sera également au cours de l'année, a détaillé Yann Le Strat.
Capitaliser sur les systèmes de surveillance déployés pendant la pandémie
Par ailleurs, "certains systèmes d'informations, montés pendant le Covid, ont montré leur utilité et nous avons envie de nous reposer sur ces gains pour la surveillance épidémiologique", a commenté le chercheur.
Par exemple, avant la pandémie, SPF n'avait pas accès aux résultats des tests biologiques. SI-DPE (système d'information de dépistage populationnel) a été mis en place, pendant la crise sanitaire, pour recevoir systématiquement et de façon automatisée tous les résultats de tests (PCR, antigéniques) effectués quotidiennement.
Le projet " LABOé-SI " vise à remplacer SI-DEP afin de garantir la remontée des résultats des laboratoires publics et privés, et permettra la pérennisation de la surveillance virologique pour le Covid-19 mais également l'intégration progressive d'autres maladies.
Un système de surveillance, alternative au dispositif VAC-SI, pourrait également permettre de suivre les futures campagnes de vaccination car actuellement seules les données des vaccinations remboursées à titre individuel remontent.
D'autres axes de développement sont également cités dans le BEH, comme la création d'un système d'information national dans les établissements sociaux et médicosociaux (ESMS), l'extension du dispositif de surveillance microbiologique des eaux usées (Sum'eau) à d'autres pathogènes que le Sars-CoV-2 ou l'accélération du déploiement de la certification électronique des décès.
Le défi de l'open data
SPF est aussi en réflexion sur la refonte de ses outils d'open data. "Un nouveau site est prévu en février en remplacement de Géodes et InfoCovidFrance, avec plus de visualisations et une recherche des indicateurs facilitée", a expliqué Yann Le Strat.
"C'est aussi un retour d'expérience du Covid", a-t-il poursuivi. La fréquentation du portail, qui restait limitée à un public averti (médecins, scientifiques), a augmenté de façon exponentielle en passant d'un million de visiteurs en 2019 à 15 millions en 2020.
Par ailleurs, la multiplication des plateformes open data complique la lisibilité et les différences méthodologiques de construction entre les indicateurs produits peuvent susciter des questionnements, voire de la défiance. Le souci de transparence et l'accès en open data doivent néanmoins garantir la confidentialité des données et leur sécurité, peut-on lire dans le BEH.
"L'effort est conséquent, mais il doit être mené dès à présent pour que le pays soit prêt à répondre efficacement aux prochaines crises", concluent les auteurs du dernier article du BEH.
(BEH, 5 novembre, n°21, p437-490)
jm/fb/ld/APMnews
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SPF MODERNISE SON SYSTÈME DE SURVEILLANCE ÉPIDÉMIOLOGIQUE POUR RÉPONDRE EFFICACEMENT AUX PROCHAINES CRISES
"L'émergence de la pandémie de Covid-19 en 2020 a mis en lumière […] la nécessité de disposer de systèmes d'information robustes, réactifs et adaptés pour surveiller une possible émergence et la propagation des virus", peut-on lire dans l'éditorial du BEH.
Pendant la pandémie, le dispositif de surveillance multisource (médecine de ville, laboratoires de biologie médicale, hôpitaux) a permis à SPF de publier "plus de 150 indicateurs par jour". L'enjeu, à l'ère post-Covid, est de capitaliser sur les systèmes d'information déployés et d'assurer le développement des outils, afin de se préparer aux futures situations sanitaires exceptionnelles et notamment à l'émergence de nouveaux virus.
"La surveillance épidémiologique doit à l'avenir se moderniser, afin de pouvoir se reposer sur des données existantes sans devoir dépendre d'une saisie spécifique par les professionnels de santé", expliquent le chef de la division data à SPF, Yann Le Strat, et sa collègue Fanny Chereau dans un des articles.
Actuellement, la production d'indicateurs en temps réel repose sur les données SOS-Médecin et Oscour, transmises à SPF chaque nuit. Cependant, à l'hôpital, "nous n'avons pas de visibilité en dehors des urgences, nous n'avons pas de système de surveillance pour les hospitalisations conventionnelles, la réanimation, etc.", a listé Yann Le Strat, interrogé par APMnews.
Pendant la pandémie, la surveillance hospitalière en temps réel a reposé sur SI-VIC (Système d'information pour le suivi des victimes, initialement créé pour informer les proches de victimes d'attentats), une application qui nécessitait une saisie, chronophage, des informations pour chaque patient par les professionnels de santé.
Le projet Orchidée (Organisation d'un réseau de centres hospitaliers impliqués dans la surveillance épidémiologique et la réponse aux émergences), lancé en octobre, a pour vocation de répondre à ce défi (cf dépêche du 15/10/2024 à 10:37). Les 25 CHU volontaires produiront des indicateurs de surveillance hospitalière à partir des données saisies lors de la prise en charge des patients et centralisées dans leurs entrepôts de données de santé (EDS).
L'innovation de ce système tient également dans le "modèle fédéré", a expliqué le chercheur, puisque les CHU produiront directement les indicateurs sans sortie de données. Afin de répondre au "défi" méthodologique d'harmonisation des données entre les CHU, un programme informatique commun leur permettra de produire des indicateurs épidémiologiques identiques et comparables.
Les indicateurs produits par les CHU intégreront dès la saison hivernale prochaine, les bulletins infections respiratoires aiguës de SPF. Par ailleurs, "un premier groupe de travail sur les infections associées aux soins s'est monté" et un autre sur les arboviroses le sera également au cours de l'année, a détaillé Yann Le Strat.
Capitaliser sur les systèmes de surveillance déployés pendant la pandémie
Par ailleurs, "certains systèmes d'informations, montés pendant le Covid, ont montré leur utilité et nous avons envie de nous reposer sur ces gains pour la surveillance épidémiologique", a commenté le chercheur.
Par exemple, avant la pandémie, SPF n'avait pas accès aux résultats des tests biologiques. SI-DPE (système d'information de dépistage populationnel) a été mis en place, pendant la crise sanitaire, pour recevoir systématiquement et de façon automatisée tous les résultats de tests (PCR, antigéniques) effectués quotidiennement.
Le projet " LABOé-SI " vise à remplacer SI-DEP afin de garantir la remontée des résultats des laboratoires publics et privés, et permettra la pérennisation de la surveillance virologique pour le Covid-19 mais également l'intégration progressive d'autres maladies.
Un système de surveillance, alternative au dispositif VAC-SI, pourrait également permettre de suivre les futures campagnes de vaccination car actuellement seules les données des vaccinations remboursées à titre individuel remontent.
D'autres axes de développement sont également cités dans le BEH, comme la création d'un système d'information national dans les établissements sociaux et médicosociaux (ESMS), l'extension du dispositif de surveillance microbiologique des eaux usées (Sum'eau) à d'autres pathogènes que le Sars-CoV-2 ou l'accélération du déploiement de la certification électronique des décès.
Le défi de l'open data
SPF est aussi en réflexion sur la refonte de ses outils d'open data. "Un nouveau site est prévu en février en remplacement de Géodes et InfoCovidFrance, avec plus de visualisations et une recherche des indicateurs facilitée", a expliqué Yann Le Strat.
"C'est aussi un retour d'expérience du Covid", a-t-il poursuivi. La fréquentation du portail, qui restait limitée à un public averti (médecins, scientifiques), a augmenté de façon exponentielle en passant d'un million de visiteurs en 2019 à 15 millions en 2020.
Par ailleurs, la multiplication des plateformes open data complique la lisibilité et les différences méthodologiques de construction entre les indicateurs produits peuvent susciter des questionnements, voire de la défiance. Le souci de transparence et l'accès en open data doivent néanmoins garantir la confidentialité des données et leur sécurité, peut-on lire dans le BEH.
"L'effort est conséquent, mais il doit être mené dès à présent pour que le pays soit prêt à répondre efficacement aux prochaines crises", concluent les auteurs du dernier article du BEH.
(BEH, 5 novembre, n°21, p437-490)
jm/fb/ld/APMnews