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22/01 2025
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LE CH D'ANNECY ENGAGÉ DANS UN PLAN DE MAÎTRISE DE DÉPENSES ET DE HAUSSE DES RECETTES, POUR UN RETOUR À L'ÉQUILIBRE EN 2029

ANNECY, 22 janvier 2025 (APMnews) - Le directeur du centre hospitalier Annecy Genevois (Change), Vincent Delivet, a annoncé que son établissement était engagé dans un plan de maîtrise de ses dépenses et de hausse de ses recettes, pour un retour à l'équilibre en 2029, lors de la cérémonie des vœux qui s'est déroulée le 16 janvier.

Comme beaucoup d'autres hôpitaux, le Change subit "la crise du financement de l'hôpital", a souligné le directeur, dans un discours dont APMnews a eu copie.

Alors que "notre activité a repris" et que "depuis deux ans nous avons rouvert des lits grâce à une politique RH dynamique", "notre situation financière se dégrade", a-t-il résumé.

En 2024, le Change est revenu à un niveau d'activité équivalent à 2019 en hospitalisation complète en chirurgie (12.441 entrées en 2024 versus 12.398 en 2019) et a enregistré une hausse de la chirurgie ambulatoire de 8,1% par rapport à l'avant Covid (10.281 entrées en 2024 contre 9.514 entrées en 2019), a précisé l'établissement à APMnews.

L'activité en hospitalisation complète de médecine est restée inférieure de 7,3% à 2019 (7.808 entrées en 2024 contre 8.422 en 2019), "notamment en raison d'un allongement de la durée moyenne de séjour [DMS] de +1,1 jour liée à des difficultés d'aval particulièrement prégnantes en Haute-Savoie", a-t-il expliqué.

L'activité d'obstétrique est "stable" depuis 2019, la baisse de la natalité constatée au niveau national étant compensée par le dynamisme démographique du bassin de population, a-t-il ajouté auprès d'APMnews.

Le Change a aussi fait part d'une "bonne dynamique RH avec +17 ETP médicaux en 2024 et +99 ETP de personnels non médicaux par rapport à 2023 selon les dernières prévisions d'atterrissage" et '"une baisse du turnover". Cela lui a permis de rouvrir 32 lits et places en un an.

Malgré ces évolutions favorables, Vincent Delivet a soulevé deux problèmes: celui de la "juste rémunération de l'activité et d'une déconnexion qui s'accroît entre les tarifs et les coûts" et l'absence de financements suffisants pour couvrir l'augmentation des rémunérations et l'impact de l'inflation.

"Une situation déficitaire importante"

"Cela conduit mécaniquement à une situation déficitaire importante qui pèse sur nos capacités d'investissement", a-t-il souligné.

Selon les dernières prévisions, et dans l'attente des dernières réalisations de l'exercice, le Change devrait à minima maintenir en 2024 une situation proche de celle de 2023 qui s'est établie à 23 M€ de déficit consolidé pour un budget de 514 M€ (4,5%), a-t-il précisé à APMnews tout en soulignant que ce résultat prévisionnel n'intègre pas les dernières délégations de campagne reçues postérieurement ainsi que les écritures de clôture en cours.

"Nous avons donc engagé un plan de maîtrise de l'évolution de nos dépenses et d'accroissement de nos recettes, pour un retour à l'équilibre sur cinq ans", a déclaré Vincent Delivet, lors des voeux.

"Ce plan, exigeant dans la gestion et réaliste sur la dynamique d'activité, a été partagé avec les professionnels et doit être porté par tous car il est une des conditions de maintien de nos projets au service de la population".

Il se traduit par un étalement des investissements dans le temps et la poursuite de la politique de désendettement et de redressement des capacités d'autofinancement, ce, dans l'objectif de "porter des projets ambitieux demain, comme celui de Saint-Julien", a-t-il expliqué.

L'encours de dette du Change s'élevait au 31 décembre 2024 à 184 M€, soit une diminution de 14 M€ par rapport à 2023, a précisé le Change à APMnews.

Les investissements pour 2025 représentent un montant inscrit à l'état des prévisions de recettes et de dépenses (EPRD) de 10,3 M€ dont 4 M€ pour les investissements majeurs et 6,3 M€ pour les plans courants. Au rapport infra-annuel (RIA) 2024, le montant global des investissements s'élevaient à 21,9 M€ dont 14,7 M€ pour les investissements majeurs et 7,2 M€ pour les plans courants.

En 2024, le Change a procédé notamment à l'ouverture de l'hôpital de jour en addictologie, de l'unité post-urgence de pédopsychiatrie, de l'unité de soins palliatifs, de l'unité de santé affective et sexuelle à Annecy et au renforcement de la réponse médicale pour l'allergologie, a énuméré Vincent Delivet.

"Le cap pour 2025 est clair" et vise à "maîtriser notre trajectoire financière et poursuivre nos projets dans le respect des priorités arrêtées", a assuré la directeur, mentionnant l'ouverture du plateau technique interventionnelle en cardiologie et d'une nouvelle salle de radiologie interventionnelle, le changement de la chaîne de biochimie au laboratoire et du robot pour les médicaments à la pharmacie, le lancement d'une activité de sismothérapie, une politique d'investissements courants recentrée sur les priorités dont celles concernant les conditions de travail.

Il a aussi mentionné l'extension des soins intensifs d'hématologie à six lits, le déploiement d'un projet pour les personnes âgées, la mise en œuvre du plan d'action sur les urgences défini suite à la venue de la société française de médecine d'urgences (SFMU) et la réflexion sur l'évolution du capacitaire dans le cadre des travaux menés par la commission des admissions non programmées.

Il aussi cité l'engagement des opérations préalables aux travaux de l'Ehpad de Saint-François pour lesquels le Change a obtenu le soutien financier de l'agence régionale de santé (ARS) et du département.

Prendre des mesures pour réguler les départs vers la Suisse

Au début de son discours, le chef d'établissement, faisant référence au déclenchement du plan blanc (levé le 16 janvier) "pour arriver à hospitaliser la cinquantaine de patients qui étaient en attente aux urgences", a déploré que l'hôpital public soit "la variable d'ajustement d'un système de santé en tension, surtout après 15 jours de vacances où l'offre de soins diminue sur le territoire, mais aussi du fait d'une fermeture endémique de lits d'avals, voire de MCO, même si le Change comportait en 2024 une trentaine de lits ouverts en plus par rapport à 2023".

Il a expliqué que l'incapacité à ouvrir des lits ou à organiser des retours à domicile, tenait "aux difficultés concernant les personnels infirmiers (à l'hôpital et en ville)" et "aux difficultés de formation et de recrutement des aides-soignants".

"Au-delà des mesures prises pour améliorer le recrutement et la fidélisation des professionnels dans notre établissement, au-delà de la nécessaire implication des collectivités publiques sur l'accès au logement ou encore à la garde d'enfants, il est temps que des mesures soient prises pour réguler les départs vers la Suisse, qui elle-même a une problématique de formation et de fidélisation des professionnels de santé", a estimé Vincent Delivet qui est ainsi revenu sur un problème auxquels les hôpitaux hauts-savoyards font face de longue date.

"La libre circulation des personnes est un principe important mais elle doit être modulée lorsque la santé publique l'exige", a-t-il souligné tout en appelant au "dialogue" avec le pays voisin (dialogue qui existe).

Les difficultés de la psychiatrie publique

Vincent Delivet a également mis en avant les "difficultés" rencontrées par la "psychiatrie publique" en Haute-Savoie, souffrant de "dotations financières très inférieures à la moyenne régionale et faisant face à des difficultés de recrutements médicaux".

"Le Change est même en-deçà de la moyenne départementale", a-t-il affirmé en précisant qu'il manque à l'établissement "au moins 6,2 M€ pour couvrir les dépenses engagées pour cette activité et près de 10 M€ pour se situer à la moyenne régionale, s'il engageait des actions complémentaires".

Il en a profité pour "saluer" le travail des équipes de psychiatrie du Change qui "savent évoluer et innover pour mieux répondre aux besoins, dans ce contexte difficile", évoquant ainsi la mise en place de la télémédecine entre les sites de Saint-Julien et d'Annecy pour faciliter les avis psychiatriques, l'identification d'un flux spécifique pour les patients se présentant aux urgences d'Annecy et l'ouverture d'une unité post urgences pour les adolescents.

"Au-delà de notre action, il faut indéniablement un vaste mouvement de coopération des professionnels de Haute-Savoie pour partager les contraintes liées à cette activité et mieux répondre aux besoins" mais aussi "un accompagnement fort des autorités pour mieux doter l'établissement", a-t-il insisté.

san/ed/APMnews

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ANNECY, 22 janvier 2025 (APMnews) - Le directeur du centre hospitalier Annecy Genevois (Change), Vincent Delivet, a annoncé que son établissement était engagé dans un plan de maîtrise de ses dépenses et de hausse de ses recettes, pour un retour à l'équilibre en 2029, lors de la cérémonie des vœux qui s'est déroulée le 16 janvier.

Comme beaucoup d'autres hôpitaux, le Change subit "la crise du financement de l'hôpital", a souligné le directeur, dans un discours dont APMnews a eu copie.

Alors que "notre activité a repris" et que "depuis deux ans nous avons rouvert des lits grâce à une politique RH dynamique", "notre situation financière se dégrade", a-t-il résumé.

En 2024, le Change est revenu à un niveau d'activité équivalent à 2019 en hospitalisation complète en chirurgie (12.441 entrées en 2024 versus 12.398 en 2019) et a enregistré une hausse de la chirurgie ambulatoire de 8,1% par rapport à l'avant Covid (10.281 entrées en 2024 contre 9.514 entrées en 2019), a précisé l'établissement à APMnews.

L'activité en hospitalisation complète de médecine est restée inférieure de 7,3% à 2019 (7.808 entrées en 2024 contre 8.422 en 2019), "notamment en raison d'un allongement de la durée moyenne de séjour [DMS] de +1,1 jour liée à des difficultés d'aval particulièrement prégnantes en Haute-Savoie", a-t-il expliqué.

L'activité d'obstétrique est "stable" depuis 2019, la baisse de la natalité constatée au niveau national étant compensée par le dynamisme démographique du bassin de population, a-t-il ajouté auprès d'APMnews.

Le Change a aussi fait part d'une "bonne dynamique RH avec +17 ETP médicaux en 2024 et +99 ETP de personnels non médicaux par rapport à 2023 selon les dernières prévisions d'atterrissage" et '"une baisse du turnover". Cela lui a permis de rouvrir 32 lits et places en un an.

Malgré ces évolutions favorables, Vincent Delivet a soulevé deux problèmes: celui de la "juste rémunération de l'activité et d'une déconnexion qui s'accroît entre les tarifs et les coûts" et l'absence de financements suffisants pour couvrir l'augmentation des rémunérations et l'impact de l'inflation.

"Une situation déficitaire importante"

"Cela conduit mécaniquement à une situation déficitaire importante qui pèse sur nos capacités d'investissement", a-t-il souligné.

Selon les dernières prévisions, et dans l'attente des dernières réalisations de l'exercice, le Change devrait à minima maintenir en 2024 une situation proche de celle de 2023 qui s'est établie à 23 M€ de déficit consolidé pour un budget de 514 M€ (4,5%), a-t-il précisé à APMnews tout en soulignant que ce résultat prévisionnel n'intègre pas les dernières délégations de campagne reçues postérieurement ainsi que les écritures de clôture en cours.

"Nous avons donc engagé un plan de maîtrise de l'évolution de nos dépenses et d'accroissement de nos recettes, pour un retour à l'équilibre sur cinq ans", a déclaré Vincent Delivet, lors des voeux.

"Ce plan, exigeant dans la gestion et réaliste sur la dynamique d'activité, a été partagé avec les professionnels et doit être porté par tous car il est une des conditions de maintien de nos projets au service de la population".

Il se traduit par un étalement des investissements dans le temps et la poursuite de la politique de désendettement et de redressement des capacités d'autofinancement, ce, dans l'objectif de "porter des projets ambitieux demain, comme celui de Saint-Julien", a-t-il expliqué.

L'encours de dette du Change s'élevait au 31 décembre 2024 à 184 M€, soit une diminution de 14 M€ par rapport à 2023, a précisé le Change à APMnews.

Les investissements pour 2025 représentent un montant inscrit à l'état des prévisions de recettes et de dépenses (EPRD) de 10,3 M€ dont 4 M€ pour les investissements majeurs et 6,3 M€ pour les plans courants. Au rapport infra-annuel (RIA) 2024, le montant global des investissements s'élevaient à 21,9 M€ dont 14,7 M€ pour les investissements majeurs et 7,2 M€ pour les plans courants.

En 2024, le Change a procédé notamment à l'ouverture de l'hôpital de jour en addictologie, de l'unité post-urgence de pédopsychiatrie, de l'unité de soins palliatifs, de l'unité de santé affective et sexuelle à Annecy et au renforcement de la réponse médicale pour l'allergologie, a énuméré Vincent Delivet.

"Le cap pour 2025 est clair" et vise à "maîtriser notre trajectoire financière et poursuivre nos projets dans le respect des priorités arrêtées", a assuré la directeur, mentionnant l'ouverture du plateau technique interventionnelle en cardiologie et d'une nouvelle salle de radiologie interventionnelle, le changement de la chaîne de biochimie au laboratoire et du robot pour les médicaments à la pharmacie, le lancement d'une activité de sismothérapie, une politique d'investissements courants recentrée sur les priorités dont celles concernant les conditions de travail.

Il a aussi mentionné l'extension des soins intensifs d'hématologie à six lits, le déploiement d'un projet pour les personnes âgées, la mise en œuvre du plan d'action sur les urgences défini suite à la venue de la société française de médecine d'urgences (SFMU) et la réflexion sur l'évolution du capacitaire dans le cadre des travaux menés par la commission des admissions non programmées.

Il aussi cité l'engagement des opérations préalables aux travaux de l'Ehpad de Saint-François pour lesquels le Change a obtenu le soutien financier de l'agence régionale de santé (ARS) et du département.

Prendre des mesures pour réguler les départs vers la Suisse

Au début de son discours, le chef d'établissement, faisant référence au déclenchement du plan blanc (levé le 16 janvier) "pour arriver à hospitaliser la cinquantaine de patients qui étaient en attente aux urgences", a déploré que l'hôpital public soit "la variable d'ajustement d'un système de santé en tension, surtout après 15 jours de vacances où l'offre de soins diminue sur le territoire, mais aussi du fait d'une fermeture endémique de lits d'avals, voire de MCO, même si le Change comportait en 2024 une trentaine de lits ouverts en plus par rapport à 2023".

Il a expliqué que l'incapacité à ouvrir des lits ou à organiser des retours à domicile, tenait "aux difficultés concernant les personnels infirmiers (à l'hôpital et en ville)" et "aux difficultés de formation et de recrutement des aides-soignants".

"Au-delà des mesures prises pour améliorer le recrutement et la fidélisation des professionnels dans notre établissement, au-delà de la nécessaire implication des collectivités publiques sur l'accès au logement ou encore à la garde d'enfants, il est temps que des mesures soient prises pour réguler les départs vers la Suisse, qui elle-même a une problématique de formation et de fidélisation des professionnels de santé", a estimé Vincent Delivet qui est ainsi revenu sur un problème auxquels les hôpitaux hauts-savoyards font face de longue date.

"La libre circulation des personnes est un principe important mais elle doit être modulée lorsque la santé publique l'exige", a-t-il souligné tout en appelant au "dialogue" avec le pays voisin (dialogue qui existe).

Les difficultés de la psychiatrie publique

Vincent Delivet a également mis en avant les "difficultés" rencontrées par la "psychiatrie publique" en Haute-Savoie, souffrant de "dotations financières très inférieures à la moyenne régionale et faisant face à des difficultés de recrutements médicaux".

"Le Change est même en-deçà de la moyenne départementale", a-t-il affirmé en précisant qu'il manque à l'établissement "au moins 6,2 M€ pour couvrir les dépenses engagées pour cette activité et près de 10 M€ pour se situer à la moyenne régionale, s'il engageait des actions complémentaires".

Il en a profité pour "saluer" le travail des équipes de psychiatrie du Change qui "savent évoluer et innover pour mieux répondre aux besoins, dans ce contexte difficile", évoquant ainsi la mise en place de la télémédecine entre les sites de Saint-Julien et d'Annecy pour faciliter les avis psychiatriques, l'identification d'un flux spécifique pour les patients se présentant aux urgences d'Annecy et l'ouverture d'une unité post urgences pour les adolescents.

"Au-delà de notre action, il faut indéniablement un vaste mouvement de coopération des professionnels de Haute-Savoie pour partager les contraintes liées à cette activité et mieux répondre aux besoins" mais aussi "un accompagnement fort des autorités pour mieux doter l'établissement", a-t-il insisté.

san/ed/APMnews

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