Actualités de l'Urgence - APM

LE MANS, 16 janvier 2025 (APMnews) - La feuille de route du centre hospitalier (CH) du Mans (environ 1.500 lits et places), qui se matérialisera en juin par la validation de son projet d'établissement 2025-2030, anticipe un déménagement du Samu, la construction de nouveaux logements pour les internes, de nouvelles formations pour les managers ou encore l'extension de la direction commune à deux nouveaux établissements en Sarthe, a-t-on appris auprès du directeur général du CH, Guillaume Laurent.

Le futur projet d'établissement se déclinera en trois grands axes: l'engagement de l'établissement envers ses patients, son engagement envers le territoire et son engagement envers ses personnels, a-t-il déclaré, lors de la cérémonie des vœux qui s'est déroulée lundi.

Chaque engagement se traduira par plusieurs projets, qui ont été énumérés par Guillaume Laurent.

Le futur bâtiment Monet-Nord, renommé "Cœur de Sarthe", espéré pour 2030

Le CH du Mans prévoit d'adapter son offre de soin, à travers notamment la mise en œuvre d'un schéma directeur immobilier. Un schéma directeur paysager et un schéma directeur numérique sont également en préparation.

L'établissement souhaite construire un nouveau bâtiment appelé "Cœur de Sarthe", un acronyme désignant le "centre opératoire d'endoscopie, d'urgence et de réanimation", a précisé le directeur, interrogé par la suite par APMnews. Il s'agit du nouveau nom donné à "Monet-Nord", une référence au nom du lieu d'implantation de ce bâtiment.

Le futur bâtiment doit regrouper, en un même site, le "cœur chaud de l'hôpital" intégrant le Samu, le service des urgences adultes, les services de réanimation et de soins intensifs polyvalents, les blocs opératoires, les activités de chirurgie ambulatoire, de stérilisation et d'imagerie d'urgence.

Le CH du Mans espère une livraison de ce bâtiment en 2030.

"Le projet est en cours d'instruction. Nous attendons la validation de l'agence régionale de santé (ARS) Pays de la Loire pour pouvoir le lancer", précise Guillaume Laurent. "L'ARS travaille avec des experts et des contre-experts à l'analyse du dossier."

Le coût du projet est estimé à environ 140 millions d'euros (M€). Ce dossier est instruit dans le cadre du Ségur de la santé lancé en 2021.

En novembre 2021, Olivier Véran, alors ministre de la santé, avait annoncé à l'occasion d'un déplacement au Mans un investissement atteignant 85 M€ pour ce projet, soit environ 60% de son coût estimé (cf dépêche du 16/11/2021 à 13:00).

La métropole du Mans pourrait aussi contribuer au financement "à hauteur de 5 M€", ajoute Guillaume Laurent.

Le reste à charge, pour le CH du Mans, doit être financé "à partir d'autofinancement, et par l'emprunt".

Une hausse attendue des capacités en gériatrie, et une rénovation de l'unité de pédiatrie

Le CH du Mans prévoit aussi de rénover son unité de pédiatrie, d'une capacité de 34 lits, en raison de locaux devenus "inadaptés", a expliqué le chef d'établissement.

Le CH prévoit un lancement des travaux en 2026. Le chantier doit durer 18 mois, le planning étant "en cours de finalisation".

Il ajoute qu'un projet d'augmentation des capacités gériatriques de l'établissement est aussi à l'étude.

Ce projet pourrait consister en la création de 10 lits supplémentaires en unité de gériatrie aiguë, et en l'augmentation des capacités des activités de soins médicaux et de réadaptation (SMR). Le directeur général envisage aussi de "rouvrir des lits d'Ehpad".

Par ailleurs, le CH du Mans prévoit l'installation en 2025 d'un nouveau scanner, spécialisé en cardiologie. Il souhaite aussi déployer la pathologie numérique dans son établissement, en collaboration avec le CHU d'Angers. Cette pratique est notamment utilisée "pour le diagnostic des cancers".

Deux internats neufs et une future crèche sur le site du CH

L'établissement indique vouloir enclencher la deuxième phase du "campus des internes", avec le soutien du Département et de Le Mans Métropole.

En novembre 2023, un premier bâtiment de 110 logements accueillant les internes au CH du Mans avait été rénové à l'entrée du site.

Le CH du Mans souhaite désormais rénover un second bâtiment entre 2025 et 2026, afin de le transformer en "lieu de vie" au cœur de son campus.

Un troisième bâtiment, d'une capacité de 80 chambres, doit enfin être construit d'ici 2027. Le démarrage de ce chantier est espéré en 2026.

En parallèle, un dernier bâtiment hébergeant les internes devra être abandonné. Celui-ci "est situé sur le futur emplacement du projet Cœur de Sarthe. Nous devons le détruire pour pouvoir ensuite construire le futur bâtiment Cœur de Sarthe", contextualise le directeur général. "Il faut impérativement qu'en 2027, nous ayons finalisé l'opération."

En septembre, le CH du Mans doit accueillir une classe de formation pour les infirmiers en pratique avancée de Sarthe-Mayenne. Il s'agit d'une antenne de la faculté de santé d'Angers.

Le CH du Mans prévoit aussi de créer une crèche, dont la "localisation se précise" sur le site du centre hospitalier. Les travaux de cette crèche, dont l'ouverture est prévue pour septembre 2026, doivent être lancés en 2025. Ce chantier bénéficie de financements de la part de la caisse d'allocations familiales (CAF), et de la Métropole du Mans.

Un nouveau projet managérial en cours de publication

Le directeur général du CH du Mans souhaite aussi actualiser la charte de gouvernance de l'établissement, créée en 2022.

Le CH du Mans va aussi inclure un projet managérial, qui sera partie intégrante dans son projet d'établissement.

Ce document, "quasi finalisé" et "construit de manière collaborative avec les managers", sera diffusé au sein de l'établissement le mardi 4 février, précise-t-il.

Le CH du Mans recense 275 personnels considérés comme des managers, c'est-à-dire des chefs de pôles, chefs de services, des cadres supérieurs ou des cadres de proximité de services administratifs, techniques et logistiques.

Ce projet managérial est constitué "à la fois d'une description des valeurs de l'établissement et de nos principes d'action", mais aussi de 24 actions pratiques à mettre en œuvre d'ici deux ans.

Parmi ces 24 actions figure notamment la création d'un dispositif d'accompagnement des professionnels qui se projettent dans des fonctions managériales. "L'idée est d'accompagner les personnels qui deviendront potentiellement un jour chefs de service, en les nommant adjoints", décrit Guillaume Laurent. Le contour de ce dispositif est encore "à définir".

Le CH du Mans cherche aussi à améliorer les outils de gestion du temps de travail, souvent considérés comme "chronophages par les cadres de santé", relève Guillaume Laurent. Ce chantier doit se construire en collaboration avec les équipes du département de l'information médicale (DIM) du CH.

Guillaume Laurent souhaite également créer un séminaire annuel destiné aux managers. "Nous n'avions jamais rassemblé cette communauté, sous format de séminaire spécifique aux compétences managériales", témoigne-t-il. "L'idée est de faire monter en compétence nos managers, et notamment les médecins qui n'ont pas de formations initiales sur le sujet."

Au cours de ces séminaires seront invités des "grands témoins", dont le premier sera un "invité mystère" qui promet d'être "une personnalité connue au niveau national, avec un parcours sarthois", glisse le directeur général.

Une extension de la direction commune en Sarthe, et un entrepôt de données commun avec le CHU du Grand Ouest

En 2024, le directeur du CH du Mans a exercé par intérim les directions du CH de La Ferté-Bernard et du Pôle santé Sarthe et Loir (PSSL).

Il prévoit, d'ici quelques semaines, de finaliser l'extension de la direction commune avec ces deux établissements sarthois.

"Nous souhaitons élargir la direction commune des hôpitaux sarthois, afin de constituer un ensemble de six hôpitaux réalisant l'intégralité des activités de médecine, chirurgie, et obstétrique du GHT [groupement hospitalier de territoire, NDLR]", indique-t-il. "Leurs actions pourront ainsi être mieux coordonnées, et le fonctionnement plus intégré, tout en respectant l'autonomie de chacun et le fonctionnement en proximité."

Le CH du Mans prépare aussi un entrepôt de données de santé, dans le cadre du projet porté par le groupement de coopération sanitaire (GCS) des hôpitaux universitaires du Grand Ouest (Hugo), dont font notamment partie les CHU de Nantes, d'Angers, de Rennes, de Brest, d'Orléans et de Tours.

"L'idée est de collecter l'ensemble des données produites par les équipes médicales et paramédicales, pour ensuite en faire un outil qui puisse servir à des cas d'usage en recherche", justifie-t-il, en rappelant que le CH du Mans "fait partie des trois plus gros établissements chercheurs, hors CHU, en France".

Cet entrepôt de données de santé "bénéficiera à l'ensemble du territoire, et deviendra un outil incontournable, à même d'assurer l'avenir des activités de recherche médicale en Sarthe", promet-il.

Un budget en déficit et quelques manques de médecins

En 2024, le déficit estimé du CH du Mans s'établit à 18 M€ pour le budget principal (sur environ 435 M€ de recettes, soit environ 4%), contre 15 M€ en 2023, a rapporté son directeur général. Il attribue en partie la hausse du déficit à la hausse de la masse salariale.

Le directeur général souhaite atteindre un équilibre financier en 2027, grâce à l'augmentation des recettes et la réduction des "surcoûts liés aux intérims, aux remplacements et aux heures supplémentaires".

Il anticipe notamment une réorganisation des amplitudes horaires "dans un certain nombre de services".

L'établissement a enregistré 5% de séjours supplémentaires pour son activité d'hospitalisation en 2024. "Cette augmentation d'activité est supérieure à la moyenne nationale", compare Guillaume Laurent, qui précise que le CH "a retrouvé un niveau d'activité supérieur à celui d'avant-Covid".

Le CH du Mans, qui compte 1.050 infirmiers et 1.020 aides-soignants et métiers apparentés, se félicite d'avoir "pleinement recouvré" ses besoins en personnels paramédicaux, après avoir compté 60 postes vacants d'infirmiers et 25 d'aides-soignants mi-2023.

Guillaume Laurent indique que l'établissement "n'a jamais compté autant de médecins", en précisant toutefois qu'il restait "une trentaine de postes vacants", notamment dans les services d'anesthésie, des urgences, en radiologie, ou en obstétrique, sur un effectif d'environ 350 praticiens.

Le directeur général explique également qu'il souhaite finaliser la centralisation du codage et en accompagnant le DIM dans la construction de son projet de service.

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