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15/07 2024
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PSYCHIATRIE: AU CHS GÉRARD-MARCHANT, PLUSIEURS PISTES CONCRÈTES POUR RENFORCER L'OFFRE DE SOINS PUBLIQUE (CRC)

TOULOUSE, 15 juillet 2024 (APMnews) - La chambre régionale des comptes (CRC) a listé une série de recommandations concrètes destinées à renforcer l'offre de soins en psychiatrie publique en Haute-Garonne dans son rapport publié la semaine dernière portant sur le centre hospitalier spécialisé en psychiatrie (CHS) Gérard-Marchant.

Après l'inspection générale des affaires sociales (Igas; cf dépêche du 03/02/2022 à 18:37 et dépêche du 25/01/2022 à 17:48), la chambre régionale des comptes (CRC) d'Occitanie a procédé au contrôle du centre hospitalier Gérard-Marchant, sur les exercices 2018 et suivants.

La CRC a ainsi documenté dans ce rapport de 54 pages "l'engorgement de la filière psychiatrique publique" dans le département, principalement du fait de la "double contrainte d'une population haut-garonnaise croissante et d'une offre publique sous-dimensionnée".

La situation du CHS Gérard-Marchant, s'explique également en partie par le caractère "atypique" de l'offre de soin en psychiatrie dans le département de Haute-Garonne, pointe la publication, notant la "prépondérance de l'offre privée".

En effet, sur 14 établissements couvrant le champ de la psychiatrie en Haute-Garonne, huit sont des entités privées et couvrent près de 75% des lits d'hospitalisation à temps plein, note-t-elle.

Cette spécificité de l'offre de soins n'est pas un constat nouveau et a déjà été soulignée par l'agence régionale de santé (ARS) Occitanie (cf dépêche du 19/02/2024 à 19:21 et dépêche du 15/02/2024 à 18:32) ainsi que par l'ancien ministre de la santé,= Frédéric Valletoux (cf dépêche du 21/02/2024 à 12:11) lors de sa venue au CHU de Toulouse à la suite de plusieurs incidents graves dont le suicide d'un patient admis au service d'urgences psychiatriques.

Renforcer la coopération avec le CHU

Dans un tel contexte, la CRC a émis une série de recommandations concrètes destinées à renforcer l'offre de soins publique et la qualité du parcours de soins du patient.

Elle a notamment insisté sur l'importance d'approfondir le travail de coopération entre l'établissement et le CHU de Toulouse, notamment en ce qui concerne la gestion des urgences psychiatriques.

Cette coopération supposerait, par exemple, la mise en œuvre avec le CHU d'une "fédération médicale inter-hospitalière de psychiatres au niveau local, visant à renforcer […] leur collaboration opérationnelle pour une meilleure gestion de la filière des urgences", selon le rapport.

"Selon le CHU, la mise en place d'indicateurs de tension aux urgences, opposables à tous les partenaires du CHU, serait en cours", note la chambre.

Ce dispositif permettrait à terme "le déclenchement d'une procédure sur l'ensemble du territoire impliquant de fait les partenaires privés", poursuit-elle.

La chambre encourage également l'établissement à approfondir sa mutualisation des fonctions support avec le CHU.

Cette recommandation s'inscrit dans le cadre des objectifs fixés par le groupement hospitalier de territoire (GHT), dont les deux établissements sont membres, note-t-on.

Si elle reconnaît que des "mutualisations existent dans les domaines de la formation, des achats et des systèmes d'information", celles-ci restent insuffisantes à ce jour pour "le dossier patient informatisé (DPI)" alors même que "30 à 50% des patients du CHS proviennent des urgences du CHU."

En outre, la chambre observe que le recueil d'informations médicalisé pour la psychiatrie [qui permet de décrire toute l'activité réalisée au bénéfice de malades] "souffre de l'absence de données en aval de l'hospitalisation".

"Les diagnostics psychiatriques ne sont pas suffisamment précis, ni mis à jour au fil des hospitalisations, souvent longues" et "les pathologies somatiques ne sont pas suffisamment recueillies", développe-t-elle.

Le rapport recommande donc explicitement à l'établissement "non seulement d'améliorer la qualité du codage en matière de diagnostics psychiatriques et somatiques, mais également de compléter le recueil de l'information médicale par des données sur l'orientation des patients vers les dispositifs externes en aval des hospitalisations".

Ambulatoire "plus efficient"

Déplorant une offre de soins en ambulatoire "inadaptée", et des délais de prise en charge "allant de six mois à un an", la chambre recommande dans son rapport de renforcer "l'efficience de la prise en charge en centre médico-psychologique (CMP)".

"Les CMP doivent être positionnés au centre du parcours gradué et coordonné de soins, afin d'assurer leur rôle pivot dans l'accès sur le territoire et dans la prévention des hospitalisations", estime la chambre. "Outre l'amont, ils interviennent également en aval du parcours en assurant le suivi du patient et [en] limitant les décompensations et les réhospitalisassions", poursuit-elle.

Pour ce faire, elle recommande de "repositionner" des ressources médicales et soignantes vers ces structures.

Une telle mesure devra être menée en parallèle de "l'évaluation" de nombreux dispositifs ambulatoires intersectoriels mis en œuvre ces dernières années, recommande-t-elle enfin.

En effet, l'établissement a mis sur pied de nombreux dispositifs intersectoriels tel que le dispositif "consult'ados" ou le centre de ressource régionale en santé mentale.

"Cette démarche de projets peut présenter plusieurs limites", selon la CRC, qui note que l'établissement peut, "avoir tendance à présenter des objectifs ambitieux afin d'obtenir les financements et d'attirer le personnel médical".

Elle préconise donc au CHS de "procéder rapidement à leur évaluation, y compris intermédiaire", afin de décider ou non de leur "pérennisation et d'objectiver les données et analyses transmises à l'ARS", qui reste le financeur principal.

jr/ed/APMnews

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TOULOUSE, 15 juillet 2024 (APMnews) - La chambre régionale des comptes (CRC) a listé une série de recommandations concrètes destinées à renforcer l'offre de soins en psychiatrie publique en Haute-Garonne dans son rapport publié la semaine dernière portant sur le centre hospitalier spécialisé en psychiatrie (CHS) Gérard-Marchant.

Après l'inspection générale des affaires sociales (Igas; cf dépêche du 03/02/2022 à 18:37 et dépêche du 25/01/2022 à 17:48), la chambre régionale des comptes (CRC) d'Occitanie a procédé au contrôle du centre hospitalier Gérard-Marchant, sur les exercices 2018 et suivants.

La CRC a ainsi documenté dans ce rapport de 54 pages "l'engorgement de la filière psychiatrique publique" dans le département, principalement du fait de la "double contrainte d'une population haut-garonnaise croissante et d'une offre publique sous-dimensionnée".

La situation du CHS Gérard-Marchant, s'explique également en partie par le caractère "atypique" de l'offre de soin en psychiatrie dans le département de Haute-Garonne, pointe la publication, notant la "prépondérance de l'offre privée".

En effet, sur 14 établissements couvrant le champ de la psychiatrie en Haute-Garonne, huit sont des entités privées et couvrent près de 75% des lits d'hospitalisation à temps plein, note-t-elle.

Cette spécificité de l'offre de soins n'est pas un constat nouveau et a déjà été soulignée par l'agence régionale de santé (ARS) Occitanie (cf dépêche du 19/02/2024 à 19:21 et dépêche du 15/02/2024 à 18:32) ainsi que par l'ancien ministre de la santé,= Frédéric Valletoux (cf dépêche du 21/02/2024 à 12:11) lors de sa venue au CHU de Toulouse à la suite de plusieurs incidents graves dont le suicide d'un patient admis au service d'urgences psychiatriques.

Renforcer la coopération avec le CHU

Dans un tel contexte, la CRC a émis une série de recommandations concrètes destinées à renforcer l'offre de soins publique et la qualité du parcours de soins du patient.

Elle a notamment insisté sur l'importance d'approfondir le travail de coopération entre l'établissement et le CHU de Toulouse, notamment en ce qui concerne la gestion des urgences psychiatriques.

Cette coopération supposerait, par exemple, la mise en œuvre avec le CHU d'une "fédération médicale inter-hospitalière de psychiatres au niveau local, visant à renforcer […] leur collaboration opérationnelle pour une meilleure gestion de la filière des urgences", selon le rapport.

"Selon le CHU, la mise en place d'indicateurs de tension aux urgences, opposables à tous les partenaires du CHU, serait en cours", note la chambre.

Ce dispositif permettrait à terme "le déclenchement d'une procédure sur l'ensemble du territoire impliquant de fait les partenaires privés", poursuit-elle.

La chambre encourage également l'établissement à approfondir sa mutualisation des fonctions support avec le CHU.

Cette recommandation s'inscrit dans le cadre des objectifs fixés par le groupement hospitalier de territoire (GHT), dont les deux établissements sont membres, note-t-on.

Si elle reconnaît que des "mutualisations existent dans les domaines de la formation, des achats et des systèmes d'information", celles-ci restent insuffisantes à ce jour pour "le dossier patient informatisé (DPI)" alors même que "30 à 50% des patients du CHS proviennent des urgences du CHU."

En outre, la chambre observe que le recueil d'informations médicalisé pour la psychiatrie [qui permet de décrire toute l'activité réalisée au bénéfice de malades] "souffre de l'absence de données en aval de l'hospitalisation".

"Les diagnostics psychiatriques ne sont pas suffisamment précis, ni mis à jour au fil des hospitalisations, souvent longues" et "les pathologies somatiques ne sont pas suffisamment recueillies", développe-t-elle.

Le rapport recommande donc explicitement à l'établissement "non seulement d'améliorer la qualité du codage en matière de diagnostics psychiatriques et somatiques, mais également de compléter le recueil de l'information médicale par des données sur l'orientation des patients vers les dispositifs externes en aval des hospitalisations".

Ambulatoire "plus efficient"

Déplorant une offre de soins en ambulatoire "inadaptée", et des délais de prise en charge "allant de six mois à un an", la chambre recommande dans son rapport de renforcer "l'efficience de la prise en charge en centre médico-psychologique (CMP)".

"Les CMP doivent être positionnés au centre du parcours gradué et coordonné de soins, afin d'assurer leur rôle pivot dans l'accès sur le territoire et dans la prévention des hospitalisations", estime la chambre. "Outre l'amont, ils interviennent également en aval du parcours en assurant le suivi du patient et [en] limitant les décompensations et les réhospitalisassions", poursuit-elle.

Pour ce faire, elle recommande de "repositionner" des ressources médicales et soignantes vers ces structures.

Une telle mesure devra être menée en parallèle de "l'évaluation" de nombreux dispositifs ambulatoires intersectoriels mis en œuvre ces dernières années, recommande-t-elle enfin.

En effet, l'établissement a mis sur pied de nombreux dispositifs intersectoriels tel que le dispositif "consult'ados" ou le centre de ressource régionale en santé mentale.

"Cette démarche de projets peut présenter plusieurs limites", selon la CRC, qui note que l'établissement peut, "avoir tendance à présenter des objectifs ambitieux afin d'obtenir les financements et d'attirer le personnel médical".

Elle préconise donc au CHS de "procéder rapidement à leur évaluation, y compris intermédiaire", afin de décider ou non de leur "pérennisation et d'objectiver les données et analyses transmises à l'ARS", qui reste le financeur principal.

jr/ed/APMnews

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