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23/04 2021
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LE CH D'EU PRÉPARE SA LABELLISATION "HÔPITAL DE PROXIMITÉ" ET SA RECONSTRUCTION

EU (Seine-Maritime), 23 avril 2021 (APMnews) - Le centre hospitalier (CH) d'Eu prépare sa labellisation "hôpital de proximité" et développe un projet de reconstruction en lien avec la ville afin de corriger la vétusté de ses locaux et de rétablir sa situation financière, a indiqué jeudi à APMnews son directeur délégué en réponse à un rapport publié par la chambre régionale des comptes (CRC) de Normandie.

Le CH d’Eu (266 agents, budget), est un hôpital de proximité situé dans le nord de l’arrondissement de Dieppe, en lisière du département de la Somme; il est le principal employeur de la ville. En direction commune depuis 2011 avec le CH de Dieppe (situé à 35-40 minutes), il fait partie du groupement hospitalier de territoire (GHT) Caux Maritime.

"Développant une activité principalement gériatrique, il est confronté à la vétusté des locaux, des équipements et à la difficulté de recruter des médecins. La continuité des soins au service de médecine polyvalente n’est ainsi assurée que par un recours massif aux services de médecins pour des contrats de très courte durée. Dans les autres services, certaines missions ne sont pas assurées ou le sont de manière non optimale", constate la CRC dans son rapport sur les exercices 2014-2019 publié le 13 avril.

"Les conditions d’accueil et d’hébergement des patients et des résidents sont loin d’être pleinement satisfaisantes. A l’Ehpad [établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes], l’inadaptation des locaux et les conditions de prise en charge des résidents (pas de médecin coordonnateur) se conjuguent pour expliquer l’absence de liste d’attente significative", poursuit la chambre.

Sa situation financière est "fragile", avec un déficit presque continu depuis 2014. Le CH a fait l’objet en 2016 d’un plan de retour à l’équilibre (PRE), qui s’est traduit par une séparation plus nette des activités de soins de suite et de réadaptation (SSR) et d’Ehpad, la suppression de 8 lits d’Ehpad et d’un certain nombre d’emplois aidés. Mais "l’effet du PRE a été de courte durée, le CH ayant renoué dès 2018 avec les déficits". Au 1er janvier 2019, l’établissement présentait un report à nouveau négatif de près de 1,7 M€, dont plus de la moitié résulte des déficits cumulés du budget de l’Ehpad. Le déficit cumulé s’est alourdi de plus de 300.000 euros en 2019, rapporte-t-elle.

"Dans ce contexte, la maîtrise de la masse salariale (12,3 M€ en 2018) est un enjeu crucial. La direction étudie les voies et moyens d’un développement de l’activité. La création d’un service d’addictologie en hôpital de jour, prévue en mars 2020, a été ajournée en raison de la crise sanitaire du Covid-19. Le projet de relocalisation de l’Ehpad, mentionné dans le plus récent contrat pluriannuel d’objectifs et de moyens sanitaire, ne pourrait ainsi devenir une réalité que grâce à un soutien financier massif de l’État", note la CRC.

"Ce qui est évoqué sur la période étudiée, notamment le déficit chronique, est tout à fait vrai. C'est un hôpital de proximité qui tenait essentiellement avec de l'intérim et qui souffre d'un déficit d'attractivité. Avec 28 lits de médecine et 17 lits de SSR, plus un Ehpad, 21.000 passages aux urgences, il a une activité qui n'est pas compatible avec la T2A [tarification à l'activité] comme beaucoup d'établissements similaires", a commenté Franck Estève, directeur adjoint du CH de Dieppe, directeur général adjoint du GHT Caux Maritime et directeur délégué du CH d'Eu, arrivé fin 2019.

"C'est aussi un établissement vétuste tant en médico-social avec beaucoup de difficultés à le remplir même si la prise en charge est de qualité. Il y a beaucoup de chambres doubles et les locaux sont inadaptés. Il existe d'autres Ehpad à proximité, y compris dans le GHT avec celui du Tréport qui est plus moderne. L'Ehpad est donc à reconstruire. De plus, les locaux de l'hôpital demandent aussi à être reconstruits", a-t-il poursuivi.

Un renfort de l'équipe médicale

Des améliorations sont intervenues depuis l'audit de la CRC. Pour la médecine, le CH n'a plus recours à l'intérim depuis mi-2020. Une équipe médicale interhospitalière intervenant sur les CH de Dieppe et d'Eu a été montée avec trois médecins travaillant en exercice partagé, ce qui permet d'avoir toujours un médecin présent à Eu et d'assurer la continuité de la prise en charge, a-t-il souligné. De plus, le CH d'Eu a été labellisé terrain de stage et accueille un interne en médecine polyvalente. L'équipe porte un projet médical. Les consultations avancées progressent continuellement et se sont bien maintenues en 2020.

Le service de médecine qui a 28 lits autorisés, mais ne peut tous les ouvrir faute de médecins, fonctionne actuellement avec 15 lits tous Covid, car la Seine-Maritime est très touchée par l'épidémie. Au CH de Dieppe, 14 lits de réanimation sur 15 sont occupés par le Covid en ce moment.

Le service de SSR polyvalent de 17 lits prend aussi sa part avec 4 lits post-Covid actuellement. Il dispose d'un médecin trois jours par semaine et a recours à l'intérim pour le suppléer. Un travail est mené pour constituer une fédération interhospitalière de SSR sur plusieurs établissements.

"Notre projet en cours est d'obtenir la labellisation hôpital de proximité. Le CH a été retenu et prépare son dossier. En parallèle, nous répondons à l'appel à manifestation d'intérêt (AMI) Ségur investissement pour reconstruire l'Ehpad et la partie sanitaire dans le cadre d'un projet de pôle médico-social avec la ville où seraient aussi localisés l'activité sanitaire, une maison de santé et le Smur", explique le directeur.

L'établissement travaillait déjà avec les médecins libéraux et la crise a majoré ce travail. Un centre de vaccination a ainsi été monté à côté de l'hôpital, note le directeur. La mairie est très favorable au projet, ajoute-t-il.

"L'objectif est d'avoir un hôpital inséré dans son environnement avec des actions de prévention et des consultations avancées pour la population, le CH de Dieppe étant l'établissement de recours", indique Franck Estève.

Le projet en cours d'élaboration se chiffre à 46 M€ pour l'Ehpad (135 places) et l'hôpital. Le capacitaire doit encore être précisé dans le cadre de la labellisation.

Le projet d'activité d'addictologie qui se fait en consultation (avec un médecin 2 jours par semaine) devrait évoluer vers un centre de soins, d'accompagnement et de prévention en addictologie (Csapa) plutôt qu'un hôpital de jour, dans un projet plus large avec une organisation territoriale d'addictologie, ayant le CHU de Rouen comme référent.

En réponse à la CRC qui fixe comme obligation l'élaboration d'un projet d’établissement, Franck Estève indique que la première phase est la labellisation hôpital de proximité, puis la priorité est de répondre à l'AMI pour la reconstruction. Ensuite un projet d'établissement de territoire sera préparé incluant le site d'Eu.

Le CH d'Eu a par ailleurs déjà répondu en partie à l'obligation d'avoir un médecin coordinateur pour l'Ehpad à 20% pour l'instant grâce à l'intervention un jour par semaine de l'équipe gériatrique de Dieppe et cela sera amplifié.

Des travaux aux urgences en 2021

Comme demandé par la CRC, un plan pluriannuel de gros entretien et de réparations est en cours d'élaboration. En 2021, le CH va réaliser des travaux aux urgences pour les réorganiser et les moderniser en site occupé (avec des Algeco) pour un budget de 300.000 € financés à 30% par l'agence régionale de santé (ARS).

Le CH doit participer à l’intégration de la fonction pharmacie à l’échelle du GHT avec la constitution d'une PUI de territoire et poursuivre l'informatisation du dossier résident et le déploiement du dossier patient informatisé (DPI). Celle du circuit du médicament est programmée en 2021 pour l'Ehpad.

En 2020, le CH a subi une baisse importante de l'activité de ses urgences (pendant le 1er confinement) et accusera un déficit financier mais moins important grâce aux aides. La clôture est prévue avec un déficit de 205.570 € pour le budget consolidé, précise Franck Estève.

Rapport de la CRC de Normandie sur le CH d'Eu

sl/ab/APMnews

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EU (Seine-Maritime), 23 avril 2021 (APMnews) - Le centre hospitalier (CH) d'Eu prépare sa labellisation "hôpital de proximité" et développe un projet de reconstruction en lien avec la ville afin de corriger la vétusté de ses locaux et de rétablir sa situation financière, a indiqué jeudi à APMnews son directeur délégué en réponse à un rapport publié par la chambre régionale des comptes (CRC) de Normandie.

Le CH d’Eu (266 agents, budget), est un hôpital de proximité situé dans le nord de l’arrondissement de Dieppe, en lisière du département de la Somme; il est le principal employeur de la ville. En direction commune depuis 2011 avec le CH de Dieppe (situé à 35-40 minutes), il fait partie du groupement hospitalier de territoire (GHT) Caux Maritime.

"Développant une activité principalement gériatrique, il est confronté à la vétusté des locaux, des équipements et à la difficulté de recruter des médecins. La continuité des soins au service de médecine polyvalente n’est ainsi assurée que par un recours massif aux services de médecins pour des contrats de très courte durée. Dans les autres services, certaines missions ne sont pas assurées ou le sont de manière non optimale", constate la CRC dans son rapport sur les exercices 2014-2019 publié le 13 avril.

"Les conditions d’accueil et d’hébergement des patients et des résidents sont loin d’être pleinement satisfaisantes. A l’Ehpad [établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes], l’inadaptation des locaux et les conditions de prise en charge des résidents (pas de médecin coordonnateur) se conjuguent pour expliquer l’absence de liste d’attente significative", poursuit la chambre.

Sa situation financière est "fragile", avec un déficit presque continu depuis 2014. Le CH a fait l’objet en 2016 d’un plan de retour à l’équilibre (PRE), qui s’est traduit par une séparation plus nette des activités de soins de suite et de réadaptation (SSR) et d’Ehpad, la suppression de 8 lits d’Ehpad et d’un certain nombre d’emplois aidés. Mais "l’effet du PRE a été de courte durée, le CH ayant renoué dès 2018 avec les déficits". Au 1er janvier 2019, l’établissement présentait un report à nouveau négatif de près de 1,7 M€, dont plus de la moitié résulte des déficits cumulés du budget de l’Ehpad. Le déficit cumulé s’est alourdi de plus de 300.000 euros en 2019, rapporte-t-elle.

"Dans ce contexte, la maîtrise de la masse salariale (12,3 M€ en 2018) est un enjeu crucial. La direction étudie les voies et moyens d’un développement de l’activité. La création d’un service d’addictologie en hôpital de jour, prévue en mars 2020, a été ajournée en raison de la crise sanitaire du Covid-19. Le projet de relocalisation de l’Ehpad, mentionné dans le plus récent contrat pluriannuel d’objectifs et de moyens sanitaire, ne pourrait ainsi devenir une réalité que grâce à un soutien financier massif de l’État", note la CRC.

"Ce qui est évoqué sur la période étudiée, notamment le déficit chronique, est tout à fait vrai. C'est un hôpital de proximité qui tenait essentiellement avec de l'intérim et qui souffre d'un déficit d'attractivité. Avec 28 lits de médecine et 17 lits de SSR, plus un Ehpad, 21.000 passages aux urgences, il a une activité qui n'est pas compatible avec la T2A [tarification à l'activité] comme beaucoup d'établissements similaires", a commenté Franck Estève, directeur adjoint du CH de Dieppe, directeur général adjoint du GHT Caux Maritime et directeur délégué du CH d'Eu, arrivé fin 2019.

"C'est aussi un établissement vétuste tant en médico-social avec beaucoup de difficultés à le remplir même si la prise en charge est de qualité. Il y a beaucoup de chambres doubles et les locaux sont inadaptés. Il existe d'autres Ehpad à proximité, y compris dans le GHT avec celui du Tréport qui est plus moderne. L'Ehpad est donc à reconstruire. De plus, les locaux de l'hôpital demandent aussi à être reconstruits", a-t-il poursuivi.

Un renfort de l'équipe médicale

Des améliorations sont intervenues depuis l'audit de la CRC. Pour la médecine, le CH n'a plus recours à l'intérim depuis mi-2020. Une équipe médicale interhospitalière intervenant sur les CH de Dieppe et d'Eu a été montée avec trois médecins travaillant en exercice partagé, ce qui permet d'avoir toujours un médecin présent à Eu et d'assurer la continuité de la prise en charge, a-t-il souligné. De plus, le CH d'Eu a été labellisé terrain de stage et accueille un interne en médecine polyvalente. L'équipe porte un projet médical. Les consultations avancées progressent continuellement et se sont bien maintenues en 2020.

Le service de médecine qui a 28 lits autorisés, mais ne peut tous les ouvrir faute de médecins, fonctionne actuellement avec 15 lits tous Covid, car la Seine-Maritime est très touchée par l'épidémie. Au CH de Dieppe, 14 lits de réanimation sur 15 sont occupés par le Covid en ce moment.

Le service de SSR polyvalent de 17 lits prend aussi sa part avec 4 lits post-Covid actuellement. Il dispose d'un médecin trois jours par semaine et a recours à l'intérim pour le suppléer. Un travail est mené pour constituer une fédération interhospitalière de SSR sur plusieurs établissements.

"Notre projet en cours est d'obtenir la labellisation hôpital de proximité. Le CH a été retenu et prépare son dossier. En parallèle, nous répondons à l'appel à manifestation d'intérêt (AMI) Ségur investissement pour reconstruire l'Ehpad et la partie sanitaire dans le cadre d'un projet de pôle médico-social avec la ville où seraient aussi localisés l'activité sanitaire, une maison de santé et le Smur", explique le directeur.

L'établissement travaillait déjà avec les médecins libéraux et la crise a majoré ce travail. Un centre de vaccination a ainsi été monté à côté de l'hôpital, note le directeur. La mairie est très favorable au projet, ajoute-t-il.

"L'objectif est d'avoir un hôpital inséré dans son environnement avec des actions de prévention et des consultations avancées pour la population, le CH de Dieppe étant l'établissement de recours", indique Franck Estève.

Le projet en cours d'élaboration se chiffre à 46 M€ pour l'Ehpad (135 places) et l'hôpital. Le capacitaire doit encore être précisé dans le cadre de la labellisation.

Le projet d'activité d'addictologie qui se fait en consultation (avec un médecin 2 jours par semaine) devrait évoluer vers un centre de soins, d'accompagnement et de prévention en addictologie (Csapa) plutôt qu'un hôpital de jour, dans un projet plus large avec une organisation territoriale d'addictologie, ayant le CHU de Rouen comme référent.

En réponse à la CRC qui fixe comme obligation l'élaboration d'un projet d’établissement, Franck Estève indique que la première phase est la labellisation hôpital de proximité, puis la priorité est de répondre à l'AMI pour la reconstruction. Ensuite un projet d'établissement de territoire sera préparé incluant le site d'Eu.

Le CH d'Eu a par ailleurs déjà répondu en partie à l'obligation d'avoir un médecin coordinateur pour l'Ehpad à 20% pour l'instant grâce à l'intervention un jour par semaine de l'équipe gériatrique de Dieppe et cela sera amplifié.

Des travaux aux urgences en 2021

Comme demandé par la CRC, un plan pluriannuel de gros entretien et de réparations est en cours d'élaboration. En 2021, le CH va réaliser des travaux aux urgences pour les réorganiser et les moderniser en site occupé (avec des Algeco) pour un budget de 300.000 € financés à 30% par l'agence régionale de santé (ARS).

Le CH doit participer à l’intégration de la fonction pharmacie à l’échelle du GHT avec la constitution d'une PUI de territoire et poursuivre l'informatisation du dossier résident et le déploiement du dossier patient informatisé (DPI). Celle du circuit du médicament est programmée en 2021 pour l'Ehpad.

En 2020, le CH a subi une baisse importante de l'activité de ses urgences (pendant le 1er confinement) et accusera un déficit financier mais moins important grâce aux aides. La clôture est prévue avec un déficit de 205.570 € pour le budget consolidé, précise Franck Estève.

Rapport de la CRC de Normandie sur le CH d'Eu

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