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01/12 2022
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LA HAUSSE DES JEUNES ALLANT AUX URGENCES POUR DES MOTIFS PSYCHIATRIQUES DEPUIS LE COVID SE POURSUIT

LILLE, 1er décembre 2022 (APMnews) - Par rapport aux années précédant la pandémie de Covid-19, les passages aux urgences des jeunes, enfants, adolescents et jeunes adultes, augmentent pour des motifs psychiatriques et notamment pour idées et gestes suicidaires et cette tendance à la hausse s'est poursuivie en 2022, selon des données présentées mercredi à Lille au congrès français de psychiatrie (CFP).

Invité à une session du Groupement d'étude et de prévention du suicide (Geps), le responsable de l'unité santé mentale à la direction de la prévention et de la promotion de la santé chez Santé publique France, Enguerrand du Roscoät, est venu présenter les données épidémiologiques sur la pandémie de Covid-19 et les conduites suicidaires issues de l'enquête CoviPrev, du baromètre santé et du programme de médicalisation des systèmes d'information (PMSI).

Globalement, elles montrent que depuis le début de la pandémie, la santé mentale de la population et en particulier les adolescents et les jeunes adultes se dégrade et que cette tendance s'est installée en 2021 et s'est aggravée en 2022.

Les derniers résultats de CoviPrev (cf dépêche du 07/10/2022 à 11:12), enquête menée depuis mars 2020 auprès de 2.000 personnes, montrent à octobre dernier que 12% avaient eu des pensées suicidaires au cours de l'année, ce qui était significativement plus que la première évaluation faite en février 2021 (8%), et que 18% présentaient des troubles dépressifs, en hausse significative par rapport à la vague précédente en mai.

Les états anxieux et les pensées suicidaires ont augmenté en particulier après le deuxième confinement chez les jeunes adultes (18-24 ans) et les états dépressifs chez les étudiants notamment. Mais il manque des données chez les mineurs et les résultats proviennent d'une population qui s'inscrit sur un panel d'internautes, selon une méthode par quotas, contrairement à un échantillon aléatoire interrogé dans le baromètre santé.

Ainsi dans cette enquête-là, la prévalence des pensées suicidaires en 2021 est quasiment deux fois moindre, a fait observer Enguerrand du Roscoät. Cependant, les données disponibles sur 2010-2020 montrent bien une hausse des pensées suicidaires déclarées uniquement par les 18-24 ans en 2020, qui commence d'ailleurs à partir de 2014, passant de 3,3% à 7,4%, alors qu'elle reste entre 3% et 4,5% chez les autres groupes d'adultes, avec même une tendance à la baisse pour tous sauf les 65-75 ans.

Dans le baromètre 2021, dont le chercheur n'a pas présenté les données en raison de leur prochaine publication, cette tendance à la hausse est confirmée pour les 18-24 ans, avec des prévalences "beaucoup plus élevées" que le reste des adultes. Les déclarations d'états dépressifs caractérisés ont également augmenté en 2021 de manière significative par rapport à 2017 et les hausses les plus importantes sont observées aussi chez les 18-24 ans.

Les jeunes les plus touchés

Les données du réseau Oscour de 700 services d'accueil des urgences qui couvrent 94% des passages vont dans le même sens, avec des remontées sur les idées suicidaires, les gestes suicidaires et les troubles de l'humeur (des épisodes dépressifs dans 80% des cas).

Dès l'automne 2020, la psychiatrie a commencé à alerter d'une augmentation de la proportion des jeunes et notamment des adolescents dans les services, a rappelé Enguerrand du Roscoät. Santé publique France a voulu objectiver à l'échelle nationale ce phénomène.

Ainsi, les passages aux urgences pour troubles de l'humeur ont augmenté en 2021, par rapport à 2018, de 58% chez les 11-17 ans et de 23% chez les 18-24 ans. Les données jusqu'à octobre montrent une tendance similaire à 2021 chez les 11-17 ans et même une accélération chez les 18-24 ans.

Pour les idées suicidaires, la hausse en 2021 est de 121% chez les 11-17 ans et de 94% chez les 18-24 ans et ça continue de s'aggraver en 2022, avec une augmentation encore plus importante chez les jeunes adultes.

La progression des gestes suicidaires en 2021 est de 34% chez les 11-17 ans et de 12% chez les 18-24 ans et ça s'accentue encore en 2022, plus importante chez les jeunes adultes.

"L'impact est extrêmement important chez les jeunes, ça se confirme et ça s'accentue même en 2022", alors que chez les adultes, les courbes de 2018 à 2022 se superposent pour les troubles de l'humeur et les gestes suicidaires, a synthétisé le chercheur. Toutefois, une accélération apparaît en 2022 pour les passages aux urgences pour idées suicidaires chez les plus de 25 ans, une tendance qui commençait à se dessiner en 2021.

Les données du PMSI montrent que les hospitalisations pour tentative de suicide ont augmenté "de manière très forte" en 2021 par rapport aux périodes 2017-2019 et 2020 mais uniquement chez les filles de 10 à 24 ans; chez les garçons de 10-24 ans, une hausse apparaît également mais beaucoup plus faible alors qu'elles sont stables en population générale.

Il apparaît par ailleurs que le recours aux moyens violents a augmenté chez les filles, surtout des objets tranchants.

En revanche, le nombre de décès par suicide a baissé globalement dans la population et notamment chez les adolescents et adultes jusqu'à 45 ans.

Connaître le devenir des jeunes après un passage aux urgences

Dans une autre session de la Société médicopsychologique (SMP) et de la Société française de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent & disciplines associées (SFPEADA), le Dr Raphaël Gourevitch de l'hôpital Sainte-Anne (GHU Paris psychiatrie & neurosciences) a présenté les résultats d'une étude menée avec ses collègues sur les patients de 15-25 ans accueillis au centre psychiatrique d'orientation et d'accueil (CPOA) entre le 16 mars 2017 et le 15 mars 2021.

Selon les résultats, publiés dans les Annales médicopsychologiques, la proportion des 15-25 ans a augmenté, passant de 27,6% avant le Covid-19 à 29,4% "et dépassant à présent les 30%", la population s'est féminisée, passant de 48,2% à 51,8%, et les motifs de consultation pour angoisse, idées suicidaires et troubles du sommeil ont augmenté.

Mais il manque des données de suivi alors que les conséquences sont encore présentes. Une étude est en cours pour mieux caractériser le devenir des jeunes après leur passage aux urgences pour motifs psychiatriques, a ajouté le Dr Gourevitch.

Il s'agit d'une étude prospective appelée JEMMA pour laquelle le Dr Isabelle Sabbah-Lim et ses collègues ont remporté un appel d'offres. Elle va permettre de connaître, à l'aide d'autoquestionnaires remplis par les parents et les jeunes, adolescents de 10-17 ans et jeunes adultes de 18-24 ans, quels sont leur parcours de soins, leur qualité de vie et leur santé mentale sur une année après leur passage dans trois services d'urgences, et de savoir dans quel délai ils parviennent à voir un psychiatre, a-t-elle précisé.

ld/ab/APMnews

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LILLE, 1er décembre 2022 (APMnews) - Par rapport aux années précédant la pandémie de Covid-19, les passages aux urgences des jeunes, enfants, adolescents et jeunes adultes, augmentent pour des motifs psychiatriques et notamment pour idées et gestes suicidaires et cette tendance à la hausse s'est poursuivie en 2022, selon des données présentées mercredi à Lille au congrès français de psychiatrie (CFP).

Invité à une session du Groupement d'étude et de prévention du suicide (Geps), le responsable de l'unité santé mentale à la direction de la prévention et de la promotion de la santé chez Santé publique France, Enguerrand du Roscoät, est venu présenter les données épidémiologiques sur la pandémie de Covid-19 et les conduites suicidaires issues de l'enquête CoviPrev, du baromètre santé et du programme de médicalisation des systèmes d'information (PMSI).

Globalement, elles montrent que depuis le début de la pandémie, la santé mentale de la population et en particulier les adolescents et les jeunes adultes se dégrade et que cette tendance s'est installée en 2021 et s'est aggravée en 2022.

Les derniers résultats de CoviPrev (cf dépêche du 07/10/2022 à 11:12), enquête menée depuis mars 2020 auprès de 2.000 personnes, montrent à octobre dernier que 12% avaient eu des pensées suicidaires au cours de l'année, ce qui était significativement plus que la première évaluation faite en février 2021 (8%), et que 18% présentaient des troubles dépressifs, en hausse significative par rapport à la vague précédente en mai.

Les états anxieux et les pensées suicidaires ont augmenté en particulier après le deuxième confinement chez les jeunes adultes (18-24 ans) et les états dépressifs chez les étudiants notamment. Mais il manque des données chez les mineurs et les résultats proviennent d'une population qui s'inscrit sur un panel d'internautes, selon une méthode par quotas, contrairement à un échantillon aléatoire interrogé dans le baromètre santé.

Ainsi dans cette enquête-là, la prévalence des pensées suicidaires en 2021 est quasiment deux fois moindre, a fait observer Enguerrand du Roscoät. Cependant, les données disponibles sur 2010-2020 montrent bien une hausse des pensées suicidaires déclarées uniquement par les 18-24 ans en 2020, qui commence d'ailleurs à partir de 2014, passant de 3,3% à 7,4%, alors qu'elle reste entre 3% et 4,5% chez les autres groupes d'adultes, avec même une tendance à la baisse pour tous sauf les 65-75 ans.

Dans le baromètre 2021, dont le chercheur n'a pas présenté les données en raison de leur prochaine publication, cette tendance à la hausse est confirmée pour les 18-24 ans, avec des prévalences "beaucoup plus élevées" que le reste des adultes. Les déclarations d'états dépressifs caractérisés ont également augmenté en 2021 de manière significative par rapport à 2017 et les hausses les plus importantes sont observées aussi chez les 18-24 ans.

Les jeunes les plus touchés

Les données du réseau Oscour de 700 services d'accueil des urgences qui couvrent 94% des passages vont dans le même sens, avec des remontées sur les idées suicidaires, les gestes suicidaires et les troubles de l'humeur (des épisodes dépressifs dans 80% des cas).

Dès l'automne 2020, la psychiatrie a commencé à alerter d'une augmentation de la proportion des jeunes et notamment des adolescents dans les services, a rappelé Enguerrand du Roscoät. Santé publique France a voulu objectiver à l'échelle nationale ce phénomène.

Ainsi, les passages aux urgences pour troubles de l'humeur ont augmenté en 2021, par rapport à 2018, de 58% chez les 11-17 ans et de 23% chez les 18-24 ans. Les données jusqu'à octobre montrent une tendance similaire à 2021 chez les 11-17 ans et même une accélération chez les 18-24 ans.

Pour les idées suicidaires, la hausse en 2021 est de 121% chez les 11-17 ans et de 94% chez les 18-24 ans et ça continue de s'aggraver en 2022, avec une augmentation encore plus importante chez les jeunes adultes.

La progression des gestes suicidaires en 2021 est de 34% chez les 11-17 ans et de 12% chez les 18-24 ans et ça s'accentue encore en 2022, plus importante chez les jeunes adultes.

"L'impact est extrêmement important chez les jeunes, ça se confirme et ça s'accentue même en 2022", alors que chez les adultes, les courbes de 2018 à 2022 se superposent pour les troubles de l'humeur et les gestes suicidaires, a synthétisé le chercheur. Toutefois, une accélération apparaît en 2022 pour les passages aux urgences pour idées suicidaires chez les plus de 25 ans, une tendance qui commençait à se dessiner en 2021.

Les données du PMSI montrent que les hospitalisations pour tentative de suicide ont augmenté "de manière très forte" en 2021 par rapport aux périodes 2017-2019 et 2020 mais uniquement chez les filles de 10 à 24 ans; chez les garçons de 10-24 ans, une hausse apparaît également mais beaucoup plus faible alors qu'elles sont stables en population générale.

Il apparaît par ailleurs que le recours aux moyens violents a augmenté chez les filles, surtout des objets tranchants.

En revanche, le nombre de décès par suicide a baissé globalement dans la population et notamment chez les adolescents et adultes jusqu'à 45 ans.

Connaître le devenir des jeunes après un passage aux urgences

Dans une autre session de la Société médicopsychologique (SMP) et de la Société française de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent & disciplines associées (SFPEADA), le Dr Raphaël Gourevitch de l'hôpital Sainte-Anne (GHU Paris psychiatrie & neurosciences) a présenté les résultats d'une étude menée avec ses collègues sur les patients de 15-25 ans accueillis au centre psychiatrique d'orientation et d'accueil (CPOA) entre le 16 mars 2017 et le 15 mars 2021.

Selon les résultats, publiés dans les Annales médicopsychologiques, la proportion des 15-25 ans a augmenté, passant de 27,6% avant le Covid-19 à 29,4% "et dépassant à présent les 30%", la population s'est féminisée, passant de 48,2% à 51,8%, et les motifs de consultation pour angoisse, idées suicidaires et troubles du sommeil ont augmenté.

Mais il manque des données de suivi alors que les conséquences sont encore présentes. Une étude est en cours pour mieux caractériser le devenir des jeunes après leur passage aux urgences pour motifs psychiatriques, a ajouté le Dr Gourevitch.

Il s'agit d'une étude prospective appelée JEMMA pour laquelle le Dr Isabelle Sabbah-Lim et ses collègues ont remporté un appel d'offres. Elle va permettre de connaître, à l'aide d'autoquestionnaires remplis par les parents et les jeunes, adolescents de 10-17 ans et jeunes adultes de 18-24 ans, quels sont leur parcours de soins, leur qualité de vie et leur santé mentale sur une année après leur passage dans trois services d'urgences, et de savoir dans quel délai ils parviennent à voir un psychiatre, a-t-elle précisé.

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