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02/01 2025
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NÉCESSITÉ DE RENFORCER LA SURVEILLANCE DE LA GRIPPE AVIAIRE AUX ETATS-UNIS ET D'ÉVALUER LE RISQUE DE TRANSMISSION INTERHUMAINE

WASHINGTON, BETHESDA (Maryland), 2 janvier 2025 (APMnews) - Une surveillance accrue du virus de la grippe aviaire hautement pathogène A(H5N1) est nécessaire et urgente pour identifier les mutations virales afin d'évaluer le risque de transmission interhumaine, plaide notamment la directrice du National Institute of Allergy and Infectious Diseases (NIAID), dépendant des National Institutes of Health (NIH), dans un éditorial publié mardi par le New England Journal of Medicine (NEJM).

La grippe aviaire hautement pathogène A(H5N1), apparue en 1997, s'est propagée par l'intermédiaire des oiseaux migrateurs et a entraîné en 2021 des infections mortelles chez les volailles, rappellent, en introduction de l'éditorial, la directrice du NIAID, Jeanne Marrazzo, et le chef de la division des maladies respiratoires, Michael Ison.

Début 2024, l'infection a été détectée pour la première fois chez des vaches laitières atteintes de mammites au Texas; elle touche désormais 16 Etats. Dans ce contexte, de plus en plus d'humains sont en contact avec le virus A(H5N1).

Les deux membres de l'agence de recherche américaine soulignent le besoin urgent d'une surveillance renforcée des mutations émergentes et d'une évaluation de la menace de transmission interhumaine.

En effet, les données de séquençage génomique recueillies auprès d'animaux manquent souvent d'informations essentielles sur le lieu et le moment où les isolats ont été collectés, ce qui limite les connaissances sur la façon dont le virus se propage. Ces données permettraient également de détecter précocement des mutations qui pourraient laisser présager un tropisme pour l'épithélium respiratoire humain.

Selon les auteurs, la nécessité de renforcer la surveillance est soulignée par les mutations mises en évidence chez une jeune Canadienne, un cas décrit dans une correspondance publiée également par le NEJM. Le séquençage d'un isolat des voies respiratoires inférieures, prélevé huit jours après l'apparition des symptômes, a montré trois mutations potentiellement associées à une virulence accrue et à une adaptation humaine. Les chercheurs ignorent si ces mutations étaient présentes dans le virus ou si elles sont apparues au cours de la maladie de la patiente.

Par ailleurs, les membres du NIAID avancent d'autres mesures pour contrôler l'épidémie actuelle, comme la nécessité d'une collaboration efficace et rapide entre les chercheurs en médecine humaine et vétérinaire, les responsables en santé publique et les travailleurs du secteur.

Les contre-mesures médicales doivent aussi continuer à se développer et à être testées. "Heureusement, les vaccins candidats actuels neutralisent les souches en circulation in vitro et ces souches sont jusqu'à présent sensibles aux agents antiviraux", notent-ils.

Enfin, les précautions à prendre pour prévenir l'infection sont essentielles, notamment l'utilisation et l'optimisation des équipement de protection individuelle dans les milieux de travail et la sensibilisation au risque de contact avec des oiseaux et des animaux malades.

Ces recommandations s'inscrivent dans le contexte où "de plus en plus de cas sont détectés dans davantage d'Etats". Une série de 46 cas humains de grippe A(H5N1) identifiés de mars à octobre 2024 aux Etats-Unis est aussi publiée dans le NEJM. Sur ces 46 patients, 20 ont été exposés à des volailles infectées, 25 à des vaches laitières infectées ou présumées infectées et un patient n'a pas eu d'exposition identifiée.

Parmi les 45 patients ayant été exposés à des animaux, l'âge médian était de 34 ans et tous présentaient une forme légère de la maladie; aucun n'a été hospitalisé et aucun n'est décédé. La plupart des patients (93%) ont présenté une conjonctivite, près de la moitié de la fièvre et une minorité des symptômes respiratoires légers. La seule hospitalisation a eu lieu chez le patient ayant été exposé de manière indéterminée.

Parmi les patients ayant été exposés au travail, l'utilisation d'équipement de protection individuelle n'était pas systématique: 71% portaient des gants, 60% des lunettes de protection et 47% des masques.

"Le CDC considère toujours que le risque de grippe aviaire hautement pathogène A(H5N1) pour la plupart des Américains est faible", rappellent les auteurs. Néanmoins, "il est nécessaire de trouver un équilibre entre une vigilance accrue et le maintien du business as usual. Sans une compréhension plus claire de l'ampleur de l'exposition, de l'infection, de l'évolution virale et de la transmission, nous ne serons pas en mesure de protéger correctement nos communautés", préviennent-ils.

En France, Santé publique France avait mis en place une expérimentation de surveillance renforcée en janvier 2024 (cf dépêche du 22/01/2024 à 11:12) alors qu'une épizootie d'influenza aviaire hautement pathogène se propageait en Europe depuis 2021 afin de détecter précocement tout cas de transmission à l'être humain. Aucun cas n'a été documenté en France pour le moment.

(NEJM, publication en ligne du 31 décembre, éditorial et correspondance)

jm/ld/nc/APMnews

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WASHINGTON, BETHESDA (Maryland), 2 janvier 2025 (APMnews) - Une surveillance accrue du virus de la grippe aviaire hautement pathogène A(H5N1) est nécessaire et urgente pour identifier les mutations virales afin d'évaluer le risque de transmission interhumaine, plaide notamment la directrice du National Institute of Allergy and Infectious Diseases (NIAID), dépendant des National Institutes of Health (NIH), dans un éditorial publié mardi par le New England Journal of Medicine (NEJM).

La grippe aviaire hautement pathogène A(H5N1), apparue en 1997, s'est propagée par l'intermédiaire des oiseaux migrateurs et a entraîné en 2021 des infections mortelles chez les volailles, rappellent, en introduction de l'éditorial, la directrice du NIAID, Jeanne Marrazzo, et le chef de la division des maladies respiratoires, Michael Ison.

Début 2024, l'infection a été détectée pour la première fois chez des vaches laitières atteintes de mammites au Texas; elle touche désormais 16 Etats. Dans ce contexte, de plus en plus d'humains sont en contact avec le virus A(H5N1).

Les deux membres de l'agence de recherche américaine soulignent le besoin urgent d'une surveillance renforcée des mutations émergentes et d'une évaluation de la menace de transmission interhumaine.

En effet, les données de séquençage génomique recueillies auprès d'animaux manquent souvent d'informations essentielles sur le lieu et le moment où les isolats ont été collectés, ce qui limite les connaissances sur la façon dont le virus se propage. Ces données permettraient également de détecter précocement des mutations qui pourraient laisser présager un tropisme pour l'épithélium respiratoire humain.

Selon les auteurs, la nécessité de renforcer la surveillance est soulignée par les mutations mises en évidence chez une jeune Canadienne, un cas décrit dans une correspondance publiée également par le NEJM. Le séquençage d'un isolat des voies respiratoires inférieures, prélevé huit jours après l'apparition des symptômes, a montré trois mutations potentiellement associées à une virulence accrue et à une adaptation humaine. Les chercheurs ignorent si ces mutations étaient présentes dans le virus ou si elles sont apparues au cours de la maladie de la patiente.

Par ailleurs, les membres du NIAID avancent d'autres mesures pour contrôler l'épidémie actuelle, comme la nécessité d'une collaboration efficace et rapide entre les chercheurs en médecine humaine et vétérinaire, les responsables en santé publique et les travailleurs du secteur.

Les contre-mesures médicales doivent aussi continuer à se développer et à être testées. "Heureusement, les vaccins candidats actuels neutralisent les souches en circulation in vitro et ces souches sont jusqu'à présent sensibles aux agents antiviraux", notent-ils.

Enfin, les précautions à prendre pour prévenir l'infection sont essentielles, notamment l'utilisation et l'optimisation des équipement de protection individuelle dans les milieux de travail et la sensibilisation au risque de contact avec des oiseaux et des animaux malades.

Ces recommandations s'inscrivent dans le contexte où "de plus en plus de cas sont détectés dans davantage d'Etats". Une série de 46 cas humains de grippe A(H5N1) identifiés de mars à octobre 2024 aux Etats-Unis est aussi publiée dans le NEJM. Sur ces 46 patients, 20 ont été exposés à des volailles infectées, 25 à des vaches laitières infectées ou présumées infectées et un patient n'a pas eu d'exposition identifiée.

Parmi les 45 patients ayant été exposés à des animaux, l'âge médian était de 34 ans et tous présentaient une forme légère de la maladie; aucun n'a été hospitalisé et aucun n'est décédé. La plupart des patients (93%) ont présenté une conjonctivite, près de la moitié de la fièvre et une minorité des symptômes respiratoires légers. La seule hospitalisation a eu lieu chez le patient ayant été exposé de manière indéterminée.

Parmi les patients ayant été exposés au travail, l'utilisation d'équipement de protection individuelle n'était pas systématique: 71% portaient des gants, 60% des lunettes de protection et 47% des masques.

"Le CDC considère toujours que le risque de grippe aviaire hautement pathogène A(H5N1) pour la plupart des Américains est faible", rappellent les auteurs. Néanmoins, "il est nécessaire de trouver un équilibre entre une vigilance accrue et le maintien du business as usual. Sans une compréhension plus claire de l'ampleur de l'exposition, de l'infection, de l'évolution virale et de la transmission, nous ne serons pas en mesure de protéger correctement nos communautés", préviennent-ils.

En France, Santé publique France avait mis en place une expérimentation de surveillance renforcée en janvier 2024 (cf dépêche du 22/01/2024 à 11:12) alors qu'une épizootie d'influenza aviaire hautement pathogène se propageait en Europe depuis 2021 afin de détecter précocement tout cas de transmission à l'être humain. Aucun cas n'a été documenté en France pour le moment.

(NEJM, publication en ligne du 31 décembre, éditorial et correspondance)

jm/ld/nc/APMnews