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LE SUIVI ANNUEL DE CERTAINES TUMEURS KYSTIQUES DU PANCRÉAS SEMBLE REMIS EN CAUSE PAR UNE ÉTUDE OBSERVATIONNELLE FRANÇAISE
PARIS, 18 mars 2022 (APMnews) - Le suivi annuel des tumeurs intracanalaires et mucineuses du pancréas (TIPMP) des canaux secondaires pourrait être remis en cause par une étude observationnelle française mettant en évidence un faible taux de dégénérescence, présentée jeudi lors de la session plénière des Journées francophones d'hépato-gastroentérologie et d'oncologie digestive (JFHOD).
La TIPMP est une tumeur kystique du pancréas qui a un potentiel de dégénérescence vers une dysplasie de haut grade et un adénocarcinome, a rappelé le Pr Vinciane Rebours de l'hôpital Beaujon à Clichy (AP-HP, Hauts-de-Seine).
La TIPMP est "extrêmement" fréquente, diagnostiquée en général de manière fortuite. Sa prévalence est estimée à environ 15% chez les plus de 70 ans et 7% en population générale. Cette importante prévalence signifie que "plusieurs millions de Français" sont potentiellement porteurs de TIPMP. Or, environ 10% des cancers du pancréas se développent sur TIPMP, soit environ 1.500 par an en France. "On pourrait en déduire que le risque de cancérisation des TIPMP est très faible, malgré cela, une surveillance annuelle est préconisée" par la société savante européenne, a pointé le Pr Rebours, lors d'une conférence de presse organisée par le congrès.
Des études qui ont évalué le risque de cancer à 5 ans ont mis en évidence des résultats très hétérogènes. Les études de cohorte publiées ont évalué un risque élevé de cancer ou de néoplasie de haut grade, qui atteint 10% au-delà de 5 ans, dans une étude publiée en 2017.
"Quand on voit ces chiffres on est un peu inquiets et c'est pour cette raison que les experts européens proposent un programme de surveillance annuelle basé sur l'IRM et l'écho-endoscopie", a expliqué la spécialiste.
L'étude TEAM-P, dont elle a présenté des résultats, avait donc pour objectif de savoir si le rythme de surveillance recommandé était excessif, quelle était la meilleure technique pour optimiser la surveillance et si la stratégie préconisée était "coût-efficace".
TEAM-P est une étude observationnelle prospective standardisée de plus de 5 ans des TIPMP des canaux secondaires sans atteinte du canal principal, ni critère de dégénérescence (bourgeon de plus de 5 mm). Les patients avec critères de cancers pancréatiques familiaux étaient exclus.
Le schéma de surveillance standardisé était basé sur la taille des kystes en se référant aux recommandations internationales.
Les investigateurs ont inclus 1.817 patients suivis dans 58 centres, qui avaient en moyenne 65 ans, et étaient à 70% des femmes. La durée de suivi médiane était de 4,29 ans. Et le suivi était compris entre 5 à 10 ans pour plus de 500 patients et de plus de 10 ans pour 160 personnes.
Dans cette étude, dans 85% des cas, la découverte de la TIPMP était fortuite et dans 14%, révélée lors d'une pancréatite aiguë.
Au cours de ce suivi, 38 patients ont été opérés, soit 2,1% des patients représentant un taux d'incidence de 4 pour 1.000 personnes-années. Ces interventions étaient réalisées pour pancréatites aiguës récidivantes dans 13 cas, apparition d'un bourgeon chez 9 patients ou d'une masse (3 personnes), augmentation rapide de la taille (13 cas) ou atteinte du canal pancréatique principal (14 cas).
Les lésions étaient des dysplasies de bas ou moyen grade dans 25 cas, de haut grade dans 9 cas et des carcinomes invasifs dans 4 cas, soit un taux d'incidence de lésions invasives ou de haut grade de 1,6 pour 1.000 personnes-années. Chez les patients suivis moins de 5 ans, le taux de lésions de haut grade et invasives était de 0,6%, chez ceux suivis plus de 5 ans, il était de 0,9%.
Ces lésions ont été diagnostiquées chez des patients âgés de 67 ans en médiane, qui avaient un indice de masse corporelle médian de 25,5 kg/m² et pas d'intoxication tabagique.
Dans cette étude française, le taux de dégénérescence des TIPMP des canaux secondaires est faible et inférieur à 1%. "Ces chiffres sont inférieurs aux taux évalués dans les cohortes publiées", a pointé le Pr Rebours. Pour l'expliquer, elle a fait valoir que les estimations publiées émanaient de centres experts, alors que dans cette étude française, plus d'un tiers des patients étaient suivis en médecine de ville.
Les experts européens proposent une surveillance annuelle par IRM ou écho-endoscopie. "Au regard de ces chiffres, on peut penser que c'est excessif", selon le Pr Rebours.
Une étude médico-économique est en cours pour estimer le coût de la stratégie recommandée par les experts européens.
vib/ab/APMnews
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LE SUIVI ANNUEL DE CERTAINES TUMEURS KYSTIQUES DU PANCRÉAS SEMBLE REMIS EN CAUSE PAR UNE ÉTUDE OBSERVATIONNELLE FRANÇAISE
PARIS, 18 mars 2022 (APMnews) - Le suivi annuel des tumeurs intracanalaires et mucineuses du pancréas (TIPMP) des canaux secondaires pourrait être remis en cause par une étude observationnelle française mettant en évidence un faible taux de dégénérescence, présentée jeudi lors de la session plénière des Journées francophones d'hépato-gastroentérologie et d'oncologie digestive (JFHOD).
La TIPMP est une tumeur kystique du pancréas qui a un potentiel de dégénérescence vers une dysplasie de haut grade et un adénocarcinome, a rappelé le Pr Vinciane Rebours de l'hôpital Beaujon à Clichy (AP-HP, Hauts-de-Seine).
La TIPMP est "extrêmement" fréquente, diagnostiquée en général de manière fortuite. Sa prévalence est estimée à environ 15% chez les plus de 70 ans et 7% en population générale. Cette importante prévalence signifie que "plusieurs millions de Français" sont potentiellement porteurs de TIPMP. Or, environ 10% des cancers du pancréas se développent sur TIPMP, soit environ 1.500 par an en France. "On pourrait en déduire que le risque de cancérisation des TIPMP est très faible, malgré cela, une surveillance annuelle est préconisée" par la société savante européenne, a pointé le Pr Rebours, lors d'une conférence de presse organisée par le congrès.
Des études qui ont évalué le risque de cancer à 5 ans ont mis en évidence des résultats très hétérogènes. Les études de cohorte publiées ont évalué un risque élevé de cancer ou de néoplasie de haut grade, qui atteint 10% au-delà de 5 ans, dans une étude publiée en 2017.
"Quand on voit ces chiffres on est un peu inquiets et c'est pour cette raison que les experts européens proposent un programme de surveillance annuelle basé sur l'IRM et l'écho-endoscopie", a expliqué la spécialiste.
L'étude TEAM-P, dont elle a présenté des résultats, avait donc pour objectif de savoir si le rythme de surveillance recommandé était excessif, quelle était la meilleure technique pour optimiser la surveillance et si la stratégie préconisée était "coût-efficace".
TEAM-P est une étude observationnelle prospective standardisée de plus de 5 ans des TIPMP des canaux secondaires sans atteinte du canal principal, ni critère de dégénérescence (bourgeon de plus de 5 mm). Les patients avec critères de cancers pancréatiques familiaux étaient exclus.
Le schéma de surveillance standardisé était basé sur la taille des kystes en se référant aux recommandations internationales.
Les investigateurs ont inclus 1.817 patients suivis dans 58 centres, qui avaient en moyenne 65 ans, et étaient à 70% des femmes. La durée de suivi médiane était de 4,29 ans. Et le suivi était compris entre 5 à 10 ans pour plus de 500 patients et de plus de 10 ans pour 160 personnes.
Dans cette étude, dans 85% des cas, la découverte de la TIPMP était fortuite et dans 14%, révélée lors d'une pancréatite aiguë.
Au cours de ce suivi, 38 patients ont été opérés, soit 2,1% des patients représentant un taux d'incidence de 4 pour 1.000 personnes-années. Ces interventions étaient réalisées pour pancréatites aiguës récidivantes dans 13 cas, apparition d'un bourgeon chez 9 patients ou d'une masse (3 personnes), augmentation rapide de la taille (13 cas) ou atteinte du canal pancréatique principal (14 cas).
Les lésions étaient des dysplasies de bas ou moyen grade dans 25 cas, de haut grade dans 9 cas et des carcinomes invasifs dans 4 cas, soit un taux d'incidence de lésions invasives ou de haut grade de 1,6 pour 1.000 personnes-années. Chez les patients suivis moins de 5 ans, le taux de lésions de haut grade et invasives était de 0,6%, chez ceux suivis plus de 5 ans, il était de 0,9%.
Ces lésions ont été diagnostiquées chez des patients âgés de 67 ans en médiane, qui avaient un indice de masse corporelle médian de 25,5 kg/m² et pas d'intoxication tabagique.
Dans cette étude française, le taux de dégénérescence des TIPMP des canaux secondaires est faible et inférieur à 1%. "Ces chiffres sont inférieurs aux taux évalués dans les cohortes publiées", a pointé le Pr Rebours. Pour l'expliquer, elle a fait valoir que les estimations publiées émanaient de centres experts, alors que dans cette étude française, plus d'un tiers des patients étaient suivis en médecine de ville.
Les experts européens proposent une surveillance annuelle par IRM ou écho-endoscopie. "Au regard de ces chiffres, on peut penser que c'est excessif", selon le Pr Rebours.
Une étude médico-économique est en cours pour estimer le coût de la stratégie recommandée par les experts européens.
vib/ab/APMnews