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26/06 2024
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LÉGISLATIVES 2024: ATTAL, BARDELLA ET BOMPARD CROISENT LE FER SUR LA SANTÉ

PARIS, 26 juin 2024 (APMnews) - Dans le cadre des élections législatives des 30 juin et 7 juillet, Gabriel Attal, Jordan Bardella et Manuel Bompard ont débattu mardi soir sur TF1 pendant près de deux heures et ils ont notamment défendu leurs programmes santé respectifs lors d'un échange portant sur les déserts médicaux, la formation des médecins ou encore les tensions à l'hôpital.

Ces élections anticipées sont la conséquence de la dissolution de l'Assemblée nationale prononcée le 9 juin par le président de la République, Emmanuel Macron (cf dépêche du 09/06/2024 à 21:53 et dépêche du 10/06/2024 à 17:31), en réponse aux résultats des élections européennes, très défavorables à une majorité présidentielle déjà affaiblie après le scrutin législatif de juin 2022 (cf dépêche du 20/06/2022 à 12:44), rappelle-t-on.

Près de 150 professionnels du monde de la santé ont été investis par les principales organisations politiques, a constaté APMnews à l'analyse des listes de candidats (cf dépêche du 19/06/2024 à 18:40).

Cinq jours avant le premier tour, TF1 a organisé un débat entre les chefs de file des trois principaux blocs en lice pour ces élections. Ont ainsi échangé: le premier ministre, Gabriel Attal -lui-même candidat (Hauts-de-Seine, 10e circonscription)-, qui mène la campagne de la coalition "Ensemble pour la République" (Renaissance, Horizons et Modem); Jordan Bardella, président du Rassemblement national (RN) et leader du bloc d'extrême-droite composé du RN et des Républicains (LR) d'Eric Ciotti; et Manuel Bompard, coordinateur national de La France Insoumise (LFI) et candidat dans la quatrième circonscription des Bouches-du-Rhône, qui représente le bloc de gauche "Nouveau Front Populaire" (LFI, PS, EELV, PCF, NPA).

Jordan Bardella, Gabriel Attal et Manuel Bompard sur TF1. Photo : capture d'écran
Jordan Bardella, Gabriel Attal et Manuel Bompard sur TF1. Photo : capture d'écran

Pendant près de deux heures, les trois antagonistes se sont affrontés autour de plusieurs sujets: la fiscalité, le pouvoir d'achat, les retraites, la voiture électrique, la sécurité, l'immigration, l'école et, en toute fin de soirée, six minutes ont été consacrées à la santé. Si les échanges ont plusieurs fois été rendus inaudibles par des passes d'armes, cette partie a semblé plus sereine.

Toutefois, chacun a défendu son programme, sans surprise (cf dépêche du 24/06/2024 à 16:42, dépêche du 20/06/2024 à 16:58 et dépêche du 14/06/2024 à 16:19). Interrogé sur "le sentiment d'abandon ressenti par les Français, notamment dans les régions rurales et les déserts médicaux", le chef du gouvernement a pointé "une problématique préoccupante".

Gabriel Attal a d'abord expliqué que "le nombre limité de médecins en formation chaque année est le résultat de choix budgétaires" des années qui ont précédé les quinquennats d'Emmanuel Macron. "En 1998, on formait 3.500 médecins chaque année. En 2018, on est passé à 8.000. On est aujourd'hui à 12.000. Et si les candidats d'Ensemble pour la République forment une majorité, nous passerons à 16.000 en 2027, ça veut dire qu'on aura doublé en 10 ans le nombre de médecins en formation", a promis le premier ministre.

"D'ici là", et pour répondre aux attentes des Français "qui galèrent à trouver un rendez-vous chez le médecin généraliste ou le spécialiste", Gabriel Attal propose "de libérer du temps médical en déléguant certaines tâches à d'autres professionnels de santé". Il a cité le fait que "des pharmaciens peuvent désormais prescrire des antibiotiques pour des affections comme l'angine ou la cystite" et défendu le service d'accès aux soins (SAS) "qui couvre déjà 80% du territoire et va atteindre 100% d'ici la fin de l'été".

La suppression de l'AME remise sur le tapis

Jordan Bardella a défendu une autre approche face à la pénurie de médecins. Il a suggéré de permettre aux médecins retraités de continuer à exercer dans le cadre d'un plan de cumul emploi-retraite, les exonérant de l'impôt sur le revenu. Cette mesure vise à augmenter immédiatement le nombre de médecins en activité pour répondre à la demande urgente.

Il a aussi proposé "un moratoire sur les fermetures de lits dans les hôpitaux". Le président du RN a soutenu que, "pendant la crise sanitaire, les ARS [agences régionales de santé] ont demandé la fermeture de lits" et répété son souhait de "supprimer les agences régionales de santé", qu'il considère "coûteuses et inefficaces" pour transférer la gestion de la santé au niveau départemental "sous la supervision de préfets délégués".

Jordan Bardella a insisté mardi soir sur la nécessité de redonner du pouvoir aux soignants et de "débureaucratiser le système hospitalier". Il a suggéré que les hôpitaux soient dirigés "conjointement" par des administrateurs avec une expertise comptable et administrative, et par des professionnels de santé. Enfin, il a soutenu l'augmentation du nombre de médecins formés en France "en levant les contraintes du numerus clausus".

Plus tôt dans la soirée, Jordan Bardella a défendu une mesure phare du RN: la suppression de l'aide médicale de l'Etat (AME), remplacée par une "aide d'urgence vitale". Le chef de file du bloc d'extrême-droite a encore pointé un lien entre l'immigration et l'AME, qui ferait "un appel d'air". La mesure, qui s'inscrirait dans une réforme plus large du droit du sol, permettrait aussi de combler le prétendu "gouffre" qu'elle représente en matière de dépenses.

"Un virus ne sait jamais qui a des papiers"

La réforme de l'AME a fait réagir Manuel Bompard. Le chef de file du Nouveau Front Populaire a sévèrement répondu à Jordan Bardella: "un virus ne sait jamais qui a des papiers et qui n'en a pas. Réformer ou supprimer l'AME est absurde!".

Son intervention a essentiellement porté sur la nécessité de réguler l'installation des médecins pour répondre à la problématique des déserts médicaux, "une initiative qui a été rejetée par le gouvernement actuel et les députés macronistes", a-t-il regretté.

Le coordinateur national de LFI a aussi mentionné "la fragilité du système d'urgence en France", notant que "l'année dernière, un service d'urgence sur deux a fermé". Pour remédier à cette situation, il a notamment proposé de recruter davantage d'infirmières et de revaloriser leurs carrières. Il a également appelé à "un plan d'urgence" pour sauver le système hospitalier "à bout de souffle".

Par ailleurs, Manuel Bompard a soutenu la création de "centres de santé municipaux" en partenariat avec les collectivités locales, "où des médecins salariés pourraient exercer". Cette initiative viserait à garantir un accès universel aux soins de santé, même dans les zones moins desservies.

Notre dossier Législatives pour en savoir plus sur les programmes et candidats du monde de la santé

wz/ab/APMnews

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PARIS, 26 juin 2024 (APMnews) - Dans le cadre des élections législatives des 30 juin et 7 juillet, Gabriel Attal, Jordan Bardella et Manuel Bompard ont débattu mardi soir sur TF1 pendant près de deux heures et ils ont notamment défendu leurs programmes santé respectifs lors d'un échange portant sur les déserts médicaux, la formation des médecins ou encore les tensions à l'hôpital.

Ces élections anticipées sont la conséquence de la dissolution de l'Assemblée nationale prononcée le 9 juin par le président de la République, Emmanuel Macron (cf dépêche du 09/06/2024 à 21:53 et dépêche du 10/06/2024 à 17:31), en réponse aux résultats des élections européennes, très défavorables à une majorité présidentielle déjà affaiblie après le scrutin législatif de juin 2022 (cf dépêche du 20/06/2022 à 12:44), rappelle-t-on.

Près de 150 professionnels du monde de la santé ont été investis par les principales organisations politiques, a constaté APMnews à l'analyse des listes de candidats (cf dépêche du 19/06/2024 à 18:40).

Cinq jours avant le premier tour, TF1 a organisé un débat entre les chefs de file des trois principaux blocs en lice pour ces élections. Ont ainsi échangé: le premier ministre, Gabriel Attal -lui-même candidat (Hauts-de-Seine, 10e circonscription)-, qui mène la campagne de la coalition "Ensemble pour la République" (Renaissance, Horizons et Modem); Jordan Bardella, président du Rassemblement national (RN) et leader du bloc d'extrême-droite composé du RN et des Républicains (LR) d'Eric Ciotti; et Manuel Bompard, coordinateur national de La France Insoumise (LFI) et candidat dans la quatrième circonscription des Bouches-du-Rhône, qui représente le bloc de gauche "Nouveau Front Populaire" (LFI, PS, EELV, PCF, NPA).

Jordan Bardella, Gabriel Attal et Manuel Bompard sur TF1. Photo : capture d'écran
Jordan Bardella, Gabriel Attal et Manuel Bompard sur TF1. Photo : capture d'écran

Pendant près de deux heures, les trois antagonistes se sont affrontés autour de plusieurs sujets: la fiscalité, le pouvoir d'achat, les retraites, la voiture électrique, la sécurité, l'immigration, l'école et, en toute fin de soirée, six minutes ont été consacrées à la santé. Si les échanges ont plusieurs fois été rendus inaudibles par des passes d'armes, cette partie a semblé plus sereine.

Toutefois, chacun a défendu son programme, sans surprise (cf dépêche du 24/06/2024 à 16:42, dépêche du 20/06/2024 à 16:58 et dépêche du 14/06/2024 à 16:19). Interrogé sur "le sentiment d'abandon ressenti par les Français, notamment dans les régions rurales et les déserts médicaux", le chef du gouvernement a pointé "une problématique préoccupante".

Gabriel Attal a d'abord expliqué que "le nombre limité de médecins en formation chaque année est le résultat de choix budgétaires" des années qui ont précédé les quinquennats d'Emmanuel Macron. "En 1998, on formait 3.500 médecins chaque année. En 2018, on est passé à 8.000. On est aujourd'hui à 12.000. Et si les candidats d'Ensemble pour la République forment une majorité, nous passerons à 16.000 en 2027, ça veut dire qu'on aura doublé en 10 ans le nombre de médecins en formation", a promis le premier ministre.

"D'ici là", et pour répondre aux attentes des Français "qui galèrent à trouver un rendez-vous chez le médecin généraliste ou le spécialiste", Gabriel Attal propose "de libérer du temps médical en déléguant certaines tâches à d'autres professionnels de santé". Il a cité le fait que "des pharmaciens peuvent désormais prescrire des antibiotiques pour des affections comme l'angine ou la cystite" et défendu le service d'accès aux soins (SAS) "qui couvre déjà 80% du territoire et va atteindre 100% d'ici la fin de l'été".

La suppression de l'AME remise sur le tapis

Jordan Bardella a défendu une autre approche face à la pénurie de médecins. Il a suggéré de permettre aux médecins retraités de continuer à exercer dans le cadre d'un plan de cumul emploi-retraite, les exonérant de l'impôt sur le revenu. Cette mesure vise à augmenter immédiatement le nombre de médecins en activité pour répondre à la demande urgente.

Il a aussi proposé "un moratoire sur les fermetures de lits dans les hôpitaux". Le président du RN a soutenu que, "pendant la crise sanitaire, les ARS [agences régionales de santé] ont demandé la fermeture de lits" et répété son souhait de "supprimer les agences régionales de santé", qu'il considère "coûteuses et inefficaces" pour transférer la gestion de la santé au niveau départemental "sous la supervision de préfets délégués".

Jordan Bardella a insisté mardi soir sur la nécessité de redonner du pouvoir aux soignants et de "débureaucratiser le système hospitalier". Il a suggéré que les hôpitaux soient dirigés "conjointement" par des administrateurs avec une expertise comptable et administrative, et par des professionnels de santé. Enfin, il a soutenu l'augmentation du nombre de médecins formés en France "en levant les contraintes du numerus clausus".

Plus tôt dans la soirée, Jordan Bardella a défendu une mesure phare du RN: la suppression de l'aide médicale de l'Etat (AME), remplacée par une "aide d'urgence vitale". Le chef de file du bloc d'extrême-droite a encore pointé un lien entre l'immigration et l'AME, qui ferait "un appel d'air". La mesure, qui s'inscrirait dans une réforme plus large du droit du sol, permettrait aussi de combler le prétendu "gouffre" qu'elle représente en matière de dépenses.

"Un virus ne sait jamais qui a des papiers"

La réforme de l'AME a fait réagir Manuel Bompard. Le chef de file du Nouveau Front Populaire a sévèrement répondu à Jordan Bardella: "un virus ne sait jamais qui a des papiers et qui n'en a pas. Réformer ou supprimer l'AME est absurde!".

Son intervention a essentiellement porté sur la nécessité de réguler l'installation des médecins pour répondre à la problématique des déserts médicaux, "une initiative qui a été rejetée par le gouvernement actuel et les députés macronistes", a-t-il regretté.

Le coordinateur national de LFI a aussi mentionné "la fragilité du système d'urgence en France", notant que "l'année dernière, un service d'urgence sur deux a fermé". Pour remédier à cette situation, il a notamment proposé de recruter davantage d'infirmières et de revaloriser leurs carrières. Il a également appelé à "un plan d'urgence" pour sauver le système hospitalier "à bout de souffle".

Par ailleurs, Manuel Bompard a soutenu la création de "centres de santé municipaux" en partenariat avec les collectivités locales, "où des médecins salariés pourraient exercer". Cette initiative viserait à garantir un accès universel aux soins de santé, même dans les zones moins desservies.

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