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15/11 2024
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AVC: DÉLAI D'ADMINISTRATION DE LA THROMBOLYSE RÉDUIT AVEC LA SIMULATION EN SANTÉ

(Par Luu-Ly DO-QUANG, à la Journée nationale des filières AVC)

SAINT-MALO (Ille-et-Vilaine), 15 novembre 2024 (APMnews) - Une simulation en santé haute-fidélité au sein de l'unité neurovasculaire (UNV) de l'hôpital Fondation Adolphe de Rothschild à Paris a permis de réduire le délai d'administration de la thrombolyse chez les patients à la phase aiguë d'un accident vasculaire cérébral (AVC) ischémique, selon une communication présentée lors de la Journée nationale des référents et animateurs ARS des filières AVC au congrès de la Société française neurovasculaire (SFNV), mercredi à Saint-Malo.

La simulation en santé est une méthode de formation des professionnels à des procédures et des gestes pour la prise en charge des patients afin d'acquérir ou d'actualiser des connaissances, de s'entraîner au raisonnement clinique, à des compétences techniques ou non (travail en équipe, communication…), de gérer des risques, selon le guide méthodologique de la Haute autorité de santé (HAS) publié en 2019 et actualisé en 2024 (cf dépêche du 26/02/2019 à 15:05 et dépêche du 04/04/2024 à 11:10), a rappelé le Dr Igor Raynouard, neurologue à l'hôpital Fondation Adolphe de Rothschild et animateur de filière AVC.

Par rapport à d'autres méthodes pédagogiques, comme l'écoute, la lecture ou la discussion en groupe, la simulation, qui est un apprentissage par la pratique, a un fort impact sur les connaissances, en particulier la simulation haute-fidélité, qui utilise des environnement réalistes, comme c'est particulièrement le cas en réanimation, en médecine d'urgence et en oncologie.

Au sein de l'UNV, plus de 120 soignants ont été formés avec la simulation "alerte thrombolyse", notamment 60 sur 2023 et 2024.

Le délai médian entre l'admission et l'injection de la thrombolyse a été mesuré en parallèle, diminuant progressivement, avec de 55 minutes au cours du premier quadrimestre 2023, à 48 min sur le deuxième puis 43 min sur le troisième jusqu'à 40 min au deuxième quadrimestre 2024.

La proportion des AVC thrombolysés en moins de 45 minutes a progressé, de 35% au premier quadrimestre 2023 à 74% au deuxième quadrimestre 2024, ainsi que la part de ceux traités en moins de 30 min, passant de 3% à 12%.

Une séance de simulation se déroule en trois temps: un briefing d'environ 40 minutes, le déroulement du scénario de 15-20 min et le débriefing sur environ une heure.

Le briefing consiste pour le formateur à préciser le cadre de la séance de simulation et ses objectifs, définir les principes de confidentialité et les règles déontologiques, les éléments psychologiquement importants, en particulier l'absence de jugement, de pièges et, bien entendu, de risque pour le patient, présenter le contexte et l'environnement et familiariser les professionnels en formation avec le matériel, a expliqué le Dr Raynouard.

Le debriefing, "qui est le plus important pour l'apprentissage et la réflexion", est le temps d'analyse et de synthèse, celle-ci étant "faite par les apprenants". Il s'agit de revenir sur le déroulement du scénario et de dégager les points correspondant aux objectifs pédagogiques. Cette rétroaction porte spécifiquement sur l'analyse des pratiques et des performances.

Pour la simulation "alerte thrombolyse" menée au sein de l'hôpital Fondation Adolphe de Rothschild, chaque session fait intervenir une équipe de formateurs composée de trois professionnels formés à la simulation parmi trois infirmiers en pratique avancée (IPA), deux médecins, une infirmière et une aide-soignante et un trinôme d'apprenants (médecine, infirmier, aide-soignant).

Une salle est mise à disposition pour la mise en scène, avec un plateau IRM, le matériel, un patient dit standardisé (rôle prédéfini dont il ne peut pas s'écarter).

Le scénario prévoit que le neurologue reçoit un appel pour une alerte thrombolyse concernant une femme de 67 ans qui, ne se sentant pas bien, est allée faire une sieste à 11h30 et son mari constate à 14h en la réveillant que quelque chose ne va pas et appelle les pompiers. Ces derniers observent sur place que la patiente présente une hémiplégie droite, "comprend ce que l'on dit a priori mais n'arrive pas à s'exprimer". Ses antécédents sont une hypertension artérielle et une fibrillation atriale traitée par apixaban.

Les apprenants accueillent le patient à l'IRM. Le scénario détaille l'état de la patiente sur le plan comportemental (elle avait l'air de vouloir vomir dans le camion, présente des troubles de la vigilance, mutique mais comprend les ordres simples puis sa somnolence s'aggrave), déroule les différentes étapes (décider de faire un scanner, administrer la thrombolyse, décider d'une thrombectomie) et en parallèle, précise l'évolution des paramètres biologiques de la patiente.

Les objectifs techniques définis sont de demander le dosage de l'anticoagulant, calculer le NIHSS, de prendre des décisions liées à la situation critique, lire le résultat du scanner et de prendre des décisions thérapeutiques. En parallèle, des objectifs non techniques sont fixés, comme prendre le leadership et répartir les rôles, coordonner les actions, communiquer efficacement, anticiper et prioriser les gestes, réévaluer la situation au fur et à mesure et pour les jeunes médecins notamment, savoir quand appeler un médecin senior en cas de difficultés.

La simulation en santé permet non seulement d'améliorer la qualité de la prise en charge mais aussi d'enseigner des compétences non techniques, renforcer la cohésion des équipes, faciliter l'intégration de nouveaux arrivants. C'est une modalité d'enseignement efficace et appréciée, a commenté le Dr Raynouard.

Les apprenants de 2023-2024 ont rempli un autoquestionnaire: 100% recommanderaient la formation et la trouvent adaptée à leurs besoins.

Un escape game au CH de Douai

Lors de la même session, l'équipe du CH de Douai (Nord) a présenté son module de formation sous forme d'un escape game, visant à la mise en situation des professionnels, l'harmonisation des pratiques et le bon usage du matériel. Il s'agit en particulier pour la prise en charge de l'AVC survenant chez des patients hospitalisés pour un autre motif de former les équipes à gérer une situation d'urgence et réduire le stress.

L'avantage de cette approche est l'immersion et la pédagogie expérientielle, avec la possibilité de changements au cours du jeu pour inciter les apprenants à adapter leur prise en charge.

Les participants sont des professionnels de niveaux de formation et de connaissances différents. Ils provenaient du service de neurologie pour la première session puis le jeu a été ouvert aux autres services, y compris administratif.

L'évaluation a porté sur le niveau de satisfaction des participants, qui ont tous donné une note de 9 ou 10. Ils étaient 95% à déclarer avoir appris de nouvelles pratiques ou connaissances et 63% à avoir mobilisé leurs connaissances. Ils étaient 55% à reconnaître avoir une appréhension des situations d'urgence et à l'issue du jeu, 88% d'entre eux ont estimé que cette crainte avait diminué.

Enfin, au CH de Perpignan, la filière AVC a tourné des capsules vidéo sur l'évaluation des patients par le score NIHSS à destination des infirmières et les diffuseront en 2025.

ld/ab/APMnews

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(Par Luu-Ly DO-QUANG, à la Journée nationale des filières AVC)

SAINT-MALO (Ille-et-Vilaine), 15 novembre 2024 (APMnews) - Une simulation en santé haute-fidélité au sein de l'unité neurovasculaire (UNV) de l'hôpital Fondation Adolphe de Rothschild à Paris a permis de réduire le délai d'administration de la thrombolyse chez les patients à la phase aiguë d'un accident vasculaire cérébral (AVC) ischémique, selon une communication présentée lors de la Journée nationale des référents et animateurs ARS des filières AVC au congrès de la Société française neurovasculaire (SFNV), mercredi à Saint-Malo.

La simulation en santé est une méthode de formation des professionnels à des procédures et des gestes pour la prise en charge des patients afin d'acquérir ou d'actualiser des connaissances, de s'entraîner au raisonnement clinique, à des compétences techniques ou non (travail en équipe, communication…), de gérer des risques, selon le guide méthodologique de la Haute autorité de santé (HAS) publié en 2019 et actualisé en 2024 (cf dépêche du 26/02/2019 à 15:05 et dépêche du 04/04/2024 à 11:10), a rappelé le Dr Igor Raynouard, neurologue à l'hôpital Fondation Adolphe de Rothschild et animateur de filière AVC.

Par rapport à d'autres méthodes pédagogiques, comme l'écoute, la lecture ou la discussion en groupe, la simulation, qui est un apprentissage par la pratique, a un fort impact sur les connaissances, en particulier la simulation haute-fidélité, qui utilise des environnement réalistes, comme c'est particulièrement le cas en réanimation, en médecine d'urgence et en oncologie.

Au sein de l'UNV, plus de 120 soignants ont été formés avec la simulation "alerte thrombolyse", notamment 60 sur 2023 et 2024.

Le délai médian entre l'admission et l'injection de la thrombolyse a été mesuré en parallèle, diminuant progressivement, avec de 55 minutes au cours du premier quadrimestre 2023, à 48 min sur le deuxième puis 43 min sur le troisième jusqu'à 40 min au deuxième quadrimestre 2024.

La proportion des AVC thrombolysés en moins de 45 minutes a progressé, de 35% au premier quadrimestre 2023 à 74% au deuxième quadrimestre 2024, ainsi que la part de ceux traités en moins de 30 min, passant de 3% à 12%.

Une séance de simulation se déroule en trois temps: un briefing d'environ 40 minutes, le déroulement du scénario de 15-20 min et le débriefing sur environ une heure.

Le briefing consiste pour le formateur à préciser le cadre de la séance de simulation et ses objectifs, définir les principes de confidentialité et les règles déontologiques, les éléments psychologiquement importants, en particulier l'absence de jugement, de pièges et, bien entendu, de risque pour le patient, présenter le contexte et l'environnement et familiariser les professionnels en formation avec le matériel, a expliqué le Dr Raynouard.

Le debriefing, "qui est le plus important pour l'apprentissage et la réflexion", est le temps d'analyse et de synthèse, celle-ci étant "faite par les apprenants". Il s'agit de revenir sur le déroulement du scénario et de dégager les points correspondant aux objectifs pédagogiques. Cette rétroaction porte spécifiquement sur l'analyse des pratiques et des performances.

Pour la simulation "alerte thrombolyse" menée au sein de l'hôpital Fondation Adolphe de Rothschild, chaque session fait intervenir une équipe de formateurs composée de trois professionnels formés à la simulation parmi trois infirmiers en pratique avancée (IPA), deux médecins, une infirmière et une aide-soignante et un trinôme d'apprenants (médecine, infirmier, aide-soignant).

Une salle est mise à disposition pour la mise en scène, avec un plateau IRM, le matériel, un patient dit standardisé (rôle prédéfini dont il ne peut pas s'écarter).

Le scénario prévoit que le neurologue reçoit un appel pour une alerte thrombolyse concernant une femme de 67 ans qui, ne se sentant pas bien, est allée faire une sieste à 11h30 et son mari constate à 14h en la réveillant que quelque chose ne va pas et appelle les pompiers. Ces derniers observent sur place que la patiente présente une hémiplégie droite, "comprend ce que l'on dit a priori mais n'arrive pas à s'exprimer". Ses antécédents sont une hypertension artérielle et une fibrillation atriale traitée par apixaban.

Les apprenants accueillent le patient à l'IRM. Le scénario détaille l'état de la patiente sur le plan comportemental (elle avait l'air de vouloir vomir dans le camion, présente des troubles de la vigilance, mutique mais comprend les ordres simples puis sa somnolence s'aggrave), déroule les différentes étapes (décider de faire un scanner, administrer la thrombolyse, décider d'une thrombectomie) et en parallèle, précise l'évolution des paramètres biologiques de la patiente.

Les objectifs techniques définis sont de demander le dosage de l'anticoagulant, calculer le NIHSS, de prendre des décisions liées à la situation critique, lire le résultat du scanner et de prendre des décisions thérapeutiques. En parallèle, des objectifs non techniques sont fixés, comme prendre le leadership et répartir les rôles, coordonner les actions, communiquer efficacement, anticiper et prioriser les gestes, réévaluer la situation au fur et à mesure et pour les jeunes médecins notamment, savoir quand appeler un médecin senior en cas de difficultés.

La simulation en santé permet non seulement d'améliorer la qualité de la prise en charge mais aussi d'enseigner des compétences non techniques, renforcer la cohésion des équipes, faciliter l'intégration de nouveaux arrivants. C'est une modalité d'enseignement efficace et appréciée, a commenté le Dr Raynouard.

Les apprenants de 2023-2024 ont rempli un autoquestionnaire: 100% recommanderaient la formation et la trouvent adaptée à leurs besoins.

Un escape game au CH de Douai

Lors de la même session, l'équipe du CH de Douai (Nord) a présenté son module de formation sous forme d'un escape game, visant à la mise en situation des professionnels, l'harmonisation des pratiques et le bon usage du matériel. Il s'agit en particulier pour la prise en charge de l'AVC survenant chez des patients hospitalisés pour un autre motif de former les équipes à gérer une situation d'urgence et réduire le stress.

L'avantage de cette approche est l'immersion et la pédagogie expérientielle, avec la possibilité de changements au cours du jeu pour inciter les apprenants à adapter leur prise en charge.

Les participants sont des professionnels de niveaux de formation et de connaissances différents. Ils provenaient du service de neurologie pour la première session puis le jeu a été ouvert aux autres services, y compris administratif.

L'évaluation a porté sur le niveau de satisfaction des participants, qui ont tous donné une note de 9 ou 10. Ils étaient 95% à déclarer avoir appris de nouvelles pratiques ou connaissances et 63% à avoir mobilisé leurs connaissances. Ils étaient 55% à reconnaître avoir une appréhension des situations d'urgence et à l'issue du jeu, 88% d'entre eux ont estimé que cette crainte avait diminué.

Enfin, au CH de Perpignan, la filière AVC a tourné des capsules vidéo sur l'évaluation des patients par le score NIHSS à destination des infirmières et les diffuseront en 2025.

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