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15/04 2025
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AUGMENTATION DES PASSAGES AUX URGENCES POUR INSUFFISANCE RÉNALE AIGUË EN PÉRIODE DE CANICULE

SAINT-MAURICE (Val-de-Marne), 15 avril 2025 (APMnews) - Les épisodes estivaux de canicule augmentent significativement le risque de passage aux urgences pour une insuffisance rénale aiguë, mesure une étude de Santé publique France (SPF) réalisée à l'échelle de la région Auvergne-Rhône-Alpes et publiée mardi dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH).

En revanche, cette étude n'a pas montré d'augmentation du risque de passage aux urgences pour décompensation cardiaque ou ischémie myocardique lors des périodes de canicule.

Durant l'été lors des périodes de canicule, une surveillance des passages aux urgences est réalisée par SPF à l'aide de son indicateur iCanicule, qui regroupe les diagnostics d'hyperthermie, de déshydratation et d'hyponatrémie.

"Cependant, dans la littérature, il a été montré que d'autres pathologies morbides augmentent avec la chaleur", soulignent Noémie Rossello de SPF et ses collègues, notamment l'insuffisance rénale aiguë qui "pourrait être pertinente à surveiller à des fins d'alerte".

Une analyse de l'impact des dépassements des seuils canicule sur les passages aux urgences pour insuffisance rénale aiguë a ainsi été menée à partir des données du système de surveillance syndromique SurSaUD, sur la période estivale des années 2015 à 2022 et pour Auvergne-Rhône-Alpes.

En moyenne et par département, il y a eu 2,46 passages quotidiens aux urgences pour insuffisance rénale aiguë pour 100.000 habitants lors des périodes de dépassement du seuil canicule, contre une moyenne de 1,29 passage quand le seuil n'est pas dépassé.

Les données montrent également une nette différence sur ce critère entre les jours de vigilance canicule jaune ou orange et les jours sans vigilance, avec respectivement 2,09, 2,21 et 1,42 passages quotidiens aux urgences pour insuffisance rénale aiguë pour 100.000 habitants en moyenne par département.

En analyse ajustée, le risque de passage aux urgences pour cette raison est ainsi augmenté de 33% en période de vigilance jaune, de 42% en période vigilance orange, et de 47% pour les jours de dépassement du seuil canicule.

Cette augmentation du risque se retrouve aussi dans les jours suivant la fin des périodes concernées, avec un surrisque de passage aux urgences pour insuffisance rénale aiguë de 40% dans les trois jours après un dépassement de seuil et de 32% dans les trois jours post-vigilance orange.

Globalement, le nombre quotidien de passages aux urgences pour insuffisance rénale aiguë augmente progressivement avec la température maximale quotidienne mesurée, ce qui suggère "un effet dose".

Les augmentations du risque observées sont plus marquées chez les personnes de 65 ans et plus par rapport aux personnes plus jeunes.

Ces résultats sont "cohérents" avec les données de la littérature et les éléments de causalité entre chaleur et insuffisance rénale aiguë, commentent les auteurs. "Il existe une plausibilité biologique avec une explication physiologique au phénomène observé par le biais de la déshydratation et de l'hypovolémie."

Les auteurs soulignent aussi que l'utilisation de la région Auvergne-Rhône-Alpes "permet une certaine représentativité à l'échelon national", étant donné qu'il s'agit de la deuxième région la plus peuplée et qu'elle contient "une large part de population urbaine et de nombreux territoires ruraux".

Cette étude de SPF s'est aussi intéressée au lien entre chaleur et passages aux urgences pour maladie cardiovasculaire, et un tel lien n'a pas été mis en évidence. L'analyse multivariée montre plutôt une faible diminution du risque de passage aux urgences pour décompensation cardiaque et pour ischémie myocardique de 8% et 9% respectivement les jours de dépassement du seuil canicule.

Cependant, "une sous-estimation de l'association entre chaleur et ischémie myocardique ou insuffisance cardiaque est possible si les recours sont préférentiellement en dehors des services d'urgence", notent les auteurs. Il est donc "difficile de conclure sur l'absence d'impact" et il faudrait mener une étude spécifique sur ces pathologies en incluant l'ensemble des filières de prise en charge urgente.

(BEH, n°7, 15 avril)

pl/nc/APMnews

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AUGMENTATION DES PASSAGES AUX URGENCES POUR INSUFFISANCE RÉNALE AIGUË EN PÉRIODE DE CANICULE

SAINT-MAURICE (Val-de-Marne), 15 avril 2025 (APMnews) - Les épisodes estivaux de canicule augmentent significativement le risque de passage aux urgences pour une insuffisance rénale aiguë, mesure une étude de Santé publique France (SPF) réalisée à l'échelle de la région Auvergne-Rhône-Alpes et publiée mardi dans le Bulletin épidémiologique hebdomadaire (BEH).

En revanche, cette étude n'a pas montré d'augmentation du risque de passage aux urgences pour décompensation cardiaque ou ischémie myocardique lors des périodes de canicule.

Durant l'été lors des périodes de canicule, une surveillance des passages aux urgences est réalisée par SPF à l'aide de son indicateur iCanicule, qui regroupe les diagnostics d'hyperthermie, de déshydratation et d'hyponatrémie.

"Cependant, dans la littérature, il a été montré que d'autres pathologies morbides augmentent avec la chaleur", soulignent Noémie Rossello de SPF et ses collègues, notamment l'insuffisance rénale aiguë qui "pourrait être pertinente à surveiller à des fins d'alerte".

Une analyse de l'impact des dépassements des seuils canicule sur les passages aux urgences pour insuffisance rénale aiguë a ainsi été menée à partir des données du système de surveillance syndromique SurSaUD, sur la période estivale des années 2015 à 2022 et pour Auvergne-Rhône-Alpes.

En moyenne et par département, il y a eu 2,46 passages quotidiens aux urgences pour insuffisance rénale aiguë pour 100.000 habitants lors des périodes de dépassement du seuil canicule, contre une moyenne de 1,29 passage quand le seuil n'est pas dépassé.

Les données montrent également une nette différence sur ce critère entre les jours de vigilance canicule jaune ou orange et les jours sans vigilance, avec respectivement 2,09, 2,21 et 1,42 passages quotidiens aux urgences pour insuffisance rénale aiguë pour 100.000 habitants en moyenne par département.

En analyse ajustée, le risque de passage aux urgences pour cette raison est ainsi augmenté de 33% en période de vigilance jaune, de 42% en période vigilance orange, et de 47% pour les jours de dépassement du seuil canicule.

Cette augmentation du risque se retrouve aussi dans les jours suivant la fin des périodes concernées, avec un surrisque de passage aux urgences pour insuffisance rénale aiguë de 40% dans les trois jours après un dépassement de seuil et de 32% dans les trois jours post-vigilance orange.

Globalement, le nombre quotidien de passages aux urgences pour insuffisance rénale aiguë augmente progressivement avec la température maximale quotidienne mesurée, ce qui suggère "un effet dose".

Les augmentations du risque observées sont plus marquées chez les personnes de 65 ans et plus par rapport aux personnes plus jeunes.

Ces résultats sont "cohérents" avec les données de la littérature et les éléments de causalité entre chaleur et insuffisance rénale aiguë, commentent les auteurs. "Il existe une plausibilité biologique avec une explication physiologique au phénomène observé par le biais de la déshydratation et de l'hypovolémie."

Les auteurs soulignent aussi que l'utilisation de la région Auvergne-Rhône-Alpes "permet une certaine représentativité à l'échelon national", étant donné qu'il s'agit de la deuxième région la plus peuplée et qu'elle contient "une large part de population urbaine et de nombreux territoires ruraux".

Cette étude de SPF s'est aussi intéressée au lien entre chaleur et passages aux urgences pour maladie cardiovasculaire, et un tel lien n'a pas été mis en évidence. L'analyse multivariée montre plutôt une faible diminution du risque de passage aux urgences pour décompensation cardiaque et pour ischémie myocardique de 8% et 9% respectivement les jours de dépassement du seuil canicule.

Cependant, "une sous-estimation de l'association entre chaleur et ischémie myocardique ou insuffisance cardiaque est possible si les recours sont préférentiellement en dehors des services d'urgence", notent les auteurs. Il est donc "difficile de conclure sur l'absence d'impact" et il faudrait mener une étude spécifique sur ces pathologies en incluant l'ensemble des filières de prise en charge urgente.

(BEH, n°7, 15 avril)

pl/nc/APMnews

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