Actualités de l'Urgence - APM

24/06 2024
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L'ARS GRAND EST VEUT SE DONNER LA CAPACITÉ D'ANTICIPER LES RESSOURCES MÉDICALES NÉCESSAIRES SUR SON TERRITOIRE

(Par Geoffroy LANG)

NANCY, 24 juin 2024 (APMnews) - L'agence régionale de santé (ARS) Grand Est finance depuis début mai un projet de modélisation territorialisée des besoins en ressources médicales dans la région, a-t-on appris mercredi lors d'un échange avec le directeur de la politique médico-soignante de l'agence, le Dr Romain Hellmann.

L'agence a officiellement lancé le 7 mai le projet "Medcas", pour "métiers et démarche compétences/attractivité, dans le secteur de la santé", en partenariat avec le Centre de recherche en économie financière et gestion des entreprises (Cerifige), l'université de Lorraine et le CHU de Nancy.

Ce projet de recherche, financé par l'ARS, affiche deux objectifs lors de sa présentation: "aider à élaborer une démarche de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC) et des parcours professionnels (GEPP) pour les hôpitaux tenant compte des spécificités de l'environnement public, médical et territorial" d'une part, et d'autre part, "associer l'émergence de cette GPEC avec un objectif de montée en compétences spécifique aux managers hospitaliers".

"Il s'agit d'essayer de mobiliser les besoins à venir en ressources médicales en répondant à une question très simple, combien je dois former de médecins urgentistes, à cinq ans et à 10 ans pour répondre aux besoins", a résumé le Dr
Hellmann.

Pour réaliser cette modélisation, ces travaux se fondent sur le nombre d'effectifs actuels en urgentistes, les effectifs théoriques pour faire idéalement fonctionner les structures d'urgence, les pyramides des âges, la cinétique de l'âge des médecins, l'effet générationnel et le comportement vis-à-vis du travail des jeunes médecins, ainsi qu'une dimension managériale et organisationnelle, le tout mis en regard de la modélisation de l'évolution des besoins en soins urgents et non programmés de la population du Grand Est.

Les déterminants de l'activité des urgences hospitalières (ARS Grand Est)
Les déterminants de l'activité des urgences hospitalières (ARS Grand Est)

La première hypothèse qui devra être étudiée est "combien faudrait-il former d'internes en médecine d'urgence si on ne change rien au modèle actuel", a résumé le directeur de la politique médico-soignante.

"La deuxième étape c'était d'essayer de requestionner le nombre de médecins urgentistes à former si on injecte des organisations nouvelles", a poursuivi le Dr
Hellmann, citant notamment les infirmiers en pratique avancée (IPA) ou les unités mobiles hospitalières paramédicalisées (UMH-P).

La première étape du projet devrait aboutir en mai 2025, avec la détermination des "différentes composantes" de cette modélisation et "les éléments compréhensifs devant chaque composante, notamment sur l'effet générationnel", pour lequel sont conduits des entretiens semi-directionnels avec "de jeunes médecins ou des étudiants encore en formation, mais aussi des médecins plus âgés, des directeurs, des DRH [directeurs des ressources humaines]".

Si l'outil de modélisation est ensuite espéré sous trois ans, d'ici 2028, "comme c'est de la recherche-action, ça peut aller plus vite", espère Romain Hellmann.

"L'idée c'est de donner cet outil au coordinateur de médecine d'urgence, qui doit déterminer le nombre d'internes à former, et lui donner un peu de visibilité, avoir un chiffre ou au moins une fourchette", a-t-il ajouté.

Anticiper la mutation générationnelle du rapport au travail

Si la modélisation des besoins en soins, notamment pour les soins urgents et non programmés, est déjà étudiée "en France et surtout à l'étranger", c'est dans la modélisation des "dynamiques de comportements par génération" que réside l'intérêt majeur et innovant de ce projet, a soutenu Romain Hellmann.

"Je suis encore praticien hospitalier aux urgences, mais j'ai 48 ans, et je vois que les internes qui arrivent ne travaillent plus de la même façon que moi", a-t-il illustré. "Ce n'est pas un jugement de valeur, mais comme tout le reste de la société, ils ont des attentes, ils ont besoin de temps de vie personnelle et peut-être qu'il faudra 1,2 ou 1,3 médecin demain pour remplacer ce que fait un médecin aujourd'hui."

Le projet Medcas pourrait s'appliquer à toutes les disciplines, mais l'ARS a choisi de le lancer dans un premier temps sur les urgentistes car il s'agit d'une "discipline en tension, qui est peut-être plus exposée que d'autres à connaître ce besoin de renouvellement des générations" et parce "qu'on peut [la] modéliser plus facilement que d'autres".

"Il y a un enjeu de 'POC', de proof of concept", a complété le Dr Hellmann. "Si ça marche sur les urgences, pourquoi ne pas le faire sur d'autres disciplines."

"On est dans une démarche de transparence, pour pouvoir poser les choses, si on veut pouvoir résoudre les problèmes, il faut pouvoir les objectiver", a assuré le directeur de la politique médico-soignante de l'ARS.

Avec Medcas, l'agence espère également pouvoir "proposer une dimension d'aide à la décision avec cette modélisation" et "redonner un peu la main sur l'amélioration des organisations en fonction des résultats obtenus".

gl/ab/APMnews

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L'ARS GRAND EST VEUT SE DONNER LA CAPACITÉ D'ANTICIPER LES RESSOURCES MÉDICALES NÉCESSAIRES SUR SON TERRITOIRE

(Par Geoffroy LANG)

NANCY, 24 juin 2024 (APMnews) - L'agence régionale de santé (ARS) Grand Est finance depuis début mai un projet de modélisation territorialisée des besoins en ressources médicales dans la région, a-t-on appris mercredi lors d'un échange avec le directeur de la politique médico-soignante de l'agence, le Dr Romain Hellmann.

L'agence a officiellement lancé le 7 mai le projet "Medcas", pour "métiers et démarche compétences/attractivité, dans le secteur de la santé", en partenariat avec le Centre de recherche en économie financière et gestion des entreprises (Cerifige), l'université de Lorraine et le CHU de Nancy.

Ce projet de recherche, financé par l'ARS, affiche deux objectifs lors de sa présentation: "aider à élaborer une démarche de gestion prévisionnelle des emplois et des compétences (GPEC) et des parcours professionnels (GEPP) pour les hôpitaux tenant compte des spécificités de l'environnement public, médical et territorial" d'une part, et d'autre part, "associer l'émergence de cette GPEC avec un objectif de montée en compétences spécifique aux managers hospitaliers".

"Il s'agit d'essayer de mobiliser les besoins à venir en ressources médicales en répondant à une question très simple, combien je dois former de médecins urgentistes, à cinq ans et à 10 ans pour répondre aux besoins", a résumé le Dr
Hellmann.

Pour réaliser cette modélisation, ces travaux se fondent sur le nombre d'effectifs actuels en urgentistes, les effectifs théoriques pour faire idéalement fonctionner les structures d'urgence, les pyramides des âges, la cinétique de l'âge des médecins, l'effet générationnel et le comportement vis-à-vis du travail des jeunes médecins, ainsi qu'une dimension managériale et organisationnelle, le tout mis en regard de la modélisation de l'évolution des besoins en soins urgents et non programmés de la population du Grand Est.

Les déterminants de l'activité des urgences hospitalières (ARS Grand Est)
Les déterminants de l'activité des urgences hospitalières (ARS Grand Est)

La première hypothèse qui devra être étudiée est "combien faudrait-il former d'internes en médecine d'urgence si on ne change rien au modèle actuel", a résumé le directeur de la politique médico-soignante.

"La deuxième étape c'était d'essayer de requestionner le nombre de médecins urgentistes à former si on injecte des organisations nouvelles", a poursuivi le Dr
Hellmann, citant notamment les infirmiers en pratique avancée (IPA) ou les unités mobiles hospitalières paramédicalisées (UMH-P).

La première étape du projet devrait aboutir en mai 2025, avec la détermination des "différentes composantes" de cette modélisation et "les éléments compréhensifs devant chaque composante, notamment sur l'effet générationnel", pour lequel sont conduits des entretiens semi-directionnels avec "de jeunes médecins ou des étudiants encore en formation, mais aussi des médecins plus âgés, des directeurs, des DRH [directeurs des ressources humaines]".

Si l'outil de modélisation est ensuite espéré sous trois ans, d'ici 2028, "comme c'est de la recherche-action, ça peut aller plus vite", espère Romain Hellmann.

"L'idée c'est de donner cet outil au coordinateur de médecine d'urgence, qui doit déterminer le nombre d'internes à former, et lui donner un peu de visibilité, avoir un chiffre ou au moins une fourchette", a-t-il ajouté.

Anticiper la mutation générationnelle du rapport au travail

Si la modélisation des besoins en soins, notamment pour les soins urgents et non programmés, est déjà étudiée "en France et surtout à l'étranger", c'est dans la modélisation des "dynamiques de comportements par génération" que réside l'intérêt majeur et innovant de ce projet, a soutenu Romain Hellmann.

"Je suis encore praticien hospitalier aux urgences, mais j'ai 48 ans, et je vois que les internes qui arrivent ne travaillent plus de la même façon que moi", a-t-il illustré. "Ce n'est pas un jugement de valeur, mais comme tout le reste de la société, ils ont des attentes, ils ont besoin de temps de vie personnelle et peut-être qu'il faudra 1,2 ou 1,3 médecin demain pour remplacer ce que fait un médecin aujourd'hui."

Le projet Medcas pourrait s'appliquer à toutes les disciplines, mais l'ARS a choisi de le lancer dans un premier temps sur les urgentistes car il s'agit d'une "discipline en tension, qui est peut-être plus exposée que d'autres à connaître ce besoin de renouvellement des générations" et parce "qu'on peut [la] modéliser plus facilement que d'autres".

"Il y a un enjeu de 'POC', de proof of concept", a complété le Dr Hellmann. "Si ça marche sur les urgences, pourquoi ne pas le faire sur d'autres disciplines."

"On est dans une démarche de transparence, pour pouvoir poser les choses, si on veut pouvoir résoudre les problèmes, il faut pouvoir les objectiver", a assuré le directeur de la politique médico-soignante de l'ARS.

Avec Medcas, l'agence espère également pouvoir "proposer une dimension d'aide à la décision avec cette modélisation" et "redonner un peu la main sur l'amélioration des organisations en fonction des résultats obtenus".

gl/ab/APMnews

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