Actualités de l'Urgence - APM

Le nombre de professionnels attendus vendredi n'a pas été communiqué. Ce renfort s'ajoutera aux 120 soignants et médecins partis mardi de métropole et qui ont été répartis "équitablement" entre les deux îles, a rapporté la DGOS.

Ces nouveaux arrivants devront pour partie relever les 240 professionnels de santé volontaires, venant d'une dizaine de régions métropolitaines, qui avaient été envoyés mardi 10 août en Martinique et en Guadeloupe (cf dépêche du 09/08/2021 à 12:53).

En ce qui concerne la Guadeloupe, 46 professionnels de l'île en congés bonifiés ont accepté de renforcer les équipes et "45 volontaires spontanés" (dont 11 personnes du territoire) ont été recensés et retenus par l'agence régionale de santé (ARS), a détaillé mercredi soir, lors d'une conférence de presse, la directrice générale de l'ARS Guadeloupe, Valérie Denux.

Une dizaine de professionnels de la réserve sanitaire étaient attendus à partir de mercredi soir en Guadeloupe, ils s'ajoutent aux 30 ou 40 déjà sur place, a-t-elle poursuivi.

Les évacuations de patients vers la métropole s'intensifient

Les transferts de patients en réanimation s'intensifient parallèlement depuis les Antilles vers la métropole, dans le cadre de l'opération Hippocampe.

"Nous allons conduire des Evasan de plus en plus nombreuses", a insisté Valérie Denux.

Mercredi, 8 patients Covid sont partis de Guadeloupe dans un avion de ligne A350 de la compagnie Air Caraïbes, "réaménagé comme une réanimation volante". Il peut "prendre 8 patients de réanimation intubés à la fois", a expliqué mercredi à APMnews le Dr Lionel Lamhaut, anesthésiste-réanimateur à l'hôpital Necker (AP-HP) et coordinateur de la mission "Hippocampe".

Six évacuations de patients depuis la Martinique ont été conduites dimanche, a-t-il souligné.

Un autre départ de 8 patients depuis les Antilles est attendu d'ici la fin de la semaine, a-t-il précisé.

"En même temps" que les transports via l'A350, un avion sanitaire de type Falcon médicalisé effectue des rotations de "transfert de trois patients à la fois, un coup de Guadeloupe et un coup de Martinique". Ainsi, "on essaie de faire un pont aérien afin de libérer des places de réanimation", a continué Lionel Lamhaut.

"Le nombre de patients [Covid] est très impressionnant" aux Antilles et "l'on se demande jusqu'où cela va aller". "La situation est très, très, très préoccupante", a ajouté le coordinateur de la mission.

En Guadeloupe, "1 personne sur 50 est contaminée chaque semaine"

En Guadeloupe, "nous sommes vraiment dans une situation très difficile", avec "beaucoup de cas [Covid] graves qui génèrent beaucoup d'hospitalisations", a alerté Valérie Denux lors de la conférence de presse.

Il y a eu "2.000 cas supplémentaires" de Covid en seulement deux jours sur les journées de lundi et mardi, soit la même tendance que la semaine dernière où 1.000 cas supplémentaires par jour ont été enregistrés, a-t-elle continué.

Le niveau de circulation du virus est tel qu'"une personne sur 50 en Guadeloupe est contaminée chaque semaine", c'est "énorme", a alerté la directrice générale de l'ARS.

Le taux d'incidence a continué de fortement augmenter pour atteindre 2.168,1 cas pour 100.000 habitants du 8 au 14 août, contre 1.882,3 du 1er au 7 août, d'après les données de Santé publique France (SPF) (cf dépêche du 18/08/2021 à 12:49).

La directrice générale de l'ARS Guadeloupe a toutefois évoqué un possible effet de "plateau" avec un taux de positivité des tests en légère diminution, à 22,8% sur la semaine du 9 au 15 août contre 24,8% du 2 au 8 août.

Le taux de reproduction R effectif est également en baisse, à 1,23 du 8 août au 14 août contre 1,86 sur la semaine précédente.

Au cours de la semaine du 9 au 15 août, 24 nouveaux clusters ont été détectés (16 en milieu professionnel, 2 rassemblements temporaires de personnes, 4 en établissement de santé ou établissement médico-social de personnes handicapées, 2 dans des crèches).

Au total, 43 clusters sont actuellement actifs. Le variant delta représente 92,4% des tests positifs réalisés, a rapporté Valérie Denux.

De "très graves conséquences" sur le système hospitalier guadeloupéen

Les conséquences de la circulation du Covid sont "très graves" pour le système hospitalier guadeloupéen, a souligné Valérie Denux.

Mercredi, en Guadeloupe, 86 lits de réanimation "aiguë" étaient activés au CHU et au centre hospitalier de Basse-Terre (CHBT). Ces lits étaient occupés par 82 patients dont 68 Covid, a rapporté la directrice générale de l'ARS.

A cela s'ajoutent 18 lits équipés avec le système d'oxygénation intensive Optiflow* et 8 lits de surveillance continue.

Un travail est en cours pour atteindre 130 lits de "réanimation aiguë" ainsi que "plus d'une cinquantaine de lits de soins critiques [soins continus et surveillance continue]", a annoncé la directrice générale.

Un autre travail est en cours pour augmenter le nombre de lits de soins critiques notamment à la clinique des Eaux Claires et à la polyclinique de la Guadeloupe, a ajouté Valérie Denux.

En médecine, 304 patients Covid sont hospitalisés en Guadeloupe.

Au total, "98%" des patients Covid hospitalisés ne sont pas vaccinés. "Soixante personnes" sont décédées du Covid la semaine dernière à l'hôpital, "nous n'avons jamais vu cela", sans compter celles qui sont décédées en ville", a dit Valérie Denux.

Le CHU de Nancy et la région Ile-de-France envoient du matériel de réanimation aux Antilles

Concernant les renforts en matériels, "des respirateurs" sont arrivés mardi soir et jeudi en Guadeloupe. Ils ont notamment "été achetés ou prêtés par des hôpitaux de métropole" pour ouvrir de nouvelles réanimations, a rapporté Valérie Denux.

La consommation d'oxygène est actuellement "6 à 10 fois" plus importante que d'habitude dans les établissements de santé de l'île, "c'est pour cela que les personnes en soins critiques sont réparties entre les différents établissements pour qu'ils puissent supporter" les besoins en oxygène.

Il y a notamment "un point de difficulté sur les concentrateurs d'oxygène à la maison". "Nous avons 10 prestataires" pour la gestion de l'approvisionnement "et nous travaillons avec eux pour augmenter" les commandes. "Nous avons également commandé plus d'une centaine des concentrateurs au niveau national et nous devrions les recevoir à partir de jeudi", a continué la directrice générale.

Le CHU de Nancy a expédié des nouveaux équipements biomédicaux qui sont arrivés mercredi pour aider les établissements guadeloupéens en tension, a indiqué l'établissement à APMnews.

Les équipements ont été réceptionnés mercredi: 10 respirateurs de réanimation, 5 respirateurs de transport, 32 pousse-seringues plus 8 bases de commande permettant la réalisation de 8 bases de perfusion avec accessoires destinés aux respirateurs et moniteurs, soit un ensemble de 12 palettes représentant 7,2 m³ et 900 kg.

Le CHU de Nancy avait déjà envoyé 3.350 kg de matériel biomédical de l'établissement (respirateurs, moniteurs, pousse-seringues, pompes à nutrition, pompes à perfusion, entre autres) en Guadeloupe vendredi pour monter des lits de réanimation supplémentaires, rappelle-t-on (cf dépêche du 12/08/2021 à 12:42).

La région Ile-de-France a annoncé mercredi dans un communiqué l'envoi de matériel de réanimation "dans tous les tout prochains jours" en Martinique et en Guadeloupe.

L'envoi doit permettre d'équiper rapidement "une vingtaine de lits de réanimation (moniteurs et respirateurs)" dans les CHU des deux îles, a précisé la région.

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