Actualités de l'Urgence - APM

11/09 2024
Retour

LE CH DE LAVAL RÉPOND AUX INQUIÉTUDES SUR LE PROJET DE RÉORGANISATION DE SON SERVICE D'URGENCE

LAVAL, 11 septembre 2024 (APMnews) - Après des inquiétudes soulevées par le projet de délocaliser la régulation nocturne du Samu 53 vers le Samu 49 à Angers, le directeur du centre hospitalier (CH) de Laval, Sébastien Tréguenard, a assuré que la mesure "n'était encore qu'au stade d'étude", et qu'elle ne serait que "transitoire" en attendant le futur recrutement de médecins urgentistes, au cours d'un point presse organisé mardi.

"La situation est critique en ce qui concerne les urgences, et tout particulièrement depuis septembre, avec un nombre important de nuits régulées", a contextualisé le directeur. "Pour rationnaliser nos ressources, nous avons proposé que la régulation des appels du Samu 53 [en Mayenne] puisse être déportée, en période nocturne, au Samu 49" (en Maine-et-Loire).

"Il s'agit de faire en sorte que l'agent de régulation médicale (ARM) qui réceptionne l'appel du 15 (et qui lui reste à Laval), transfère l'appel d'urgence vers un médecin à Angers au lieu de le transmettre au médecin régulateur de Laval", a détaillé le directeur du CH. "L'objectif est de libérer du temps pour nos médecins urgentistes."

Dans un communiqué envoyé mardi à APMnews, les assistants de régulation médicale (ARM) du Samu 53 ont exprimé leur "profond désaccord" concernant ce projet de délocalisation. "Cette décision qui affecte directement la sécurité et la santé des habitants de la Mayenne est inacceptable et ne répond pas aux véritables besoins de notre territoire", ont-ils estimé. "Nous demandons donc à l'agence régionale de santé (ARS) Pays de la Loire ainsi qu'au directeur de l'hôpital de Laval de revenir sur leur décision", ont-ils ajouté.

"La régulation médicale est basée sur le binôme ARM/médecin, mais celui-ci ne fonctionne correctement que s'ils travaillent à proximité et non à distance", a appuyé l'Association française des ARM (Afarm) dans un communiqué. "Nous demandons aux tutelles de trouver une solution afin de ne pas mettre en danger la population en laissant la régulation médicale du Samu 53 ouverte 24/24 et 7j/7".

"Le Samu 49 peine déjà à répondre à l'ensemble des appels qui lui incombent!", a également accusé l'Association de citoyens contre les déserts médicaux (ACCDM) dans un communiqué mardi. "Lorsque vous allez appeler le 15 pour un infarctus ou parce que votre mari fait son AVC, vous pourrez attendre avant d'avoir une réponse", craignent-ils.

Un manque d'effectif chronique et de nouvelles démissions

En raison du manque de médecins disponibles, le CH de Laval avait mis en place une régulation des urgences pendant l'été (cf dépêche du 26/08/2024 à 17:55), et notamment la nuit. Sébastien Tréguenard, qui reconnaît des difficultés de recrutement de nouveaux médecins - "un problème national" a-t-il souligné -, a estimé le nombre de postes manquants à 7 ou 8 équivalents temps plein.

"Si l'on ne fait rien, la situation va encore se dégrader", a défendu le Dr Hussein Yassine, président de la commission médicale d'établissement (CME) du CH de Laval. Le directeur Sébastien Tréguenard, accompagné par le président de la commission médicale de groupement (CMG) du groupement hospitalier de territoire (GHT) de Mayenne (53), le Dr Bruno Berdin, ont rappelé que le projet de délocalisation correspondait à l'une des recommandations d'un audit externe mené en 2021 par le Pr Dominique Savary, chef du département de médecine d'urgence du CHU d'Angers, et par le Pr Louis Soulat, chef des urgences/Samu/Smur du CHU de Rennes.

"Nous sommes en contact avec les professionnels du CHU d'Angers et du CH de Laval pour étudier les conditions techniques et pratiques de la régulation", a détaillé Sébastien Tréguenard. "Il est trop tôt pour donner une date de mise en place de ce projet. Les travaux se poursuivent, les acteurs continuent de protocoliser son organisation", rapporte-t-il.

Sept médecins extérieurs à l'établissement, qui intervenaient ponctuellement aux urgences du CH de Laval pour pallier les manques d'effectifs, ont annoncé leur démission après l'annonce du projet, a-t-il reconnu. "Ces départs représentent 2,6 équivalents temps plein", a détaillé le directeur.

Un huitième praticien du CH a également fait part de sa volonté de demander une mutation, à partir d'octobre, a-t-il complété.

Le CH réfute une volonté de "faire des économies"

Sébastien Tréguenard a rappelé les actions pour attirer de nouveaux médecins aux urgences: le versement d'aides aux internes qui s'installent en Mayenne, l'adaptation en 2023 des horaires de train entre Angers et Laval pour faciliter l'accessibilité à l'hôpital "à des horaires appropriés" pour les internes (cf dépêche du 03/02/2023 à 18:03), ou encore la rénovation programmée de l'internat (cf dépêche du 17/01/2023 à 19:07).

"Nous ne prenons pas cette décision pour faire des économies, ou pour transférer des activités hors du département", a réfuté le directeur du CH. "Je cherche à attirer des professionnels en Mayenne, par tous les moyens, c'est ma mission".

Depuis lundi, le CH a également réorganisé les missions des médecins du service d'urgence. Sébastien Tréguenard a demandé aux médecins de la structure mobile d'urgence et de réanimation (Smur) de "venir prêter main-forte aux urgences, pour ne pas avoir de régulation en journée", hors situation d'intervention en extérieur. "En demandant aux médecins du Smur d'exercer aux urgences, j'impose la polyvalence dans nos équipes", a-t-il assumé.

Dans un communiqué commun publié mardi, les syndicats FO, CGT et CFDT du CH de Laval se sont insurgés contre cette mesure. "Le projet retenu et décidé par la direction du centre hospitalier est de confier l'encadrement par délégation de l'exercice des internes des urgences au médecin effectuant les sorties Smur, tout en maintenant leurs fonctions au sein des équipes mobiles d'urgences", ont-ils notamment accusé.

"Cette injonction de pallier deux services pour un praticien à moyens constants nous paraît entraîner à plusieurs titres des risques pour les prises en soins des usagers, mais également un danger grave pour les collègues des urgences, du Samu et du Smur", se sont-ils inquiétés.

Le service des urgences de Laval a enregistré 38.572 passages aux urgences en 2023, en baisse de 3,1% par rapport à 2022.

al/sl/APMnews

Les données APM Santé sont la propriété de APM International. Toute copie, republication ou redistribution des données APM Santé, notamment via la mise en antémémoire, l'encadrement ou des moyens similaires, est expressément interdite sans l'accord préalable écrit de APM. APM ne sera pas responsable des erreurs ou des retards dans les données ou de toutes actions entreprises en fonction de celles-ci ou toutes décisions prises sur la base du service. APM, APM Santé et le logo APM International, sont des marques d'APM International dans le monde. Pour de plus amples informations sur les autres services d'APM, veuillez consulter le site Web public d'APM à l'adresse www.apmnews.com

Copyright © APM-Santé - Tous droits réservés.

Informations professionnelles

11/09 2024
Retour

LE CH DE LAVAL RÉPOND AUX INQUIÉTUDES SUR LE PROJET DE RÉORGANISATION DE SON SERVICE D'URGENCE

LAVAL, 11 septembre 2024 (APMnews) - Après des inquiétudes soulevées par le projet de délocaliser la régulation nocturne du Samu 53 vers le Samu 49 à Angers, le directeur du centre hospitalier (CH) de Laval, Sébastien Tréguenard, a assuré que la mesure "n'était encore qu'au stade d'étude", et qu'elle ne serait que "transitoire" en attendant le futur recrutement de médecins urgentistes, au cours d'un point presse organisé mardi.

"La situation est critique en ce qui concerne les urgences, et tout particulièrement depuis septembre, avec un nombre important de nuits régulées", a contextualisé le directeur. "Pour rationnaliser nos ressources, nous avons proposé que la régulation des appels du Samu 53 [en Mayenne] puisse être déportée, en période nocturne, au Samu 49" (en Maine-et-Loire).

"Il s'agit de faire en sorte que l'agent de régulation médicale (ARM) qui réceptionne l'appel du 15 (et qui lui reste à Laval), transfère l'appel d'urgence vers un médecin à Angers au lieu de le transmettre au médecin régulateur de Laval", a détaillé le directeur du CH. "L'objectif est de libérer du temps pour nos médecins urgentistes."

Dans un communiqué envoyé mardi à APMnews, les assistants de régulation médicale (ARM) du Samu 53 ont exprimé leur "profond désaccord" concernant ce projet de délocalisation. "Cette décision qui affecte directement la sécurité et la santé des habitants de la Mayenne est inacceptable et ne répond pas aux véritables besoins de notre territoire", ont-ils estimé. "Nous demandons donc à l'agence régionale de santé (ARS) Pays de la Loire ainsi qu'au directeur de l'hôpital de Laval de revenir sur leur décision", ont-ils ajouté.

"La régulation médicale est basée sur le binôme ARM/médecin, mais celui-ci ne fonctionne correctement que s'ils travaillent à proximité et non à distance", a appuyé l'Association française des ARM (Afarm) dans un communiqué. "Nous demandons aux tutelles de trouver une solution afin de ne pas mettre en danger la population en laissant la régulation médicale du Samu 53 ouverte 24/24 et 7j/7".

"Le Samu 49 peine déjà à répondre à l'ensemble des appels qui lui incombent!", a également accusé l'Association de citoyens contre les déserts médicaux (ACCDM) dans un communiqué mardi. "Lorsque vous allez appeler le 15 pour un infarctus ou parce que votre mari fait son AVC, vous pourrez attendre avant d'avoir une réponse", craignent-ils.

Un manque d'effectif chronique et de nouvelles démissions

En raison du manque de médecins disponibles, le CH de Laval avait mis en place une régulation des urgences pendant l'été (cf dépêche du 26/08/2024 à 17:55), et notamment la nuit. Sébastien Tréguenard, qui reconnaît des difficultés de recrutement de nouveaux médecins - "un problème national" a-t-il souligné -, a estimé le nombre de postes manquants à 7 ou 8 équivalents temps plein.

"Si l'on ne fait rien, la situation va encore se dégrader", a défendu le Dr Hussein Yassine, président de la commission médicale d'établissement (CME) du CH de Laval. Le directeur Sébastien Tréguenard, accompagné par le président de la commission médicale de groupement (CMG) du groupement hospitalier de territoire (GHT) de Mayenne (53), le Dr Bruno Berdin, ont rappelé que le projet de délocalisation correspondait à l'une des recommandations d'un audit externe mené en 2021 par le Pr Dominique Savary, chef du département de médecine d'urgence du CHU d'Angers, et par le Pr Louis Soulat, chef des urgences/Samu/Smur du CHU de Rennes.

"Nous sommes en contact avec les professionnels du CHU d'Angers et du CH de Laval pour étudier les conditions techniques et pratiques de la régulation", a détaillé Sébastien Tréguenard. "Il est trop tôt pour donner une date de mise en place de ce projet. Les travaux se poursuivent, les acteurs continuent de protocoliser son organisation", rapporte-t-il.

Sept médecins extérieurs à l'établissement, qui intervenaient ponctuellement aux urgences du CH de Laval pour pallier les manques d'effectifs, ont annoncé leur démission après l'annonce du projet, a-t-il reconnu. "Ces départs représentent 2,6 équivalents temps plein", a détaillé le directeur.

Un huitième praticien du CH a également fait part de sa volonté de demander une mutation, à partir d'octobre, a-t-il complété.

Le CH réfute une volonté de "faire des économies"

Sébastien Tréguenard a rappelé les actions pour attirer de nouveaux médecins aux urgences: le versement d'aides aux internes qui s'installent en Mayenne, l'adaptation en 2023 des horaires de train entre Angers et Laval pour faciliter l'accessibilité à l'hôpital "à des horaires appropriés" pour les internes (cf dépêche du 03/02/2023 à 18:03), ou encore la rénovation programmée de l'internat (cf dépêche du 17/01/2023 à 19:07).

"Nous ne prenons pas cette décision pour faire des économies, ou pour transférer des activités hors du département", a réfuté le directeur du CH. "Je cherche à attirer des professionnels en Mayenne, par tous les moyens, c'est ma mission".

Depuis lundi, le CH a également réorganisé les missions des médecins du service d'urgence. Sébastien Tréguenard a demandé aux médecins de la structure mobile d'urgence et de réanimation (Smur) de "venir prêter main-forte aux urgences, pour ne pas avoir de régulation en journée", hors situation d'intervention en extérieur. "En demandant aux médecins du Smur d'exercer aux urgences, j'impose la polyvalence dans nos équipes", a-t-il assumé.

Dans un communiqué commun publié mardi, les syndicats FO, CGT et CFDT du CH de Laval se sont insurgés contre cette mesure. "Le projet retenu et décidé par la direction du centre hospitalier est de confier l'encadrement par délégation de l'exercice des internes des urgences au médecin effectuant les sorties Smur, tout en maintenant leurs fonctions au sein des équipes mobiles d'urgences", ont-ils notamment accusé.

"Cette injonction de pallier deux services pour un praticien à moyens constants nous paraît entraîner à plusieurs titres des risques pour les prises en soins des usagers, mais également un danger grave pour les collègues des urgences, du Samu et du Smur", se sont-ils inquiétés.

Le service des urgences de Laval a enregistré 38.572 passages aux urgences en 2023, en baisse de 3,1% par rapport à 2022.

al/sl/APMnews

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l’utilisation de cookies pour réaliser des statistiques de visites.