Actualités de l'Urgence - APM
EPIDÉMIE DE GRIPPE: "UNE CENTAINE DE PLANS BLANCS" DÉCLENCHÉS PAR LES HÔPITAUX (YANNICK NEUDER)
PARIS, 10 janvier 2025 (APMnews) - "Une centaine de plans blancs" ont été déclenchés par les hôpitaux pour faire face à l'épidémie de grippe, a déclaré vendredi Yannick Neuder, le ministre chargé de la santé et de l'accès aux soins, à l'occasion d'une visite à l'hôpital Cochin (AP-HP).
Alors que l'épidémie de grippe met en tension les établissements de santé dans la plupart des régions (cf dépêche du 09/01/2025 à 18:49, dépêche du 08/01/2025 à 19:10 et dépêche du 10/01/2025 à 19:37), le ministre chargé de la santé et de l'accès aux soins, Yannick Neuder, s'est rendu vendredi matin à l'hôpital Cochin (Paris XIVe), où il a visité l'unité d'hébergement de courte de durée (UHCD) et échangé avec plusieurs membres de l'équipe médicale et soignante (cf dépêche du 10/01/2025 à 18:19).
Vendredi, "une centaine de plans blancs" étaient activés par les hôpitaux, a précisé le ministre. "Par rapport à 3.000 établissements de soins, et à peu près 700 qui accueillent des urgences, c'est toujours une centaine de trop, mais c'est une façon de pouvoir s'organiser, de prendre en charge tous les patients."
"Je constate ici [à l'hôpital Cochin] que l'équipe médicale, paramédicale, autour de sa direction, est très réactive, en [ouvrant] des lits supplémentaires, en transformant un hôpital de semaine en hôpital complet pour accueillir plus, avec surtout une grande mobilisation des soignants pour organiser au mieux la sortie des patients, en mobilisant tout le monde, les élus locaux, avec les acteurs de l'hospitalisation à domicile, avec les gériatres", a-t-il décrit.
Le ministre a fait observer que "les régions ne sont pas toutes touchées au même moment" par l'épidémie de grippe, l'Ile-de-France ayant eu "15 jours d'avance par rapport à la grippe sur le territoire national".
"Donc on laisse à la main des ARS [agences régionales de santé], des directeurs d'établissement et des équipes médicales et paramédicales des établissements [le soin] de s'organiser à l'échelon du territoire et de ventiler eux-mêmes leur capacitaire pour pouvoir accueillir tous les patients."
Interrogée, l'Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP) a précisé qu'elle n'avait pas "déclenché de plan blanc à ce jour".
"L'épidémie de grippe, dont les indicateurs sont très supérieurs à 2023 et proches de 2022 sur la même période, impacte fortement les hôpitaux de l'AP-HP en particulier depuis le 29 décembre dernier, dans un contexte de couverture vaccinale très faible (autour de 30% de la population cible selon SPF)", a-t-on précisé au CHU francilien.
L'activité au sein des services d'urgence des hôpitaux de l'AP-HP "est très soutenue avec 2.400 à 2.600 passages/jour". Le CHU "assure un suivi quotidien du nombre de patients nécessitant une hospitalisation depuis les urgences et monitore les délais moyens de prise en charge avec des délais qui restent néanmoins stables sur le mois de décembre grâce à la mobilisation, en particulier, des urgentistes et globalement de tous les professionnels de santé", relève-t-il.
Les recrutements effectués ces derniers mois "nous ont permis d'avoir un capacitaire supplémentaire de 300 lits en médecine, chirurgie, obstétrique (MCO) mobilisables par rapport à 2024 à la même période. Et au-delà de ce capacitaire supplémentaire, nous avons également pu utiliser nos lits de soins médicaux et de réadaptation (SMR) pour répondre à la demande accrue d'hospitalisation".
L'AP-HP ajoute qu'un plan d'action de réponse aux tensions hivernales avait été anticipé dès l'été 2024 et a été activé début novembre 2024 avec une mobilisation graduée des moyens à mettre en place en fonction de l'évolution de la situation. Le "niveau maximal de ce plan a été atteint en ce début de semaine", sans donc nécessiter de plan blanc.
"Pas de plan blanc" en Ile-de-France
Contactée, l'ARS Ile-de-France a précisé qu'il n'y avait pas de "plan blanc activé" dans la région "jusqu'ici". Du fait que l'épidémie ait touché plus tôt Ile-de-France et des congés de fin d'année, les difficultés ont été le plus importantes "la semaine dernière" (semaine du 30 décembre au 5 janvier), a expliqué à APMnews Sophie Martinon, directrice générale adjointe de l'ARS, en marge du déplacement ministériel à Cochin, évoquant notamment des délestages.
"La semaine dernière, les passages aux urgences ont été légèrement supérieurs aux chiffres de l'année dernière à la même période (+3%)", a détaillé l'agence. "En outre, les hospitalisations suite à un passage aux urgences ont augmenté de 10% par rapport à l'an dernier (et de 14% par rapport à la semaine précédente)."
S'il "reste cette semaine une tension sur le nombre de lits d'aval dans les établissements franciliens", le retour des congés a permis la réouverture de lits "depuis le lundi 6 janvier".
Des plans "hôpital en tension" ont été déclenchés dans plusieurs hôpitaux, a précisé l'ARS. Elle liste huit établissements de santé qui ont activé "leur plan de mobilisation interne (niveau 1)": l'AP-HP, le CH intercommunal de Villeneuve Saint-Georges (Val-de-Marne), l'hôpital Saint-Camille (Val-de-Marne), le CH de Gonesse (Val-d'Oise), le CH d'Eaubonne (Val-d'Oise), le CH de Meulan-les-Mureaux (Yvelines), le Grand hôpital de l'Est Parisien (Ghef) de Meaux (Seine-et-Marne) et les établissements de Paris-Saclay et Longjumeau (Essonne).
"Nous avons mis en œuvre depuis hier [jeudi] un 'plan blanc restreint' sur nos différents SAU [services des urgences], visant à renforcer par les personnels de certaines unités ambulatoires, les unités d'hospitalisation, sans déprogrammations", a expliqué Cécric Lussiez, directeur du Groupe hospitalier Nord Essonne, dont fait partie l'hôpital de Longjumeau. "L'objectif est d'ouvrir une dizaine de lits de médecine supplémentaires, en sus des huit lits déjà ouverts il y a deux mois dans le cadre des renforts hivernaux."
Interrogé sur le décès d'une patiente qui aurait passé plusieurs heures sur un brancard aux urgences de Longjumeau, tel que rapporté par certains médias, Cédric Lussiez a répondu que "rien dans le déroulé des faits ne suggère des liens avec la forte activité dans les SAU, puisqu'une place de réanimation était réservée, avec autopsie judiciaire pour déterminer les causes du décès".
"Nous allons bien entendu organiser un Retex, au vu de la gravité des faits, mais aussi de l'émotion des soignants présents avec moi le soir où les faits se sont déroulés", a-t-il ajouté. Une enquête judiciaire concernant ce décès a été ouverte par le procureur.
"Les services des urgences des trois hôpitaux publics des Yvelines Nord connaissent des tensions à l'image de celles des autres services des urgences en France depuis la deuxième semaine des congés scolaires" et sont tous en niveau 1, a-t-on rapporté au CHI de Poissy/Saint-Germain-en-Laye (Yvelines).
"Des cellules de crise ont été mobilisées par établissement pour accélérer les sorties d'hospitalisation afin de prendre en charge dès que possible les patients présents aux urgences et actuellement en attente d'hospitalisation." Il s'agit aussi de faire en sorte que "des services d'hospitalisation prennent en charge des patients supplémentaires dans des lits en tension afin d'assurer à ces patients des conditions d'accueil de qualité et sécurisées".
"La question majeure reste la disponibilité en lits d'hospitalisation en nombre suffisant", souligne-t-on au CHI.
Au Grand hôpital de l'Est francilien (Ghef, Meaux, Marne-La-Vallée/Jossigny, Coulommiers, Jouarre -Seine-et-Marne), le plan hôpital en tension a été déclenché le 30 décembre 2024 et l'établissement s'est mobilisé pour faire sortir plus vite les patients afin de libérer des lits et pouvoir prendre en charge les patients aux urgences, a expliqué vendredi à APMnews son directeur, Jérôme Goeminne.
Pendant une journée, la direction a demandé de faire quelques déprogrammations mais il y en a finalement eu très peu, peut-être six ou sept. La situation commence à s'améliorer, notamment car depuis lundi des lits ont été rouverts en raison du retour de professionnels de congés.
Les Hôpitaux Confluence (centres hospitaliers intercommunaux de Créteil -Chic- et de Villeneuve-Saint-Georges -Chiv-, Val-de-Marne) ont indiqué vendredi avoir "à ce stade déclenché le plan de mobilisation interne dans le cadre du plan hôpital en tension, ce qui passe notamment par l'ouverture de lits supplémentaires en médecine et par des renforts importants en personnels".
Interrogé par APMnews, la direction de l'Hôpital Foch a indiqué ne pas avoir déclenché de plan blanc mais que l'établissement était confronté à un afflux de patients aux urgences, avec notamment 172 passages par jour, soit 40 à 60 de plus qu'habituellement.
De nouveaux plans blancs en Occitanie et dans le Grand Est
En Occitanie, le CHU de Toulouse a annoncé jeudi avoir déclenché son plan blanc. La décision a été prise en raison d'une hausse de l'activité au sein des urgences adultes, de l'ordre de 15% par rapport à début 2024, et en lien avec l'épidémie de grippe hivernale, a expliqué la direction, jointe vendredi.
"Cette recrudescence des pathologies respiratoires impacte particulièrement les patients âgés", a ajouté l'établissement.
Le CH de Montauban a également activé son plan blanc à cause d'une activité "très élevée aux urgences en raison des épidémies hivernales", a-t-il fait savoir vendredi dans un communiqué.
Le déclenchement du plan blanc permet au CH de rouvrir des lits supplémentaires, de mettre en place une cellule de crise et d'adapter son organisation interne.
Contactée vendredi, la direction a précisé que la réouverture de cinq lits avait été actée.
Au sein de ces deux établissements occitans, aucune déprogrammation n'a encore été actée.
Dans le Grand Est, la directrice générale de l'ARS, Christelle Ratignier-Carbonneil, a expliqué vendredi dans une conférence de presse que l'épidémie de grippe s'installait dans la région et avait un "impact fort" sur les hôpitaux.
La diffusion du virus est notamment en hausse dans les Ardennes, en Haute-Marne, dans la Marne et dans la Meuse. "Elle est stable dans les autres départements", a ajouté la directrice générale.
Durant la première semaine de janvier, le nombre de passages aux urgences pour des symptômes grippaux était ainsi au plus haut depuis 10 ans, a-t-elle fait savoir. Les hospitalisations concernent en particulier les plus de 65 ans, notamment en raison d'une vaccination insuffisante.
Le pic de l'épidémie n'a pas encore été atteint, selon l'ARS. "Il est complexe de prévoir quand on l'atteindra, mais ce n'est pas demain", a souligné Christelle Ratignier-Carbonneil.
Depuis jeudi, un nouvel établissement de la région a activé son plan blanc: il s'agit du CH de Saint-Avold (Groupe SOS), en Moselle. C'est le huitième établissement à avoir pris cette mesure dans la région, tandis que 20 autres ont déclenché le plan hôpital en tension.
Par ailleurs, quatre hôpitaux ont mis en place une régulation de l'accès aux urgences: le CHR de Metz-Thionville, le CH d'Epinal, le CHU de Reims et le CH de Troyes.
Pour lutter contre l'épidémie, l'ARS a mis en place une cellule territoriale quotidienne afin de faciliter la mobilisation des ressources humaines mais aussi de l'oxygène, au sein des urgences, dans les Ehpad ou à domicile.
Un plan blanc départemental en Ille-et-Vilaine
En Bretagne où le CHU de Rennes est en plan blanc depuis mercredi (cf dépêche du 08/01/2025 à 19:10), l'ARS a demandé à tous les établissements de santé publics et privés d'Ille-et-Vilaine (le centre hospitalier -CH- de Dinan, dans les Côtes-d'Armor, est également concerné) d'activer leur plan blanc dès jeudi, étant donné les difficultés des établissements de santé brétilliens.
L'accès aux services d'urgence du CHU de Rennes et des hôpitaux privés rennais de Cesson-Sévigné et de Saint-Grégoire (Vivalto Santé) reste régulé le soir et la nuit jusqu'au 20 janvier.
Le nombre de plans blancs déclenchés en Bretagne est passé de six jeudi -les CH de Pontivy, Vannes, Ploërmel et Fougères, le CHU de Rennes et le groupement hospitalier Rance Emeraude (Saint-Malo, Dinan)- à 27, a indiqué l'ARS vendredi à APMnews. En fin de journée, le CH de Saint-Brieuc (Côtes-d'Armor) l'a lui aussi déclenché.
De la régulation nocturne en Pays de la Loire et des plans blancs
Jeudi matin, l'ARS Pays de la Loire recensait six établissements concernés par des plans blancs. Vendredi, elle en comptait quatre supplémentaires, parmi lesquels le CH de Châteaubriant-Nozay-Pouancé et le CH Loire Vendée Océan.
A partir de lundi, l'ensemble des établissements de santé de Loire-Atlantique vont mettre en place un accès de nuit aux urgences régulé par le 15 la nuit de 20h à 8h le matin, a annoncé Benoît James, directeur de cabinet de l'ARS Pays de la Loire au cours d'une conférence de presse vendredi.
Les cinq établissements porteurs de services d'urgence sont le CHU de Nantes, l'Hôpital privé du Confluent à Nantes (Vivalto Santé), le centre hospitalier (CH) de Châteaubriant-Nozay-Pouancé, le CH de Saint-Nazaire et le CH Erdre-et-Loire à Ancenis.
Cette régulation durera six semaines du lundi 13 janvier au lundi 24 février. Elle pourra être reconduite "pour une période de trois mois", a précisé l'ARS.
L'ARS fait état de déprogrammations de "certains actes médicaux, jugés possibles par les médecins", ainsi que d'un rappel de personnels soignants.
L'ARS et les cinq établissements estiment que pour environ 10% des patients se présentant aux urgences la nuit, leur état de santé ne relève pas de la médecine d'urgence. "Seuls les patients ne nécessitant pas de prise en charge relevant d'une urgence médicale seront réorientés vers la médecine de ville", indiquent-ils.
Ils expliquent porter une "attention particulière" aux personnes vulnérables, en citant les patients souffrant de troubles psychiatriques, les patients ne parlant pas français ou avec un trouble cognitif manifeste, les patients mineurs sans accompagnant majeur, et les patients "en situation de précarité et qui ont un problème médical".
"On est là sur une organisation qui vise à répondre à la situation sanitaire. Je peux ajouter qu'il y a un souhait du métier et des professionnels des services d'urgences à ce que cette organisation puisse s'inscrire sur le long terme", a déclaré Joël Jenvrin, directeur médical du Samu 44.
"Cette première étape va nous permettre de faire face à la crise, et doit nous donner une première expérience pour que les patients des urgences puissent bénéficier d'un premier avis préalable avant leur arrivée aux urgences."
L'ARS précise que plusieurs autres établissements de santé en Sarthe, en Vendée et en Mayenne, ont également mis en place des dispositifs de régulation d'accès aux urgences, en raison du contexte sanitaire.
mlb-cb-sl-mg/ab/APMnews
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EPIDÉMIE DE GRIPPE: "UNE CENTAINE DE PLANS BLANCS" DÉCLENCHÉS PAR LES HÔPITAUX (YANNICK NEUDER)
PARIS, 10 janvier 2025 (APMnews) - "Une centaine de plans blancs" ont été déclenchés par les hôpitaux pour faire face à l'épidémie de grippe, a déclaré vendredi Yannick Neuder, le ministre chargé de la santé et de l'accès aux soins, à l'occasion d'une visite à l'hôpital Cochin (AP-HP).
Alors que l'épidémie de grippe met en tension les établissements de santé dans la plupart des régions (cf dépêche du 09/01/2025 à 18:49, dépêche du 08/01/2025 à 19:10 et dépêche du 10/01/2025 à 19:37), le ministre chargé de la santé et de l'accès aux soins, Yannick Neuder, s'est rendu vendredi matin à l'hôpital Cochin (Paris XIVe), où il a visité l'unité d'hébergement de courte de durée (UHCD) et échangé avec plusieurs membres de l'équipe médicale et soignante (cf dépêche du 10/01/2025 à 18:19).
Vendredi, "une centaine de plans blancs" étaient activés par les hôpitaux, a précisé le ministre. "Par rapport à 3.000 établissements de soins, et à peu près 700 qui accueillent des urgences, c'est toujours une centaine de trop, mais c'est une façon de pouvoir s'organiser, de prendre en charge tous les patients."
"Je constate ici [à l'hôpital Cochin] que l'équipe médicale, paramédicale, autour de sa direction, est très réactive, en [ouvrant] des lits supplémentaires, en transformant un hôpital de semaine en hôpital complet pour accueillir plus, avec surtout une grande mobilisation des soignants pour organiser au mieux la sortie des patients, en mobilisant tout le monde, les élus locaux, avec les acteurs de l'hospitalisation à domicile, avec les gériatres", a-t-il décrit.
Le ministre a fait observer que "les régions ne sont pas toutes touchées au même moment" par l'épidémie de grippe, l'Ile-de-France ayant eu "15 jours d'avance par rapport à la grippe sur le territoire national".
"Donc on laisse à la main des ARS [agences régionales de santé], des directeurs d'établissement et des équipes médicales et paramédicales des établissements [le soin] de s'organiser à l'échelon du territoire et de ventiler eux-mêmes leur capacitaire pour pouvoir accueillir tous les patients."
Interrogée, l'Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP) a précisé qu'elle n'avait pas "déclenché de plan blanc à ce jour".
"L'épidémie de grippe, dont les indicateurs sont très supérieurs à 2023 et proches de 2022 sur la même période, impacte fortement les hôpitaux de l'AP-HP en particulier depuis le 29 décembre dernier, dans un contexte de couverture vaccinale très faible (autour de 30% de la population cible selon SPF)", a-t-on précisé au CHU francilien.
L'activité au sein des services d'urgence des hôpitaux de l'AP-HP "est très soutenue avec 2.400 à 2.600 passages/jour". Le CHU "assure un suivi quotidien du nombre de patients nécessitant une hospitalisation depuis les urgences et monitore les délais moyens de prise en charge avec des délais qui restent néanmoins stables sur le mois de décembre grâce à la mobilisation, en particulier, des urgentistes et globalement de tous les professionnels de santé", relève-t-il.
Les recrutements effectués ces derniers mois "nous ont permis d'avoir un capacitaire supplémentaire de 300 lits en médecine, chirurgie, obstétrique (MCO) mobilisables par rapport à 2024 à la même période. Et au-delà de ce capacitaire supplémentaire, nous avons également pu utiliser nos lits de soins médicaux et de réadaptation (SMR) pour répondre à la demande accrue d'hospitalisation".
L'AP-HP ajoute qu'un plan d'action de réponse aux tensions hivernales avait été anticipé dès l'été 2024 et a été activé début novembre 2024 avec une mobilisation graduée des moyens à mettre en place en fonction de l'évolution de la situation. Le "niveau maximal de ce plan a été atteint en ce début de semaine", sans donc nécessiter de plan blanc.
"Pas de plan blanc" en Ile-de-France
Contactée, l'ARS Ile-de-France a précisé qu'il n'y avait pas de "plan blanc activé" dans la région "jusqu'ici". Du fait que l'épidémie ait touché plus tôt Ile-de-France et des congés de fin d'année, les difficultés ont été le plus importantes "la semaine dernière" (semaine du 30 décembre au 5 janvier), a expliqué à APMnews Sophie Martinon, directrice générale adjointe de l'ARS, en marge du déplacement ministériel à Cochin, évoquant notamment des délestages.
"La semaine dernière, les passages aux urgences ont été légèrement supérieurs aux chiffres de l'année dernière à la même période (+3%)", a détaillé l'agence. "En outre, les hospitalisations suite à un passage aux urgences ont augmenté de 10% par rapport à l'an dernier (et de 14% par rapport à la semaine précédente)."
S'il "reste cette semaine une tension sur le nombre de lits d'aval dans les établissements franciliens", le retour des congés a permis la réouverture de lits "depuis le lundi 6 janvier".
Des plans "hôpital en tension" ont été déclenchés dans plusieurs hôpitaux, a précisé l'ARS. Elle liste huit établissements de santé qui ont activé "leur plan de mobilisation interne (niveau 1)": l'AP-HP, le CH intercommunal de Villeneuve Saint-Georges (Val-de-Marne), l'hôpital Saint-Camille (Val-de-Marne), le CH de Gonesse (Val-d'Oise), le CH d'Eaubonne (Val-d'Oise), le CH de Meulan-les-Mureaux (Yvelines), le Grand hôpital de l'Est Parisien (Ghef) de Meaux (Seine-et-Marne) et les établissements de Paris-Saclay et Longjumeau (Essonne).
"Nous avons mis en œuvre depuis hier [jeudi] un 'plan blanc restreint' sur nos différents SAU [services des urgences], visant à renforcer par les personnels de certaines unités ambulatoires, les unités d'hospitalisation, sans déprogrammations", a expliqué Cécric Lussiez, directeur du Groupe hospitalier Nord Essonne, dont fait partie l'hôpital de Longjumeau. "L'objectif est d'ouvrir une dizaine de lits de médecine supplémentaires, en sus des huit lits déjà ouverts il y a deux mois dans le cadre des renforts hivernaux."
Interrogé sur le décès d'une patiente qui aurait passé plusieurs heures sur un brancard aux urgences de Longjumeau, tel que rapporté par certains médias, Cédric Lussiez a répondu que "rien dans le déroulé des faits ne suggère des liens avec la forte activité dans les SAU, puisqu'une place de réanimation était réservée, avec autopsie judiciaire pour déterminer les causes du décès".
"Nous allons bien entendu organiser un Retex, au vu de la gravité des faits, mais aussi de l'émotion des soignants présents avec moi le soir où les faits se sont déroulés", a-t-il ajouté. Une enquête judiciaire concernant ce décès a été ouverte par le procureur.
"Les services des urgences des trois hôpitaux publics des Yvelines Nord connaissent des tensions à l'image de celles des autres services des urgences en France depuis la deuxième semaine des congés scolaires" et sont tous en niveau 1, a-t-on rapporté au CHI de Poissy/Saint-Germain-en-Laye (Yvelines).
"Des cellules de crise ont été mobilisées par établissement pour accélérer les sorties d'hospitalisation afin de prendre en charge dès que possible les patients présents aux urgences et actuellement en attente d'hospitalisation." Il s'agit aussi de faire en sorte que "des services d'hospitalisation prennent en charge des patients supplémentaires dans des lits en tension afin d'assurer à ces patients des conditions d'accueil de qualité et sécurisées".
"La question majeure reste la disponibilité en lits d'hospitalisation en nombre suffisant", souligne-t-on au CHI.
Au Grand hôpital de l'Est francilien (Ghef, Meaux, Marne-La-Vallée/Jossigny, Coulommiers, Jouarre -Seine-et-Marne), le plan hôpital en tension a été déclenché le 30 décembre 2024 et l'établissement s'est mobilisé pour faire sortir plus vite les patients afin de libérer des lits et pouvoir prendre en charge les patients aux urgences, a expliqué vendredi à APMnews son directeur, Jérôme Goeminne.
Pendant une journée, la direction a demandé de faire quelques déprogrammations mais il y en a finalement eu très peu, peut-être six ou sept. La situation commence à s'améliorer, notamment car depuis lundi des lits ont été rouverts en raison du retour de professionnels de congés.
Les Hôpitaux Confluence (centres hospitaliers intercommunaux de Créteil -Chic- et de Villeneuve-Saint-Georges -Chiv-, Val-de-Marne) ont indiqué vendredi avoir "à ce stade déclenché le plan de mobilisation interne dans le cadre du plan hôpital en tension, ce qui passe notamment par l'ouverture de lits supplémentaires en médecine et par des renforts importants en personnels".
Interrogé par APMnews, la direction de l'Hôpital Foch a indiqué ne pas avoir déclenché de plan blanc mais que l'établissement était confronté à un afflux de patients aux urgences, avec notamment 172 passages par jour, soit 40 à 60 de plus qu'habituellement.
De nouveaux plans blancs en Occitanie et dans le Grand Est
En Occitanie, le CHU de Toulouse a annoncé jeudi avoir déclenché son plan blanc. La décision a été prise en raison d'une hausse de l'activité au sein des urgences adultes, de l'ordre de 15% par rapport à début 2024, et en lien avec l'épidémie de grippe hivernale, a expliqué la direction, jointe vendredi.
"Cette recrudescence des pathologies respiratoires impacte particulièrement les patients âgés", a ajouté l'établissement.
Le CH de Montauban a également activé son plan blanc à cause d'une activité "très élevée aux urgences en raison des épidémies hivernales", a-t-il fait savoir vendredi dans un communiqué.
Le déclenchement du plan blanc permet au CH de rouvrir des lits supplémentaires, de mettre en place une cellule de crise et d'adapter son organisation interne.
Contactée vendredi, la direction a précisé que la réouverture de cinq lits avait été actée.
Au sein de ces deux établissements occitans, aucune déprogrammation n'a encore été actée.
Dans le Grand Est, la directrice générale de l'ARS, Christelle Ratignier-Carbonneil, a expliqué vendredi dans une conférence de presse que l'épidémie de grippe s'installait dans la région et avait un "impact fort" sur les hôpitaux.
La diffusion du virus est notamment en hausse dans les Ardennes, en Haute-Marne, dans la Marne et dans la Meuse. "Elle est stable dans les autres départements", a ajouté la directrice générale.
Durant la première semaine de janvier, le nombre de passages aux urgences pour des symptômes grippaux était ainsi au plus haut depuis 10 ans, a-t-elle fait savoir. Les hospitalisations concernent en particulier les plus de 65 ans, notamment en raison d'une vaccination insuffisante.
Le pic de l'épidémie n'a pas encore été atteint, selon l'ARS. "Il est complexe de prévoir quand on l'atteindra, mais ce n'est pas demain", a souligné Christelle Ratignier-Carbonneil.
Depuis jeudi, un nouvel établissement de la région a activé son plan blanc: il s'agit du CH de Saint-Avold (Groupe SOS), en Moselle. C'est le huitième établissement à avoir pris cette mesure dans la région, tandis que 20 autres ont déclenché le plan hôpital en tension.
Par ailleurs, quatre hôpitaux ont mis en place une régulation de l'accès aux urgences: le CHR de Metz-Thionville, le CH d'Epinal, le CHU de Reims et le CH de Troyes.
Pour lutter contre l'épidémie, l'ARS a mis en place une cellule territoriale quotidienne afin de faciliter la mobilisation des ressources humaines mais aussi de l'oxygène, au sein des urgences, dans les Ehpad ou à domicile.
Un plan blanc départemental en Ille-et-Vilaine
En Bretagne où le CHU de Rennes est en plan blanc depuis mercredi (cf dépêche du 08/01/2025 à 19:10), l'ARS a demandé à tous les établissements de santé publics et privés d'Ille-et-Vilaine (le centre hospitalier -CH- de Dinan, dans les Côtes-d'Armor, est également concerné) d'activer leur plan blanc dès jeudi, étant donné les difficultés des établissements de santé brétilliens.
L'accès aux services d'urgence du CHU de Rennes et des hôpitaux privés rennais de Cesson-Sévigné et de Saint-Grégoire (Vivalto Santé) reste régulé le soir et la nuit jusqu'au 20 janvier.
Le nombre de plans blancs déclenchés en Bretagne est passé de six jeudi -les CH de Pontivy, Vannes, Ploërmel et Fougères, le CHU de Rennes et le groupement hospitalier Rance Emeraude (Saint-Malo, Dinan)- à 27, a indiqué l'ARS vendredi à APMnews. En fin de journée, le CH de Saint-Brieuc (Côtes-d'Armor) l'a lui aussi déclenché.
De la régulation nocturne en Pays de la Loire et des plans blancs
Jeudi matin, l'ARS Pays de la Loire recensait six établissements concernés par des plans blancs. Vendredi, elle en comptait quatre supplémentaires, parmi lesquels le CH de Châteaubriant-Nozay-Pouancé et le CH Loire Vendée Océan.
A partir de lundi, l'ensemble des établissements de santé de Loire-Atlantique vont mettre en place un accès de nuit aux urgences régulé par le 15 la nuit de 20h à 8h le matin, a annoncé Benoît James, directeur de cabinet de l'ARS Pays de la Loire au cours d'une conférence de presse vendredi.
Les cinq établissements porteurs de services d'urgence sont le CHU de Nantes, l'Hôpital privé du Confluent à Nantes (Vivalto Santé), le centre hospitalier (CH) de Châteaubriant-Nozay-Pouancé, le CH de Saint-Nazaire et le CH Erdre-et-Loire à Ancenis.
Cette régulation durera six semaines du lundi 13 janvier au lundi 24 février. Elle pourra être reconduite "pour une période de trois mois", a précisé l'ARS.
L'ARS fait état de déprogrammations de "certains actes médicaux, jugés possibles par les médecins", ainsi que d'un rappel de personnels soignants.
L'ARS et les cinq établissements estiment que pour environ 10% des patients se présentant aux urgences la nuit, leur état de santé ne relève pas de la médecine d'urgence. "Seuls les patients ne nécessitant pas de prise en charge relevant d'une urgence médicale seront réorientés vers la médecine de ville", indiquent-ils.
Ils expliquent porter une "attention particulière" aux personnes vulnérables, en citant les patients souffrant de troubles psychiatriques, les patients ne parlant pas français ou avec un trouble cognitif manifeste, les patients mineurs sans accompagnant majeur, et les patients "en situation de précarité et qui ont un problème médical".
"On est là sur une organisation qui vise à répondre à la situation sanitaire. Je peux ajouter qu'il y a un souhait du métier et des professionnels des services d'urgences à ce que cette organisation puisse s'inscrire sur le long terme", a déclaré Joël Jenvrin, directeur médical du Samu 44.
"Cette première étape va nous permettre de faire face à la crise, et doit nous donner une première expérience pour que les patients des urgences puissent bénéficier d'un premier avis préalable avant leur arrivée aux urgences."
L'ARS précise que plusieurs autres établissements de santé en Sarthe, en Vendée et en Mayenne, ont également mis en place des dispositifs de régulation d'accès aux urgences, en raison du contexte sanitaire.
mlb-cb-sl-mg/ab/APMnews