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11/10 2024
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L'OCCITANIE FACE AU "DÉFI COLOSSAL" DE L'ÉVOLUTION DE L'OFFRE DE SOINS ET DE LA DÉMOGRAPHIE

(Par Maxime GRAVIER, à Albi)

ALBI, 11 octobre 2024 (APMnews) - L'Occitanie va faire face dans les années à venir à un "défi colossal" en matière d'offre de soins, nécessitant dès aujourd'hui une meilleure organisation du système de santé et un aménagement plus équilibré sur le territoire, a fait valoir jeudi le maire (PS) de Montpellier et président de la Fédération hospitalière de France (FHF) Occitanie, Michaël Delafosse.

Congrès des FHF Occitanie et Nouvelle-Aquitaine à Albi. Photo: Maxime Gravier
Congrès des FHF Occitanie et Nouvelle-Aquitaine à Albi. Photo: Maxime Gravier

S'exprimant en ouverture du congrès inter-régional FHF Occitanie et Nouvelle-Aquitaine, organisé jeudi et vendredi à Albi, Michaël Delafosse a constaté que l'Occitanie gagnait 50.000 habitants de plus chaque année. Cette région et sa voisine du Sud-Ouest vont connaître les progressions démographiques les plus fortes et seront parallèlement confrontées à un vieillissement de la population. "Nous sommes à quelques années d'un mur ou d'un précipice", a-t-il insisté.

Michaël Delafosse a ainsi énuméré les transitions -thème du congrès- auxquelles font déjà face les hôpitaux publics.

L'explosion du prix de l'énergie depuis le début de la guerre en Ukraine a contraint les hôpitaux à devenir "plus sobres en énergie et plus vertueux sur le plan environnemental", a-t-il estimé.

Cette dynamique serait par ailleurs encouragée par les aspirations des nouvelles générations de soignants, qui veulent des hôpitaux assumant leur "responsabilité environnementale" mais aussi proposant un meilleur équilibre vie professionnelle-vie personnelle, a-t-il décrit.

Une autre transition évoquée concerne les finances des hôpitaux. "On ne sait pas ce que sera la loi de financement de la sécurité sociale [LFSS]" mais "les informations sur les communautés territoriales ne sont pas bonnes", a-t-il confié.

S'il a salué la présence de la ministre de la santé et de l'accès aux soins, Geneviève Darrieussecq, attendue vendredi à Albi, Michaël Delafosse lui a néanmoins adressé un courrier pour lui faire part de ses inquiétudes.

"Il y a une asymétrie redoutable entre hôpitaux publics et hôpitaux privés. J'ai vu des équipes formidables s'user face aux procédures de marchés publics", a-t-il pointé, "cela affecte la temporalité des projets". "Il est temps que la France des procédures cesse d'étouffer la France des projets", a appuyé le maire de Montpellier.

Révision à venir du PRS

Le directeur général de l'agence régionale de santé (ARS) Occitanie, Didier Jaffre, a lui aussi reconnu que la région était "dans une logique de développement de l'offre de santé".

En outre, l'agence va ouvrir mardi 15 octobre et jusqu'au 15 décembre une consultation officielle concernant la révision du projet régional de santé (PRS). Cette révision partielle consiste notamment "à revoir le schéma régional des urgences, à la suite à la publication des décrets de décembre dernier" (cf dépêche du 02/01/2024 à 19:27), a expliqué Didier Jaffre à APMnews à la suite de son intervention.

La ligne de l'ARS est claire: "maintien de toutes les implantations" et, en revanche, "possibilité pour des services d'urgence et de Smur d'être transformés de manière temporaire en antennes, quand il n'y a pas les ressources médicales nécessaires".

Sur les 70 services d'urgence de la région, entre 10 et 20 seraient concernés, selon Didier Jaffre.

Cette révision partielle va également être l'occasion de revoir certains objectifs quantifiés de l'offre de soins (OQOS). "Je pense à la cancérologie ou aux activités de scanner, [pour lesquelles] on avait oublié des trucs, mais c'est une révision purement technique", a-t-il résumé. Là encore, pas d'implantation supprimée, "au contraire on en augmente en cancérologie", a-t-il annoncé.

Le projet du CH de Montauban devant le ministère en décembre

Au cours de son discours, Didier Jaffre a jugé que "les opérations de restructuration qu'on a pu faire par le passé ont montré leur limite. Ce qui est bon à très court terme ne l'est pas forcément à moyen ou long terme."

Pour faire face au million d'habitants supplémentaires attendus d'ici 2040 en Occitanie, il faut "se projeter" et être "volontaire" en matière d'offre de soins. "Si on ne prend pas les décisions qui s'imposent aujourd'hui, nos successeurs nous traiterons de coupables en 2040", a-t-il prévenu.

Le directeur général de l'ARS veut ainsi s'appuyer sur les schémas départementaux en santé, "pierre angulaire du PRS". Ces schémas doivent se traduire par des feuilles de route opérationnelles "ou pactes territoire-santé-autonomie". Celui de l'Aveyron a été mis en place, le prochain devrait être celui de la Lozère, a confié Didier Jaffre, avec l'objectif d'en avoir un dans chaque département.

Il a par ailleurs assuré qu'il y avait 67 opérations de financement issues du Ségur dans la région, et qu'il était "hors de question de les reporter", y compris celle concernant l'hôpital commun du Sud-Aveyron (cf dépêche du 20/12/2021 à 12:21), a-t-il relevé. Le projet de reconstruction du centre hospitalier (CH) de Montauban, évalué à 360 millions d'euros (M€), doit ainsi passer devant le Conseil national d'investissement en santé (Cnis) en décembre, a-t-il confirmé à APMnews.

Le directeur général de l'ARS a également dressé un bilan positif des dérogations accordées par l'agence, qui ont par exemple permis à plusieurs établissements d'installer des IRM ou scanners en six mois au lieu d'un délai habituel qui serait de deux ans.

Concernant les critiques sur l'évolution de l'objectif national de dépenses d'assurance maladie (Ondam) pour 2025 (+3,1% pour les établissements de santé, cf dépêche du 10/10/2024 à 20:17), "j'entends que le taux d'évolution est peut-être insuffisant mais il ne cesse de monter", a-t-il tempéré.

En conclusion, et citant Dalida, il a estimé que "les plus beaux hôpitaux ne meurent jamais, ce qui change, c'est le rythme".

"Coup d'arrêt net aux investissements et recrutements"

La déléguée générale de la FHF, Zaynab Riet, est elle aussi revenue sur l'évolution de l'Ondam hospitalier prévue pour 2025. "De ces 3,1%, il faut extraire le surcoût de l'inflation en 2023 et 2024 qui n'a pas été financé" et les mesures salariales, "ce qui fait au final un total de 0,2%", a-t-elle avancé, en reprenant des éléments partagés lors d'une récente conférence de presse (cf dépêche du 08/10/2024 à 15:51).

Cela serait synonyme de "dotations en berne et de tarifs négatifs", selon elle. "L'hôpital public ne peut pas continuer à être la variable d'ajustement de l'Ondam", a-t-elle déploré.

Pour la déléguée générale de la FHF, ces 3,1% représenteraient un "coup d'arrêt net aux investissements et aux recrutements" dans les établissements.

Zaynab Riet a par ailleurs mis en exergue que le système de santé avait besoin d'une stratégie "claire, assumée et pluriannuelle" mais aussi qu'il fallait "finaliser les travaux au niveau du grand âge".

mg/nc/APMnews

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(Par Maxime GRAVIER, à Albi)

ALBI, 11 octobre 2024 (APMnews) - L'Occitanie va faire face dans les années à venir à un "défi colossal" en matière d'offre de soins, nécessitant dès aujourd'hui une meilleure organisation du système de santé et un aménagement plus équilibré sur le territoire, a fait valoir jeudi le maire (PS) de Montpellier et président de la Fédération hospitalière de France (FHF) Occitanie, Michaël Delafosse.

Congrès des FHF Occitanie et Nouvelle-Aquitaine à Albi. Photo: Maxime Gravier
Congrès des FHF Occitanie et Nouvelle-Aquitaine à Albi. Photo: Maxime Gravier

S'exprimant en ouverture du congrès inter-régional FHF Occitanie et Nouvelle-Aquitaine, organisé jeudi et vendredi à Albi, Michaël Delafosse a constaté que l'Occitanie gagnait 50.000 habitants de plus chaque année. Cette région et sa voisine du Sud-Ouest vont connaître les progressions démographiques les plus fortes et seront parallèlement confrontées à un vieillissement de la population. "Nous sommes à quelques années d'un mur ou d'un précipice", a-t-il insisté.

Michaël Delafosse a ainsi énuméré les transitions -thème du congrès- auxquelles font déjà face les hôpitaux publics.

L'explosion du prix de l'énergie depuis le début de la guerre en Ukraine a contraint les hôpitaux à devenir "plus sobres en énergie et plus vertueux sur le plan environnemental", a-t-il estimé.

Cette dynamique serait par ailleurs encouragée par les aspirations des nouvelles générations de soignants, qui veulent des hôpitaux assumant leur "responsabilité environnementale" mais aussi proposant un meilleur équilibre vie professionnelle-vie personnelle, a-t-il décrit.

Une autre transition évoquée concerne les finances des hôpitaux. "On ne sait pas ce que sera la loi de financement de la sécurité sociale [LFSS]" mais "les informations sur les communautés territoriales ne sont pas bonnes", a-t-il confié.

S'il a salué la présence de la ministre de la santé et de l'accès aux soins, Geneviève Darrieussecq, attendue vendredi à Albi, Michaël Delafosse lui a néanmoins adressé un courrier pour lui faire part de ses inquiétudes.

"Il y a une asymétrie redoutable entre hôpitaux publics et hôpitaux privés. J'ai vu des équipes formidables s'user face aux procédures de marchés publics", a-t-il pointé, "cela affecte la temporalité des projets". "Il est temps que la France des procédures cesse d'étouffer la France des projets", a appuyé le maire de Montpellier.

Révision à venir du PRS

Le directeur général de l'agence régionale de santé (ARS) Occitanie, Didier Jaffre, a lui aussi reconnu que la région était "dans une logique de développement de l'offre de santé".

En outre, l'agence va ouvrir mardi 15 octobre et jusqu'au 15 décembre une consultation officielle concernant la révision du projet régional de santé (PRS). Cette révision partielle consiste notamment "à revoir le schéma régional des urgences, à la suite à la publication des décrets de décembre dernier" (cf dépêche du 02/01/2024 à 19:27), a expliqué Didier Jaffre à APMnews à la suite de son intervention.

La ligne de l'ARS est claire: "maintien de toutes les implantations" et, en revanche, "possibilité pour des services d'urgence et de Smur d'être transformés de manière temporaire en antennes, quand il n'y a pas les ressources médicales nécessaires".

Sur les 70 services d'urgence de la région, entre 10 et 20 seraient concernés, selon Didier Jaffre.

Cette révision partielle va également être l'occasion de revoir certains objectifs quantifiés de l'offre de soins (OQOS). "Je pense à la cancérologie ou aux activités de scanner, [pour lesquelles] on avait oublié des trucs, mais c'est une révision purement technique", a-t-il résumé. Là encore, pas d'implantation supprimée, "au contraire on en augmente en cancérologie", a-t-il annoncé.

Le projet du CH de Montauban devant le ministère en décembre

Au cours de son discours, Didier Jaffre a jugé que "les opérations de restructuration qu'on a pu faire par le passé ont montré leur limite. Ce qui est bon à très court terme ne l'est pas forcément à moyen ou long terme."

Pour faire face au million d'habitants supplémentaires attendus d'ici 2040 en Occitanie, il faut "se projeter" et être "volontaire" en matière d'offre de soins. "Si on ne prend pas les décisions qui s'imposent aujourd'hui, nos successeurs nous traiterons de coupables en 2040", a-t-il prévenu.

Le directeur général de l'ARS veut ainsi s'appuyer sur les schémas départementaux en santé, "pierre angulaire du PRS". Ces schémas doivent se traduire par des feuilles de route opérationnelles "ou pactes territoire-santé-autonomie". Celui de l'Aveyron a été mis en place, le prochain devrait être celui de la Lozère, a confié Didier Jaffre, avec l'objectif d'en avoir un dans chaque département.

Il a par ailleurs assuré qu'il y avait 67 opérations de financement issues du Ségur dans la région, et qu'il était "hors de question de les reporter", y compris celle concernant l'hôpital commun du Sud-Aveyron (cf dépêche du 20/12/2021 à 12:21), a-t-il relevé. Le projet de reconstruction du centre hospitalier (CH) de Montauban, évalué à 360 millions d'euros (M€), doit ainsi passer devant le Conseil national d'investissement en santé (Cnis) en décembre, a-t-il confirmé à APMnews.

Le directeur général de l'ARS a également dressé un bilan positif des dérogations accordées par l'agence, qui ont par exemple permis à plusieurs établissements d'installer des IRM ou scanners en six mois au lieu d'un délai habituel qui serait de deux ans.

Concernant les critiques sur l'évolution de l'objectif national de dépenses d'assurance maladie (Ondam) pour 2025 (+3,1% pour les établissements de santé, cf dépêche du 10/10/2024 à 20:17), "j'entends que le taux d'évolution est peut-être insuffisant mais il ne cesse de monter", a-t-il tempéré.

En conclusion, et citant Dalida, il a estimé que "les plus beaux hôpitaux ne meurent jamais, ce qui change, c'est le rythme".

"Coup d'arrêt net aux investissements et recrutements"

La déléguée générale de la FHF, Zaynab Riet, est elle aussi revenue sur l'évolution de l'Ondam hospitalier prévue pour 2025. "De ces 3,1%, il faut extraire le surcoût de l'inflation en 2023 et 2024 qui n'a pas été financé" et les mesures salariales, "ce qui fait au final un total de 0,2%", a-t-elle avancé, en reprenant des éléments partagés lors d'une récente conférence de presse (cf dépêche du 08/10/2024 à 15:51).

Cela serait synonyme de "dotations en berne et de tarifs négatifs", selon elle. "L'hôpital public ne peut pas continuer à être la variable d'ajustement de l'Ondam", a-t-elle déploré.

Pour la déléguée générale de la FHF, ces 3,1% représenteraient un "coup d'arrêt net aux investissements et aux recrutements" dans les établissements.

Zaynab Riet a par ailleurs mis en exergue que le système de santé avait besoin d'une stratégie "claire, assumée et pluriannuelle" mais aussi qu'il fallait "finaliser les travaux au niveau du grand âge".

mg/nc/APMnews

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