Actualités de l'Urgence - APM

11/05 2021
Retour

LE COLLECTIF INTER-HÔPITAUX APPELLE LE GOUVERNEMENT À SORTIR RÉELLEMENT DU "DOGME DE LA FERMETURE DES LITS"

PARIS, 11 mai 2021 (APMnews) - Le Collectif Inter-Hôpitaux (CIH) a appelé le gouvernement à sortir effectivement du "dogme" qui prévoit toujours "au moins 30% de réduction des lits" dans les projets hospitaliers en cours, mardi lors d'une conférence de presse.

Après le Ségur de la santé, le ministre des solidarités et de la santé, Olivier Véran, a dit qu'il fallait "totalement sortir du dogme de la réduction des lits dans les projets architecturaux des hôpitaux" (cf dépêche du 18/11/2020 à 19:13), a souligné en préambule Olivier Milleron, l'un des porte-parole du CIH et cardiologue à l'hôpital Bichat (Paris, AP-HP).

Pendant la première vague de Covid-19, le président de la République, Emmanuel Macron, "avait pris l’engagement d’'un plan massif d’investissement et de revalorisation des carrières pour l’hôpital' et ce, 'quoi qu’il en coûte'", a-t-il continué.

Or "nous constatons l'absence de concrétisation de ces engagements dans les reconfigurations hospitalières en cours", a affirmé le porte-parole.

Le CIH "demande un réexamen de tous les projets en cours" avec un nouvel objectif qui ne doit plus être celui du "dogme d'une réduction d'au moins 30% des lits" mais d'évaluer les capacitaires à "partir des besoins de la population".

Pour étayer ses propos, le CIH a fait témoigner des hospitaliers sur plusieurs projets architecturaux en cours, au CHU de Nantes, au CHU de La Réunion, au CHU de Rennes et au Campus Grand Paris Nord (AP-HP).

"69 lits" supprimés au CHU de La Réunion depuis 2018

Véronique Boisson, médecin réanimatrice au CHU de La Réunion, a affirmé que dans son établissement, des fermetures de lits ont été réalisées de 2018 à 2020 "sans aucune prise en compte du considérable retard en offre de soins pour la population réunionnaise".

"Alors que le CHU de La Réunion avait déjà financé sur ses fonds propres un bâtiment pour accueillir les patients en réanimation et soins continus, il fit la demande d’une aide financière pour construire un nouveau bâtiment d’hospitalisation sur le site Sud afin de mettre fin à des conditions d’hospitalisation indignes", c'est-à-dire "des chambres vétustes, de 4 lits, dans des structures pavillonnaires avec sanitaires au fond du couloir", a-t-elle poursuivi.

"L’Etat", via le comité interministériel de performance et de la modernisation de l'offre de soins (Copermo) en 2018 (cf dépêche du 26/09/2019 à 17:01 et dépêche du 01/02/2018 à 13:46), "a conditionné son aide à une réduction du déficit du CHU par des mesures économiques drastiques, en demandant de fermer des lits pour pouvoir réduire le nombre des soignants", a poursuivi Véronique Boisson.

Il a été programmé "la suppression de 119 lits sur 1.378 lits de MCO [médecine, chirurgie et obstétrique], pour permettre la suppression de 149 personnels". La crise sanitaire "a interrompu ce processus mais 69 lits ont déjà été supprimés", a-t-elle affirmé.

Au CHU de Rennes, où un projet de reconstruction et de modernisation a été lancé en 2020 (cf dépêche du 19/02/2021 à 13:08), "un point d'étape sur le projet" présenté le 16 mars en conseil de surveillance "a laissé planer le doute sur une possible réduction des lits d'hospitalisation complète", a rapporté Loïc Javaudin, représentant des usagers à la commission des usagers et membre du conseil de surveillance.

"L'obtention du permis de construire a été accordée le 9 février et le démarrage des travaux débutera en septembre prochain par le centre chirurgical et interventionnel dont l'ouverture est prévue pour le premier semestre 2024. Il nous a été indiqué qu'une place non négligeable serait attribuée au développement de l'ambulatoire", a-t-il dit.

Mais la question est "de connaître la part qui sera dédiée aux lits en ambulatoire par rapport aux lits d'hospitalisation complète dans le futur CHU". "Il m'a été répondu que le nombre de lits dédiés à l'ambulatoire serait de 60 lits dans le centre chirurgical et interventionnel et que, globalement, il y aurait au total autant de lits dans le futur CHU par rapport à la situation actuelle", a continué Loïc Javaudin.

"Je n'ai pas eu de réponse précise", or "mathématiquement", "si le nombre de lits en ambulatoire augmente et le nombre total de lits reste constant, c'est qu'il y a une diminution des lits d'hospitalisation complète", a-t-il avancé.

Au CHU de Nantes, les urgentistes disposent de moins en moins de lits pour adresser leurs patients

L'urgentiste Florian Vivrel a témoigné pour le CHU de Nantes où il est "arrivé aux urgences il y a 10 ans". En 2010, "65.000 passages ont été enregistrés dans ce service. La nuit, les patients étaient pris en charge par deux docteurs de garde. Le plus souvent, passé 2 heures du matin, les patients avaient pu être vus, soignés, et orientés. Les urgentistes, étant de garde et non travailleurs de nuit, pouvaient alors se partager la nuit".

En 2019, "ce sont 91.000 patients qui ont été accueillis dans ce même service, soit près de 50% de plus qu’en 2010. La durée moyenne de passage ne cesse de s’allonger, atteignant le triste record de 6h20. L’accueil des patients se dégrade tout autant que nos conditions de travail. Alors que nous sommes désormais trois docteurs de garde, présents de 18h à 8h, nous ne dormons plus. Nous travaillons sans interruption, 14 heures d'affilée, de nuit, mettant ainsi en danger notre santé et celle de nos patients", a-t-il rapporté.

Entre-temps, "120 lits d'hospitalisation ont été fermés, un objectif fixé par le Copermo en vue du prochain hôpital de Nantes" qui doit ouvrir en 2026 (cf dépêche du 26/02/2021 à 14:38). Au total, "230 lits supplémentaires devront être fermés durant les cinq prochaines années", a soutenu l'urgentiste.

Ainsi, "le service d’urgence prend en charge plus de patients, mais l’hôpital dispose de moins de lits pour les hospitaliser", a déploré Florian Vivrel.

Une diminution de 30% des lits dans le futur hôpital du campus Grand Paris-Nord

Concernant le projet de campus hospitalo-universitaire Saint-Ouen Grand Paris Nord, il réunira à l’horizon 2028 les activités hospitalières MCO des hôpitaux Beaujon (Clichy, Hauts-de-Seine) et Bichat-Claude Bernard (Paris) et les activités d’enseignement et de recherche en santé de l’Université de Paris, de médecine, d’odontologie et de soins infirmiers, actuellement réparties sur huit sites (cf dépêche du 19/03/2021 à 18:37). Le projet a été complété de trois unités d'hospitalisation supplémentaires à la suite du Ségur (1.073 lits et places, soit 300 lits de moins que l’ensemble actuel Bichat-Beaujon) (cf dépêche du 19/03/2021 à 18:37-1).

Il doit être implanté "dans une zone de forte croissance démographique et qui est déjà déficitaire en termes d’offre de soins. Les hôpitaux Bichat et Beaujon n’arrivent déjà pas à prendre en charge, au minimum 1 patient sur 3, qui consulte aux urgences et qui nécessite une hospitalisation", a déclaré Olivier Milleron.

"La diminution envisagée de l’ordre de 30% du nombre de lits d’hospitalisation complète de MCO aurait pour conséquence une forte baisse de l’offre de soins, ce qui paraît injustifiée et injustifiable. En effet, le raisonnement qui sous-tend cette diminution du capacitaire repose sur une diminution de la durée moyenne de séjour de 30% par rapport à la moyenne nationale et un taux d’occupation des lits de plus de 95%", a-t-il continué.

"Ces objectifs n’ont aucun sens et sont complétement déconnectés de la réalité du terrain", a ajouté Olivier Milleron.

syl/ab/APMnews

Les données APM Santé sont la propriété de APM International. Toute copie, republication ou redistribution des données APM Santé, notamment via la mise en antémémoire, l'encadrement ou des moyens similaires, est expressément interdite sans l'accord préalable écrit de APM. APM ne sera pas responsable des erreurs ou des retards dans les données ou de toutes actions entreprises en fonction de celles-ci ou toutes décisions prises sur la base du service. APM, APM Santé et le logo APM International, sont des marques d'APM International dans le monde. Pour de plus amples informations sur les autres services d'APM, veuillez consulter le site Web public d'APM à l'adresse www.apmnews.com

Copyright © APM-Santé - Tous droits réservés.

Informations professionnelles

11/05 2021
Retour

LE COLLECTIF INTER-HÔPITAUX APPELLE LE GOUVERNEMENT À SORTIR RÉELLEMENT DU "DOGME DE LA FERMETURE DES LITS"

PARIS, 11 mai 2021 (APMnews) - Le Collectif Inter-Hôpitaux (CIH) a appelé le gouvernement à sortir effectivement du "dogme" qui prévoit toujours "au moins 30% de réduction des lits" dans les projets hospitaliers en cours, mardi lors d'une conférence de presse.

Après le Ségur de la santé, le ministre des solidarités et de la santé, Olivier Véran, a dit qu'il fallait "totalement sortir du dogme de la réduction des lits dans les projets architecturaux des hôpitaux" (cf dépêche du 18/11/2020 à 19:13), a souligné en préambule Olivier Milleron, l'un des porte-parole du CIH et cardiologue à l'hôpital Bichat (Paris, AP-HP).

Pendant la première vague de Covid-19, le président de la République, Emmanuel Macron, "avait pris l’engagement d’'un plan massif d’investissement et de revalorisation des carrières pour l’hôpital' et ce, 'quoi qu’il en coûte'", a-t-il continué.

Or "nous constatons l'absence de concrétisation de ces engagements dans les reconfigurations hospitalières en cours", a affirmé le porte-parole.

Le CIH "demande un réexamen de tous les projets en cours" avec un nouvel objectif qui ne doit plus être celui du "dogme d'une réduction d'au moins 30% des lits" mais d'évaluer les capacitaires à "partir des besoins de la population".

Pour étayer ses propos, le CIH a fait témoigner des hospitaliers sur plusieurs projets architecturaux en cours, au CHU de Nantes, au CHU de La Réunion, au CHU de Rennes et au Campus Grand Paris Nord (AP-HP).

"69 lits" supprimés au CHU de La Réunion depuis 2018

Véronique Boisson, médecin réanimatrice au CHU de La Réunion, a affirmé que dans son établissement, des fermetures de lits ont été réalisées de 2018 à 2020 "sans aucune prise en compte du considérable retard en offre de soins pour la population réunionnaise".

"Alors que le CHU de La Réunion avait déjà financé sur ses fonds propres un bâtiment pour accueillir les patients en réanimation et soins continus, il fit la demande d’une aide financière pour construire un nouveau bâtiment d’hospitalisation sur le site Sud afin de mettre fin à des conditions d’hospitalisation indignes", c'est-à-dire "des chambres vétustes, de 4 lits, dans des structures pavillonnaires avec sanitaires au fond du couloir", a-t-elle poursuivi.

"L’Etat", via le comité interministériel de performance et de la modernisation de l'offre de soins (Copermo) en 2018 (cf dépêche du 26/09/2019 à 17:01 et dépêche du 01/02/2018 à 13:46), "a conditionné son aide à une réduction du déficit du CHU par des mesures économiques drastiques, en demandant de fermer des lits pour pouvoir réduire le nombre des soignants", a poursuivi Véronique Boisson.

Il a été programmé "la suppression de 119 lits sur 1.378 lits de MCO [médecine, chirurgie et obstétrique], pour permettre la suppression de 149 personnels". La crise sanitaire "a interrompu ce processus mais 69 lits ont déjà été supprimés", a-t-elle affirmé.

Au CHU de Rennes, où un projet de reconstruction et de modernisation a été lancé en 2020 (cf dépêche du 19/02/2021 à 13:08), "un point d'étape sur le projet" présenté le 16 mars en conseil de surveillance "a laissé planer le doute sur une possible réduction des lits d'hospitalisation complète", a rapporté Loïc Javaudin, représentant des usagers à la commission des usagers et membre du conseil de surveillance.

"L'obtention du permis de construire a été accordée le 9 février et le démarrage des travaux débutera en septembre prochain par le centre chirurgical et interventionnel dont l'ouverture est prévue pour le premier semestre 2024. Il nous a été indiqué qu'une place non négligeable serait attribuée au développement de l'ambulatoire", a-t-il dit.

Mais la question est "de connaître la part qui sera dédiée aux lits en ambulatoire par rapport aux lits d'hospitalisation complète dans le futur CHU". "Il m'a été répondu que le nombre de lits dédiés à l'ambulatoire serait de 60 lits dans le centre chirurgical et interventionnel et que, globalement, il y aurait au total autant de lits dans le futur CHU par rapport à la situation actuelle", a continué Loïc Javaudin.

"Je n'ai pas eu de réponse précise", or "mathématiquement", "si le nombre de lits en ambulatoire augmente et le nombre total de lits reste constant, c'est qu'il y a une diminution des lits d'hospitalisation complète", a-t-il avancé.

Au CHU de Nantes, les urgentistes disposent de moins en moins de lits pour adresser leurs patients

L'urgentiste Florian Vivrel a témoigné pour le CHU de Nantes où il est "arrivé aux urgences il y a 10 ans". En 2010, "65.000 passages ont été enregistrés dans ce service. La nuit, les patients étaient pris en charge par deux docteurs de garde. Le plus souvent, passé 2 heures du matin, les patients avaient pu être vus, soignés, et orientés. Les urgentistes, étant de garde et non travailleurs de nuit, pouvaient alors se partager la nuit".

En 2019, "ce sont 91.000 patients qui ont été accueillis dans ce même service, soit près de 50% de plus qu’en 2010. La durée moyenne de passage ne cesse de s’allonger, atteignant le triste record de 6h20. L’accueil des patients se dégrade tout autant que nos conditions de travail. Alors que nous sommes désormais trois docteurs de garde, présents de 18h à 8h, nous ne dormons plus. Nous travaillons sans interruption, 14 heures d'affilée, de nuit, mettant ainsi en danger notre santé et celle de nos patients", a-t-il rapporté.

Entre-temps, "120 lits d'hospitalisation ont été fermés, un objectif fixé par le Copermo en vue du prochain hôpital de Nantes" qui doit ouvrir en 2026 (cf dépêche du 26/02/2021 à 14:38). Au total, "230 lits supplémentaires devront être fermés durant les cinq prochaines années", a soutenu l'urgentiste.

Ainsi, "le service d’urgence prend en charge plus de patients, mais l’hôpital dispose de moins de lits pour les hospitaliser", a déploré Florian Vivrel.

Une diminution de 30% des lits dans le futur hôpital du campus Grand Paris-Nord

Concernant le projet de campus hospitalo-universitaire Saint-Ouen Grand Paris Nord, il réunira à l’horizon 2028 les activités hospitalières MCO des hôpitaux Beaujon (Clichy, Hauts-de-Seine) et Bichat-Claude Bernard (Paris) et les activités d’enseignement et de recherche en santé de l’Université de Paris, de médecine, d’odontologie et de soins infirmiers, actuellement réparties sur huit sites (cf dépêche du 19/03/2021 à 18:37). Le projet a été complété de trois unités d'hospitalisation supplémentaires à la suite du Ségur (1.073 lits et places, soit 300 lits de moins que l’ensemble actuel Bichat-Beaujon) (cf dépêche du 19/03/2021 à 18:37-1).

Il doit être implanté "dans une zone de forte croissance démographique et qui est déjà déficitaire en termes d’offre de soins. Les hôpitaux Bichat et Beaujon n’arrivent déjà pas à prendre en charge, au minimum 1 patient sur 3, qui consulte aux urgences et qui nécessite une hospitalisation", a déclaré Olivier Milleron.

"La diminution envisagée de l’ordre de 30% du nombre de lits d’hospitalisation complète de MCO aurait pour conséquence une forte baisse de l’offre de soins, ce qui paraît injustifiée et injustifiable. En effet, le raisonnement qui sous-tend cette diminution du capacitaire repose sur une diminution de la durée moyenne de séjour de 30% par rapport à la moyenne nationale et un taux d’occupation des lits de plus de 95%", a-t-il continué.

"Ces objectifs n’ont aucun sens et sont complétement déconnectés de la réalité du terrain", a ajouté Olivier Milleron.

syl/ab/APMnews

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de cookies pour réaliser des statistiques de visites.