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30/05 2024
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ASSISES DE LA PÉDIATRIE: LES ANNONCES DE FRÉDÉRIC VALLETOUX REÇOIVENT UN ACCUEIL MITIGÉ

PARIS, 30 mai 2024 (APMnews) - Les annonces du ministre délégué de la santé et de la prévention, Frédéric Valletoux, lors de la conclusion des Assises de la pédiatrie et de la santé de l'enfant, vendredi dernier, ont reçu un accueil très mitigé de la part des professionnels de santé qui ont notamment regretté l'insuffisance des mesures au regard de la gravité de la situation, dans plusieurs communiqués diffusés ces derniers jours.

Un an après la remise des travaux du comité d'orientation (COR) qui avait été installé par l'ancien ministre de la santé et de la prévention François Braun, et plusieurs reports de calendrier, Frédéric Valletoux a conclu les Assises de la pédiatrie et de la santé de l'enfant au Conseil économique, social et environnemental (Cese), vendredi 24 mai (cf dépêche du 24/05/2024 à 17:40).

Le ministre a annoncé une série de mesures déclinées en quatre grands axes: la prévention (cf dépêche du 24/05/2024 à 17:02), la prise en charge sanitaire (cf dépêche du 24/05/2024 à 18:22), la santé mentale (cf dépêche du 24/05/2024 à 16:27) et la recherche (cf dépêche du 24/05/2024 à 16:27), comprenant au total 16 "objectifs", puisés parmi les plus de 300 propositions que le COR, présidé par Adrien Taquet et la Pr Christèle Gras-Le Guen, avait formulées (cf dépêche du 29/04/2024 à 20:59 et dépêche du 29/04/2024 à 19:14).

Ces annonces ont suscité des réactions mitigées de plusieurs organisations représentatives de la santé de l'enfant et notamment du COR lui-même.

S'il a salué plusieurs annonces du gouvernement (augmentation des places en internat), il a déploré l'abandon de plusieurs mesures pourtant préconisées dans son rapport.

"Les propositions concernant la recherche et l'innovation dans le domaine de la santé de l'enfant sont inachevées et insuffisantes", a-t-il estimé. De même "la sanctuarisation de financements spécifiques à l'enfant n'a pas été retenue et le choc de simplification réglementaire reste une utopie", a-t-il assuré. Il a en outre appelé à des "clarifications" sur le financement de ces mesures dont le coût a été évalué par le ministère à 300 millions d'euros par an.

"Pas à la hauteur de l'urgence"

Dans un communiqué publié la semaine dernière, l'Unicef a également dénoncé des mesures "qui ne sont pas à la hauteur de l'urgence", notamment au regard de la situation "pour les enfants ultramarins".

"L'écart considérable entre les ambitions et les propositions du Comité d'orientation avec les mesures annoncées aujourd'hui doit nous alerter. Des réponses structurelles sont encore attendues pour le respect du droit à la santé de chaque enfant", a déploré Adeline Hazan, présidente de l'Unicef France.

Par ailleurs "plusieurs mesures figuraient déjà dans la feuille de route santé mentale et psychiatrie", a dénoncé l'organisation, pointant notamment la formation "Premiers secours en santé mentale" (cf dépêche du 02/05/2024 à 09:47).

Elle a toutefois salué les mesures portant notamment sur le renforcement financier des protections maternelles infantiles (PMI), soit "40 millions d'euros supplémentaires par an d'ici 2027" ainsi que la "multiplication des lieux 1.000 premiers jours et des actions d'aller-vers".

Si la plateforme "Assurer l'avenir de la PMI", a affirmé "prendre acte" des annonces gouvernementales, elle a aussi affiché une réaction plus que tiède, regrettant que ces mesures ne s'affirment que "sous l'angle de principes généraux" au lieu "d'afficher des déclinaisons opérationnelles possibles".

"Quels objectifs assigner aux services de PMI en termes de couverture populationnelle? Quels effectifs de médecins, puéricultrices, sages-femmes et psychologues pour les mettre en œuvre?", a-t-elle notamment questionné.

A ce titre, l'organisation a déploré l'absence de mesures visant à renforcer l'attractivité des métiers de PMI, alors que beaucoup de ces mesures figuraient parmi les 20 mesures phares des propositions du comité d'orientation (cf dépêche du 29/04/2024 à 19:14).

"Augmenter" le quota d'internes en pédiatrie

Arborant également une impression "mitigée", le Syndicat national des pédiatres d'établissement hospitalier (SNPEH) a exprimé sa déception face à "l'absence de mesures spécifiques pour le secteur hospitalier", et en particulier en ce qui concerne les mesures d'attractivité pour les soignants du secteur de la pédiatrie.

"Pour les médecins, un gage d'attractivité aurait été le passage en temps continu pour tous les pédiatres hospitaliers et en particulier ceux assurant la permanence des soins", a-t-il souligné.

Il a ainsi encouragé l'Observatoire national de la démographie des professions de santé (ONDPS) à "augmenter le nombre d'internes" a minima à "700 places" au lieu des 600 préconisés par le gouvernement, et a rappelé son souhait "d'imposer un stage de six mois consécutifs en santé de l'enfant aux internes de médecine générale".

Après la polémique provoquée par la réduction de la durée de stage en pédiatrie dans la nouvelle maquette du diplôme d'études spécialisées (DES) de médecine générale (cf dépêche du 09/08/2023 à 13:02; dépêche du 15/02/2024 à 13:09 et dépêche du 27/03/2024 à 13:21), Frédéric Valletoux a annoncé qu'il maintiendrait finalement les six mois de stage en pédiatrie en quatrième année d'internat (cf dépêche du 24/05/2024 à 19:29).

Tout comme l'Unicef, le SNPEH a également déploré l'insuffisance des mesures portant sur la santé mentale des enfants, face à "l'urgence de l'état de santé mentale des jeunes".

L'Unipa sceptique sur l'intégration des puéricultrices en pratique avancée

L'Union nationale des infirmiers de pratique avancée (Unipa) a également exprimé son inquiétude vis-à-vis de la proposition faite par le ministre d'intégrer les compétences en pratique avancée en "santé des enfants" dans l'évolution de la spécialité de puéricultrice pour une première rentrée en scolarité en septembre 2027 au plus tard.

La pratique avancée "nécessite l'obtention d'un grade master […] permettant l'acquisition de compétences élargies indispensables à la prise de décision complexe et à un exercice autonome ne se limitant pas à un domaine de spécialité", a rappelé l'Unipa.

S'il a reconnu que les "infirmières puéricultrices sont une spécialité "précieuse et peu reconnue", le syndicat a toutefois soulevé que "leur formation et leur exercice ne répondent pas aux critères de la pratique avancée établie en France, centrée sur la clinique et les parcours de santé".

Pour rappel, si Frédéric Valletoux n'avait pas mentionné de reconnaissance de la formation des puéricultrices au niveau master 2, cette préconisation avait été faite par le comité d'orientation des assises.

Dans le dossier de presse joint à ses annonces, Frédéric Valletoux s'est contenté d'assurer que des "adaptations aux textes actuels de la pratique avancée des infirmiers permettront de garantir deux années de formation consacrées à la santé de l'enfant".

De "belles victoires" pour les orthophonistes

En revanche, les annonces du ministre ont été largement saluées par la Fédération nationale des orthophonistes (FNO).

"La profession d'orthophoniste est réellement mise en valeur dans ce contexte et ces annonces constituent non seulement une reconnaissance puissante de l'expertise et de l'autonomie des professionnels de terrain, mais aussi une marque de confiance donnée à la profession", a-t-elle estimé.

Le gouvernement prévoit notamment d'ouvrir "l'accès direct à tous orthophonistes", "d'accroître le nombre de places de formation en orthophonie" ou encore de revaloriser les "conditions de l'exercice des orthophonistes dans les établissements de santé et médico-sociaux", rappelle-t-on.

jr/ab/APMnews

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PARIS, 30 mai 2024 (APMnews) - Les annonces du ministre délégué de la santé et de la prévention, Frédéric Valletoux, lors de la conclusion des Assises de la pédiatrie et de la santé de l'enfant, vendredi dernier, ont reçu un accueil très mitigé de la part des professionnels de santé qui ont notamment regretté l'insuffisance des mesures au regard de la gravité de la situation, dans plusieurs communiqués diffusés ces derniers jours.

Un an après la remise des travaux du comité d'orientation (COR) qui avait été installé par l'ancien ministre de la santé et de la prévention François Braun, et plusieurs reports de calendrier, Frédéric Valletoux a conclu les Assises de la pédiatrie et de la santé de l'enfant au Conseil économique, social et environnemental (Cese), vendredi 24 mai (cf dépêche du 24/05/2024 à 17:40).

Le ministre a annoncé une série de mesures déclinées en quatre grands axes: la prévention (cf dépêche du 24/05/2024 à 17:02), la prise en charge sanitaire (cf dépêche du 24/05/2024 à 18:22), la santé mentale (cf dépêche du 24/05/2024 à 16:27) et la recherche (cf dépêche du 24/05/2024 à 16:27), comprenant au total 16 "objectifs", puisés parmi les plus de 300 propositions que le COR, présidé par Adrien Taquet et la Pr Christèle Gras-Le Guen, avait formulées (cf dépêche du 29/04/2024 à 20:59 et dépêche du 29/04/2024 à 19:14).

Ces annonces ont suscité des réactions mitigées de plusieurs organisations représentatives de la santé de l'enfant et notamment du COR lui-même.

S'il a salué plusieurs annonces du gouvernement (augmentation des places en internat), il a déploré l'abandon de plusieurs mesures pourtant préconisées dans son rapport.

"Les propositions concernant la recherche et l'innovation dans le domaine de la santé de l'enfant sont inachevées et insuffisantes", a-t-il estimé. De même "la sanctuarisation de financements spécifiques à l'enfant n'a pas été retenue et le choc de simplification réglementaire reste une utopie", a-t-il assuré. Il a en outre appelé à des "clarifications" sur le financement de ces mesures dont le coût a été évalué par le ministère à 300 millions d'euros par an.

"Pas à la hauteur de l'urgence"

Dans un communiqué publié la semaine dernière, l'Unicef a également dénoncé des mesures "qui ne sont pas à la hauteur de l'urgence", notamment au regard de la situation "pour les enfants ultramarins".

"L'écart considérable entre les ambitions et les propositions du Comité d'orientation avec les mesures annoncées aujourd'hui doit nous alerter. Des réponses structurelles sont encore attendues pour le respect du droit à la santé de chaque enfant", a déploré Adeline Hazan, présidente de l'Unicef France.

Par ailleurs "plusieurs mesures figuraient déjà dans la feuille de route santé mentale et psychiatrie", a dénoncé l'organisation, pointant notamment la formation "Premiers secours en santé mentale" (cf dépêche du 02/05/2024 à 09:47).

Elle a toutefois salué les mesures portant notamment sur le renforcement financier des protections maternelles infantiles (PMI), soit "40 millions d'euros supplémentaires par an d'ici 2027" ainsi que la "multiplication des lieux 1.000 premiers jours et des actions d'aller-vers".

Si la plateforme "Assurer l'avenir de la PMI", a affirmé "prendre acte" des annonces gouvernementales, elle a aussi affiché une réaction plus que tiède, regrettant que ces mesures ne s'affirment que "sous l'angle de principes généraux" au lieu "d'afficher des déclinaisons opérationnelles possibles".

"Quels objectifs assigner aux services de PMI en termes de couverture populationnelle? Quels effectifs de médecins, puéricultrices, sages-femmes et psychologues pour les mettre en œuvre?", a-t-elle notamment questionné.

A ce titre, l'organisation a déploré l'absence de mesures visant à renforcer l'attractivité des métiers de PMI, alors que beaucoup de ces mesures figuraient parmi les 20 mesures phares des propositions du comité d'orientation (cf dépêche du 29/04/2024 à 19:14).

"Augmenter" le quota d'internes en pédiatrie

Arborant également une impression "mitigée", le Syndicat national des pédiatres d'établissement hospitalier (SNPEH) a exprimé sa déception face à "l'absence de mesures spécifiques pour le secteur hospitalier", et en particulier en ce qui concerne les mesures d'attractivité pour les soignants du secteur de la pédiatrie.

"Pour les médecins, un gage d'attractivité aurait été le passage en temps continu pour tous les pédiatres hospitaliers et en particulier ceux assurant la permanence des soins", a-t-il souligné.

Il a ainsi encouragé l'Observatoire national de la démographie des professions de santé (ONDPS) à "augmenter le nombre d'internes" a minima à "700 places" au lieu des 600 préconisés par le gouvernement, et a rappelé son souhait "d'imposer un stage de six mois consécutifs en santé de l'enfant aux internes de médecine générale".

Après la polémique provoquée par la réduction de la durée de stage en pédiatrie dans la nouvelle maquette du diplôme d'études spécialisées (DES) de médecine générale (cf dépêche du 09/08/2023 à 13:02; dépêche du 15/02/2024 à 13:09 et dépêche du 27/03/2024 à 13:21), Frédéric Valletoux a annoncé qu'il maintiendrait finalement les six mois de stage en pédiatrie en quatrième année d'internat (cf dépêche du 24/05/2024 à 19:29).

Tout comme l'Unicef, le SNPEH a également déploré l'insuffisance des mesures portant sur la santé mentale des enfants, face à "l'urgence de l'état de santé mentale des jeunes".

L'Unipa sceptique sur l'intégration des puéricultrices en pratique avancée

L'Union nationale des infirmiers de pratique avancée (Unipa) a également exprimé son inquiétude vis-à-vis de la proposition faite par le ministre d'intégrer les compétences en pratique avancée en "santé des enfants" dans l'évolution de la spécialité de puéricultrice pour une première rentrée en scolarité en septembre 2027 au plus tard.

La pratique avancée "nécessite l'obtention d'un grade master […] permettant l'acquisition de compétences élargies indispensables à la prise de décision complexe et à un exercice autonome ne se limitant pas à un domaine de spécialité", a rappelé l'Unipa.

S'il a reconnu que les "infirmières puéricultrices sont une spécialité "précieuse et peu reconnue", le syndicat a toutefois soulevé que "leur formation et leur exercice ne répondent pas aux critères de la pratique avancée établie en France, centrée sur la clinique et les parcours de santé".

Pour rappel, si Frédéric Valletoux n'avait pas mentionné de reconnaissance de la formation des puéricultrices au niveau master 2, cette préconisation avait été faite par le comité d'orientation des assises.

Dans le dossier de presse joint à ses annonces, Frédéric Valletoux s'est contenté d'assurer que des "adaptations aux textes actuels de la pratique avancée des infirmiers permettront de garantir deux années de formation consacrées à la santé de l'enfant".

De "belles victoires" pour les orthophonistes

En revanche, les annonces du ministre ont été largement saluées par la Fédération nationale des orthophonistes (FNO).

"La profession d'orthophoniste est réellement mise en valeur dans ce contexte et ces annonces constituent non seulement une reconnaissance puissante de l'expertise et de l'autonomie des professionnels de terrain, mais aussi une marque de confiance donnée à la profession", a-t-elle estimé.

Le gouvernement prévoit notamment d'ouvrir "l'accès direct à tous orthophonistes", "d'accroître le nombre de places de formation en orthophonie" ou encore de revaloriser les "conditions de l'exercice des orthophonistes dans les établissements de santé et médico-sociaux", rappelle-t-on.

jr/ab/APMnews

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