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08/08 2024
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DES TENSIONS ACCRUES DANS DE NOMBREUX SERVICES D'URGENCE EN CETTE PÉRIODE ESTIVALE

PARIS, 8 août 2024 (APMnews) - Les conditions de fonctionnement des services d'urgence, aggravées par le manque de personnel en cette période estivale, provoquent des situations de tension dans plusieurs régions, dont certaines avec des agressions de personnel, a constaté APMnews.

"Chaque jour, sur l'ensemble du territoire, de nouveaux témoignages révèlent une réalité alarmante: des services d'urgence fermés le soir et le week-end, des patients laissés sans soins pendant des heures, et des professionnels de santé à bout de souffle", a déploré mercredi dans un communiqué le Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI), tirant la sonnette d'alarme et exigeant une réponse forte et immédiate, avec "un Plan Marshall pour l'hôpital".

Dans les régions, de nombreux services d'urgence passent en régulation faute de ressources médicales ou paramédicales suffisantes.

En Bretagne, les services d'urgence du CHU et des cliniques de Rennes sont passés en régulation à diverses reprises depuis le début de l'été. Après un premier épisode début juillet (cf dépêche du 10/07/2024 à 17:44), le CHU de Rennes et les Hôpitaux privés rennais de Cesson-Sévigné et Saint-Grégoire (Vivalto Santé) ont annoncé mercredi que l'appel au 15 redevenait obligatoire avant de se rendre aux urgences adultes et pédiatriques à partir de vendredi 18h jusqu'au lundi 19 août 8h pour ces trois services.

A la suite de "difficultés de recrutements médicaux, le service d'urgence de Cesson sera fermé la nuit (de 18h à 9h) du 9 au 19 août" et "au vu de cette fermeture nocturne et des tensions actuelles sur les services d'urgence de l'agglomération rennaise, l'appel au 15" est obligatoire.

"L'objectif de ces mesures de régulation de l'accès aux urgences est de limiter la surcharge des services par des passages inappropriés pour garantir les bonnes conditions d'accueil et de prise en charge des patients nécessitant une prise en charge hospitalière et de proposer une alternative adaptée à toutes les autres situations", explique le communiqué.

Pour rappel, un arrêté paru début juillet encadre les conditions d'organisation de la régulation temporaire de l'accès aux services des urgences (cf dépêche du 04/07/2024 à 16:47).

Le centre hospitalier Centre Bretagne à Pontivy (Morbihan) a ainsi été autorisé à réguler l'accès de ses urgences en journée (8h30-18h) le 1er août du fait d'un manque de personnel, selon un arrêté publié le 2 août par l'agence régionale de santé (ARS) Bretagne au recueil des actes administratifs de la préfecture de région.

Pour fonctionner, il requiert 16,3 équivalents temps plein (ETP) de médecins urgentistes mais n'en a pourvu que 7,95. Malgré les efforts de recrutement et de mobilisation de l'intérim, il n'est pas parvenu à réunir les effectifs nécessaires à une ouverture permanente du service. Un seul médecin était présent dans la structure des urgences le 1er août.

En Normandie, vendredi, la direction du groupe hospitalier du Havre (GHH) a dénoncé un "désengagement" de cliniques de son territoire qui prévenaient tardivement de fermetures et a demandé "la réouverture immédiate de lits sur le territoire ainsi que le maintien des activités soumises à permanence des soins" (cf dépêche du 05/08/2024 à 18:23).

Au CHU de Caen, où l'été a commencé avec une grève du personnel médical aux urgences (cf dépêche du 15/07/2024 à 17:43), les tensions persistent avec plusieurs fermetures dans les cliniques voisines. "Dans un contexte de difficultés de recrutement médical majeur", le CHU a assuré mardi à APMnews que "l'offre de soins [était] maintenue, même si la situation reste compliquée". Il précise travailler avec les autres établissements de santé pour maintenir l'offre de soins tout l'été, et à plus long terme".

Dans ce territoire caennais disposant de trois établissements avec service d'urgence (CHU de Caen, Hôpital privé Saint-Martin -Ramsay Santé- et polyclinique du Parc -Elsan) ainsi qu'un centre de soins non programmés (Fondation hospitalière de la Miséricorde), "plusieurs établissements sont soumis à de fortes contraintes ayant nécessité d'adapter les organisations", a reconnu l'ARS Normandie, sollicitée par APMnews.

"Les urgences de la polyclinique du Parc sont fermées de 20h à 8h depuis le 1er mars et jusqu'au 31 août et l'Hôpital privé Saint-Martin a fermé ses urgences intégralement la semaine dernière pour détacher [un] professionnel sur le CHU de Caen dans le cadre de la solidarité territoriale." Les urgences de cette clinique ont rouvert en journée depuis lundi. "L'appel à la solidarité territoriale auprès de tous les établissements périphériques est maintenu pour les urgences du CHU de Caen", ajoute l'agence.

L'ARS rappelle qu'elle organise un suivi des tensions sur l'offre de soins via un comité de pilotage régional réunissant tous les établissements avec un service d'urgence et les Samu du territoire mensuel ainsi que des réunions territoriales spécifiques à chaque département pour anticiper et suivre les tensions avec les acteurs (hôpital, ville, Samu, Ehpad…).

Dans un communiqué, l'Union des syndicats de la santé du Finistère (USD 29) s'alarme de la situation des services d'urgence du Finistère et de la sécurité des soins pour sa population. "Les urgences de Carhaix sont toujours régulées depuis plusieurs mois. A Brest, le personnel des urgences est en grève illimitée pour dénoncer le manque de moyens et la saturation du service, la direction a été contrainte de déclencher le plan blanc pour faire face à l'absentéisme et aux tensions sur le territoire", décrit le syndicat.

"Les urgences de Landerneau sont régulées suite à une grave agression et le personnel s'est mis en grève illimitée pour dénoncer une dégradation inquiétante des conditions de travail et de sécurité. Enfin, la CGT constate également des tensions sur les lits d'hospitalisation et dans les services d'urgences de Quimper et Quimperlé", poursuit le syndicat, qui demande "des mesures en urgence pour rétablir le fonctionnement normal des services d'urgence dans le Finistère".

Une agression a déclenché la régulation au CH de Landerneau

Au CH de Landerneau, une agression d'une "violence absolument inacceptable" envers trois professionnels du service d'urgence a conduit la direction, le président de commission médicale d'établissement (CME) et l'ARS à réorganiser le service faute de personnel en mettant en place une régulation pour une semaine jour et nuit, a relaté mardi à APMnews la directrice déléguée, Christelle Collec.

Les trois professionnels "qui ont réagi avec beaucoup de courage et de professionnalisme" ont été placés en arrêt de travail et d'autres arrêts ont suivi.

Les agents ont porté plainte contre l'individu violent et un préavis de grève illimitée a été déposé à partir de mercredi par les syndicats CGT et CFDT à la suite de cette agression, survenue dans la nuit du dimanche 28 au lundi 29 juillet.

Du 31 juillet au 5 août, le CH de Landerneau a été autorisé par l'ARS à réguler l'accès de ses urgences tous les jours sur 24 heures. Pour fonctionner, il requiert 14,32 équivalents temps plein (ETP) d'infirmiers et 7,82 ETP d'aide-soignant mais seulement 7,3 ETP d'IDE et 3,82 ETP d'aide-soignant étaient disponibles, selon un arrêté publié au recueil des actes de la préfecture de région, le 2 août.

La situation se prolonge cette semaine. "Un plan d'action est en cours de négociation. Nous travaillons dans le cadre du dialogue social en lien avec l'ARS et avec le président de la CME sur des mesures pour améliorer les conditions de travail et de sécurité", a rapporté la directrice déléguée.

Dans ce service qui enregistre une progression de 4,9% sur les passages depuis début 2024 (en 2023: 16.511 passages dont 3.961 avec hospitalisation), le projet de créer un secteur de médecine post-urgences de 12 à 15 lits va être accéléré. Cette unité devrait être testée sur quatre mois en période hivernale.

Une deuxième mesure en cours de négociation porte sur un temps complémentaire d'aide-soignant demandé par les équipes, a poursuivi Christelle Collec.

"Nous allons travailler à la rentrée sur une procédure interne de solidarité en cas d'agression pour fournir un renfort rapide des équipes", a-t-elle ajouté.

Le plan de formation sera renforcé aux urgences et en psychiatrie. Le CH termine aussi des travaux pour plus de 150.000 euros financés par l'ARS comprenant des aménagements, une amélioration de l'accueil au secrétariat, pour l'attente sur les brancards et pour avoir un box complémentaire. Une attention particulière a été portée à l'accueil des enfants. En outre, des démarches sont engagées pour créer une fédération des urgences entre les établissements publics du territoire.

Au CH de Chartres, une saturation compliquée par une panne informatique

En Centre-Val de Loire, à Chartres, le CH a fait part d'une "saturation" de ses urgences, "avec des délais d'attente très longs et des lits dans les unités d'hospitalisation eux-mêmes tous occupés", dans un communiqué publié le 1er août sur son site internet.

"Au regard de l'aggravation de la situation, il est donc fait appel à la vigilance redoublée de la population. Les patients, seuls ou accompagnés, sont donc priés de ne se déplacer à l'hôpital qu'en cas de réelle nécessité", ajoutait-il, invitant la patientèle à "consulter dans un premier temps un professionnel de santé de ville […], autant que possible".

Mercredi, sa direction a expliqué à APMnews que la situation aux urgences est "délicate" depuis deux semaines, du fait notamment des fermetures de lits estivales induites par les congés du personnel médical et paramédical, "nonobstant l'absentéisme paramédical".

Dans le même temps, les consultations de médecine générale au sein de l'établissement sont interrompues depuis une quinzaine de jours, faute de médecins pour les assurer.

Le CH de Chartres cite par ailleurs des "difficultés d'orientation de patients lorsque la situation le requiert vers des unités d'hospitalisation, a fortiori des structures d'aval type SMR (services de soins médicaux et de réadaptation), s'agissant tout particulièrement de patients âgés polypathologiques".

"Cela s'est traduit par une embolisation des boxes d'urgence, une trentaine d'heures voire plus pour certains patients au lieu de quelques heures habituellement", poursuit l'établissement, qui mentionne aussi "une activité chirurgicale dynamique, y compris d'urgence, qui a accru les difficultés de gestion des lits".

En revanche, le CH n'a pas eu à fermer temporairement ses urgences, ni à annuler ni reporter des interventions chirurgicales, quand bien même "le concours d'autres établissements peut être sollicité pour partage des admissions et transfert de quelques patients et/ou délestage temporaire".

C'est dans ce contexte que le CH de Chartres a été confronté mardi après-midi à une panne informatique causée par un "matériel défaillant au niveau d'une baie informatique entraînant une perturbation de l'ensemble [du] réseau", circonscrite le soir même et réglée mercredi matin.



Des tensions nationales mais pas liées aux Jeux olympiques

"Si les tensions sur l'offre de soins persistent sur l'ensemble du territoire, l'analyse globale ne révèle pas d'impact particulier en lien avec les Jeux olympiques et paralympiques (JOP). A titre d'exemple, au 5 août 2024, moins de 1,5% des patients pris en charge sur les dispositifs mis en place par Paris 2024 ont fait l'objet d'un transfert aux urgences", a précisé à APMnews le centre de crises sanitaires du ministère du travail, de la santé et des solidarités.
Interrogé jeudi lors de Télématin sur France 2 sur l'impact des JOP, le ministre délégué chargé de la santé et de la prévention, Frédéric Valletoux, a répondu que les Jeux se passaient "bien" pour le système de santé. "Cela avait été anticipé. Il y a eu un gros travail; les soignants se sont organisés pour ne pas prendre leurs vacances. Douze hôpitaux sont mobilisés aux côtés de l'AP-HP, 80 services de l'AP-HP fonctionnent à plein. Ils pourraient prendre en charge, s'il y avait un besoin, des niveaux de patients plus importants."
Il a rapporté 14.000 interventions tout compris avec "des coups de chaleur, des gens dans les postes de soins près des épreuves". Mercredi, "il y a eu 55.000 hospitalisations aux urgences en France, dont 10.000-15.000 liées aux JO, c'est-à-dire des touristes, des spectateurs, je ne parle même pas d'athlètes. La polyclinique des JOP fonctionne sans saturation."
En lien avec les conditions météorologiques, Santé publique France (SPF) retient dans son point mercredi "une augmentation marquée des recours pour hyperthermie et coup de chaleur dans les services d'urgence et dans les consultations SOS Médecins". Les passages aux urgences et recours à SOS Médecins étiquetés en lien avec les JOP étaient en hausse en semaine 31 (versus la semaine 30), première semaine avec des épreuves se tenant chaque jour. Pour 93% des passages aux urgences et 47% des actes médicaux, ils concernent l'Ile-de-France.

sl-bd-mlb-mjl/sl/nc/APMnews

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DES TENSIONS ACCRUES DANS DE NOMBREUX SERVICES D'URGENCE EN CETTE PÉRIODE ESTIVALE

PARIS, 8 août 2024 (APMnews) - Les conditions de fonctionnement des services d'urgence, aggravées par le manque de personnel en cette période estivale, provoquent des situations de tension dans plusieurs régions, dont certaines avec des agressions de personnel, a constaté APMnews.

"Chaque jour, sur l'ensemble du territoire, de nouveaux témoignages révèlent une réalité alarmante: des services d'urgence fermés le soir et le week-end, des patients laissés sans soins pendant des heures, et des professionnels de santé à bout de souffle", a déploré mercredi dans un communiqué le Syndicat national des professionnels infirmiers (SNPI), tirant la sonnette d'alarme et exigeant une réponse forte et immédiate, avec "un Plan Marshall pour l'hôpital".

Dans les régions, de nombreux services d'urgence passent en régulation faute de ressources médicales ou paramédicales suffisantes.

En Bretagne, les services d'urgence du CHU et des cliniques de Rennes sont passés en régulation à diverses reprises depuis le début de l'été. Après un premier épisode début juillet (cf dépêche du 10/07/2024 à 17:44), le CHU de Rennes et les Hôpitaux privés rennais de Cesson-Sévigné et Saint-Grégoire (Vivalto Santé) ont annoncé mercredi que l'appel au 15 redevenait obligatoire avant de se rendre aux urgences adultes et pédiatriques à partir de vendredi 18h jusqu'au lundi 19 août 8h pour ces trois services.

A la suite de "difficultés de recrutements médicaux, le service d'urgence de Cesson sera fermé la nuit (de 18h à 9h) du 9 au 19 août" et "au vu de cette fermeture nocturne et des tensions actuelles sur les services d'urgence de l'agglomération rennaise, l'appel au 15" est obligatoire.

"L'objectif de ces mesures de régulation de l'accès aux urgences est de limiter la surcharge des services par des passages inappropriés pour garantir les bonnes conditions d'accueil et de prise en charge des patients nécessitant une prise en charge hospitalière et de proposer une alternative adaptée à toutes les autres situations", explique le communiqué.

Pour rappel, un arrêté paru début juillet encadre les conditions d'organisation de la régulation temporaire de l'accès aux services des urgences (cf dépêche du 04/07/2024 à 16:47).

Le centre hospitalier Centre Bretagne à Pontivy (Morbihan) a ainsi été autorisé à réguler l'accès de ses urgences en journée (8h30-18h) le 1er août du fait d'un manque de personnel, selon un arrêté publié le 2 août par l'agence régionale de santé (ARS) Bretagne au recueil des actes administratifs de la préfecture de région.

Pour fonctionner, il requiert 16,3 équivalents temps plein (ETP) de médecins urgentistes mais n'en a pourvu que 7,95. Malgré les efforts de recrutement et de mobilisation de l'intérim, il n'est pas parvenu à réunir les effectifs nécessaires à une ouverture permanente du service. Un seul médecin était présent dans la structure des urgences le 1er août.

En Normandie, vendredi, la direction du groupe hospitalier du Havre (GHH) a dénoncé un "désengagement" de cliniques de son territoire qui prévenaient tardivement de fermetures et a demandé "la réouverture immédiate de lits sur le territoire ainsi que le maintien des activités soumises à permanence des soins" (cf dépêche du 05/08/2024 à 18:23).

Au CHU de Caen, où l'été a commencé avec une grève du personnel médical aux urgences (cf dépêche du 15/07/2024 à 17:43), les tensions persistent avec plusieurs fermetures dans les cliniques voisines. "Dans un contexte de difficultés de recrutement médical majeur", le CHU a assuré mardi à APMnews que "l'offre de soins [était] maintenue, même si la situation reste compliquée". Il précise travailler avec les autres établissements de santé pour maintenir l'offre de soins tout l'été, et à plus long terme".

Dans ce territoire caennais disposant de trois établissements avec service d'urgence (CHU de Caen, Hôpital privé Saint-Martin -Ramsay Santé- et polyclinique du Parc -Elsan) ainsi qu'un centre de soins non programmés (Fondation hospitalière de la Miséricorde), "plusieurs établissements sont soumis à de fortes contraintes ayant nécessité d'adapter les organisations", a reconnu l'ARS Normandie, sollicitée par APMnews.

"Les urgences de la polyclinique du Parc sont fermées de 20h à 8h depuis le 1er mars et jusqu'au 31 août et l'Hôpital privé Saint-Martin a fermé ses urgences intégralement la semaine dernière pour détacher [un] professionnel sur le CHU de Caen dans le cadre de la solidarité territoriale." Les urgences de cette clinique ont rouvert en journée depuis lundi. "L'appel à la solidarité territoriale auprès de tous les établissements périphériques est maintenu pour les urgences du CHU de Caen", ajoute l'agence.

L'ARS rappelle qu'elle organise un suivi des tensions sur l'offre de soins via un comité de pilotage régional réunissant tous les établissements avec un service d'urgence et les Samu du territoire mensuel ainsi que des réunions territoriales spécifiques à chaque département pour anticiper et suivre les tensions avec les acteurs (hôpital, ville, Samu, Ehpad…).

Dans un communiqué, l'Union des syndicats de la santé du Finistère (USD 29) s'alarme de la situation des services d'urgence du Finistère et de la sécurité des soins pour sa population. "Les urgences de Carhaix sont toujours régulées depuis plusieurs mois. A Brest, le personnel des urgences est en grève illimitée pour dénoncer le manque de moyens et la saturation du service, la direction a été contrainte de déclencher le plan blanc pour faire face à l'absentéisme et aux tensions sur le territoire", décrit le syndicat.

"Les urgences de Landerneau sont régulées suite à une grave agression et le personnel s'est mis en grève illimitée pour dénoncer une dégradation inquiétante des conditions de travail et de sécurité. Enfin, la CGT constate également des tensions sur les lits d'hospitalisation et dans les services d'urgences de Quimper et Quimperlé", poursuit le syndicat, qui demande "des mesures en urgence pour rétablir le fonctionnement normal des services d'urgence dans le Finistère".

Une agression a déclenché la régulation au CH de Landerneau

Au CH de Landerneau, une agression d'une "violence absolument inacceptable" envers trois professionnels du service d'urgence a conduit la direction, le président de commission médicale d'établissement (CME) et l'ARS à réorganiser le service faute de personnel en mettant en place une régulation pour une semaine jour et nuit, a relaté mardi à APMnews la directrice déléguée, Christelle Collec.

Les trois professionnels "qui ont réagi avec beaucoup de courage et de professionnalisme" ont été placés en arrêt de travail et d'autres arrêts ont suivi.

Les agents ont porté plainte contre l'individu violent et un préavis de grève illimitée a été déposé à partir de mercredi par les syndicats CGT et CFDT à la suite de cette agression, survenue dans la nuit du dimanche 28 au lundi 29 juillet.

Du 31 juillet au 5 août, le CH de Landerneau a été autorisé par l'ARS à réguler l'accès de ses urgences tous les jours sur 24 heures. Pour fonctionner, il requiert 14,32 équivalents temps plein (ETP) d'infirmiers et 7,82 ETP d'aide-soignant mais seulement 7,3 ETP d'IDE et 3,82 ETP d'aide-soignant étaient disponibles, selon un arrêté publié au recueil des actes de la préfecture de région, le 2 août.

La situation se prolonge cette semaine. "Un plan d'action est en cours de négociation. Nous travaillons dans le cadre du dialogue social en lien avec l'ARS et avec le président de la CME sur des mesures pour améliorer les conditions de travail et de sécurité", a rapporté la directrice déléguée.

Dans ce service qui enregistre une progression de 4,9% sur les passages depuis début 2024 (en 2023: 16.511 passages dont 3.961 avec hospitalisation), le projet de créer un secteur de médecine post-urgences de 12 à 15 lits va être accéléré. Cette unité devrait être testée sur quatre mois en période hivernale.

Une deuxième mesure en cours de négociation porte sur un temps complémentaire d'aide-soignant demandé par les équipes, a poursuivi Christelle Collec.

"Nous allons travailler à la rentrée sur une procédure interne de solidarité en cas d'agression pour fournir un renfort rapide des équipes", a-t-elle ajouté.

Le plan de formation sera renforcé aux urgences et en psychiatrie. Le CH termine aussi des travaux pour plus de 150.000 euros financés par l'ARS comprenant des aménagements, une amélioration de l'accueil au secrétariat, pour l'attente sur les brancards et pour avoir un box complémentaire. Une attention particulière a été portée à l'accueil des enfants. En outre, des démarches sont engagées pour créer une fédération des urgences entre les établissements publics du territoire.

Au CH de Chartres, une saturation compliquée par une panne informatique

En Centre-Val de Loire, à Chartres, le CH a fait part d'une "saturation" de ses urgences, "avec des délais d'attente très longs et des lits dans les unités d'hospitalisation eux-mêmes tous occupés", dans un communiqué publié le 1er août sur son site internet.

"Au regard de l'aggravation de la situation, il est donc fait appel à la vigilance redoublée de la population. Les patients, seuls ou accompagnés, sont donc priés de ne se déplacer à l'hôpital qu'en cas de réelle nécessité", ajoutait-il, invitant la patientèle à "consulter dans un premier temps un professionnel de santé de ville […], autant que possible".

Mercredi, sa direction a expliqué à APMnews que la situation aux urgences est "délicate" depuis deux semaines, du fait notamment des fermetures de lits estivales induites par les congés du personnel médical et paramédical, "nonobstant l'absentéisme paramédical".

Dans le même temps, les consultations de médecine générale au sein de l'établissement sont interrompues depuis une quinzaine de jours, faute de médecins pour les assurer.

Le CH de Chartres cite par ailleurs des "difficultés d'orientation de patients lorsque la situation le requiert vers des unités d'hospitalisation, a fortiori des structures d'aval type SMR (services de soins médicaux et de réadaptation), s'agissant tout particulièrement de patients âgés polypathologiques".

"Cela s'est traduit par une embolisation des boxes d'urgence, une trentaine d'heures voire plus pour certains patients au lieu de quelques heures habituellement", poursuit l'établissement, qui mentionne aussi "une activité chirurgicale dynamique, y compris d'urgence, qui a accru les difficultés de gestion des lits".

En revanche, le CH n'a pas eu à fermer temporairement ses urgences, ni à annuler ni reporter des interventions chirurgicales, quand bien même "le concours d'autres établissements peut être sollicité pour partage des admissions et transfert de quelques patients et/ou délestage temporaire".

C'est dans ce contexte que le CH de Chartres a été confronté mardi après-midi à une panne informatique causée par un "matériel défaillant au niveau d'une baie informatique entraînant une perturbation de l'ensemble [du] réseau", circonscrite le soir même et réglée mercredi matin.



Des tensions nationales mais pas liées aux Jeux olympiques

"Si les tensions sur l'offre de soins persistent sur l'ensemble du territoire, l'analyse globale ne révèle pas d'impact particulier en lien avec les Jeux olympiques et paralympiques (JOP). A titre d'exemple, au 5 août 2024, moins de 1,5% des patients pris en charge sur les dispositifs mis en place par Paris 2024 ont fait l'objet d'un transfert aux urgences", a précisé à APMnews le centre de crises sanitaires du ministère du travail, de la santé et des solidarités.
Interrogé jeudi lors de Télématin sur France 2 sur l'impact des JOP, le ministre délégué chargé de la santé et de la prévention, Frédéric Valletoux, a répondu que les Jeux se passaient "bien" pour le système de santé. "Cela avait été anticipé. Il y a eu un gros travail; les soignants se sont organisés pour ne pas prendre leurs vacances. Douze hôpitaux sont mobilisés aux côtés de l'AP-HP, 80 services de l'AP-HP fonctionnent à plein. Ils pourraient prendre en charge, s'il y avait un besoin, des niveaux de patients plus importants."
Il a rapporté 14.000 interventions tout compris avec "des coups de chaleur, des gens dans les postes de soins près des épreuves". Mercredi, "il y a eu 55.000 hospitalisations aux urgences en France, dont 10.000-15.000 liées aux JO, c'est-à-dire des touristes, des spectateurs, je ne parle même pas d'athlètes. La polyclinique des JOP fonctionne sans saturation."
En lien avec les conditions météorologiques, Santé publique France (SPF) retient dans son point mercredi "une augmentation marquée des recours pour hyperthermie et coup de chaleur dans les services d'urgence et dans les consultations SOS Médecins". Les passages aux urgences et recours à SOS Médecins étiquetés en lien avec les JOP étaient en hausse en semaine 31 (versus la semaine 30), première semaine avec des épreuves se tenant chaque jour. Pour 93% des passages aux urgences et 47% des actes médicaux, ils concernent l'Ile-de-France.

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