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LILLE, 15 novembre 2024 (APMnews) - La responsabilité populationnelle est une démarche dynamique et transversale qui permet d'inclure le groupement hospitalier de territoire (GHT) comme un pilier du lien ville-hôpital, mais également comme un acteur de la prévention sur son territoire, montre un retour d'expérience du GHT de l'Aube et du Sézannais présenté jeudi à Lille lors des 1res Journées nationales des GHT.

L'Aube est un des cinq territoires pilotes dans lesquels la Fédération hospitalière de France (FHF) a expérimenté la responsabilité populationnelle (cf dépêche du 28/11/2022 à 10:06 et dépêche du 14/11/2022 à 15:26). Ce modèle de système de santé intégré vise un quadruple objectif: une meilleure prise en charge des patients, un meilleur coût pour la société, une meilleure santé de la population et une meilleure attractivité des professionnels.

"Cela a permis de placer le GHT au cœur du territoire", a rapporté le Dr David Laplanche, médecin DIM (département de l'information médicale) de territoire, chef du pôle territorial santé publique et performance aux Hôpitaux Champagne Sud à Troyes.

Sur l'Aube, la démarche a été développée pour le diabète de type 2 et elle commence pour l'insuffisance cardiaque.

Le Dr Laplanche a expliqué comment les acteurs de santé du territoire avaient été fédérés autour de parcours des patients diabétiques ou à risque de diabète afin de favoriser un lien ville-hôpital centré sur le patient. Un programme d'action territorial, adapté au GHT, a été bâti.

Il faut d'abord connaître la population dont le GHT est responsable (les diabétiques et les personnes à risque), la stratifier pour lui attribuer des parcours adaptés et validés par les sociétés savantes et voir quels professionnels peuvent assurer les soins.

La démarche a été inscrite dans les différentes instances et organisations du territoire (CLS, CPTS, CTS, PMSP, PRS,…).

"Le déploiement est clairement en marche puisqu'on a réussi à mobiliser plus de 1.000 acteurs. On a réalisé 145 actions de dépistage et prévention primaire. On a plus de 4.000 personnes sensibilisées et 700 patients sont déjà inclus dans les cohortes", a-t-il rapporté.

Ce projet a été "le lien fondamental pour renforcer nos coopérations ville-hôpital. Les CPTS [communautés professionnelles territoriales de santé] n'existaient pas à la mise en oeuvre, mais maintenant on est à l'intérieur des deux CPTS du territoire", a noté le médecin.

"On a des actions au sein des six contrats locaux de santé [CLS] et on a rencontré quasiment toutes les maisons de santé pluriprofessionnelles (MSP). On a axé notre PMSP [projet médico-soignant partagé] version 2 sur le modèle de la responsabilité populationnelle pour les maladies chroniques en se disant que l'hôpital était le lieu de l'expertise mais qu'il ne pouvait pas gérer tous les patients", a-t-il développé.

Ce projet "a également complètement transformé l'offre hospitalière en particulier le service de diabétologie où on ne fait pratiquement plus que de l'hospitalisation de semaine et de l'ambulatoire mais aussi les hôpitaux de proximité" où l'hôpital de jour a été développé, a-t-il relaté.

"Dans l'Aube, on a divisé par deux le nombre d'admissions via les urgences pour les patients diabétiques. On a multiplié par trois la part d'ambulatoire pour les patients qui ont un séjour de diabète et on a divisé par trois les séjours de plus de cinq jours, ce qui montre qu'on arrive à faire des entrées programmées facilitées et des sorties également facilitées vers la ville", a-t-il rapporté.

Impact hospitalier de la responsabilité populationnelle

"Le GHT est maintenant clairement identifié comme l'interlocuteur privilégié sur la coordination des acteurs de santé publique sur le territoire et on a travaillé avec le Grades [groupement régional d'appui au développement de la e-santé] pour mettre en œuvre des parcours par le e-parcours."

"On a complètement changé l'image du GHT pour les autres acteurs de l'écosystème local et on a mis en œuvre de manière très pratique un virage préventif'", a-t-il conclu.

Un déploiement à l'échelle de la région en Bretagne et en Centre-Val de Loire

Outre les cinq territoires pionniers dans le cadre d'un article 51 (Deux-Sèvres, Cornouaille, Douaisis, Haute-Saône et Aube-Sézannais), d'autres GHT ont rejoint l'initiative ces 18 derniers mois: le GHT de Gap (Alpes du Sud), le CHU de Nancy et le GHT Sud-Lorraine (cf dépêche du 04/07/2023 à 18:08), le GHT Nord Franche Comté et très récemment le CHU de Nice, les Hôpitaux de la Mayenne (cf dépêche du 22/05/2024 à 15:49) qui ont tenu leur première réunion cette semaine, et le GHT Yvelines Nord "très prochainement".

De plus, des formations ont été menées au sein de régions pour expliquer la méthodologie: en Bretagne et en Centre-Val de Loire où il y a "une vraie volonté régionale de mettre en œuvre de manière coordonnée le programme de responsabilité populationnelle", a indiqué le Dr Laplanche.

sl/ab/APMnews