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08/03 2021
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HÉPATITES VIRALES: EN AFRIQUE, SEULS 1% DES MALADES ONT ACCÈS AUX ANTIVIRAUX

PARIS, 8 mars 2021 (APMnews) - En Afrique, où il est estimé que les hépatites B et C causent environ 250.000 décès chaque année, seuls 1% des patients chroniquement infectés par les virus de l'hépatite C et B sont traités avec des antiviraux, a-t-il été rapporté lundi lors d'une conférence de presse d'ouverture de la Paris Hepatology Conference.

La conférence qui se tient en format 100% digital de lundi à mercredi consacre cette année une matinée à la prise en charge des hépatites sur le continent africain.

Le Pr Roger Sombié du CHU Yalgado Ouédraogo à Ouagadougou a décrit la situation en s'appuyant notamment sur une enquête conduite dans 16 pays africains: Algérie, Bénin, Burkina Faso, Burundi, Cameroun, Congo, Cote d'Ivoire, Gabon, Mali, Maroc, Mauritanie, Niger, République démocratique du Congo, Sénégal, Tchad et Tunisie.

Il a rappelé que la mortalité des hépatites B et C en Afrique, estimée à 250.000 décès par an par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), était majoritairement due à l'infection chronique par le virus de l'hépatite B (VHB).

La prévalence de l'infection chronique par le VHB est particulièrement importante et dépasse les 8% dans certains pays d'Afrique de l'Ouest ainsi qu'en Centrafrique, au Soudan, en Angola, en Namibie au Mozambique et au Zimbabwe.

L'accès aux tests diagnostiques est très "faible" parce que leur coût est à la charge des usagers et de fait, seule une minorité des personnes infectées est dépistée.

S'agissant des traitements de l'hépatite B, ténofovir et entécavir, il n'y a pratiquement que le ténofovir qui est accessible en Afrique. Le prix du générique est très variable d'un pays à l'autre, avec un traitement mensuel dont le coût varie entre 3 € au Cameroun et 235 € au Gabon.

Le générique de l'entécavir n'est que peu accessible. Il est disponible au Maroc, en Algérie et au Gabon. De fait, dans de nombreux pays, il n'existe pas d'alternative au ténofovir dont le coût reste à la charge des patients à l'exception du Gabon.

Au total, moins de 1% des patients chroniquement infectés par l'hépatite B ont accès à un antiviral.

Le ténofovir, qui est accessible dans certains pays à un coût réduit pour traiter le VIH, ne l'est pas pour le VHB ce qui conduit de nombreux médecins à déclarer leurs patients infectés par le VIH.

La prévalence de l'hépatite C est très hétérogène dans les pays ayant participé à l'enquête du Pr Sombié : elle est comprise entre 8% au Burundi et moins de 1% en Tunisie. Elle est estimée à 5,6% au Cameroun, à 3,6% au Burkina Faso, à 4% au Congo et entre 2% et 4% au Mali.

Les antiviraux d'action directe sur le VHC ne sont accessibles qu'à environ 1% des patients. C'est l'association sofosbuvir + velpatasvir (Epclusa*, Gilead) qui est la plus disponible, après sofosbuvir (Sovaldi*, Gilead) + daclatasvir (Daklinza*, Bristol-Myers Squibb), puis sofosbuvir + lédipasvir (Harvoni*, Gilead).

Dans la plupart des pays, le coût d'une cure est à la charge des patients. Il oscille entre 405 € au Burkina Faso et 3.600 € au Gabon. Si le prix de ces traitements a chuté, ils restent hors de portée pour une majorité des pays africains, a commenté le Pr Sombié.

Sur les 16 pays pris en compte dans cette enquête, 11 ont un programme national de lutte contre les hépatites, qui est financé dans seulement 7 pays.

La vaccination contre l'hépatite B reste à la charge des pays africains. Le dépistage des femmes enceintes n'est pas systématique et la vaccination des nouveau-nés de mères infectés dans les 24 heures suivant la naissance reste peu appliquée.

L'OMS a élaboré un plan visant à éliminer les hépatites B et C d'ici 2030, mais le Fonds mondial ne finance pas actuellement la lutte contre les hépatites virales. Or actuellement, si la mortalité associée à la tuberculose et au VIH marque le pas, celle due aux hépatites virales progresse.

vib/ld/APMnews

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HÉPATITES VIRALES: EN AFRIQUE, SEULS 1% DES MALADES ONT ACCÈS AUX ANTIVIRAUX

PARIS, 8 mars 2021 (APMnews) - En Afrique, où il est estimé que les hépatites B et C causent environ 250.000 décès chaque année, seuls 1% des patients chroniquement infectés par les virus de l'hépatite C et B sont traités avec des antiviraux, a-t-il été rapporté lundi lors d'une conférence de presse d'ouverture de la Paris Hepatology Conference.

La conférence qui se tient en format 100% digital de lundi à mercredi consacre cette année une matinée à la prise en charge des hépatites sur le continent africain.

Le Pr Roger Sombié du CHU Yalgado Ouédraogo à Ouagadougou a décrit la situation en s'appuyant notamment sur une enquête conduite dans 16 pays africains: Algérie, Bénin, Burkina Faso, Burundi, Cameroun, Congo, Cote d'Ivoire, Gabon, Mali, Maroc, Mauritanie, Niger, République démocratique du Congo, Sénégal, Tchad et Tunisie.

Il a rappelé que la mortalité des hépatites B et C en Afrique, estimée à 250.000 décès par an par l'Organisation mondiale de la santé (OMS), était majoritairement due à l'infection chronique par le virus de l'hépatite B (VHB).

La prévalence de l'infection chronique par le VHB est particulièrement importante et dépasse les 8% dans certains pays d'Afrique de l'Ouest ainsi qu'en Centrafrique, au Soudan, en Angola, en Namibie au Mozambique et au Zimbabwe.

L'accès aux tests diagnostiques est très "faible" parce que leur coût est à la charge des usagers et de fait, seule une minorité des personnes infectées est dépistée.

S'agissant des traitements de l'hépatite B, ténofovir et entécavir, il n'y a pratiquement que le ténofovir qui est accessible en Afrique. Le prix du générique est très variable d'un pays à l'autre, avec un traitement mensuel dont le coût varie entre 3 € au Cameroun et 235 € au Gabon.

Le générique de l'entécavir n'est que peu accessible. Il est disponible au Maroc, en Algérie et au Gabon. De fait, dans de nombreux pays, il n'existe pas d'alternative au ténofovir dont le coût reste à la charge des patients à l'exception du Gabon.

Au total, moins de 1% des patients chroniquement infectés par l'hépatite B ont accès à un antiviral.

Le ténofovir, qui est accessible dans certains pays à un coût réduit pour traiter le VIH, ne l'est pas pour le VHB ce qui conduit de nombreux médecins à déclarer leurs patients infectés par le VIH.

La prévalence de l'hépatite C est très hétérogène dans les pays ayant participé à l'enquête du Pr Sombié : elle est comprise entre 8% au Burundi et moins de 1% en Tunisie. Elle est estimée à 5,6% au Cameroun, à 3,6% au Burkina Faso, à 4% au Congo et entre 2% et 4% au Mali.

Les antiviraux d'action directe sur le VHC ne sont accessibles qu'à environ 1% des patients. C'est l'association sofosbuvir + velpatasvir (Epclusa*, Gilead) qui est la plus disponible, après sofosbuvir (Sovaldi*, Gilead) + daclatasvir (Daklinza*, Bristol-Myers Squibb), puis sofosbuvir + lédipasvir (Harvoni*, Gilead).

Dans la plupart des pays, le coût d'une cure est à la charge des patients. Il oscille entre 405 € au Burkina Faso et 3.600 € au Gabon. Si le prix de ces traitements a chuté, ils restent hors de portée pour une majorité des pays africains, a commenté le Pr Sombié.

Sur les 16 pays pris en compte dans cette enquête, 11 ont un programme national de lutte contre les hépatites, qui est financé dans seulement 7 pays.

La vaccination contre l'hépatite B reste à la charge des pays africains. Le dépistage des femmes enceintes n'est pas systématique et la vaccination des nouveau-nés de mères infectés dans les 24 heures suivant la naissance reste peu appliquée.

L'OMS a élaboré un plan visant à éliminer les hépatites B et C d'ici 2030, mais le Fonds mondial ne finance pas actuellement la lutte contre les hépatites virales. Or actuellement, si la mortalité associée à la tuberculose et au VIH marque le pas, celle due aux hépatites virales progresse.

vib/ld/APMnews

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