Actualités de l'Urgence - APM
LÉGISLATIVES: LE COVARS ALERTE SUR LES CONSÉQUENCES SANITAIRES DE CERTAINES "INTENTIONS POLITIQUES"
Instance scientifique indépendante installée à la fin septembre 2022 (cf dépêche du 29/09/2022 à 10:45), le Covars a pour mission d'anticiper, prévenir des risques sanitaires et émettre des avis argumentés sur la prévention des crises sanitaires et leurs conséquences sur la population. Il est composé de 19 membres, notamment des immunologistes, des épidémiologistes, des virologues et des associations de patients.
Depuis l'annonce de la dissolution de l'Assemblée nationale par le président de la République, Emmanuel Macron, de nombreux professionnels de santé et des organismes du champ de la santé ont pris position dans le cadre de la campagne électorale pour les élections législatives des 30 juin et 7 juillet, à travers des tribunes ou des communiqués (cf dépêche du 24/06/2024 à 12:02 et dépêche du 28/06/2024 à 11:48).
Dans leur lettre rendue publique jeudi, les membres de Covars "appellent à soutenir les intentions de politiques publiques qui contribuent à protéger la santé des populations et de l'environnement", "pour notre bien à tous", sans jamais nommer un parti politique. "Nous avons souhaité rappeler des recommandations basées sur la science, pour instruire les politiques publiques et prévenir les risques sanitaires", justifie Brigitte Autran, présidente du Covars et immunologiste, dans un communiqué de presse.
"Les politiques sanitaires et environnementales doivent être gouvernées sur des bases médicales et scientifiques, rigoureuses et vérifiées, respectant les principes fondamentaux d'intégrité et d'éthique", soulignent les signataires, le mépris des données scientifiques pouvant avoir des répercussions délétères. "La propagation et l'utilisation d'informations fausses ou invérifiables sur la santé et la science sont une menace croissante pour les sociétés", rappellent-ils.
L'AME, un "outil efficace de protection et de santé publique"
Les 19 scientifiques du Covars appellent aussi au "maintien de l'accès aux soins pour tous", y compris les étrangers, en expliquant que la réduction, voire la suppression de l'aide médicale de l'Etat (AME) "pourrait paradoxalement accentuer les difficultés du système de santé français". L'exclusion du système de soins est non seulement néfaste pour les populations exclues, mais peut également se révéler coûteuse et désorganisatrice pour le système de santé français, jugent-ils.
Le 18 juin, le président du Rassemblement National (RN), Jordan Bardella, a fait part dans une interview au Parisien de son souhait de remplacer l'AME par un fonds qui "ne couvrira que les urgences vitales", rappelle-t-on (cf dépêche du 24/06/2024 à 16:42), à l'instar de ce que proposent les parlementaires du groupe Les Républicains depuis une dizaine d'années (cf dépêche du 08/11/2023 à 15:43).
Les membres du Covars rapportent que 415.000 personnes ont bénéficié de l'AME en 2022, pour un budget de moins de 0,5% des dépenses totales de santé. Les retards de l'accès au diagnostic et aux traitements, notamment de maladies transmissibles, pourraient amener à transférer des pathologies normalement traitées à moindre coût en médecine de ville, vers une prise en charge hospitalière, plus coûteuse et surcharger inutilement les hôpitaux publics déjà en grande difficulté, estiment-ils.
"Les risques sanitaires n'ont pas de frontières"
L'émergence de maladies sera de plus en plus fréquente en raison des évolutions climatiques, environnementales et sociétales, expliquent également les experts. "La France ne sera pas épargnée mais, avec ses collaborations européennes et internationales, a les moyens de s'y préparer."
"Lors de la pandémie de Covid-19, l'Union européenne a permis à tous les Français un accès rapide et à moindre coût à des vaccins efficaces qui ont permis d'éviter près de 1,4 million de morts en Europe selon l'OMS [Organisation mondiale de la santé]", illustrent-ils. "Renfermée, la France compromettrait sa capacité de réponse face à ces risques émergents", affirme le Covars.
De plus, il est indispensable de rester ouverts aux collaborations internationales et au libre-échange des étudiants, des chercheurs et des connaissances, poursuivent les scientifiques. Par ailleurs, la recherche doit être soutenue financièrement autant en temps de crise qu'en inter-crise et les fruits de ces recherches doivent servir à tous, prévient-il.
Les "effets" du dérèglement climatique "sur notre système de santé"
Les scientifiques rappellent également que la plupart des émergences infectieuses sont d'origine zoonotique et liées au changement climatique et facteurs environnementaux. "Il est essentiel de reconnaître la réalité du réchauffement climatique et de la chute de la biodiversité dont les données reposent sur des consensus scientifiques extrêmement solides."
"Ainsi, il n'est plus acceptable pour les dirigeants politiques de nier ou ignorer les conséquences du réchauffement climatique, de la perte de biodiversité, et de la pollution sur la santé humaine, des animaux et des écosystèmes qui ne peuvent être bradés pour des bénéfices à court terme", écrivent-ils.
"Au contraire, la réalité des effets de ces dérèglements environnementaux sur notre système de santé doit être reconnue et impose une vision politique à long terme, basée sur les faits scientifiques, capable d'arbitrer entre justice sociale, rendement économique et prévention de risques sanitaires majeurs, y compris ceux en lien avec la santé mentale."
"Les politiques publiques doivent en garantir la prévention par l'accès aux soins pour tous, en s'appuyant sur les valeurs universelles de rigueur et d'intégrité de la médecine et de la science et sur une recherche et une surveillance sanitaire fortes et ouvertes sur le monde", concluent les membres du Covars.
jm/vl/nc-ab/APMnews
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LÉGISLATIVES: LE COVARS ALERTE SUR LES CONSÉQUENCES SANITAIRES DE CERTAINES "INTENTIONS POLITIQUES"
Instance scientifique indépendante installée à la fin septembre 2022 (cf dépêche du 29/09/2022 à 10:45), le Covars a pour mission d'anticiper, prévenir des risques sanitaires et émettre des avis argumentés sur la prévention des crises sanitaires et leurs conséquences sur la population. Il est composé de 19 membres, notamment des immunologistes, des épidémiologistes, des virologues et des associations de patients.
Depuis l'annonce de la dissolution de l'Assemblée nationale par le président de la République, Emmanuel Macron, de nombreux professionnels de santé et des organismes du champ de la santé ont pris position dans le cadre de la campagne électorale pour les élections législatives des 30 juin et 7 juillet, à travers des tribunes ou des communiqués (cf dépêche du 24/06/2024 à 12:02 et dépêche du 28/06/2024 à 11:48).
Dans leur lettre rendue publique jeudi, les membres de Covars "appellent à soutenir les intentions de politiques publiques qui contribuent à protéger la santé des populations et de l'environnement", "pour notre bien à tous", sans jamais nommer un parti politique. "Nous avons souhaité rappeler des recommandations basées sur la science, pour instruire les politiques publiques et prévenir les risques sanitaires", justifie Brigitte Autran, présidente du Covars et immunologiste, dans un communiqué de presse.
"Les politiques sanitaires et environnementales doivent être gouvernées sur des bases médicales et scientifiques, rigoureuses et vérifiées, respectant les principes fondamentaux d'intégrité et d'éthique", soulignent les signataires, le mépris des données scientifiques pouvant avoir des répercussions délétères. "La propagation et l'utilisation d'informations fausses ou invérifiables sur la santé et la science sont une menace croissante pour les sociétés", rappellent-ils.
L'AME, un "outil efficace de protection et de santé publique"
Les 19 scientifiques du Covars appellent aussi au "maintien de l'accès aux soins pour tous", y compris les étrangers, en expliquant que la réduction, voire la suppression de l'aide médicale de l'Etat (AME) "pourrait paradoxalement accentuer les difficultés du système de santé français". L'exclusion du système de soins est non seulement néfaste pour les populations exclues, mais peut également se révéler coûteuse et désorganisatrice pour le système de santé français, jugent-ils.
Le 18 juin, le président du Rassemblement National (RN), Jordan Bardella, a fait part dans une interview au Parisien de son souhait de remplacer l'AME par un fonds qui "ne couvrira que les urgences vitales", rappelle-t-on (cf dépêche du 24/06/2024 à 16:42), à l'instar de ce que proposent les parlementaires du groupe Les Républicains depuis une dizaine d'années (cf dépêche du 08/11/2023 à 15:43).
Les membres du Covars rapportent que 415.000 personnes ont bénéficié de l'AME en 2022, pour un budget de moins de 0,5% des dépenses totales de santé. Les retards de l'accès au diagnostic et aux traitements, notamment de maladies transmissibles, pourraient amener à transférer des pathologies normalement traitées à moindre coût en médecine de ville, vers une prise en charge hospitalière, plus coûteuse et surcharger inutilement les hôpitaux publics déjà en grande difficulté, estiment-ils.
"Les risques sanitaires n'ont pas de frontières"
L'émergence de maladies sera de plus en plus fréquente en raison des évolutions climatiques, environnementales et sociétales, expliquent également les experts. "La France ne sera pas épargnée mais, avec ses collaborations européennes et internationales, a les moyens de s'y préparer."
"Lors de la pandémie de Covid-19, l'Union européenne a permis à tous les Français un accès rapide et à moindre coût à des vaccins efficaces qui ont permis d'éviter près de 1,4 million de morts en Europe selon l'OMS [Organisation mondiale de la santé]", illustrent-ils. "Renfermée, la France compromettrait sa capacité de réponse face à ces risques émergents", affirme le Covars.
De plus, il est indispensable de rester ouverts aux collaborations internationales et au libre-échange des étudiants, des chercheurs et des connaissances, poursuivent les scientifiques. Par ailleurs, la recherche doit être soutenue financièrement autant en temps de crise qu'en inter-crise et les fruits de ces recherches doivent servir à tous, prévient-il.
Les "effets" du dérèglement climatique "sur notre système de santé"
Les scientifiques rappellent également que la plupart des émergences infectieuses sont d'origine zoonotique et liées au changement climatique et facteurs environnementaux. "Il est essentiel de reconnaître la réalité du réchauffement climatique et de la chute de la biodiversité dont les données reposent sur des consensus scientifiques extrêmement solides."
"Ainsi, il n'est plus acceptable pour les dirigeants politiques de nier ou ignorer les conséquences du réchauffement climatique, de la perte de biodiversité, et de la pollution sur la santé humaine, des animaux et des écosystèmes qui ne peuvent être bradés pour des bénéfices à court terme", écrivent-ils.
"Au contraire, la réalité des effets de ces dérèglements environnementaux sur notre système de santé doit être reconnue et impose une vision politique à long terme, basée sur les faits scientifiques, capable d'arbitrer entre justice sociale, rendement économique et prévention de risques sanitaires majeurs, y compris ceux en lien avec la santé mentale."
"Les politiques publiques doivent en garantir la prévention par l'accès aux soins pour tous, en s'appuyant sur les valeurs universelles de rigueur et d'intégrité de la médecine et de la science et sur une recherche et une surveillance sanitaire fortes et ouvertes sur le monde", concluent les membres du Covars.
jm/vl/nc-ab/APMnews