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ALZHEIMER: RÉFLEXION EN COURS SUR L'ORGANISATION DE LA PRATIQUE CLINIQUE AVANT LA MISE SUR LE MARCHÉ DU LÉCANÉMAB
ISSY-LES-MOULINEAUX (Hauts-de-Seine), 13 décembre 2024 (APMnews) - En amont de la mise sur le marché de la première immunothérapie anti-Alzheimer, le lécanémab (Leqembi*, Biogen et Eisai), les professionnels ont exposé leur réflexion sur l'organisation de leur pratique clinique, notamment au vu des effets secondaires potentiels, lors d'une table ronde mercredi au Congrès national 2024 des unités de soins, d'évaluation et de prise en charge Alzheimer (Uspalz) à Issy-les-Moulineaux.
Le nouveau traitement par lécanémab va "certainement arriver sur le marché début 2025", a estimé la Pr Fati Nourhashemi, gériatre au CHU de Toulouse, en introduction de la table ronde. Il a été "réexaminé par l'Agence européenne du médicament (EMA) et, à notre grande satisfaction, a obtenu son autorisation de mise sur le marché" (AMM), a-t-elle rappelé (cf dépêche du 14/11/2024 à 18:28).
Pour rappel, en juillet le comité des médicaments à usage humain (CMUH) de l'EMA avait recommandé de ne pas autoriser la mise sur le marché de Leqembi* chez tous les patients atteints de la maladie d'Alzheimer à un stade précoce, en raison des risques d'effets secondaires graves (cf dépêche du 26/07/2024 à 14:21). Il s'est ensuite déclaré favorable à une commercialisation mais "dans le cadre d'un programme d'accès contrôlé" afin de garantir son usage uniquement dans la population de patients recommandée.
Afin de suivre ces recommandations, des réflexions sont en cours pour organiser et homogénéiser les parcours de soins dans les territoires, notamment pour sélectionner les patients qui pourront bénéficier de ce traitement et garantir l'équité d'accès ainsi que prévenir et surveiller les effets indésirables.
Les patients qui peuvent tirer un bénéfice du traitement sont "à un stade prodromal, c'est-à-dire avec un trouble cognitif mineur ou avec un trouble cognitif majeur à un stade léger avec un MMSE de 22 ou plus", a détaillé la Pr Maria-Eugenia Soto-Martin du CHU de Toulouse.
Pour poser l'indication, "les phénotypes cliniques doivent être reliés à des critères biologiques et confirmés par une ponction lombaire dans un premier temps. Si la ponction lombaire est contre-indiquée, une TEP amyloïde peut être réalisée."
Un génotypage de l'apolipoprotéine E (ApoE) devra également être réalisé car "les homozygotes [pour l'allèle E4] ne pourront pas bénéficier de ce traitement": ils présentent un risque accru de développer un effet indésirable potentiellement grave du lécanémab, une ARIA (anomalie d'imagerie liée à l'amyloïde).
Les patients devront réaliser des examens IRM pour surveiller la survenue d'ARIA avant le début du traitement et avant la cinquième, la septième et la 14e dose de lécanémab. Des examens IRM supplémentaires peuvent être nécessaires en cas de symptômes d'ARIA, rappelle-t-on.
Par ailleurs, "la capacité de prise de décision et donc des fonctions exécutives devront également être évaluées" afin de décider de la mise sous traitement avec le patient et son aidant et recueillir son consentement, a expliqué le Dr Eric Dumas, vice-président de la Fédération des centres mémoire.
"Pour moi, cela pose la question de l'égalité d'accès au soin", c'est-à-dire "l'accès aux biomarqueurs" et à "un diagnostic précoce des stades très légers, d'où la nécessité de renforcer les consultations mémoire avec des infirmières spécialisées", a expliqué la Pr Soto-Martin.
"On ne pourra pas faire l'économie d'une réflexion éthique, sur l'autonomie, le rapport bénéfice-risque et la notion d'équité et d'accessibilité du traitement pour tous les citoyens", a poursuivi le Dr Dumas. Pour lui, le travail avec les associations de patients sera nécessaire.
Néanmoins, "la France est prête", a assuré la Pr Claire Paquet, neurologue à l'hôpital Fernand-Widal (AP-HP, Paris). Pour le suivi par IRM, "il y a 1.277 machines sur le territoire, et l'autorisation d'en installer de nouvelles est en train de s'assouplir".
Par ailleurs, elle imagine l'administration du traitement par vagues, avec une première incluant uniquement les centres experts qui ont déjà une expérience avec les immunothérapies, qui sont en lien avec un centre d'imagerie et qui ont accès aux biomarqueurs.
jm/ld/nc/APMnews
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ALZHEIMER: RÉFLEXION EN COURS SUR L'ORGANISATION DE LA PRATIQUE CLINIQUE AVANT LA MISE SUR LE MARCHÉ DU LÉCANÉMAB
ISSY-LES-MOULINEAUX (Hauts-de-Seine), 13 décembre 2024 (APMnews) - En amont de la mise sur le marché de la première immunothérapie anti-Alzheimer, le lécanémab (Leqembi*, Biogen et Eisai), les professionnels ont exposé leur réflexion sur l'organisation de leur pratique clinique, notamment au vu des effets secondaires potentiels, lors d'une table ronde mercredi au Congrès national 2024 des unités de soins, d'évaluation et de prise en charge Alzheimer (Uspalz) à Issy-les-Moulineaux.
Le nouveau traitement par lécanémab va "certainement arriver sur le marché début 2025", a estimé la Pr Fati Nourhashemi, gériatre au CHU de Toulouse, en introduction de la table ronde. Il a été "réexaminé par l'Agence européenne du médicament (EMA) et, à notre grande satisfaction, a obtenu son autorisation de mise sur le marché" (AMM), a-t-elle rappelé (cf dépêche du 14/11/2024 à 18:28).
Pour rappel, en juillet le comité des médicaments à usage humain (CMUH) de l'EMA avait recommandé de ne pas autoriser la mise sur le marché de Leqembi* chez tous les patients atteints de la maladie d'Alzheimer à un stade précoce, en raison des risques d'effets secondaires graves (cf dépêche du 26/07/2024 à 14:21). Il s'est ensuite déclaré favorable à une commercialisation mais "dans le cadre d'un programme d'accès contrôlé" afin de garantir son usage uniquement dans la population de patients recommandée.
Afin de suivre ces recommandations, des réflexions sont en cours pour organiser et homogénéiser les parcours de soins dans les territoires, notamment pour sélectionner les patients qui pourront bénéficier de ce traitement et garantir l'équité d'accès ainsi que prévenir et surveiller les effets indésirables.
Les patients qui peuvent tirer un bénéfice du traitement sont "à un stade prodromal, c'est-à-dire avec un trouble cognitif mineur ou avec un trouble cognitif majeur à un stade léger avec un MMSE de 22 ou plus", a détaillé la Pr Maria-Eugenia Soto-Martin du CHU de Toulouse.
Pour poser l'indication, "les phénotypes cliniques doivent être reliés à des critères biologiques et confirmés par une ponction lombaire dans un premier temps. Si la ponction lombaire est contre-indiquée, une TEP amyloïde peut être réalisée."
Un génotypage de l'apolipoprotéine E (ApoE) devra également être réalisé car "les homozygotes [pour l'allèle E4] ne pourront pas bénéficier de ce traitement": ils présentent un risque accru de développer un effet indésirable potentiellement grave du lécanémab, une ARIA (anomalie d'imagerie liée à l'amyloïde).
Les patients devront réaliser des examens IRM pour surveiller la survenue d'ARIA avant le début du traitement et avant la cinquième, la septième et la 14e dose de lécanémab. Des examens IRM supplémentaires peuvent être nécessaires en cas de symptômes d'ARIA, rappelle-t-on.
Par ailleurs, "la capacité de prise de décision et donc des fonctions exécutives devront également être évaluées" afin de décider de la mise sous traitement avec le patient et son aidant et recueillir son consentement, a expliqué le Dr Eric Dumas, vice-président de la Fédération des centres mémoire.
"Pour moi, cela pose la question de l'égalité d'accès au soin", c'est-à-dire "l'accès aux biomarqueurs" et à "un diagnostic précoce des stades très légers, d'où la nécessité de renforcer les consultations mémoire avec des infirmières spécialisées", a expliqué la Pr Soto-Martin.
"On ne pourra pas faire l'économie d'une réflexion éthique, sur l'autonomie, le rapport bénéfice-risque et la notion d'équité et d'accessibilité du traitement pour tous les citoyens", a poursuivi le Dr Dumas. Pour lui, le travail avec les associations de patients sera nécessaire.
Néanmoins, "la France est prête", a assuré la Pr Claire Paquet, neurologue à l'hôpital Fernand-Widal (AP-HP, Paris). Pour le suivi par IRM, "il y a 1.277 machines sur le territoire, et l'autorisation d'en installer de nouvelles est en train de s'assouplir".
Par ailleurs, elle imagine l'administration du traitement par vagues, avec une première incluant uniquement les centres experts qui ont déjà une expérience avec les immunothérapies, qui sont en lien avec un centre d'imagerie et qui ont accès aux biomarqueurs.
jm/ld/nc/APMnews