Actualités de l'Urgence - APM

MÉDECINS LIBÉRAUX: PLUS DE 2.000 MANIFESTANTS À PARIS
PARIS, 5 janvier 2023 (APMnews) - Plus de 2.000 médecins libéraux ont manifesté jeudi dans les rues de Paris entre le Panthéon et le ministère de la santé, à l'appel du collectif "Médecins pour demain" et trois syndicats représentatifs, a constaté APMnews sur place et selon les chiffres de la préfecture de police de Paris.

Jeudi soir, la préfecture de police a annoncé avoir comptabilisé 2.300 manifestants.
Le cortège de blouses blanches s'est élancé vers 14 heures depuis la place du Panthéon, dans le 6e arrondissement de Paris, au son des sifflets et d'une petite fanfare, au milieu de pancartes clamant "pas de médecine sans médecins", "non au PLFSS", "soignons les médecins" ou "médecins en sous France".
"Médecins, pas larbins", ou "1ere, 2e, troisième génération, nous sommes tous médecins pour demain", ont scandé les manifestants dont la plupart affichaient une trentaine ou une quarantaine d'années, aux côtés d'une poignées de syndicalistes plus âgés.
Venus d'Ile-de-France, Grenoble, Cambrai (Nord), Dijon, Dole (Jura), Lille, Besançon, Vesoul, pour la plupart non syndiqués, ils avançaient d'autres motifs pour leur présence, comme un besoin de revalorisation des consultations complexes ou la surcharge de tâches administratives.
La plupart des médecins présents ont indiqué être médecins généralistes installés en secteur 1, une majorité exerçant en cabinet de groupe.
"Il faut nous libérer du temps de travail médical"
Si la revalorisation du tarif de la consultation (C, 23 euros) à 50 euros est brandie comme étendard par "Médecins pour demain", plusieurs dizaines de médecins interrogés sur place par APMnews ont assuré que cette revendication ne constitue pas leur priorité.
Plusieurs médecins ont évoqué leur incompréhension face aux délégations de tâches "simples" vers d'autres professions de santé (pharmaciens, infirmiers de pratique avancée), redoutant de voir leur exercice réduit à des consultations longues et complexes peu valorisées.
"En 14 ans de pratique", le Dr Gaëlle Berion Bouvet ne s'est "jamais mise en grève". Pourtant depuis le 26 décembre et jusqu'au 28 février, cette médecin généraliste originaire de Daix, près de Dijon, a fermé son cabinet. Parmi les raisons de sa présence, "une revalorisation des consultations", mais pas seulement.
"Si nous voulons une meilleure qualité et accessibilité des soins, cela passe par de meilleures conditions de travail pour les médecins", a-t-elle explicité. "Il faut nous libérer du temps de travail médical suffisant pour pouvoir prendre en charge les pathologies complexes de nos patients. On manque de moyens, pour embaucher du personnel pour nous seconder, nous aider dans l'administratif".

"On est une profession libérale, pas un service public, il faut qu'on soit rémunéré à hauteur d'une profession libérale" a, de son côté, affirmé, Gonzague Gobillot, médecin généraliste, médecin à Lambersart, en banlieue de Lille, qui estime qu'une revalorisation de la consultation est "indispensable pour mieux rentrer dans les charges".
Même discours pour Dr Marie-Pierre Delchet, médecin généraliste à la maison de santé Le-Mayet-de-Montagne (Allier), perruque verte sur la tête, lunettes colorées sur le nez et une pancarte à la main, affichant: "Le gouvernement, est sourd, la Cnam est aveugle, ça c'est extravagant".
"Nous voulons nous libérer de la tutelle de l'Etat", a-t-elle martelé: "Notre tarif de consultation n'a pas été augmenté depuis 50 ans. A côté de cela, des primes, nous sont versées. Nous ne voulons pas de ces primes qui sont devenues plus coercitives d'un point de vue économique qu'incitatives. Nous voulons recevoir une rémunération à la hauteur de nos études afin d'avoir une médecine plus indépendante".
Le Dr Pierre-Henri Mailhés, médecin généraliste dans un cabinet libéral à Dole (Jura), a également dénoncé les "forfaits imposés aux médecins", notamment la rémunération sur objectifs de santé publique (ROSP).
"Le gouvernement souhaite à présent conditionner le paiement de la ROSP à l'intégration d'une communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS), cela n'a aucun sens. Ce n'est pas parce qu'un médecin intègre un dispositif d'exercice coordonné qu'il travaille plus ou qu'il travaille mieux", s'est-il indigné.
Seulement "un étudiant sur 10 qui finit son cursus de médecine généraliste s'installe en cabinet"
Le Dr Patricia Rolet est aussi médecin généraliste à Dole. "Jusqu'en 2021, nous étions quatre médecins à exercer au sein du cabinet. Nous avions une secrétaire s'occupait de toute la partie administrative, et cela fonctionnait bien", a-t-elle contextualisé. "En 2021, un confrère est parti à la retraite sans être remplacé et la secrétaire lui a emboîté le pas. Nous avons décidé de ne pas la remplacer car on n'avait pas le budget".
"Depuis, c'est à moi que revient toute la charge administrative de mes rendez-vous. Le lundi, lorsque j'ouvre les créneaux pour les matinées, j'ai en moyenne 60 coups de fil dans la journée. Et c'est sans compter le reste de la semaine pour organiser la plage-horaire des après-midi destinées aux urgences", a-t-elle tempêté (cf dépêche du 16/12/2022 à 17:05).

De nombreux praticiens ont également déploré le manque d'attractivité de la profession de médecins libéraux.
"Aujourd'hui on a des médecins qui partent et qui ne sont pas remplacés", a fustigé le Dr Michel Benezech, médecin exerçant en cabinet à Villette-lès-Dole, dans le Jura. Les jeunes ne veulent plus s'installer en cabinet et qui plus est, dans des zones qui sont de véritables déserts médicaux".
Un constat confirmé par Gaëlle Berion Bouvet: "Actuellement, les jeunes médecins tardent à s'installer ou ne s'installent pas du tout. On a un étudiant sur 10 qui finit son cursus de médecine généraliste qui s'installe. Tout cela parce que la spécialité ne leur semble pas attractive aussi bien d'un point de vue lucratif, qu'en termes de contraintes administratives."
La délégation reçue par un conseiller ministériel
Collectif et syndicats entendent peser sur les négociations conventionnelles ouvertes depuis le 9 novembre 2022 entre les six syndicats représentatifs des médecins libéraux, l'Union nationale des caisses d'assurance maladie (Uncam) et l'Union nationale des organismes complémentaires d'assurance maladie (Unocam) (cf dépêche du 09/11/2022 à 19:16).
Interrogé jeudi matin sur France 2, le ministre de la santé et de la prévention, François Braun, s'est dit ouvert à une augmentation du prix de la consultation chez les médecins libéraux mais pas à hauteur de 50 euros (cf dépêche du 05/01/2023 à 11:24).
Une délégation de médecins a été reçue pendant près de deux heures par Romain Bégué, conseiller parcours, qualité et ressources du système de santé - premier recours de François Braun. Le ministre a également consacré quelques dizaines de minutes aux représentants des médecins, ont exposé ces derniers à APMnews.
Interrogé par APMnews à l'issue de cette entrevue, le président de l'UFMLS, le Dr Jérôme Marty a souligné l'absence d'annonce de la part du ministère, relevant que le président de la République, Emmanuel Macron, en réservait peut-être la primeur aux acteurs de la santé auxquels il présente ses voeux vendredi matin au centre hospitalier Sud francilien, à Corbeil-Essonnes (cf dépêche du 05/01/2023 à 08:46).
"Il y a peu d'espoir, le mouvement va continuer. Aborder la question des revalorisations en fin de négociation est une erreur tactique majeure", a relevé le Dr Marty, pointant par ailleurs l'insuffisance de l'objectif national des dépenses d'assurance maladie (Ondam) 2023 pour la médecine de ville.

Les négociations conventionnelles doivent reprendre en réunions bilatérales hebdomadaires entre assurance maladie et syndicats à compter du lundi 9 janvier, avec une réunion multilatérale programmée le 20 février (cf dépêche du 16/12/2022 à 17:05).
Le syndicat de généralistes MG France et la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF), qui avaient appuyé la mobilisation en novembre 2022, ont pris leurs distances avec la coordination et ne soutiennent pas la grève.
Né en septembre 2022 sur les réseaux sociaux, Médecins pour demain, qui revendique plus de 15.000 membres sur sa page Facebook, est à l'initiative du mouvement de grève. Il avait été rallié par plusieurs syndicats de médecins biologistes, généralistes et urgentistes libéraux, (cf dépêche du 18/11/2022 à 11:50).
jr-vg/san/APMnews
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MÉDECINS LIBÉRAUX: PLUS DE 2.000 MANIFESTANTS À PARIS
PARIS, 5 janvier 2023 (APMnews) - Plus de 2.000 médecins libéraux ont manifesté jeudi dans les rues de Paris entre le Panthéon et le ministère de la santé, à l'appel du collectif "Médecins pour demain" et trois syndicats représentatifs, a constaté APMnews sur place et selon les chiffres de la préfecture de police de Paris.

Jeudi soir, la préfecture de police a annoncé avoir comptabilisé 2.300 manifestants.
Le cortège de blouses blanches s'est élancé vers 14 heures depuis la place du Panthéon, dans le 6e arrondissement de Paris, au son des sifflets et d'une petite fanfare, au milieu de pancartes clamant "pas de médecine sans médecins", "non au PLFSS", "soignons les médecins" ou "médecins en sous France".
"Médecins, pas larbins", ou "1ere, 2e, troisième génération, nous sommes tous médecins pour demain", ont scandé les manifestants dont la plupart affichaient une trentaine ou une quarantaine d'années, aux côtés d'une poignées de syndicalistes plus âgés.
Venus d'Ile-de-France, Grenoble, Cambrai (Nord), Dijon, Dole (Jura), Lille, Besançon, Vesoul, pour la plupart non syndiqués, ils avançaient d'autres motifs pour leur présence, comme un besoin de revalorisation des consultations complexes ou la surcharge de tâches administratives.
La plupart des médecins présents ont indiqué être médecins généralistes installés en secteur 1, une majorité exerçant en cabinet de groupe.
"Il faut nous libérer du temps de travail médical"
Si la revalorisation du tarif de la consultation (C, 23 euros) à 50 euros est brandie comme étendard par "Médecins pour demain", plusieurs dizaines de médecins interrogés sur place par APMnews ont assuré que cette revendication ne constitue pas leur priorité.
Plusieurs médecins ont évoqué leur incompréhension face aux délégations de tâches "simples" vers d'autres professions de santé (pharmaciens, infirmiers de pratique avancée), redoutant de voir leur exercice réduit à des consultations longues et complexes peu valorisées.
"En 14 ans de pratique", le Dr Gaëlle Berion Bouvet ne s'est "jamais mise en grève". Pourtant depuis le 26 décembre et jusqu'au 28 février, cette médecin généraliste originaire de Daix, près de Dijon, a fermé son cabinet. Parmi les raisons de sa présence, "une revalorisation des consultations", mais pas seulement.
"Si nous voulons une meilleure qualité et accessibilité des soins, cela passe par de meilleures conditions de travail pour les médecins", a-t-elle explicité. "Il faut nous libérer du temps de travail médical suffisant pour pouvoir prendre en charge les pathologies complexes de nos patients. On manque de moyens, pour embaucher du personnel pour nous seconder, nous aider dans l'administratif".

"On est une profession libérale, pas un service public, il faut qu'on soit rémunéré à hauteur d'une profession libérale" a, de son côté, affirmé, Gonzague Gobillot, médecin généraliste, médecin à Lambersart, en banlieue de Lille, qui estime qu'une revalorisation de la consultation est "indispensable pour mieux rentrer dans les charges".
Même discours pour Dr Marie-Pierre Delchet, médecin généraliste à la maison de santé Le-Mayet-de-Montagne (Allier), perruque verte sur la tête, lunettes colorées sur le nez et une pancarte à la main, affichant: "Le gouvernement, est sourd, la Cnam est aveugle, ça c'est extravagant".
"Nous voulons nous libérer de la tutelle de l'Etat", a-t-elle martelé: "Notre tarif de consultation n'a pas été augmenté depuis 50 ans. A côté de cela, des primes, nous sont versées. Nous ne voulons pas de ces primes qui sont devenues plus coercitives d'un point de vue économique qu'incitatives. Nous voulons recevoir une rémunération à la hauteur de nos études afin d'avoir une médecine plus indépendante".
Le Dr Pierre-Henri Mailhés, médecin généraliste dans un cabinet libéral à Dole (Jura), a également dénoncé les "forfaits imposés aux médecins", notamment la rémunération sur objectifs de santé publique (ROSP).
"Le gouvernement souhaite à présent conditionner le paiement de la ROSP à l'intégration d'une communauté professionnelle territoriale de santé (CPTS), cela n'a aucun sens. Ce n'est pas parce qu'un médecin intègre un dispositif d'exercice coordonné qu'il travaille plus ou qu'il travaille mieux", s'est-il indigné.
Seulement "un étudiant sur 10 qui finit son cursus de médecine généraliste s'installe en cabinet"
Le Dr Patricia Rolet est aussi médecin généraliste à Dole. "Jusqu'en 2021, nous étions quatre médecins à exercer au sein du cabinet. Nous avions une secrétaire s'occupait de toute la partie administrative, et cela fonctionnait bien", a-t-elle contextualisé. "En 2021, un confrère est parti à la retraite sans être remplacé et la secrétaire lui a emboîté le pas. Nous avons décidé de ne pas la remplacer car on n'avait pas le budget".
"Depuis, c'est à moi que revient toute la charge administrative de mes rendez-vous. Le lundi, lorsque j'ouvre les créneaux pour les matinées, j'ai en moyenne 60 coups de fil dans la journée. Et c'est sans compter le reste de la semaine pour organiser la plage-horaire des après-midi destinées aux urgences", a-t-elle tempêté (cf dépêche du 16/12/2022 à 17:05).

De nombreux praticiens ont également déploré le manque d'attractivité de la profession de médecins libéraux.
"Aujourd'hui on a des médecins qui partent et qui ne sont pas remplacés", a fustigé le Dr Michel Benezech, médecin exerçant en cabinet à Villette-lès-Dole, dans le Jura. Les jeunes ne veulent plus s'installer en cabinet et qui plus est, dans des zones qui sont de véritables déserts médicaux".
Un constat confirmé par Gaëlle Berion Bouvet: "Actuellement, les jeunes médecins tardent à s'installer ou ne s'installent pas du tout. On a un étudiant sur 10 qui finit son cursus de médecine généraliste qui s'installe. Tout cela parce que la spécialité ne leur semble pas attractive aussi bien d'un point de vue lucratif, qu'en termes de contraintes administratives."
La délégation reçue par un conseiller ministériel
Collectif et syndicats entendent peser sur les négociations conventionnelles ouvertes depuis le 9 novembre 2022 entre les six syndicats représentatifs des médecins libéraux, l'Union nationale des caisses d'assurance maladie (Uncam) et l'Union nationale des organismes complémentaires d'assurance maladie (Unocam) (cf dépêche du 09/11/2022 à 19:16).
Interrogé jeudi matin sur France 2, le ministre de la santé et de la prévention, François Braun, s'est dit ouvert à une augmentation du prix de la consultation chez les médecins libéraux mais pas à hauteur de 50 euros (cf dépêche du 05/01/2023 à 11:24).
Une délégation de médecins a été reçue pendant près de deux heures par Romain Bégué, conseiller parcours, qualité et ressources du système de santé - premier recours de François Braun. Le ministre a également consacré quelques dizaines de minutes aux représentants des médecins, ont exposé ces derniers à APMnews.
Interrogé par APMnews à l'issue de cette entrevue, le président de l'UFMLS, le Dr Jérôme Marty a souligné l'absence d'annonce de la part du ministère, relevant que le président de la République, Emmanuel Macron, en réservait peut-être la primeur aux acteurs de la santé auxquels il présente ses voeux vendredi matin au centre hospitalier Sud francilien, à Corbeil-Essonnes (cf dépêche du 05/01/2023 à 08:46).
"Il y a peu d'espoir, le mouvement va continuer. Aborder la question des revalorisations en fin de négociation est une erreur tactique majeure", a relevé le Dr Marty, pointant par ailleurs l'insuffisance de l'objectif national des dépenses d'assurance maladie (Ondam) 2023 pour la médecine de ville.

Les négociations conventionnelles doivent reprendre en réunions bilatérales hebdomadaires entre assurance maladie et syndicats à compter du lundi 9 janvier, avec une réunion multilatérale programmée le 20 février (cf dépêche du 16/12/2022 à 17:05).
Le syndicat de généralistes MG France et la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF), qui avaient appuyé la mobilisation en novembre 2022, ont pris leurs distances avec la coordination et ne soutiennent pas la grève.
Né en septembre 2022 sur les réseaux sociaux, Médecins pour demain, qui revendique plus de 15.000 membres sur sa page Facebook, est à l'initiative du mouvement de grève. Il avait été rallié par plusieurs syndicats de médecins biologistes, généralistes et urgentistes libéraux, (cf dépêche du 18/11/2022 à 11:50).
jr-vg/san/APMnews