Actualités de l'Urgence - APM
LE CHU GRENOBLE ALPES A RETROUVÉ SES CAPACITÉS D'AVANT-COVID
GRENOBLE, 23 janvier 2025 (APMnews) - Le CHU Grenoble Alpes (Chuga), qui a connu des difficultés de recrutement au cours des dernières années et a dû maintenir des lits fermés, a retrouvé ses capacités d'avant-Covid grâce à un turn-over de personnels positif, a annoncé sa directrice générale, Monique Sorrentino, dans un entretien à APMnews mercredi.
"Nous avons vraiment amélioré nos conditions de fonctionnement puisqu'on a ouvert des lits et retrouvé nos capacités d'avant-Covid", a déclaré Monique Sorrentino en expliquant que cette amélioration est liée "au plan d'attractivité du CHU et à toutes les mesures déployées dans les services, à chaque instant et partout pour essayer de retrouver le capacitaire".
"On y est arrivé et on a maintenant une balance entre les niveaux recrutés et les départs qui est redevenue positive. On a recruté plus de 320 professionnels soignants et 48 médecins seniors, en plus, depuis 2019", précise-t-elle.
"En 2024, on a recruté 131 personnels soignants et 21 médecins seniors", a-t-elle ajouté.
"On est quand même dans une phase où on arrive à re-recruter", a-t-elle insisté. "Entre l'an dernier et cette année, on a ouvert 110 lits de plus, donc c'est énorme" mais c'est aussi "un parcours du combattant", a-t-elle poursuivi. Interrogée sur le nombre de lits qui restent à ouvrir, la direction a répondu que le CHU aura la possibilité d'ouvrir encore 62 lits, dont 27 avec les capacités actuelles (avant le projet immobilier) et 35 dans le cadre du futur projet immobilier.
Le CHU va également "sortir de la garantie de financement cette année, ce qui veut dire qu'on va retrouver notre niveau d'activité de 2019", a souligné la directrice générale.
"C'est quand même pour nous une étape vraiment importante", a-t-elle relevé.
"Nous avons aussi repensé notre projet managérial et le travail en équipe." Dans ce cadre, "nous avons incité les équipes à nous faire des propositions d'autres organisations qui correspondent aux besoins du service et à un meilleur équilibre vie personnelle-vie professionnelle".
En lien avec le comité social de l'établissement (CSE), la direction "travaille beaucoup sur des dossiers qui sont préparés quasiment pendant un an" et dans lesquels il existe "plusieurs types de planning qui vont être travaillés par les équipes de terrain, les équipes paramédicales, en lien avec l'organisation médicale du service et le binôme cadre-responsable médical, lequel est important puisque la question des plannings n'est pas juste de remplir le planning", a expliqué Monique Sorrentino.
"On a vraiment incité les équipes à avoir des idées, sachant qu'on ne peut pas avoir que des services qui sont totalement en 12 heures et que toutes les équipes ne sont pas favorables aux 12 heures", a-t-elle assuré.
"Les équipes jouent le jeu et nous présentent des dossiers de très grande qualité qui passent aux instances et s'accompagnent d'un gros travail sur la vie d'équipe qui a été fait en amont", s'est-elle félicitée.
Et "la conclusion, c'est de dire que tout ce qu'on a mis en place [ce] sont des organisations probablement solides, qui tiendront dans le temps et permettent d'attirer de nouveaux talents et de conserver nos équipes en place".
Sur le plan budgétaire, le CHU a, entre 2019 et 2025, "dépensé 200 millions d'euros [M€] de plus, avec un budget qui est passé de 800 M€ à plus de 1 milliard d'euros" et "une augmentation sur cinq exercices liée aux mesures Ségur, à la revalorisation des tarifs", a fait remarquer Monique Sorrentino.
Une trajectoire pour revenir à l'équilibre
Interrogée sur la situation financière à fin 2024, la directrice générale a annoncé que le CHU s'attendait à un résultat déficitaire d'environ -28 M€, sur un peu plus de 1 milliard d'euros.
"C'est une préoccupation vraiment très importante", a-t-elle souligné.
"Dans le cadre du projet que nous avons soumis au Cnis [Conseil national de l'investissement en santé] [cf dépêche du 13/12/2023 à 15:51], nous avons aussi travaillé sur la trajectoire financière pour retrouver progressivement l'équilibre financier avec l'aide d'une opération d'investissement qui nous permettra de retrouver un certain nombre de standards que nous n'avons pas, notamment sur la sécurité incendie, mais aussi de retravailler nos organisations pour qu'elles soient plus opérationnelles que ce qu'elles ne sont aujourd'hui", a expliqué Monique Sorrentino.
"C'est aussi une opération d'investissement qui nous permet une modernisation, de développer beaucoup de prises en charge ambulatoires et d'améliorer globalement les parcours de soins et l'organisation des équipes médicales et paramédicales."
Elle précise que le CHU a voté un programme d'investissement de 890 M€ sur 10 ans, intégrant l'opération d'investissement sur laquelle il attend le retour du Cnis et des renouvellements courants.
"Nous avons des aides de l'ARS [agence régionale de santé], des aides du Ségur et nous avons trouvé une trajectoire optimiste avec à côté, des actions d'innovation, de recherche et beaucoup d'envie d'avancer sur l'organisation des parcours de soins pour coordonner les autres acteurs du territoire", a assuré la responsable.
Interrogée sur les autres projets "phares" du CHU prévus pour 2025, elle a précisé que l'établissement lance les travaux de reconstruction du Samu-Smur pour répondre aux besoins de "changer de locaux" et tenir compte d'évolutions, comme la mise en place du service d'accès aux soins (SAS) et de l'augmentation de la régulation des appels avant l'entrée aux urgences.
Le CHU a aussi un projet en radiothérapie afin d'ouvrir deux bunkers supplémentaires, et la mise en fonctionnement en mars d'un Cyberknife*, et a déjà renouvelé des équipements d'imagerie.
Les investissements restent "très soutenus" et "nous parvenons à conserver des équipes de radiothérapie et de médecine nucléaire de très haut niveau", salue la directrice générale.
Des marges de progrès sur l'organisation de l'aval
Interrogée par ailleurs sur la situation des urgences, Monique Sorrentino a déclaré que l'effectif au sein du SAU avait été "multiplié par deux" et qu'il avait maintenu la régulation des entrées par le Samu et les réorientations de patients.
Toutefois, alors que "nous n'avons plus trop de marge pour la diminution du nombre de passages", "nous sommes repartis sur une augmentation", a noté la directrice générale qui a justifié cette situation par l'épidémie de grippe et surtout par les difficultés qui existent en aval des urgences "avec des patients compliqués à placer, qui ont des pathologies mais aussi des situations sociales compliquées".
Donc il faut continuer à "ouvrir des lits et travailler sur les filières avec l'aval du SAU, du court séjour vers le SMR, vers le domicile…". "Le problème c'est toute la chaîne."
"Et quand les patients se présentent par eux-mêmes sans nécessiter un passage aux urgences, on a des équipes sur place qui les réorientent en sachant que la réorientation est un acte médical", a-t-elle assuré.
"C'est pour cela que nous sommes extrêmement engagés pour avoir les meilleurs parcours sur le territoire avec l'ensemble des acteurs concernés et que nous avons beaucoup de marge de progrès encore sur le sujet", a-t-elle complété.
Un projet médico-soignant partagé est en cours d'élaboration au niveau du groupement hospitalier de territoire (GHT) Alpes Dauphiné et devrait aussi être adopté en 2025.
san/ab/APMnews
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LE CHU GRENOBLE ALPES A RETROUVÉ SES CAPACITÉS D'AVANT-COVID
GRENOBLE, 23 janvier 2025 (APMnews) - Le CHU Grenoble Alpes (Chuga), qui a connu des difficultés de recrutement au cours des dernières années et a dû maintenir des lits fermés, a retrouvé ses capacités d'avant-Covid grâce à un turn-over de personnels positif, a annoncé sa directrice générale, Monique Sorrentino, dans un entretien à APMnews mercredi.
"Nous avons vraiment amélioré nos conditions de fonctionnement puisqu'on a ouvert des lits et retrouvé nos capacités d'avant-Covid", a déclaré Monique Sorrentino en expliquant que cette amélioration est liée "au plan d'attractivité du CHU et à toutes les mesures déployées dans les services, à chaque instant et partout pour essayer de retrouver le capacitaire".
"On y est arrivé et on a maintenant une balance entre les niveaux recrutés et les départs qui est redevenue positive. On a recruté plus de 320 professionnels soignants et 48 médecins seniors, en plus, depuis 2019", précise-t-elle.
"En 2024, on a recruté 131 personnels soignants et 21 médecins seniors", a-t-elle ajouté.
"On est quand même dans une phase où on arrive à re-recruter", a-t-elle insisté. "Entre l'an dernier et cette année, on a ouvert 110 lits de plus, donc c'est énorme" mais c'est aussi "un parcours du combattant", a-t-elle poursuivi. Interrogée sur le nombre de lits qui restent à ouvrir, la direction a répondu que le CHU aura la possibilité d'ouvrir encore 62 lits, dont 27 avec les capacités actuelles (avant le projet immobilier) et 35 dans le cadre du futur projet immobilier.
Le CHU va également "sortir de la garantie de financement cette année, ce qui veut dire qu'on va retrouver notre niveau d'activité de 2019", a souligné la directrice générale.
"C'est quand même pour nous une étape vraiment importante", a-t-elle relevé.
"Nous avons aussi repensé notre projet managérial et le travail en équipe." Dans ce cadre, "nous avons incité les équipes à nous faire des propositions d'autres organisations qui correspondent aux besoins du service et à un meilleur équilibre vie personnelle-vie professionnelle".
En lien avec le comité social de l'établissement (CSE), la direction "travaille beaucoup sur des dossiers qui sont préparés quasiment pendant un an" et dans lesquels il existe "plusieurs types de planning qui vont être travaillés par les équipes de terrain, les équipes paramédicales, en lien avec l'organisation médicale du service et le binôme cadre-responsable médical, lequel est important puisque la question des plannings n'est pas juste de remplir le planning", a expliqué Monique Sorrentino.
"On a vraiment incité les équipes à avoir des idées, sachant qu'on ne peut pas avoir que des services qui sont totalement en 12 heures et que toutes les équipes ne sont pas favorables aux 12 heures", a-t-elle assuré.
"Les équipes jouent le jeu et nous présentent des dossiers de très grande qualité qui passent aux instances et s'accompagnent d'un gros travail sur la vie d'équipe qui a été fait en amont", s'est-elle félicitée.
Et "la conclusion, c'est de dire que tout ce qu'on a mis en place [ce] sont des organisations probablement solides, qui tiendront dans le temps et permettent d'attirer de nouveaux talents et de conserver nos équipes en place".
Sur le plan budgétaire, le CHU a, entre 2019 et 2025, "dépensé 200 millions d'euros [M€] de plus, avec un budget qui est passé de 800 M€ à plus de 1 milliard d'euros" et "une augmentation sur cinq exercices liée aux mesures Ségur, à la revalorisation des tarifs", a fait remarquer Monique Sorrentino.
Une trajectoire pour revenir à l'équilibre
Interrogée sur la situation financière à fin 2024, la directrice générale a annoncé que le CHU s'attendait à un résultat déficitaire d'environ -28 M€, sur un peu plus de 1 milliard d'euros.
"C'est une préoccupation vraiment très importante", a-t-elle souligné.
"Dans le cadre du projet que nous avons soumis au Cnis [Conseil national de l'investissement en santé] [cf dépêche du 13/12/2023 à 15:51], nous avons aussi travaillé sur la trajectoire financière pour retrouver progressivement l'équilibre financier avec l'aide d'une opération d'investissement qui nous permettra de retrouver un certain nombre de standards que nous n'avons pas, notamment sur la sécurité incendie, mais aussi de retravailler nos organisations pour qu'elles soient plus opérationnelles que ce qu'elles ne sont aujourd'hui", a expliqué Monique Sorrentino.
"C'est aussi une opération d'investissement qui nous permet une modernisation, de développer beaucoup de prises en charge ambulatoires et d'améliorer globalement les parcours de soins et l'organisation des équipes médicales et paramédicales."
Elle précise que le CHU a voté un programme d'investissement de 890 M€ sur 10 ans, intégrant l'opération d'investissement sur laquelle il attend le retour du Cnis et des renouvellements courants.
"Nous avons des aides de l'ARS [agence régionale de santé], des aides du Ségur et nous avons trouvé une trajectoire optimiste avec à côté, des actions d'innovation, de recherche et beaucoup d'envie d'avancer sur l'organisation des parcours de soins pour coordonner les autres acteurs du territoire", a assuré la responsable.
Interrogée sur les autres projets "phares" du CHU prévus pour 2025, elle a précisé que l'établissement lance les travaux de reconstruction du Samu-Smur pour répondre aux besoins de "changer de locaux" et tenir compte d'évolutions, comme la mise en place du service d'accès aux soins (SAS) et de l'augmentation de la régulation des appels avant l'entrée aux urgences.
Le CHU a aussi un projet en radiothérapie afin d'ouvrir deux bunkers supplémentaires, et la mise en fonctionnement en mars d'un Cyberknife*, et a déjà renouvelé des équipements d'imagerie.
Les investissements restent "très soutenus" et "nous parvenons à conserver des équipes de radiothérapie et de médecine nucléaire de très haut niveau", salue la directrice générale.
Des marges de progrès sur l'organisation de l'aval
Interrogée par ailleurs sur la situation des urgences, Monique Sorrentino a déclaré que l'effectif au sein du SAU avait été "multiplié par deux" et qu'il avait maintenu la régulation des entrées par le Samu et les réorientations de patients.
Toutefois, alors que "nous n'avons plus trop de marge pour la diminution du nombre de passages", "nous sommes repartis sur une augmentation", a noté la directrice générale qui a justifié cette situation par l'épidémie de grippe et surtout par les difficultés qui existent en aval des urgences "avec des patients compliqués à placer, qui ont des pathologies mais aussi des situations sociales compliquées".
Donc il faut continuer à "ouvrir des lits et travailler sur les filières avec l'aval du SAU, du court séjour vers le SMR, vers le domicile…". "Le problème c'est toute la chaîne."
"Et quand les patients se présentent par eux-mêmes sans nécessiter un passage aux urgences, on a des équipes sur place qui les réorientent en sachant que la réorientation est un acte médical", a-t-elle assuré.
"C'est pour cela que nous sommes extrêmement engagés pour avoir les meilleurs parcours sur le territoire avec l'ensemble des acteurs concernés et que nous avons beaucoup de marge de progrès encore sur le sujet", a-t-elle complété.
Un projet médico-soignant partagé est en cours d'élaboration au niveau du groupement hospitalier de territoire (GHT) Alpes Dauphiné et devrait aussi être adopté en 2025.
san/ab/APMnews