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MAYOTTE: "ON PRIORISE LE RAPATRIEMENT DES PATIENTS DIALYSÉS POUR LEUR DONNER UNE CHANCE DE RESTER EN VIE" (GÉRARD COTTELON)
MAMOUDZOU, SAINT-DENIS (La Réunion) - Les patients dialysés représentent la très grande majorité de la centaine de patients ayant bénéficié d'une évacuation sanitaire de Mayotte vers La Réunion, avec cependant une complexité accrue de prise en charge pour des personnes arrivant dans le plus grand dénuement après le passage du cyclone Chido, a-t-on appris mercredi auprès du directeur général de l'agence régionale de santé (ARS) de La Réunion, Gérard Cottelon.
L'archipel de Mayotte était toujours plongé dans le chaos mercredi, quatre jours après le passage du cyclone Chido qui a laissé le 101e département français "totalement dévasté" selon les mots du ministre de l'intérieur démissionnaire, Bruno Retailleau (cf dépêche du 17/12/2024 à 18:28).
Le dernier bilan humain publié mercredi soir par le ministère de l'intérieur faisait état de 31 morts, dont "le décès de 22 personnes à l'hôpital et 9 en commune", 45 blessés en urgence absolue et 1.373 blessés en urgence relative.
"Le nombre de morts n'est pas en adéquation avec la réalité des 100.000 personnes qui vivent dans un habitat précaire", a reconnu le ministère, en indiquant qu'une mission de recherche des morts avait été lancée alors qu'on estimait que "70% des habitants [avaient] été gravement touchés par le cyclone".
Alors que le centre hospitalier de Mayotte (CHM) a été très fortement impacté et fonctionne de façon dégradée depuis dimanche, trois des quatre centres de dialyse de l'île n'étaient plus en état de fonctionner non plus depuis, a-t-on appris mercredi lors d'un échange avec le directeur général de l'ARS de La Réunion.
"Le seul centre restant ne peut pas absorber le flux des patients qui doivent être dialysés trois fois par semaine", a ajouté Gérard Cottelon.
Alors que les quatre premières évacuations sanitaires (Evasan) effectuées au lendemain du cyclone ont concerné quatre patients pris en charge au pôle de neurochirurgie du CHU de La Réunion, à Saint-Pierre, toutes les 97 Evasan effectuées et programmées par la suite concernaient "des patients dialysés pour leur donner une chance de rester en vie", a-t-il poursuivi.
Une prise en charge complexifiée par l'hébergement
"A date nous avons 57 patients [dialysés] qui ont été transférés sur La Réunion, avec comme complexité qu'il faut leur trouver un hébergement parce qu'ils ne sont pas hospitalisés", a expliqué le directeur de l'ARS. "Ce sont des gens qui arrivent avec juste les vêtements qu'ils ont sur eux, ils n'ont pas d'argent, pas de carte bancaire."
Alors que le conseil régional de La Réunion avait récemment fait l'acquisition d'un hôtel à proximité du CHU à Saint-Denis pour accueillir ses instituts de formation, ce bâtiment a été mis à contribution pour accueillir 32 patients mahorais arrivés mardi soir à La Réunion: "On occupe pour le moment 32 chambres, pour autant de patients, mais il n'y a plus rien dans l'hôtel."
Après avoir été pris en charge dans la nuit de mardi à mercredi, ces patients ont été installés sur des lits de camp dans l'hôtel Bellepierre.
Ces 32 patients non dialysés étaient "arrivés hier [mardi] soir avec 5 à 7 litres d'eau chacun", a souligné Gérard Cottelon. "Franchement je dis 'chapeau' à la Croix-Rouge, aux équipes de l'ARS et au centre de dialyse qui ont organisé des dialyses de nuit pour sauver ces patients."
Un tiers de Mahorais dialysés portés disparus
Alors que 40 nouvelles Evasan de patients dialysés étaient attendues mercredi soir à La Réunion, le directeur général de l'ARS a rapporté que la directrice des centres de dialyse mahorais était sans nouvelles d'une "centaine de patients" sur les près de 300 patients dialysés connus à Mayotte.
"Elle me dit ça en pleurs", a-t-il enchaîné. "Soit ils sont morts pendant le cyclone, soit ils sont morts depuis parce qu'ils n'ont pas été dialysés."
A La Réunion, l'ARS s'apprête à mobiliser les trois groupes de centres d'hémodialyse présents sur l'île, ainsi que d'autres acteurs pour héberger les patients transférés, comme la Fondation Père Favron, qui gère des établissements médico-sociaux, qui va héberger dès mercredi 26 patients mahorais à Saint-Pierre, tandis qu'une douzaine d'autres seront logés dans un établissement d'accueil du groupe Clinifutur à Saint-Denis.
"Paradoxalement, il y a eu peu de patients transférés, on a envoyé une quarantaine de professionnels", a fait remarquer le directeur de l'ARS de La Réunion. "Il y a pas mal de personnels à l'hôpital, beaucoup ont perdu leur logement, c'est l'hôpital qui les prend en charge, pour les héberger et les nourrir."
Alors qu'une centaine de professionnels étaient arrivés en renfort à Mayotte mercredi matin, a rapporté la ministre démissionnaire de la santé et de l'accès aux soins (cf dépêche du 18/12/2024 à 10:16), Gérard Cottelon a pointé les limites posées par la sinistralité de l'archipel mahorais actuellement: "On ne peut pas envoyer beaucoup de professionnels d'un seul coup car se pose là-bas les questions de l'hébergement, de la nourriture."
Pas de retour des patients dialysés avant plusieurs mois
"On va faire en sorte que tous les patients dialysés soient pris en charge à La Réunion", a-t-il poursuivi. "On est parti sur quelques mois, 6 à 8 mois, car les centres [de dialyse à Mayotte] sont par terre, il faut les reconstruire puis revalider tous les process, les dispositifs médicaux."
"L'autre chose sur laquelle nous travaillons en lien avec l'ARS Mayotte et le Corruss [centre opérationnel de régulation et de réponse aux urgences sanitaires et sociales], c'est qu'il va y avoir de plus en plus de patients à prendre en charge avec les conditions de vie, d'hygiène", a fait savoir Gérard Cottelon. Il a souligné que l'élément de sécurité civile rapide d'intervention médicale (Escrim), qui devrait être livré entre jeudi et vendredi par les forces armées pour appuyer les capacités de prises en charge du CHM, ne suffira pas à subvenir aux besoins de la population mahoraise.
L'île de La Réunion devrait donc voir son rôle de tête de pont du dispositif d'appui sanitaire à Mayotte se renforcer dans la prochaine semaine, en devenant un "passage obligé avant la métropole pour tout ce qui est urgences absolues, tous les patients réanimatoires": "On les stabilise à La Réunion et ensuite on les transfère en métropole."
Alors que le premier ministre, François Bayrou, a indiqué mardi devant l'Assemblée nationale que des stocks de vaccins étaient "en train d'être mis en place, pour une conservation optimale à La Réunion" pour faire face à l'apparition de potentiels foyers épidémiques, Gérard Cotellon a confirmé les craintes des autorités sanitaires sur une résurgence de l'épidémie de choléra qui avait sévi au printemps et à l'été sur l'île (cf dépêche du 21/03/2024 à 12:42 et dépêche du 23/09/2024 à 15:48).
"Classiquement après des événements de ce type, on a des épidémies de rougeole", a-t-il ajouté.
gl/ab/APMnews
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MAYOTTE: "ON PRIORISE LE RAPATRIEMENT DES PATIENTS DIALYSÉS POUR LEUR DONNER UNE CHANCE DE RESTER EN VIE" (GÉRARD COTTELON)
MAMOUDZOU, SAINT-DENIS (La Réunion) - Les patients dialysés représentent la très grande majorité de la centaine de patients ayant bénéficié d'une évacuation sanitaire de Mayotte vers La Réunion, avec cependant une complexité accrue de prise en charge pour des personnes arrivant dans le plus grand dénuement après le passage du cyclone Chido, a-t-on appris mercredi auprès du directeur général de l'agence régionale de santé (ARS) de La Réunion, Gérard Cottelon.
L'archipel de Mayotte était toujours plongé dans le chaos mercredi, quatre jours après le passage du cyclone Chido qui a laissé le 101e département français "totalement dévasté" selon les mots du ministre de l'intérieur démissionnaire, Bruno Retailleau (cf dépêche du 17/12/2024 à 18:28).
Le dernier bilan humain publié mercredi soir par le ministère de l'intérieur faisait état de 31 morts, dont "le décès de 22 personnes à l'hôpital et 9 en commune", 45 blessés en urgence absolue et 1.373 blessés en urgence relative.
"Le nombre de morts n'est pas en adéquation avec la réalité des 100.000 personnes qui vivent dans un habitat précaire", a reconnu le ministère, en indiquant qu'une mission de recherche des morts avait été lancée alors qu'on estimait que "70% des habitants [avaient] été gravement touchés par le cyclone".
Alors que le centre hospitalier de Mayotte (CHM) a été très fortement impacté et fonctionne de façon dégradée depuis dimanche, trois des quatre centres de dialyse de l'île n'étaient plus en état de fonctionner non plus depuis, a-t-on appris mercredi lors d'un échange avec le directeur général de l'ARS de La Réunion.
"Le seul centre restant ne peut pas absorber le flux des patients qui doivent être dialysés trois fois par semaine", a ajouté Gérard Cottelon.
Alors que les quatre premières évacuations sanitaires (Evasan) effectuées au lendemain du cyclone ont concerné quatre patients pris en charge au pôle de neurochirurgie du CHU de La Réunion, à Saint-Pierre, toutes les 97 Evasan effectuées et programmées par la suite concernaient "des patients dialysés pour leur donner une chance de rester en vie", a-t-il poursuivi.
Une prise en charge complexifiée par l'hébergement
"A date nous avons 57 patients [dialysés] qui ont été transférés sur La Réunion, avec comme complexité qu'il faut leur trouver un hébergement parce qu'ils ne sont pas hospitalisés", a expliqué le directeur de l'ARS. "Ce sont des gens qui arrivent avec juste les vêtements qu'ils ont sur eux, ils n'ont pas d'argent, pas de carte bancaire."
Alors que le conseil régional de La Réunion avait récemment fait l'acquisition d'un hôtel à proximité du CHU à Saint-Denis pour accueillir ses instituts de formation, ce bâtiment a été mis à contribution pour accueillir 32 patients mahorais arrivés mardi soir à La Réunion: "On occupe pour le moment 32 chambres, pour autant de patients, mais il n'y a plus rien dans l'hôtel."
Après avoir été pris en charge dans la nuit de mardi à mercredi, ces patients ont été installés sur des lits de camp dans l'hôtel Bellepierre.
Ces 32 patients non dialysés étaient "arrivés hier [mardi] soir avec 5 à 7 litres d'eau chacun", a souligné Gérard Cottelon. "Franchement je dis 'chapeau' à la Croix-Rouge, aux équipes de l'ARS et au centre de dialyse qui ont organisé des dialyses de nuit pour sauver ces patients."
Un tiers de Mahorais dialysés portés disparus
Alors que 40 nouvelles Evasan de patients dialysés étaient attendues mercredi soir à La Réunion, le directeur général de l'ARS a rapporté que la directrice des centres de dialyse mahorais était sans nouvelles d'une "centaine de patients" sur les près de 300 patients dialysés connus à Mayotte.
"Elle me dit ça en pleurs", a-t-il enchaîné. "Soit ils sont morts pendant le cyclone, soit ils sont morts depuis parce qu'ils n'ont pas été dialysés."
A La Réunion, l'ARS s'apprête à mobiliser les trois groupes de centres d'hémodialyse présents sur l'île, ainsi que d'autres acteurs pour héberger les patients transférés, comme la Fondation Père Favron, qui gère des établissements médico-sociaux, qui va héberger dès mercredi 26 patients mahorais à Saint-Pierre, tandis qu'une douzaine d'autres seront logés dans un établissement d'accueil du groupe Clinifutur à Saint-Denis.
"Paradoxalement, il y a eu peu de patients transférés, on a envoyé une quarantaine de professionnels", a fait remarquer le directeur de l'ARS de La Réunion. "Il y a pas mal de personnels à l'hôpital, beaucoup ont perdu leur logement, c'est l'hôpital qui les prend en charge, pour les héberger et les nourrir."
Alors qu'une centaine de professionnels étaient arrivés en renfort à Mayotte mercredi matin, a rapporté la ministre démissionnaire de la santé et de l'accès aux soins (cf dépêche du 18/12/2024 à 10:16), Gérard Cottelon a pointé les limites posées par la sinistralité de l'archipel mahorais actuellement: "On ne peut pas envoyer beaucoup de professionnels d'un seul coup car se pose là-bas les questions de l'hébergement, de la nourriture."
Pas de retour des patients dialysés avant plusieurs mois
"On va faire en sorte que tous les patients dialysés soient pris en charge à La Réunion", a-t-il poursuivi. "On est parti sur quelques mois, 6 à 8 mois, car les centres [de dialyse à Mayotte] sont par terre, il faut les reconstruire puis revalider tous les process, les dispositifs médicaux."
"L'autre chose sur laquelle nous travaillons en lien avec l'ARS Mayotte et le Corruss [centre opérationnel de régulation et de réponse aux urgences sanitaires et sociales], c'est qu'il va y avoir de plus en plus de patients à prendre en charge avec les conditions de vie, d'hygiène", a fait savoir Gérard Cottelon. Il a souligné que l'élément de sécurité civile rapide d'intervention médicale (Escrim), qui devrait être livré entre jeudi et vendredi par les forces armées pour appuyer les capacités de prises en charge du CHM, ne suffira pas à subvenir aux besoins de la population mahoraise.
L'île de La Réunion devrait donc voir son rôle de tête de pont du dispositif d'appui sanitaire à Mayotte se renforcer dans la prochaine semaine, en devenant un "passage obligé avant la métropole pour tout ce qui est urgences absolues, tous les patients réanimatoires": "On les stabilise à La Réunion et ensuite on les transfère en métropole."
Alors que le premier ministre, François Bayrou, a indiqué mardi devant l'Assemblée nationale que des stocks de vaccins étaient "en train d'être mis en place, pour une conservation optimale à La Réunion" pour faire face à l'apparition de potentiels foyers épidémiques, Gérard Cotellon a confirmé les craintes des autorités sanitaires sur une résurgence de l'épidémie de choléra qui avait sévi au printemps et à l'été sur l'île (cf dépêche du 21/03/2024 à 12:42 et dépêche du 23/09/2024 à 15:48).
"Classiquement après des événements de ce type, on a des épidémies de rougeole", a-t-il ajouté.
gl/ab/APMnews