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25/11 2024
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MICHEL BARNIER ANNONCE UNE SÉRIE DE MESURES POUR INTENSIFIER LA LUTTE CONTRE LES VIOLENCES FAITES AUX FEMMES

(Par Julie RICHARD, à la Maison des femmes de l'AP-HP)

PARIS, 25 novembre 2024 (APMNews) - Le premier ministre, Michel Barnier, a détaillé lundi, lors d'un point presse, le "plan de bataille de l'interministériel" destiné à intensifier la lutte contre les violences faites aux femmes, qui comprend plusieurs mesures concernant les professionnels de santé et les hôpitaux.

Le Premier ministre Michel Barnier à la Maison des femmes de l'Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP).Photo:  APMnews/Julie RICHARD
Le Premier ministre Michel Barnier à la Maison des femmes de l'Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP).Photo: APMnews/Julie RICHARD

A l'occasion de la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, le premier ministre s'est rendu lundi à la Maison des femmes de l'Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP) situé à l'hôtel-Dieu.

Il était accompagné de la ministre de la santé et de l'accès aux soins, Geneviève Darrieussecq, du ministre des solidarités, de l'autonomie et de l'égalité entre les femmes et les hommes, Paul Christophe, et de la secrétaire d'Etat chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes, Salima Saa.

A l'issue de ce déplacement, il a détaillé lors d'un point presse le contenu du "plan de bataille interministériel de renforcement et d'intensification des actions de lutte contre les violences faites aux femmes", engagées depuis 2017.

Ce nouveau volet de mesures ne constitue qu'une "étape supplémentaire dans le long chemin qui nous reste à accomplir", a noté le premier ministre, assurant avancer avec "humilité et détermination" sur le sujet.

Parmi les nouvelles mesures annoncées, plusieurs concernent directement les professionnels de santé et les hôpitaux.

Une maison des femmes "par département"

Michel Barnier a tout d'abord annoncé que chaque département français sera "doté d'une maison des femmes à la fin de l'année 2025".

"J'ai pu le constater ici, à la rencontre des équipes et des femmes prises en charge, ces structures sont essentielles, pour accueillir, écouter, prendre soin et réparer", a-t-il estimé.

Mis en œuvre en 2020 à l'issue du Grenelle de lutte contre les violences conjugales (2019), le programme national des maisons des femmes a été conforté par le plan interministériel pour l'égalité entre les femmes et les hommes ("Tous et toutes égaux") 2023-2027, rappelle-t-on.

Aujourd'hui, il existe "99 maisons des femmes situées dans 80 départements", selon Matignon.

Le chef du gouvernement s'est en outre engagé à permettre aux femmes de porter plainte dans chaque hôpital de France doté d'un service d'urgence et d'un service gynécologique d'ici fin 2025, y compris dans les territoires ultramarins.

"Si certains hôpitaux permettent déjà ces [dispositifs] de dépôt de plainte, nous le systématiserons pour garantir un accompagnement global pour chaque victime et encourager [celles-ci] à porter plainte dans un lieu unique et sécurisé", a précisé Michel Barnier.

Selon Matignon, il existerait aujourd'hui 251 établissements de santé sur 377 ayant organisé ce dépôt de plainte dans leurs murs.

Ce dispositif aura pour objectif d'améliorer l'accueil et la prise en charge complète et pluridisciplinaire (médicale, sociale et juridique) des victimes.

Les professionnels de santé pourront par ailleurs "signaler la situation de la victime au procureur de la République, s'il est estimé que les violences exercées mettent sa vie en danger immédiat et qu'elle n'est pas en mesure de se protéger en raison de la contrainte morale résultant de l'emprise exercée par l'auteur des violences", a ajouté Matignon dans son communiqué.

Remboursement des kits de dépistage

Le ministre s'est également exprimé au sujet de la prise en charge des potentielles victimes de soumission chimique. Il a ainsi annoncé le lancement d'une expérimentation de remboursement par l'assurance maladie de kits individuels permettant de détecter la présence de substance psychoactive.

"Alors que l'actualité récente a bouleversé la France et mis en lumière la réalité des ravages de la soumission chimique, je souhaiterais que l'on se mobilise collectivement contre ce fléau", a-t-il insisté. "Je salue à ce titre l'engagement des professionnels de santé et notamment des pharmaciens pour leur engagement aux côtés des victimes qui est essentiel".

Les procès des viols de Mazan, qui se poursuivent actuellement dans le sud de la France, ont mis un coup de projecteur sur l'ampleur du phénomène de la soumission chimique. Dominique Pélicot, un septuagénaire, ainsi que 51 autres hommes, sont accusés d'avoir violé pendant près de 10 ans Gisèle Pélicot, droguée à son insu aux anxiolytiques par son mari.

Dans le sillage de cette affaire, Salima Saa, secrétaire d'Etat chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes, a lancé le 21 octobre une cellule d'urgence de lutte contre les violences sexistes et sexuelles, comprenant des professionnels de santé, à laquelle elle a demandé des recommandations (cf dépêche du 22/10/2024 à 16:31).

En déplacement lundi après-midi aux journées de l'ordre des pharmaciens, Geneviève Darrieussecq est également revenue sur ce sujet, appelant les pharmaciens à s'en emparer.

"Vous êtes des maillons essentiels pour repérer, écouter et conseiller les femmes et les victimes et violence", a déclaré la ministre. "Elles passent toutes dans une pharmacie un jour ou un autre, et peut-être même vous les voyez passer plus souvent que les autres. Laissez à portée de main un numéro de téléphone, glisser une parole même discrètement, vous les aiderez et vous pourrez être, vous, un point d'appui majeur", a-t-elle poursuivi.

Une campagne d'information grand public sera en outre prochainement lancée "pour sensibiliser davantage à la soumission chimique", a indiqué Matignon.

Cette campagne, réalisée en lien avec l'association MendorsPas, a été conçue autour du centre de référence sur les agressions facilitées par les substances (Crafs), la Société francophone des scientifiques pharmaceutiques et l'ordre national des médecins (Cnom).

7,5 millions d'euros supplémentaires pour l'aide d'urgence universelle

Enfin Michel Barnier a par ailleurs annoncé le versement de crédits nouveaux en 2025, consacrés à l'aide universelle d'urgence.

Au-delà des 13 millions d'euros déjà versés, le gouvernement prévoit d'allouer "7,4 millions d'euros supplémentaires pour renforcer ce dispositif en 2025", a précisé le premier ministre.

Mis en place il y a un an, ce dispositif permet aux femmes victimes de violences conjugales de disposer d'une aide financière leur permettant de se mettre à l'abri et de faire face à des dépenses immédiates. Les sommes sont versées par la caisse d'allocations familiales (CAF) de rattachement dans un délai de "trois à cinq jours suivant la demande", selon Matignon qui note qu'entre décembre 2023 et octobre 2024, "plus de 33.000 aides ont été versées".

Outre ces principales mesures, le plan prévoit aussi de renforcer le soutien psychologique apporté aux femmes victimes de violences conjugales. Il soutient ainsi l'expérimentation d'une plateforme sécurisée visant à apporter un "soutien psychologique à toutes les femmes, sur tous les territoires avant de les orienter vers d'autres professionnels".

jr-mjl/ab/APMnews

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PARIS, 25 novembre 2024 (APMNews) - Le premier ministre, Michel Barnier, a détaillé lundi, lors d'un point presse, le "plan de bataille de l'interministériel" destiné à intensifier la lutte contre les violences faites aux femmes, qui comprend plusieurs mesures concernant les professionnels de santé et les hôpitaux.

Le Premier ministre Michel Barnier à la Maison des femmes de l'Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP).Photo:  APMnews/Julie RICHARD
Le Premier ministre Michel Barnier à la Maison des femmes de l'Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP).Photo: APMnews/Julie RICHARD

A l'occasion de la Journée internationale de lutte contre les violences faites aux femmes, le premier ministre s'est rendu lundi à la Maison des femmes de l'Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP) situé à l'hôtel-Dieu.

Il était accompagné de la ministre de la santé et de l'accès aux soins, Geneviève Darrieussecq, du ministre des solidarités, de l'autonomie et de l'égalité entre les femmes et les hommes, Paul Christophe, et de la secrétaire d'Etat chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes, Salima Saa.

A l'issue de ce déplacement, il a détaillé lors d'un point presse le contenu du "plan de bataille interministériel de renforcement et d'intensification des actions de lutte contre les violences faites aux femmes", engagées depuis 2017.

Ce nouveau volet de mesures ne constitue qu'une "étape supplémentaire dans le long chemin qui nous reste à accomplir", a noté le premier ministre, assurant avancer avec "humilité et détermination" sur le sujet.

Parmi les nouvelles mesures annoncées, plusieurs concernent directement les professionnels de santé et les hôpitaux.

Une maison des femmes "par département"

Michel Barnier a tout d'abord annoncé que chaque département français sera "doté d'une maison des femmes à la fin de l'année 2025".

"J'ai pu le constater ici, à la rencontre des équipes et des femmes prises en charge, ces structures sont essentielles, pour accueillir, écouter, prendre soin et réparer", a-t-il estimé.

Mis en œuvre en 2020 à l'issue du Grenelle de lutte contre les violences conjugales (2019), le programme national des maisons des femmes a été conforté par le plan interministériel pour l'égalité entre les femmes et les hommes ("Tous et toutes égaux") 2023-2027, rappelle-t-on.

Aujourd'hui, il existe "99 maisons des femmes situées dans 80 départements", selon Matignon.

Le chef du gouvernement s'est en outre engagé à permettre aux femmes de porter plainte dans chaque hôpital de France doté d'un service d'urgence et d'un service gynécologique d'ici fin 2025, y compris dans les territoires ultramarins.

"Si certains hôpitaux permettent déjà ces [dispositifs] de dépôt de plainte, nous le systématiserons pour garantir un accompagnement global pour chaque victime et encourager [celles-ci] à porter plainte dans un lieu unique et sécurisé", a précisé Michel Barnier.

Selon Matignon, il existerait aujourd'hui 251 établissements de santé sur 377 ayant organisé ce dépôt de plainte dans leurs murs.

Ce dispositif aura pour objectif d'améliorer l'accueil et la prise en charge complète et pluridisciplinaire (médicale, sociale et juridique) des victimes.

Les professionnels de santé pourront par ailleurs "signaler la situation de la victime au procureur de la République, s'il est estimé que les violences exercées mettent sa vie en danger immédiat et qu'elle n'est pas en mesure de se protéger en raison de la contrainte morale résultant de l'emprise exercée par l'auteur des violences", a ajouté Matignon dans son communiqué.

Remboursement des kits de dépistage

Le ministre s'est également exprimé au sujet de la prise en charge des potentielles victimes de soumission chimique. Il a ainsi annoncé le lancement d'une expérimentation de remboursement par l'assurance maladie de kits individuels permettant de détecter la présence de substance psychoactive.

"Alors que l'actualité récente a bouleversé la France et mis en lumière la réalité des ravages de la soumission chimique, je souhaiterais que l'on se mobilise collectivement contre ce fléau", a-t-il insisté. "Je salue à ce titre l'engagement des professionnels de santé et notamment des pharmaciens pour leur engagement aux côtés des victimes qui est essentiel".

Les procès des viols de Mazan, qui se poursuivent actuellement dans le sud de la France, ont mis un coup de projecteur sur l'ampleur du phénomène de la soumission chimique. Dominique Pélicot, un septuagénaire, ainsi que 51 autres hommes, sont accusés d'avoir violé pendant près de 10 ans Gisèle Pélicot, droguée à son insu aux anxiolytiques par son mari.

Dans le sillage de cette affaire, Salima Saa, secrétaire d'Etat chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes, a lancé le 21 octobre une cellule d'urgence de lutte contre les violences sexistes et sexuelles, comprenant des professionnels de santé, à laquelle elle a demandé des recommandations (cf dépêche du 22/10/2024 à 16:31).

En déplacement lundi après-midi aux journées de l'ordre des pharmaciens, Geneviève Darrieussecq est également revenue sur ce sujet, appelant les pharmaciens à s'en emparer.

"Vous êtes des maillons essentiels pour repérer, écouter et conseiller les femmes et les victimes et violence", a déclaré la ministre. "Elles passent toutes dans une pharmacie un jour ou un autre, et peut-être même vous les voyez passer plus souvent que les autres. Laissez à portée de main un numéro de téléphone, glisser une parole même discrètement, vous les aiderez et vous pourrez être, vous, un point d'appui majeur", a-t-elle poursuivi.

Une campagne d'information grand public sera en outre prochainement lancée "pour sensibiliser davantage à la soumission chimique", a indiqué Matignon.

Cette campagne, réalisée en lien avec l'association MendorsPas, a été conçue autour du centre de référence sur les agressions facilitées par les substances (Crafs), la Société francophone des scientifiques pharmaceutiques et l'ordre national des médecins (Cnom).

7,5 millions d'euros supplémentaires pour l'aide d'urgence universelle

Enfin Michel Barnier a par ailleurs annoncé le versement de crédits nouveaux en 2025, consacrés à l'aide universelle d'urgence.

Au-delà des 13 millions d'euros déjà versés, le gouvernement prévoit d'allouer "7,4 millions d'euros supplémentaires pour renforcer ce dispositif en 2025", a précisé le premier ministre.

Mis en place il y a un an, ce dispositif permet aux femmes victimes de violences conjugales de disposer d'une aide financière leur permettant de se mettre à l'abri et de faire face à des dépenses immédiates. Les sommes sont versées par la caisse d'allocations familiales (CAF) de rattachement dans un délai de "trois à cinq jours suivant la demande", selon Matignon qui note qu'entre décembre 2023 et octobre 2024, "plus de 33.000 aides ont été versées".

Outre ces principales mesures, le plan prévoit aussi de renforcer le soutien psychologique apporté aux femmes victimes de violences conjugales. Il soutient ainsi l'expérimentation d'une plateforme sécurisée visant à apporter un "soutien psychologique à toutes les femmes, sur tous les territoires avant de les orienter vers d'autres professionnels".

jr-mjl/ab/APMnews

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