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29/05 2024
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POUR LE DIRECTEUR GÉNÉRAL DU GH DU HAVRE, L'INTELLIGENCE ARTIFICIELLE "A UN INTÉRÊT MANAGÉRIAL"

(Par Marion-Jeanne LEFEBVRE)

LE HAVRE (Seine-Maritime), 29 mai 2024 (APMnews) - Le groupe hospitalier (GH) du Havre déboursera en 2024 environ 65.000 euros pour utiliser en routine six algorithmes d'intelligence artificielle (IA) en imagerie dans un objectif d'améliorer le diagnostic, mais aussi pour les vertus managériales de ces outils, a expliqué son directeur Martin Trelcat mercredi, à l'occasion d'un voyage de presse organisé par la société Incepto.

L'établissement est depuis trois ans client d'Incepto, qui développe et répertorie des algorithmes d'IA en radiologie (cf dépêche du 19/09/2022 à 06:30).

En 2021, année où l'établissement utilisait deux algorithmes via cette plateforme pour la détection de fractures osseuses en radiologie et de cancers du poumon sur scanner, environ 25.000 analyses étaient soumises à l'IA, pour un coût annuel de 25.000 euros, a expliqué Martin Trelcat.

Depuis, trois nouvelles applications ont été intégrées, sur les IRM du genou, de la prostate et les mammographies, et une autre est en cours de mise en place pour la détection de pathologies aortiques à partir de scanners.

Parmi ces solutions, deux ont été développées par Incepto et sont mises à disposition gratuitement par la société, qui est "en phase d'investissement", a précisé à APMnews son cofondateur Gaspard d'Assignies, par ailleurs radiologue au GH du Havre. En échange, les données d'imageries sont utilisées pour améliorer et "tester" les algorithmes d'IA.

Le budget qui y est consacré par le GH est équivalent à un poste d'infirmier et est financé sur les fonds propres de l'établissement, sans soutien public, a fait savoir Martin Trelcat à APMnews.

"La politique d'IA est l'activité phare d'innovation du GH"

Dans les prochaines années, il devrait continuer à croître. "La politique d'IA est l'activité phare d'innovation du GH du Havre", a expliqué le dirigeant arrivé en 2018. En premier lieu parce que le "bilan qualitatif" est bon. L'IA permet d'accélérer les diagnostics et "d'absorber les à-coups".

"Il y a beaucoup moins d'erreur de diagnostic, de rappels de patients, beaucoup plus de satisfactions usagers, on peut leur expliquer ce qui s'est passé même quand on se loupe" a constaté le dirigeant, sans toutefois pouvoir chiffrer ces améliorations à l'échelle de son établissement.

"Avec mon expérience, je ne pensais pas que ça m'aiderait", a témoigné Farzaneh Quieffin, radiologue spécialisée en imagerie de la femme, au départ plutôt réfractaire à l'utilisation de cette technologie. Depuis deux mois, elle applique à toutes les mammographies l'outil Transpara Breast Care*, édité par la société néerlandaise Screepoint Medical, et l'estime "particulièrement pertinente", en particulier sur les seins "denses".

Lors d'une visite de la salle de mammographie, elle a présenté un cas de lésions précancéreuses à côté desquelles elle serait passée sans un avertissement de l'IA, qui avait jugé qu'il existait un "risque intermédiaire" à partir de l'image. Le regard humain reste indispensable, a souligné la radiologue, qui constate par exemple que l'algorithme n'est pas encore capable de distinguer une cicatrice issue d'une chirurgie d'une suspicion de cancer par exemple.

La cheffe de service pneumologie, Marie-Hélène Marques, et le chirurgien urologue Mehdi Soudani ont pour leur part jugé les algorithmes d'IA utiles pour "conforter" une première lecture ainsi que pour communiquer avec le patient et l'aider à visualiser la pathologie.

L'IA facteur d'attractivité pour les soignants

"Pour moi c'est un outil managérial", a aussi expliqué Martin Trelcat. "Je ne voulais pas d'une IA qui soit le joujou d'un seul radiologue" mais intégrer des outils qui créent "du dialogue clinique et améliorent la plus-value aux usagers", a-t-il développé. Sur les 500 médecins du GH, une cinquantaine utilise les outils d'IA en routine.

Boneview*, outil propriétaire d'Incepto utilisé pour détecter les fractures osseuses, a par exemple demandé un travail d'organisation entre le service d'imagerie et celui des urgences pour que "les images interprétées la nuit aux urgences par l'IA, soient relues le lendemain par le service radiologie pour faire le suivi auprès du patient". Cela "crée une rencontre entre les urgentistes et les radiologues", s'est-il félicité.

Ces éléments participent en outre à l'attractivité de l'établissement. "En partenariat avec le CHU de Rouen, on a doublé les effectifs de radiologues en cinq ans", a-t-il illustré.

Le dirigeant ambitionne désormais de travailler avec "la nouvelle révolution qui arrive", l'IA générative. "On aimerait travailler sur la génération automatique de comptes-rendus" de consultation, ainsi que "sur les prévisions d'activités aux urgences, en fonction de différentes informations liées à l'environnement, la météo, le trafic d'appel téléphoniques au Samu", a-t-il détaillé à APMnews.

Des discussions sont en cours avec différents prestataires "en direct", sans l'intermédiaire d'Incepto, a-t-il précisé.

mjl/rm/APMnews

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(Par Marion-Jeanne LEFEBVRE)

LE HAVRE (Seine-Maritime), 29 mai 2024 (APMnews) - Le groupe hospitalier (GH) du Havre déboursera en 2024 environ 65.000 euros pour utiliser en routine six algorithmes d'intelligence artificielle (IA) en imagerie dans un objectif d'améliorer le diagnostic, mais aussi pour les vertus managériales de ces outils, a expliqué son directeur Martin Trelcat mercredi, à l'occasion d'un voyage de presse organisé par la société Incepto.

L'établissement est depuis trois ans client d'Incepto, qui développe et répertorie des algorithmes d'IA en radiologie (cf dépêche du 19/09/2022 à 06:30).

En 2021, année où l'établissement utilisait deux algorithmes via cette plateforme pour la détection de fractures osseuses en radiologie et de cancers du poumon sur scanner, environ 25.000 analyses étaient soumises à l'IA, pour un coût annuel de 25.000 euros, a expliqué Martin Trelcat.

Depuis, trois nouvelles applications ont été intégrées, sur les IRM du genou, de la prostate et les mammographies, et une autre est en cours de mise en place pour la détection de pathologies aortiques à partir de scanners.

Parmi ces solutions, deux ont été développées par Incepto et sont mises à disposition gratuitement par la société, qui est "en phase d'investissement", a précisé à APMnews son cofondateur Gaspard d'Assignies, par ailleurs radiologue au GH du Havre. En échange, les données d'imageries sont utilisées pour améliorer et "tester" les algorithmes d'IA.

Le budget qui y est consacré par le GH est équivalent à un poste d'infirmier et est financé sur les fonds propres de l'établissement, sans soutien public, a fait savoir Martin Trelcat à APMnews.

"La politique d'IA est l'activité phare d'innovation du GH"

Dans les prochaines années, il devrait continuer à croître. "La politique d'IA est l'activité phare d'innovation du GH du Havre", a expliqué le dirigeant arrivé en 2018. En premier lieu parce que le "bilan qualitatif" est bon. L'IA permet d'accélérer les diagnostics et "d'absorber les à-coups".

"Il y a beaucoup moins d'erreur de diagnostic, de rappels de patients, beaucoup plus de satisfactions usagers, on peut leur expliquer ce qui s'est passé même quand on se loupe" a constaté le dirigeant, sans toutefois pouvoir chiffrer ces améliorations à l'échelle de son établissement.

"Avec mon expérience, je ne pensais pas que ça m'aiderait", a témoigné Farzaneh Quieffin, radiologue spécialisée en imagerie de la femme, au départ plutôt réfractaire à l'utilisation de cette technologie. Depuis deux mois, elle applique à toutes les mammographies l'outil Transpara Breast Care*, édité par la société néerlandaise Screepoint Medical, et l'estime "particulièrement pertinente", en particulier sur les seins "denses".

Lors d'une visite de la salle de mammographie, elle a présenté un cas de lésions précancéreuses à côté desquelles elle serait passée sans un avertissement de l'IA, qui avait jugé qu'il existait un "risque intermédiaire" à partir de l'image. Le regard humain reste indispensable, a souligné la radiologue, qui constate par exemple que l'algorithme n'est pas encore capable de distinguer une cicatrice issue d'une chirurgie d'une suspicion de cancer par exemple.

La cheffe de service pneumologie, Marie-Hélène Marques, et le chirurgien urologue Mehdi Soudani ont pour leur part jugé les algorithmes d'IA utiles pour "conforter" une première lecture ainsi que pour communiquer avec le patient et l'aider à visualiser la pathologie.

L'IA facteur d'attractivité pour les soignants

"Pour moi c'est un outil managérial", a aussi expliqué Martin Trelcat. "Je ne voulais pas d'une IA qui soit le joujou d'un seul radiologue" mais intégrer des outils qui créent "du dialogue clinique et améliorent la plus-value aux usagers", a-t-il développé. Sur les 500 médecins du GH, une cinquantaine utilise les outils d'IA en routine.

Boneview*, outil propriétaire d'Incepto utilisé pour détecter les fractures osseuses, a par exemple demandé un travail d'organisation entre le service d'imagerie et celui des urgences pour que "les images interprétées la nuit aux urgences par l'IA, soient relues le lendemain par le service radiologie pour faire le suivi auprès du patient". Cela "crée une rencontre entre les urgentistes et les radiologues", s'est-il félicité.

Ces éléments participent en outre à l'attractivité de l'établissement. "En partenariat avec le CHU de Rouen, on a doublé les effectifs de radiologues en cinq ans", a-t-il illustré.

Le dirigeant ambitionne désormais de travailler avec "la nouvelle révolution qui arrive", l'IA générative. "On aimerait travailler sur la génération automatique de comptes-rendus" de consultation, ainsi que "sur les prévisions d'activités aux urgences, en fonction de différentes informations liées à l'environnement, la météo, le trafic d'appel téléphoniques au Samu", a-t-il détaillé à APMnews.

Des discussions sont en cours avec différents prestataires "en direct", sans l'intermédiaire d'Incepto, a-t-il précisé.

mjl/rm/APMnews

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