Actualités de l'Urgence - APM

JOËL LE SCOUARNEC DIT QU'IL ASSOCIAIT DES ACTES PÉDOCRIMINELS À DES GESTES MÉDICAUX POUR NE PAS ÊTRE REPÉRÉ
VANNES, 24 avril 2025 (APMnews) - L'ex-chirurgien Joël Le Scouarnec "associai[t] des gestes de nature sexuelle avec des gestes médicaux" afin d'éviter d'éveiller des soupçons au cas où il serait surpris par un collègue et ainsi de pouvoir poursuivre ses actes pédocriminels, a-t-il expliqué mardi et mercredi à la cour criminelle départementale du Morbihan.
Il est accusé de viols et d'agressions sexuelles aggravés, notamment sur des mineurs de moins de 15 ans dans le cadre de l'exercice de son ancienne profession, rappelle-t-on. Son procès a ouvert le 24 février à Vannes. Initialement, les audiences étaient prévues au moins jusqu'en juin mais in fine, le délibéré est attendu pour les 27 et 28 mai.
L'ordonnance de mise en accusation concerne 300 faits et 299 victimes, sur une période allant de 1989 à 2014 (cf dépêche du 05/02/2025 à 18:40).
Joël Le Scouarnec a dit ne se souvenir d'aucune des victimes de l'hôpital de Quimperlé (Finistère) -où il a notamment exercé de 2004 à 2007 (cf dépêche du 28/02/2025 à 12:16)- qui ont effectué une déposition au tribunal mardi et mercredi ou pour lesquels les faits ont été rapportés par Aude Buresi, présidente de la cour criminelle, les mêmes jours.
Il a pourtant reconnu à chaque fois les faits et exposé comment il avait procédé aux viols et agressions sexuelles évoqués.
Expliquant qu'il "associai[t] des gestes de nature sexuelle avec des gestes médicaux", l'ex-chirurgien a précisé qu'il ne se "laissai[t] pas aller à des phénomènes dits d'excitation" pour ne pas éveiller de soupçons.
La présidente de la cour a énoncé les faits concernant une victime âgée de 18 mois, venue en urgence à l'hôpital de Quimperlé pour un prolapsus rectal, en août 2004. Joël Le Scouarnec a reconnu avoir commis un viol avec pénétration digitale rectale sur cette petite fille.
La fiche médicale projetée au tribunal n'était pas signée par Joël Le Scouarnec et semblait avoir été rédigée par un urgentiste, ce que l'ex-chirurgien a confirmé. L'accusé a souligné qu'il s'agissait d'une pathologie peu fréquente à cet âge et a estimé qu'un urgentiste "ne sait pas forcément" qu'une pénétration digitale rectale n'est pas un geste médical pour cette affection. Cela "n'a pas dû l'alerter du tout", a-t-il poursuivi.
Pour agresser sexuellement une autre victime, un petit garçon de 7 ans atteint d'une hernie, Joël Le Couarnec a prétexté "libérer l'adhérence préputiale", selon des extraits de son carnet (cf dépêche du 16/10/2020 à 12:59) lus au tribunal.
Sur la fiche médicale réalisée aux urgences, figurent les noms d'une infirmière et d'une aide-soignante, a noté Aude Buresi, qui a demandé à l'ex-chirurgien si ces dernières étaient présentes. Ce dernier a répondu qu'il pouvait arriver que "des aides-soignantes et infirmières soient présentes", mais que ses gestes pédocriminels "étaient dissimulés".
"J'examinais la suspicion de hernie; le contact avec les testicules faisait partie de l'examen, mais pas le contact avec le sexe ni les fesses", a déclaré l'ex-chirurgien. Il a ajouté que "caresser les fesses de manière furtive" ne "se voyait pas", expliquant pouvoir justifier d'avoir "pu prendre appui sur [l]es fesses" de la victime pour réaliser l'examen.
Concernant un viol par pénétration digitale qu'il a commis lors d'un examen d'une fillette de 8 ans souffrant d'une infection urinaire en janvier 2005, l'ex-chirurgien a expliqué avoir "profité" d'une "opportunité" d'agression sous couvert de geste médical.
Il a précisé en outre en "profiter immédiatement" en salle de réveil "si l'infirmière [avait] le dos tourné ou [était] absente". Globalement, s'il avait "moins d'opportunités", il "ne prenai[t] pas de risques". Joël Le Scouarnec a redit devant la cour qu'il saisissait toutes les occasions de commettre des viols et agressions sexuelles.
Plusieurs avocats des parties civiles ont dénoncé les propos de Joël Le Scouarnec quand ce dernier a considéré qu'il fallait séparer le chirurgien du pédophile et a soutenu que l'idée de "pédophilie n'existait pas" chez lui "au moment où il avait un diagnostic à faire, une intervention à réaliser".
L'ex-chirurgien a renchéri que "jamais [s]a perversion n'a influé de quelque façon que ce soit sur le plan diagnostic, le plan opératoire".
Joël Le Scouarnec a en outre fait valoir qu'il n'avait pas choisi le métier de chirurgien pour commettre des actes de pédophilie, avançant qu'il souhaitait exercer cette profession dès l'âge de 10 ans et que sa pédophilie avait commencé au bout de quelques années d'études de médecine, "en 1984 ou 1985".
Une anesthésiste ayant travaillé avec lui a assuré n'avoir rien vu d'anormal
Auditionnée en tant que témoin, la Dr Samia Hadjem, anesthésiste âgée de 58 ans, a travaillé avec Joël Le Scouarnec au centre hospitalier (CH) de Quimperlé. Elle est restée au sein de l'établissement de 2000 à 2007.
Elle a dit ne pas savoir alors qu'il avait été condamné en novembre 2005 pour détention et recel d'images pornographiques avec mineur.
Interrogée par la présidente de la cour, elle a assuré ne pas l'avoir appris auprès des Drs Thierry Bonvalot, président de la commission médicale d'établissement (CME) et spécialisé en psychiatrie dans l'établissement, et Jean-Marc Le Gac, alors chef des urgences de l'hôpital de Quimperlé (cf dépêche du 23/04/2025 à 11:47).
Elle a découvert cette condamnation "par la presse".
Samia Hadjem a assuré qu'elle aurait alerté l'administration, le chef de service, si elle avait été au fait de cette condamnation et qu'elle aurait quoi qu'il arrive refusé d'endormir les patients.
Elle n'a pas relevé de difficulté d'ordre professionnel et Joël Le Scouarnec était dans ses souvenirs un "bon chirurgien". Elle a assuré qu'elle ne l'avait pas vu commettre d'abus durant les opérations où elle a endormi des patients.
"Si vous aviez vu Joël Le Scouarnec décalotter un patient, auriez-vous vu ça comme un acte médical?, a interrogé Aude Buresi. "Si c'était pour une appendicectomie, ça n'aurait pas été normal. J'aurais posé la question s'il décalottait. Ce geste n'est "pas logique" dans ce type d'intervention, il intervenait sur "le digestif" on devait être donc "sur l'abdomen", a-t-elle insisté.
Interrogée par la présidente de la cour, Samia Hadjem a assuré qu'elle n'avait pas la possibilité, lors d'une intervention de chirurgie digestive, de voir les zones génitales et n'aurait donc pas pu surprendre un acte pédocriminel. Elle a par ailleurs précisé que "la plupart du temps, l'anesthésiste ne reste pas durant toute l'opération".
Les professionnels de santé entendus lors de l'enquête ont reconnu qu'il était possible que Joël Le Scouarnec commette des actes pédocriminels au bloc, rappelle-t-on (cf dépêche du 03/03/2025 à 11:38).
L'anesthésiste a en outre exposé qu'elle avait logé quelque temps dans une chambre mitoyenne de celle de Joël Le Scouarnec à l'internat, tout en assurant qu'elle n'avait pas entendu de bruits particuliers, si ce n'est que l'ex-chirurgien chantait "à voix haute" des "chants bretons, des chants marins".
La présidente de la cour a exposé après son témoignage que l'ex-chirurgien se masturbait régulièrement dans sa chambre, en compagnie de poupées et en visionnant des films pédopornographiques. Joël Le Scouarnec a confirmé cela et précisé qu'il n'avait pas besoin du son en ce qui concerne les films pédopornographiques.
jyp/nc/APMnews
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VANNES, 24 avril 2025 (APMnews) - L'ex-chirurgien Joël Le Scouarnec "associai[t] des gestes de nature sexuelle avec des gestes médicaux" afin d'éviter d'éveiller des soupçons au cas où il serait surpris par un collègue et ainsi de pouvoir poursuivre ses actes pédocriminels, a-t-il expliqué mardi et mercredi à la cour criminelle départementale du Morbihan.
Il est accusé de viols et d'agressions sexuelles aggravés, notamment sur des mineurs de moins de 15 ans dans le cadre de l'exercice de son ancienne profession, rappelle-t-on. Son procès a ouvert le 24 février à Vannes. Initialement, les audiences étaient prévues au moins jusqu'en juin mais in fine, le délibéré est attendu pour les 27 et 28 mai.
L'ordonnance de mise en accusation concerne 300 faits et 299 victimes, sur une période allant de 1989 à 2014 (cf dépêche du 05/02/2025 à 18:40).
Joël Le Scouarnec a dit ne se souvenir d'aucune des victimes de l'hôpital de Quimperlé (Finistère) -où il a notamment exercé de 2004 à 2007 (cf dépêche du 28/02/2025 à 12:16)- qui ont effectué une déposition au tribunal mardi et mercredi ou pour lesquels les faits ont été rapportés par Aude Buresi, présidente de la cour criminelle, les mêmes jours.
Il a pourtant reconnu à chaque fois les faits et exposé comment il avait procédé aux viols et agressions sexuelles évoqués.
Expliquant qu'il "associai[t] des gestes de nature sexuelle avec des gestes médicaux", l'ex-chirurgien a précisé qu'il ne se "laissai[t] pas aller à des phénomènes dits d'excitation" pour ne pas éveiller de soupçons.
La présidente de la cour a énoncé les faits concernant une victime âgée de 18 mois, venue en urgence à l'hôpital de Quimperlé pour un prolapsus rectal, en août 2004. Joël Le Scouarnec a reconnu avoir commis un viol avec pénétration digitale rectale sur cette petite fille.
La fiche médicale projetée au tribunal n'était pas signée par Joël Le Scouarnec et semblait avoir été rédigée par un urgentiste, ce que l'ex-chirurgien a confirmé. L'accusé a souligné qu'il s'agissait d'une pathologie peu fréquente à cet âge et a estimé qu'un urgentiste "ne sait pas forcément" qu'une pénétration digitale rectale n'est pas un geste médical pour cette affection. Cela "n'a pas dû l'alerter du tout", a-t-il poursuivi.
Pour agresser sexuellement une autre victime, un petit garçon de 7 ans atteint d'une hernie, Joël Le Couarnec a prétexté "libérer l'adhérence préputiale", selon des extraits de son carnet (cf dépêche du 16/10/2020 à 12:59) lus au tribunal.
Sur la fiche médicale réalisée aux urgences, figurent les noms d'une infirmière et d'une aide-soignante, a noté Aude Buresi, qui a demandé à l'ex-chirurgien si ces dernières étaient présentes. Ce dernier a répondu qu'il pouvait arriver que "des aides-soignantes et infirmières soient présentes", mais que ses gestes pédocriminels "étaient dissimulés".
"J'examinais la suspicion de hernie; le contact avec les testicules faisait partie de l'examen, mais pas le contact avec le sexe ni les fesses", a déclaré l'ex-chirurgien. Il a ajouté que "caresser les fesses de manière furtive" ne "se voyait pas", expliquant pouvoir justifier d'avoir "pu prendre appui sur [l]es fesses" de la victime pour réaliser l'examen.
Concernant un viol par pénétration digitale qu'il a commis lors d'un examen d'une fillette de 8 ans souffrant d'une infection urinaire en janvier 2005, l'ex-chirurgien a expliqué avoir "profité" d'une "opportunité" d'agression sous couvert de geste médical.
Il a précisé en outre en "profiter immédiatement" en salle de réveil "si l'infirmière [avait] le dos tourné ou [était] absente". Globalement, s'il avait "moins d'opportunités", il "ne prenai[t] pas de risques". Joël Le Scouarnec a redit devant la cour qu'il saisissait toutes les occasions de commettre des viols et agressions sexuelles.
Plusieurs avocats des parties civiles ont dénoncé les propos de Joël Le Scouarnec quand ce dernier a considéré qu'il fallait séparer le chirurgien du pédophile et a soutenu que l'idée de "pédophilie n'existait pas" chez lui "au moment où il avait un diagnostic à faire, une intervention à réaliser".
L'ex-chirurgien a renchéri que "jamais [s]a perversion n'a influé de quelque façon que ce soit sur le plan diagnostic, le plan opératoire".
Joël Le Scouarnec a en outre fait valoir qu'il n'avait pas choisi le métier de chirurgien pour commettre des actes de pédophilie, avançant qu'il souhaitait exercer cette profession dès l'âge de 10 ans et que sa pédophilie avait commencé au bout de quelques années d'études de médecine, "en 1984 ou 1985".
Une anesthésiste ayant travaillé avec lui a assuré n'avoir rien vu d'anormal
Auditionnée en tant que témoin, la Dr Samia Hadjem, anesthésiste âgée de 58 ans, a travaillé avec Joël Le Scouarnec au centre hospitalier (CH) de Quimperlé. Elle est restée au sein de l'établissement de 2000 à 2007.
Elle a dit ne pas savoir alors qu'il avait été condamné en novembre 2005 pour détention et recel d'images pornographiques avec mineur.
Interrogée par la présidente de la cour, elle a assuré ne pas l'avoir appris auprès des Drs Thierry Bonvalot, président de la commission médicale d'établissement (CME) et spécialisé en psychiatrie dans l'établissement, et Jean-Marc Le Gac, alors chef des urgences de l'hôpital de Quimperlé (cf dépêche du 23/04/2025 à 11:47).
Elle a découvert cette condamnation "par la presse".
Samia Hadjem a assuré qu'elle aurait alerté l'administration, le chef de service, si elle avait été au fait de cette condamnation et qu'elle aurait quoi qu'il arrive refusé d'endormir les patients.
Elle n'a pas relevé de difficulté d'ordre professionnel et Joël Le Scouarnec était dans ses souvenirs un "bon chirurgien". Elle a assuré qu'elle ne l'avait pas vu commettre d'abus durant les opérations où elle a endormi des patients.
"Si vous aviez vu Joël Le Scouarnec décalotter un patient, auriez-vous vu ça comme un acte médical?, a interrogé Aude Buresi. "Si c'était pour une appendicectomie, ça n'aurait pas été normal. J'aurais posé la question s'il décalottait. Ce geste n'est "pas logique" dans ce type d'intervention, il intervenait sur "le digestif" on devait être donc "sur l'abdomen", a-t-elle insisté.
Interrogée par la présidente de la cour, Samia Hadjem a assuré qu'elle n'avait pas la possibilité, lors d'une intervention de chirurgie digestive, de voir les zones génitales et n'aurait donc pas pu surprendre un acte pédocriminel. Elle a par ailleurs précisé que "la plupart du temps, l'anesthésiste ne reste pas durant toute l'opération".
Les professionnels de santé entendus lors de l'enquête ont reconnu qu'il était possible que Joël Le Scouarnec commette des actes pédocriminels au bloc, rappelle-t-on (cf dépêche du 03/03/2025 à 11:38).
L'anesthésiste a en outre exposé qu'elle avait logé quelque temps dans une chambre mitoyenne de celle de Joël Le Scouarnec à l'internat, tout en assurant qu'elle n'avait pas entendu de bruits particuliers, si ce n'est que l'ex-chirurgien chantait "à voix haute" des "chants bretons, des chants marins".
La présidente de la cour a exposé après son témoignage que l'ex-chirurgien se masturbait régulièrement dans sa chambre, en compagnie de poupées et en visionnant des films pédopornographiques. Joël Le Scouarnec a confirmé cela et précisé qu'il n'avait pas besoin du son en ce qui concerne les films pédopornographiques.
jyp/nc/APMnews