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20/08 2024
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INTÉRÊT POTENTIEL DE LA NALOXONE DANS LES ARRÊTS CARDIAQUES

WASHINGTON, 20 août 2024 (APMnews) - L'antagoniste des récepteurs aux opioïdes naloxone semble avoir un intérêt dans le traitement des arrêts cardiaques extra-hospitaliers, plus particulièrement quand ceux-ci sont liés à une prise d'opioïdes mais aussi à un degré moindre dans les autres arrêts cardiaques, selon une étude rétrospective américaine publiée par JAMA Network Open.

De la naloxone est d'ores et déjà utilisée dans certains arrêts cardiaques extra-hospitaliers, principalement quand ceux-ci sont supposés être liés à une prise d'opioïde. Si l'on manque de preuve directe que cela peut avoir un effet positif, il y a un rationnel, dans la mesure où une surdose d'opioïde peut induire une hypopnée qui elle-même provoque une hypoxie induisant ensuite une réduction du débit cardiaque, une hypotension, une bradycardie et, in fine, l'arrêt cardiaque, indiquent David Dillon de l'université de Californie à Sacramento et ses collègues. Il existe aussi des données chez l'animal allant dans ce sens.

Les auteurs indiquent par ailleurs que la proportion des arrêts cardiaques qui sont associés à une surdose d'opioïde a considérablement augmenté aux Etats-Unis, passant de 1% de tous les arrêts cardiaques en 2000 à entre 7 et 14% à la fin des années 2010, et même 17,4% dans une étude à San Francisco en 2023. Cela explique que la naloxone soit déjà utilisée dans certains cas, même si les guidelines américaines, tout en proposant ce traitement, ne le recommandent pas formellement.

Dans leur étude, ils ont étudié l'effet du traitement par naloxone dans les arrêts cardiaques extra-hospitaliers, en s'intéressant à tous les arrêts cardiaques, liés ou non à un opioïde. Ils ont étudié rétrospectivement 8.195 arrêts cardiaques.

La naloxone a été administrée à 14,2% des patients. De façon logique, le choix de ce traitement était fortement associé à la supposition par les sauveteurs que la personne avait pris un opioïde, mais il a tout de même été aussi administré dans un certain nombre de cas où il n'y avait pas de prise de drogue.

Dans une analyse globale -toutes causes d'arrêt cardiaque confondues-, le taux de retour d'une circulation spontanée était de 34,5% après administration de la naloxone, comparé à 22,9% sans naloxone. Le taux de survie jusqu'à la sortie de l'hôpital était respectivement de 15,9% et 9,7%.

Des analyses en fonction des causes montrent que chez les patients dont l'arrêt cardiaque était à une prise d'opioïde, la naloxone était fortement associée aux chances de survie jusqu'à la sortie de l'hôpital, avec un odds ratio (OR, mesure approchant le risque relatif) de 2,48.

Mais même chez les personnes dont l'arrêt cardiaque n'était a priori pas lié à un opioïde, il semblait y avoir aussi un bénéfice, avec un OR de 1,35, moins élevé mais statistiquement significatif.

Dans ce cas, le mécanisme physiologique n'est pas clair. Mais les auteurs rappellent que dans des essais dans une situation différente, chez les patients ayant un choc, il a été montré que la naloxone pouvait augmenter la pression artérielle en contrant l'effet des opioïdes endogènes, avancent les chercheurs.

Ces résultats observationnels ouvrent une nouvelle piste pour le traitement de l'arrêt cardiaque et des études prospectives sont nécessaires, concluent-ils.

(JAMA Network Open, publication en ligne du 20 août)

fb/ab/APMnews

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WASHINGTON, 20 août 2024 (APMnews) - L'antagoniste des récepteurs aux opioïdes naloxone semble avoir un intérêt dans le traitement des arrêts cardiaques extra-hospitaliers, plus particulièrement quand ceux-ci sont liés à une prise d'opioïdes mais aussi à un degré moindre dans les autres arrêts cardiaques, selon une étude rétrospective américaine publiée par JAMA Network Open.

De la naloxone est d'ores et déjà utilisée dans certains arrêts cardiaques extra-hospitaliers, principalement quand ceux-ci sont supposés être liés à une prise d'opioïde. Si l'on manque de preuve directe que cela peut avoir un effet positif, il y a un rationnel, dans la mesure où une surdose d'opioïde peut induire une hypopnée qui elle-même provoque une hypoxie induisant ensuite une réduction du débit cardiaque, une hypotension, une bradycardie et, in fine, l'arrêt cardiaque, indiquent David Dillon de l'université de Californie à Sacramento et ses collègues. Il existe aussi des données chez l'animal allant dans ce sens.

Les auteurs indiquent par ailleurs que la proportion des arrêts cardiaques qui sont associés à une surdose d'opioïde a considérablement augmenté aux Etats-Unis, passant de 1% de tous les arrêts cardiaques en 2000 à entre 7 et 14% à la fin des années 2010, et même 17,4% dans une étude à San Francisco en 2023. Cela explique que la naloxone soit déjà utilisée dans certains cas, même si les guidelines américaines, tout en proposant ce traitement, ne le recommandent pas formellement.

Dans leur étude, ils ont étudié l'effet du traitement par naloxone dans les arrêts cardiaques extra-hospitaliers, en s'intéressant à tous les arrêts cardiaques, liés ou non à un opioïde. Ils ont étudié rétrospectivement 8.195 arrêts cardiaques.

La naloxone a été administrée à 14,2% des patients. De façon logique, le choix de ce traitement était fortement associé à la supposition par les sauveteurs que la personne avait pris un opioïde, mais il a tout de même été aussi administré dans un certain nombre de cas où il n'y avait pas de prise de drogue.

Dans une analyse globale -toutes causes d'arrêt cardiaque confondues-, le taux de retour d'une circulation spontanée était de 34,5% après administration de la naloxone, comparé à 22,9% sans naloxone. Le taux de survie jusqu'à la sortie de l'hôpital était respectivement de 15,9% et 9,7%.

Des analyses en fonction des causes montrent que chez les patients dont l'arrêt cardiaque était à une prise d'opioïde, la naloxone était fortement associée aux chances de survie jusqu'à la sortie de l'hôpital, avec un odds ratio (OR, mesure approchant le risque relatif) de 2,48.

Mais même chez les personnes dont l'arrêt cardiaque n'était a priori pas lié à un opioïde, il semblait y avoir aussi un bénéfice, avec un OR de 1,35, moins élevé mais statistiquement significatif.

Dans ce cas, le mécanisme physiologique n'est pas clair. Mais les auteurs rappellent que dans des essais dans une situation différente, chez les patients ayant un choc, il a été montré que la naloxone pouvait augmenter la pression artérielle en contrant l'effet des opioïdes endogènes, avancent les chercheurs.

Ces résultats observationnels ouvrent une nouvelle piste pour le traitement de l'arrêt cardiaque et des études prospectives sont nécessaires, concluent-ils.

(JAMA Network Open, publication en ligne du 20 août)

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