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12/10 2016
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AMP: PAS PLUS DE GROSSESSES AVEC LE TEST PRONOSTIQUE DE DÉVELOPPEMENT DES EMBRYONS EEVA*

LONDRES, 11 octobre 2016 (APM) - Le test pronostique de développement des embryons Eeva* (Merck Serono, groupe Merck KGaA), reposant sur une technologie <*time-lapse*> pour la sélection des embryons éligibles au transfert intra-utérin après une fécondation in vitro (FIV), est associé à des taux de grossesse similaires à ceux obtenus avec des embryons sélectionnés uniquement sur la base de critères morphologiques, montre une étude néerlandaise et belge publiée dans Human Reproduction.

Merck Serono a lancé Eeva* en France en juin 2015, après l'Espagne, le Royaume-Uni, l'Italie et l'Allemagne. Ce test permet de prédire la viabilité des embryons, à partir non seulement de leur morphologie mais aussi de leur cinétique de développement, grâce à un système d'imagerie reconstituant les trois premiers jours du développement embryonnaire (technologie <*time-lapse*>), sans sortir les embryons de leur milieu de culture.

Son efficacité avait été évaluée dans une étude randomisée, sur sa capacité à prédire sur des embryons à J3 ceux qui seront capables de se développer jusqu'au stade blastocyste (J5-J6), une manière de sélectionner les embryons les plus aptes à être implantés à J3. Dans cette étude, ce test a montré une spécificité de 85%, un taux de faux-positifs qui est passé de 48% à 15% par rapport à la méthode traditionnelle de sélection des embryons basée sur la morphologie, et une valeur prédictive positive passée de 34% à 55%, rappelle-t-on.

Mais la plupart des études sur le test Eeva* se sont focalisées sur le critère de formation de blastocyste, et pas sur la conséquence de la sélection des embryons par ce système sur les taux de grossesse, soulignent Dorit Kieslinger du VU University Medical Center à Amsterdam et ses collègues.

Ils ont donc réalisé une étude prospective, observationnelle, sur 280 patientes dont les embryons à transférer ont été sélectionnés sur la base du test Eeva* ainsi que des critères morphologiques standard, avec un groupe contrôle de 560 patientes appariées en fonction d'un score de propension, ne recevant pas ce test et pour qui les embryons à transférer ont été sélectionnés par la méthode traditionnelle.

Il n'y a eu aucune différence statistiquement significative entre les deux groupes en termes de taux de grossesse clinique (40,4% contre 39,8%), taux de grossesse évolutive (34,3% contre 34,6%), taux de naissance vivante (32,9% contre 33,4%) et taux d'implantation (35,0% contre 34,8%).

Cependant moins d'embryons classés comme "top-qualité" selon les critères morphologiques ont été transférés dans le groupe Eeva* par rapport au groupe contrôle (70,4% contre 82,3%). Mais en cas de transfert d'embryons ayant une morphologie sous-optimale, les chances de grossesse évolutive étaient significativement plus élevées dans le groupe Eeva* que dans le groupe contrôle (27,7% contre 13,1%). Avec les embryons "top-qualité", les chances de grossesse étaient similaires dans les deux groupes.

"Ce résultat suggère que Eeva* peut être utile pour identifier les embryons ayant un fort potentiel de développement même si leur morphologie à J3 est sous-optimale", commentent les auteurs.

Par ailleurs, avec le test Eeva*, le transfert d'embryons identifiés par ce test comme ayant un potentiel "élevé" ou "moyen" était associé à un taux de grossesse évolutive significativement supérieur (35,3% et 41,8%, respectivement) à celui associé aux embryons au potentiel "bas" (18,4%).

Les auteurs avancent deux explications possibles à ces résultats: soit l'algorithme utilisé n'était pas encore suffisamment avancé au moment de cette étude -l'algorithme est en développement constant avec la collecte des données des centres de FIV du monde entier-, et cette étude pilote doit donc être suivie; soit les améliorations constantes des protocoles traditionnels de sélection des embryons ont amené au développement de méthodes d'évaluation morphologique standardisées, qui pourraient s'avérer difficile à améliorer avec la surveillance par technologie <*time-lapse*>.

Finalement, ils estiment que cette technologie pourrait davantage bénéficier à des laboratoires ayant des résultats insatisfaisants en termes de taux de grossesse, du fait d'un protocole de sélection embryonnaire sous-optimal ou de personnel inexpérimenté, étant donné que sa mise en oeuvre apporte des résultats équivalents à un protocole de sélection embryonnaire validé.

En tout cas les nouveaux systèmes <*time-lapse*> comme Eeva* doivent être validés dans des essais randomisés contrôlés afin d'établir s'ils sont supérieurs et plus coût-efficaces que les techniques standard, avant de recommander leur implantation en pratique clinique de routine, concluent-ils.

(Human Reproduction, publication en ligne du 12 septembre)

cd/ab/APM

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LONDRES, 11 octobre 2016 (APM) - Le test pronostique de développement des embryons Eeva* (Merck Serono, groupe Merck KGaA), reposant sur une technologie <*time-lapse*> pour la sélection des embryons éligibles au transfert intra-utérin après une fécondation in vitro (FIV), est associé à des taux de grossesse similaires à ceux obtenus avec des embryons sélectionnés uniquement sur la base de critères morphologiques, montre une étude néerlandaise et belge publiée dans Human Reproduction.

Merck Serono a lancé Eeva* en France en juin 2015, après l'Espagne, le Royaume-Uni, l'Italie et l'Allemagne. Ce test permet de prédire la viabilité des embryons, à partir non seulement de leur morphologie mais aussi de leur cinétique de développement, grâce à un système d'imagerie reconstituant les trois premiers jours du développement embryonnaire (technologie <*time-lapse*>), sans sortir les embryons de leur milieu de culture.

Son efficacité avait été évaluée dans une étude randomisée, sur sa capacité à prédire sur des embryons à J3 ceux qui seront capables de se développer jusqu'au stade blastocyste (J5-J6), une manière de sélectionner les embryons les plus aptes à être implantés à J3. Dans cette étude, ce test a montré une spécificité de 85%, un taux de faux-positifs qui est passé de 48% à 15% par rapport à la méthode traditionnelle de sélection des embryons basée sur la morphologie, et une valeur prédictive positive passée de 34% à 55%, rappelle-t-on.

Mais la plupart des études sur le test Eeva* se sont focalisées sur le critère de formation de blastocyste, et pas sur la conséquence de la sélection des embryons par ce système sur les taux de grossesse, soulignent Dorit Kieslinger du VU University Medical Center à Amsterdam et ses collègues.

Ils ont donc réalisé une étude prospective, observationnelle, sur 280 patientes dont les embryons à transférer ont été sélectionnés sur la base du test Eeva* ainsi que des critères morphologiques standard, avec un groupe contrôle de 560 patientes appariées en fonction d'un score de propension, ne recevant pas ce test et pour qui les embryons à transférer ont été sélectionnés par la méthode traditionnelle.

Il n'y a eu aucune différence statistiquement significative entre les deux groupes en termes de taux de grossesse clinique (40,4% contre 39,8%), taux de grossesse évolutive (34,3% contre 34,6%), taux de naissance vivante (32,9% contre 33,4%) et taux d'implantation (35,0% contre 34,8%).

Cependant moins d'embryons classés comme "top-qualité" selon les critères morphologiques ont été transférés dans le groupe Eeva* par rapport au groupe contrôle (70,4% contre 82,3%). Mais en cas de transfert d'embryons ayant une morphologie sous-optimale, les chances de grossesse évolutive étaient significativement plus élevées dans le groupe Eeva* que dans le groupe contrôle (27,7% contre 13,1%). Avec les embryons "top-qualité", les chances de grossesse étaient similaires dans les deux groupes.

"Ce résultat suggère que Eeva* peut être utile pour identifier les embryons ayant un fort potentiel de développement même si leur morphologie à J3 est sous-optimale", commentent les auteurs.

Par ailleurs, avec le test Eeva*, le transfert d'embryons identifiés par ce test comme ayant un potentiel "élevé" ou "moyen" était associé à un taux de grossesse évolutive significativement supérieur (35,3% et 41,8%, respectivement) à celui associé aux embryons au potentiel "bas" (18,4%).

Les auteurs avancent deux explications possibles à ces résultats: soit l'algorithme utilisé n'était pas encore suffisamment avancé au moment de cette étude -l'algorithme est en développement constant avec la collecte des données des centres de FIV du monde entier-, et cette étude pilote doit donc être suivie; soit les améliorations constantes des protocoles traditionnels de sélection des embryons ont amené au développement de méthodes d'évaluation morphologique standardisées, qui pourraient s'avérer difficile à améliorer avec la surveillance par technologie <*time-lapse*>.

Finalement, ils estiment que cette technologie pourrait davantage bénéficier à des laboratoires ayant des résultats insatisfaisants en termes de taux de grossesse, du fait d'un protocole de sélection embryonnaire sous-optimal ou de personnel inexpérimenté, étant donné que sa mise en oeuvre apporte des résultats équivalents à un protocole de sélection embryonnaire validé.

En tout cas les nouveaux systèmes <*time-lapse*> comme Eeva* doivent être validés dans des essais randomisés contrôlés afin d'établir s'ils sont supérieurs et plus coût-efficaces que les techniques standard, avant de recommander leur implantation en pratique clinique de routine, concluent-ils.

(Human Reproduction, publication en ligne du 12 septembre)

cd/ab/APM

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