Actualités de l'Urgence - APM

Le GHH est "confronté depuis plusieurs jours à une augmentation de la tension sur ses capacités d'hospitalisation alors que nous sommes arrivés à la moitié de l'été", expose-t-il dans le communiqué.

"Début juillet et sans préavis, il était annoncé par une clinique havraise la fermeture des urgences la nuit tous les week-ends d'été ainsi que la fermeture complète d'un service de 27 lits de médecine gériatrique. Cette fermeture n'aura pas attendu la rentrée dans la mesure où il semblerait que les admissions soient déjà arrêtées. D'autre part, l'équipe dirigeante de cette clinique n'a pas souhaité nous rencontrer avant le mois de septembre malgré notre demande", rapporte la direction du GHH.

L'Hôpital privé de l'Estuaire (groupe Ramsay Santé) a suspendu les urgences les nuits de tous les vendredi-samedi-dimanche du 5 juillet au 1er septembre entre 20h et 8h, indique-t-il sur son site internet. Les urgences maternité et gynécologiques restent assurées de manière habituelle, tout comme les urgences de cardiologie interventionnelle (Smur).

"Par simple e-mail, le GHH était aussi informé de l'absence de permanence des soins en chirurgie orthopédique sur le territoire de Fécamp pendant trois semaines", poursuit la direction.

"Jeudi, le GHH est officieusement informé qu'il n'y aura plus de permanence des soins en urologie pendant plusieurs jours dans une clinique havraise alors que celle-ci est la seule financée sur le territoire par l'agence régionale de santé [ARS] Normandie", ajoute-t-elle.

Le GHH redoutait vendredi la fermeture simultanée de trois services d'urgence du territoire.

L'établissement public rappelle que ses équipes restent "pleinement mobilisées comme d'habitude afin d'assurer un haut niveau de service à la population en étant le seul établissement qui n'a jamais fermé ses urgences et qui accueille en permanence et sans sélection l'ensemble des Havraises et des Havrais".

Le GHH s'est mis en capacité d'ouvrir de nombreux lits, de recruter plus d'une centaine de médecins et une centaine de soignants ces cinq dernières années. Il souligne aussi avoir bâti une forte relation avec la médecine de ville au travers de la communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS) Sextant 76 et d'un service d'accès aux soins (SAS) "dont la réussite est soulignée au niveau national".

En prévision d'une activité soutenue pendant cette période estivale et afin de pouvoir prendre en charge tous les patients du territoire dans les meilleures conditions d'accueil possibles, les établissements du groupement hospitalier de territoire (GHT) de l'Estuaire de la Seine ont conjointement décidé la mise sous régulation de leurs services d'urgence. C'est le cas depuis le 19 juillet pour les urgences du centre hospitalier intercommunal (CHI) du Pays des Hautes falaises à Fécamp et du CHI Caux Vallée de Seine à Lillebonne, et depuis lundi 5 août pour le CH de la Risle à Pont-Audemer. Les urgences du GHH appliquent ce principe de régulation au préalable depuis août 2022.

Des annonces "tardives et cachées"

Pour autant, la direction se dit "stupéfaite par le manque de responsabilité, les annonces tardives et cachées de certains acteurs majeurs du système de santé havrais. [Le GHH] ne peut être considéré comme la seule variable d'ajustement du territoire. Les hospitaliers méritent eux aussi des vacances et la considération des autres professionnels de santé du territoire."

"Nous tenons à souligner encore une fois l'engagement sans faille de nos professionnels de terrain que nous remercions pour leur travail auprès de la population malgré le désengagement honteux de certains", fustige la direction du GHH.

Elle demande "la réouverture immédiate de lits sur le territoire ainsi que le maintien des activités soumises à permanence des soins".

Interrogé lundi, le GHH assure qu'il suit la situation "tous les jours" et que "les mesures appropriées sont mises en œuvre en fonction des besoins dans ses établissements: renforcement de l'équipe des urgences, réorientation de patients vers d'autres établissements, ouverture de lits supplémentaires, etc."

Sollicitée lundi par APMnews, la direction de l'Hôpital privé de l'Estuaire a répondu que ses urgences "ne sont fermées que les nuits des vendredis, samedis et dimanches. Elles restent ouvertes en journée. Ces fermetures ponctuelles sont le fait d'un manque de personnels, en raison notamment de plusieurs démissions et d'arrêts successifs. Par ailleurs, il n'y a pas de rapport entre la fermeture du service de gériatrie et la fermeture temporaire des urgences."

Contactée, la directrice de la clinique des Ormeaux du Havre (groupe Génération Saint-Hilaire), Sandrine Huwels, a assuré à APMnews qu'il n'était pas question d'arrêter la permanence des soins dans son établissement. Sa clinique a repris "la grande garde urologique ce week-end" que l'Hôpital privé de l'Estuaire ne pouvait pas assurer. "Nous avons juste fermé le service d'urgence la nuit du 2 août", a-t-elle indiqué en précisant avoir prévenu l'ARS et le GHH au préalable.

De son côté, l'ARS Normandie a indiqué à APMnews lundi soir qu'"en cette période estivale, plusieurs établissements [étaient] soumis à de fortes contraintes de personnel nécessitant d’adapter les organisations". L'accès à l'ensemble des services d'urgence du territoire du Havre a été placé sous régulation préalable par le Samu du fait de la fermeture nocturne des urgences de l'Hôpital privé de l'Estuaire du vendredi au dimanche du 5 juillet au 1er septembre, note-t-elle.

L'agence indique organiser "un suivi des tensions sur l’offre de soins via un comité de pilotage régional réunissant tous les établissements avec un service d’urgence et les Samu du territoire mensuel ainsi que des réunions territoriales spécifiques à chaque département pour anticiper et suivre les tensions avec les acteurs (hôpital, ville, Samu, Ehpad…)".

Par ailleurs, l’ARS assure être "pleinement mobilisée pour renforcer la coordination de tous les acteurs du territoire (hôpital/ville, établissement public/privé…) au service de la santé des usagers".

sl/nc/APMnews