Actualités de l'Urgence - APM

20/06 2024
Retour

LES RÉPUBLICAINS AXENT LEUR PROGRAMME SANTÉ SUR LA LUTTE CONTRE LA DÉSERTIFICATION MÉDICALE ET LES PÉNURIES DE MÉDICAMENTS

(Par Wassinia ZIRAR et Bruno DECOTTIGNIES)

PARIS, 20 juin 2024 (APMnews) - En prévision des élections législatives des 30 juin et 7 juillet, le parti Les Républicains (LR) a élaboré un programme santé porté sur la lutte contre les déserts médicaux et les pénuries de médicaments, selon un document obtenu par APMnews.

Ces élections anticipées sont la conséquence de la dissolution de l'Assemblée nationale prononcée le 9 juin par le président de la République, Emmanuel Macron (cf dépêche du 09/06/2024 à 21:53 et dépêche du 10/06/2024 à 17:31), en réponse aux résultats des élections européennes, très défavorables à une majorité présidentielle déjà affaiblie après le scrutin législatif de juin 2022 (cf dépêche du 20/06/2022 à 12:44).

Chez Les Républicains, deux camps s'opposent depuis la décision prise le 10 juin par son président, Eric Ciotti, de conclure une "alliance des droites" avec le Rassemblement national (RN), suscitant l'hostilité d'une grande majorité de ses cadres qui entendent l'exclure du parti.

La frange qui ne souhaite pas former d'alliance avec le RN a ainsi investi quelque 400 candidats face à une soixantaine pour le camp Ciotti. Sont candidats plusieurs membres de la commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale, ainsi que certains professionnels de santé (cf dépêche du 19/06/2024 à 19:12).

La ligne du parti hostile à son président, dont l'éviction est suspendue après un recours en référé, a aussi élaboré son propre programme, qui contient une partie relative à la santé. Dans le document obtenu par APMnews, les représentants de LR ont ainsi déploré "le bilan de la majorité" en santé.

"La lutte contre la désertification médicale par la majorité présidentielle est un échec évident", a-t-il pointé, chiffrant à "6 millions de Français n'[ayant] pas de médecin traitant"; "87% du territoire considéré comme un désert médical" et "65% des médecins refus[ant] de nouveaux patients".

Pour répondre à la problématique d'accès aux soins, Les Républicains proposent plusieurs mesures. La première porte sur une "refonte des études de santé", avec la suppression du concours de premier cycle des études de santé, "remplacé par un examen avec une note éliminatoire".

Ils proposent également une "augmentation du nombre de professionnels de santé formés", avec une fixation d'objectifs de formation "adaptés aux besoins de chaque région et une augmentation de la capacité d'accueil des organismes de formation grâce à des collaborations entre régions, universités et écoles".

Afin de renforcer l'attractivité des métiers de la santé, LR appelle à "une revalorisation financière et une meilleure reconnaissance des compétences pour tous les professionnels de santé et les paramédicaux". Le parti souhaite également "valoriser" la formation continue pour les professionnels de santé et paramédicaux, afin de garantir des compétences "à jour et adaptées aux évolutions du secteur".

L'attractivité passant aussi par les conditions de travail des soignants, Les Républicains souhaitent une "libération du temps de travail des médecins", via la "facilitation de l'embauche d'assistants médicaux pour décharger les médecins de certaines tâches administratives et du renouvellement d'ordonnances", ont-ils précisé.

LR soutient aussi le développement de l'e-santé comme vecteur de lutte contre la désertification médicale. Pour cela, il préconise la "généralisation du dossier médical partagé [DMP]", "l'uniformisation des systèmes d'information [SI] des hôpitaux" et "le développement de la télémédecine".

Notons toutefois que ces trois points sont déjà à l'œuvre. Le DMP est, en effet, une composante de Mon espace santé, qui est activé chez plus de 13 millions d'usagers (cf dépêche du 18/06/2024 à 12:29). La mise à jour des SI hospitaliers est portée dans le cadre du Ségur du numérique en santé depuis 2021 et entré dans sa vague 2 depuis mai (cf dépêche du 21/05/2024 à 13:13). La télémédecine est encadrée et généralisée par la Caisse nationale de l'assurance maladie (Cnam) depuis 2018 et la signature de l'avenant n°6 à la convention médicale (cf dépêche du 13/08/2018 à 10:41). Par ailleurs, la nouvelle convention médicale signée le 4 juin intègre une suppression du plafonnement des téléconsultations qu'un médecin généraliste peut réaliser auprès de sa patientèle médecin traitant (cf dépêche du 04/06/2024 à 18:23).

LR s'est également prononcé sur les centres de soins non programmés et souhaite "maximiser leur création […] pour réduire le recours systématique aux urgences".

Le parti propose aussi de "favoriser l'accès à la biologie délocalisée" pour améliorer la prise en charge des patients dans les zones sous-dotées et de développer l'accès à l'imagerie médicale dans les territoires pour créer "un trio efficace: soins de premiers recours, biologie et imagerie".

Les Républicains appellent également au "rejet de toute mesure coercitive à l'encontre des professionnels de santé" dans leur pratique pour ne pas "nuire" à l'attractivité des métiers du soin.

Focus sur les pénuries de médicaments

"Malgré les annonces du président Emmanuel Macron, les pénuries de médicaments s'aggravent. En 2023, l'ANSM [Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé] a enregistré plus de 4.900 signalements de ruptures de stock, affectant gravement les patients", a déploré le parti.

LR formule, là encore, une série de propositions visant à répondre à la problématique des pénuries de médicaments. Il souhaite ainsi:

  • "revoir leur mode d'évaluation et de financement"

  • "constituer des stocks stratégiques européens de produits pharmaceutiques, d'équipements médicaux et de vaccins, déployer une politique de relocalisation de l'industrie pharmaceutique en Europe et assurer l'autonomie stratégique dans le domaine de la santé"

  • "faire de la reconquête de la souveraineté sanitaire un objectif majeur de la politique nationale de recherche en créant un programme 'recherche, innovation et transfert de technologie dans le domaine de la santé personnalisée' dans la loi des finances".

Refonte du modèle de financement de la santé

Les Républicains appellent, par ailleurs, à "absolument refonder le modèle de financement de notre système de santé et investir massivement dans la recherche, le développement et la prévention".

"Nous plaidons notamment pour une loi de programmation pluriannuelle de la santé. Une politique de santé n'a de sens qu'à condition d'être envisagée sur plusieurs années. Les effets d'une campagne de prévention, les investissements dans de nouveaux outils, le cycle de l'innovation ou la formation des professionnels impliquent de raisonner à moyen terme. Il faut mettre en cohérence les objectifs de santé publique, la méthode et les moyens."

Il propose également de "faire du ministère de la santé un ministère régalien qui définit une véritable stratégie nationale de santé avec une agence sanitaire nationale" et "une loi de programmation sanitaire à cinq ans, votée par le Parlement".

Enfin, en vue d'"augmenter l'espérance de vie en bonne santé", LR entend investir "dans des programmes de recherche français et européens pour trouver des traitements efficaces contre le cancer, les maladies liées au vieillissement, le diabète, l'endométriose et les maladies mentales".

wz-bd/ab/APMnews

Les données APM Santé sont la propriété de APM International. Toute copie, republication ou redistribution des données APM Santé, notamment via la mise en antémémoire, l'encadrement ou des moyens similaires, est expressément interdite sans l'accord préalable écrit de APM. APM ne sera pas responsable des erreurs ou des retards dans les données ou de toutes actions entreprises en fonction de celles-ci ou toutes décisions prises sur la base du service. APM, APM Santé et le logo APM International, sont des marques d'APM International dans le monde. Pour de plus amples informations sur les autres services d'APM, veuillez consulter le site Web public d'APM à l'adresse www.apmnews.com

Copyright © APM-Santé - Tous droits réservés.

Informations professionnelles

20/06 2024
Retour

LES RÉPUBLICAINS AXENT LEUR PROGRAMME SANTÉ SUR LA LUTTE CONTRE LA DÉSERTIFICATION MÉDICALE ET LES PÉNURIES DE MÉDICAMENTS

(Par Wassinia ZIRAR et Bruno DECOTTIGNIES)

PARIS, 20 juin 2024 (APMnews) - En prévision des élections législatives des 30 juin et 7 juillet, le parti Les Républicains (LR) a élaboré un programme santé porté sur la lutte contre les déserts médicaux et les pénuries de médicaments, selon un document obtenu par APMnews.

Ces élections anticipées sont la conséquence de la dissolution de l'Assemblée nationale prononcée le 9 juin par le président de la République, Emmanuel Macron (cf dépêche du 09/06/2024 à 21:53 et dépêche du 10/06/2024 à 17:31), en réponse aux résultats des élections européennes, très défavorables à une majorité présidentielle déjà affaiblie après le scrutin législatif de juin 2022 (cf dépêche du 20/06/2022 à 12:44).

Chez Les Républicains, deux camps s'opposent depuis la décision prise le 10 juin par son président, Eric Ciotti, de conclure une "alliance des droites" avec le Rassemblement national (RN), suscitant l'hostilité d'une grande majorité de ses cadres qui entendent l'exclure du parti.

La frange qui ne souhaite pas former d'alliance avec le RN a ainsi investi quelque 400 candidats face à une soixantaine pour le camp Ciotti. Sont candidats plusieurs membres de la commission des affaires sociales de l'Assemblée nationale, ainsi que certains professionnels de santé (cf dépêche du 19/06/2024 à 19:12).

La ligne du parti hostile à son président, dont l'éviction est suspendue après un recours en référé, a aussi élaboré son propre programme, qui contient une partie relative à la santé. Dans le document obtenu par APMnews, les représentants de LR ont ainsi déploré "le bilan de la majorité" en santé.

"La lutte contre la désertification médicale par la majorité présidentielle est un échec évident", a-t-il pointé, chiffrant à "6 millions de Français n'[ayant] pas de médecin traitant"; "87% du territoire considéré comme un désert médical" et "65% des médecins refus[ant] de nouveaux patients".

Pour répondre à la problématique d'accès aux soins, Les Républicains proposent plusieurs mesures. La première porte sur une "refonte des études de santé", avec la suppression du concours de premier cycle des études de santé, "remplacé par un examen avec une note éliminatoire".

Ils proposent également une "augmentation du nombre de professionnels de santé formés", avec une fixation d'objectifs de formation "adaptés aux besoins de chaque région et une augmentation de la capacité d'accueil des organismes de formation grâce à des collaborations entre régions, universités et écoles".

Afin de renforcer l'attractivité des métiers de la santé, LR appelle à "une revalorisation financière et une meilleure reconnaissance des compétences pour tous les professionnels de santé et les paramédicaux". Le parti souhaite également "valoriser" la formation continue pour les professionnels de santé et paramédicaux, afin de garantir des compétences "à jour et adaptées aux évolutions du secteur".

L'attractivité passant aussi par les conditions de travail des soignants, Les Républicains souhaitent une "libération du temps de travail des médecins", via la "facilitation de l'embauche d'assistants médicaux pour décharger les médecins de certaines tâches administratives et du renouvellement d'ordonnances", ont-ils précisé.

LR soutient aussi le développement de l'e-santé comme vecteur de lutte contre la désertification médicale. Pour cela, il préconise la "généralisation du dossier médical partagé [DMP]", "l'uniformisation des systèmes d'information [SI] des hôpitaux" et "le développement de la télémédecine".

Notons toutefois que ces trois points sont déjà à l'œuvre. Le DMP est, en effet, une composante de Mon espace santé, qui est activé chez plus de 13 millions d'usagers (cf dépêche du 18/06/2024 à 12:29). La mise à jour des SI hospitaliers est portée dans le cadre du Ségur du numérique en santé depuis 2021 et entré dans sa vague 2 depuis mai (cf dépêche du 21/05/2024 à 13:13). La télémédecine est encadrée et généralisée par la Caisse nationale de l'assurance maladie (Cnam) depuis 2018 et la signature de l'avenant n°6 à la convention médicale (cf dépêche du 13/08/2018 à 10:41). Par ailleurs, la nouvelle convention médicale signée le 4 juin intègre une suppression du plafonnement des téléconsultations qu'un médecin généraliste peut réaliser auprès de sa patientèle médecin traitant (cf dépêche du 04/06/2024 à 18:23).

LR s'est également prononcé sur les centres de soins non programmés et souhaite "maximiser leur création […] pour réduire le recours systématique aux urgences".

Le parti propose aussi de "favoriser l'accès à la biologie délocalisée" pour améliorer la prise en charge des patients dans les zones sous-dotées et de développer l'accès à l'imagerie médicale dans les territoires pour créer "un trio efficace: soins de premiers recours, biologie et imagerie".

Les Républicains appellent également au "rejet de toute mesure coercitive à l'encontre des professionnels de santé" dans leur pratique pour ne pas "nuire" à l'attractivité des métiers du soin.

Focus sur les pénuries de médicaments

"Malgré les annonces du président Emmanuel Macron, les pénuries de médicaments s'aggravent. En 2023, l'ANSM [Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé] a enregistré plus de 4.900 signalements de ruptures de stock, affectant gravement les patients", a déploré le parti.

LR formule, là encore, une série de propositions visant à répondre à la problématique des pénuries de médicaments. Il souhaite ainsi:

  • "revoir leur mode d'évaluation et de financement"

  • "constituer des stocks stratégiques européens de produits pharmaceutiques, d'équipements médicaux et de vaccins, déployer une politique de relocalisation de l'industrie pharmaceutique en Europe et assurer l'autonomie stratégique dans le domaine de la santé"

  • "faire de la reconquête de la souveraineté sanitaire un objectif majeur de la politique nationale de recherche en créant un programme 'recherche, innovation et transfert de technologie dans le domaine de la santé personnalisée' dans la loi des finances".

Refonte du modèle de financement de la santé

Les Républicains appellent, par ailleurs, à "absolument refonder le modèle de financement de notre système de santé et investir massivement dans la recherche, le développement et la prévention".

"Nous plaidons notamment pour une loi de programmation pluriannuelle de la santé. Une politique de santé n'a de sens qu'à condition d'être envisagée sur plusieurs années. Les effets d'une campagne de prévention, les investissements dans de nouveaux outils, le cycle de l'innovation ou la formation des professionnels impliquent de raisonner à moyen terme. Il faut mettre en cohérence les objectifs de santé publique, la méthode et les moyens."

Il propose également de "faire du ministère de la santé un ministère régalien qui définit une véritable stratégie nationale de santé avec une agence sanitaire nationale" et "une loi de programmation sanitaire à cinq ans, votée par le Parlement".

Enfin, en vue d'"augmenter l'espérance de vie en bonne santé", LR entend investir "dans des programmes de recherche français et européens pour trouver des traitements efficaces contre le cancer, les maladies liées au vieillissement, le diabète, l'endométriose et les maladies mentales".

wz-bd/ab/APMnews

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de cookies pour réaliser des statistiques de visites.