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03/05 2024
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GRÈVE DES CLINIQUES: LE SNPHARE S'INQUIÈTE D'UNE SURCHARGE D'ACTIVITÉ POUR L'HÔPITAL PUBLIC

PARIS, 3 mai 2024 (APMnews) - Le Syndicat national des praticiens hospitaliers anesthésistes-réanimateurs (SNPHARE) s'est inquiété mercredi, dans un communiqué, des conséquences que pourrait avoir pour l'hôpital public la grève des cliniques annoncée pour début juin et demande aux ARS d'anticiper les moyens nécessaires.

Le SNPHARE "a appris en fin de semaine dernière les modalités de la grève annoncée des établissements de soins privés, grève incluant les soins urgents", précise-t-il dans son communiqué.

La Fédération de l'hospitalisation privée (FHP) prépare cette grève dans les cliniques à partir du 3 juin, en association avec les syndicats de médecins libéraux, rappelle-t-on (cf dépêche du 25/04/2024 à 17:42). Pour l'ensemble des activités, cette grève se tiendra sur "trois jours reconductibles", du lundi 3 au mercredi 5 juin, a fait savoir le 25 avril Lamine Gharbi, président de la FHP, lors d'une conférence de presse.

Concernant les urgences et la permanence des soins, la grève est prévue du 3 au 9 juin et sera également reconductible.

S'agissant des activités programmées, le Dr Philippe Cuq, coprésident d'Avenir Spé-Le Bloc, a précisé que la diminution de l'activité serait progressive afin d'avoir "le minimum de patients hospitalisés" durant la grève.

L'hôpital public "ne pourra absorber la surcharge d'activité induite par la grève des cliniques sans anticipation et aménagement du capacitaire et des moyens humains, a fortiori dans le contexte de pénurie actuelle de professionnels de santé dans les spécialités à forte contrainte en permanence des soins", s'inquiète le SNPHARE.

"Les expériences récurrentes de fermeture temporaire inopinée d'une maternité, d'un bloc opératoire ou d'un service d'urgence et leurs conséquences sur les autres établissements nous le rappellent."

"Aucun praticien ne souhaite être dans une situation dépassée, notamment la nuit, le week-end et les jours fériés, faute de moyens suffisants pour prendre en charge l'ensemble des urgences vitales et non vitales", pointe l'organisation syndicale. "Aucun patient ne doit être mis en danger du fait d'une grève de professionnels de santé."

La situation doit être anticipée "dans le cadre des 'situations sanitaires exceptionnelles'", suggère l'organisation, évoquant des solutions allant de "l'augmentation du capacitaire (locaux, moyens humains) à la réquisition des praticiens grévistes, en passant par des déprogrammations".

Le SNPHARE "a écrit aux directions générales des ARS [agences régionales de santé] pour les informer de [son] inquiétude sur le retentissement de cette grève sur l'hôpital public et ses conséquences pour l'ensemble des patients, qu'ils aient à être pris en charge en urgence ou pour des soins déjà programmés, et pour demander quelles solutions sont envisagées".

Il souligne attendre "des réponses concrètes, anticipées, cohérentes afin d'éviter toute perte de chance liée à un retard de prise en charge pour l'ensemble de nos concitoyens à partir du 1er juin 2024, mais aussi pour que les praticiens ne se retrouvent pas, encore une fois, livrés à eux-mêmes dans une situation difficile".

La FHF attend une compensation des éventuels surcoûts pour l'hôpital public

Interrogée jeudi par APMnews sur la grève des cliniques, la déléguée générale de la Fédération hospitalière de France (FHF), Zaynab Riet, a d'abord pointé que "la campagne tarifaire soutient des activités qui ont été jugées prioritaires par les pouvoirs publics" et non des "opérateurs en particulier", faisant valoir que les secteurs public et privé étaient traités de manière "identique".

Et "ce n'est pas en allant à l'encontre des priorités de santé publique pour les populations que l'on aidera les cliniques", a-t-elle considéré.

Avec la grève des cliniques, "bien évidemment, une charge va se reporter sur les hôpitaux publics", mais "il faut rappeler que 80% de la permanence des soins en établissement sont assurés par l'hôpital public et que, sur les 21 millions de passages aux urgences par an, 19 millions sont assurés par l'hôpital public", a-t-elle commenté.

"Donc oui, il va y avoir un report de charge sur l'hôpital, mais l'hôpital va accueillir tout le monde", a-t-elle assuré.

Ce mouvement de grève doit être l'occasion de réaliser "ce que nous demandons depuis des années", c'est-à-dire "les schémas territoriaux de la permanence des soins, sous l'autorité de l'agence régionale de santé, à même d'examiner et d'anticiper comment on va organiser l'offre de soins du territoire", a-t-elle expliqué (cf dépêche du 07/09/2023 à 18:45).

C'est en particulier "ce que nous demandons chaque année pour les périodes estivales, parce que chaque année, il y a, du fait des congés, des cliniques qui ralentissent leur activité et nous nous retrouvons à assurer la continuité des soins", a-t-elle ajouté.

La FHF demande que soit élaboré par toutes les ARS, à l'échelle des territoires, un état des lieux "des services ouverts, qui fonctionnent à taux plein, ou qui fonctionnent au ralenti, pour la période de juin, juillet, août et septembre", a-t-elle précisé. Cela "devrait être fait tous les ans en février-mars".

Dans les territoires, des organisations se mettent néanmoins en place "pour préparer l'été", d'autant que la période des Jeux olympiques doit être particulièrement anticipée, a-t-elle précisé.

"S'agissant des activités des services d'urgence, il y a une obligation au regard de la loi de continuité de permanence et d'accueil, quel que soit le statut des hôpitaux, qu'ils soient du secteur public comme du secteur privé", a par ailleurs fait valoir Zaynab Riet.

L'ARS devra donc "organiser les soins à l'échelle des territoires, prendre les mesures qui s'imposent le cas échéant" et "donner les moyens aux hôpitaux publics pour assurer la continuité".

Il est pour l'heure difficile de prévoir "quelle sera la charge réelle", mais "toute charge supplémentaire nécessitant des moyens supplémentaires devra être financée pour l'hôpital public", a également défendu Zaynab Riet.

mlb/nc/APMnews

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PARIS, 3 mai 2024 (APMnews) - Le Syndicat national des praticiens hospitaliers anesthésistes-réanimateurs (SNPHARE) s'est inquiété mercredi, dans un communiqué, des conséquences que pourrait avoir pour l'hôpital public la grève des cliniques annoncée pour début juin et demande aux ARS d'anticiper les moyens nécessaires.

Le SNPHARE "a appris en fin de semaine dernière les modalités de la grève annoncée des établissements de soins privés, grève incluant les soins urgents", précise-t-il dans son communiqué.

La Fédération de l'hospitalisation privée (FHP) prépare cette grève dans les cliniques à partir du 3 juin, en association avec les syndicats de médecins libéraux, rappelle-t-on (cf dépêche du 25/04/2024 à 17:42). Pour l'ensemble des activités, cette grève se tiendra sur "trois jours reconductibles", du lundi 3 au mercredi 5 juin, a fait savoir le 25 avril Lamine Gharbi, président de la FHP, lors d'une conférence de presse.

Concernant les urgences et la permanence des soins, la grève est prévue du 3 au 9 juin et sera également reconductible.

S'agissant des activités programmées, le Dr Philippe Cuq, coprésident d'Avenir Spé-Le Bloc, a précisé que la diminution de l'activité serait progressive afin d'avoir "le minimum de patients hospitalisés" durant la grève.

L'hôpital public "ne pourra absorber la surcharge d'activité induite par la grève des cliniques sans anticipation et aménagement du capacitaire et des moyens humains, a fortiori dans le contexte de pénurie actuelle de professionnels de santé dans les spécialités à forte contrainte en permanence des soins", s'inquiète le SNPHARE.

"Les expériences récurrentes de fermeture temporaire inopinée d'une maternité, d'un bloc opératoire ou d'un service d'urgence et leurs conséquences sur les autres établissements nous le rappellent."

"Aucun praticien ne souhaite être dans une situation dépassée, notamment la nuit, le week-end et les jours fériés, faute de moyens suffisants pour prendre en charge l'ensemble des urgences vitales et non vitales", pointe l'organisation syndicale. "Aucun patient ne doit être mis en danger du fait d'une grève de professionnels de santé."

La situation doit être anticipée "dans le cadre des 'situations sanitaires exceptionnelles'", suggère l'organisation, évoquant des solutions allant de "l'augmentation du capacitaire (locaux, moyens humains) à la réquisition des praticiens grévistes, en passant par des déprogrammations".

Le SNPHARE "a écrit aux directions générales des ARS [agences régionales de santé] pour les informer de [son] inquiétude sur le retentissement de cette grève sur l'hôpital public et ses conséquences pour l'ensemble des patients, qu'ils aient à être pris en charge en urgence ou pour des soins déjà programmés, et pour demander quelles solutions sont envisagées".

Il souligne attendre "des réponses concrètes, anticipées, cohérentes afin d'éviter toute perte de chance liée à un retard de prise en charge pour l'ensemble de nos concitoyens à partir du 1er juin 2024, mais aussi pour que les praticiens ne se retrouvent pas, encore une fois, livrés à eux-mêmes dans une situation difficile".

La FHF attend une compensation des éventuels surcoûts pour l'hôpital public

Interrogée jeudi par APMnews sur la grève des cliniques, la déléguée générale de la Fédération hospitalière de France (FHF), Zaynab Riet, a d'abord pointé que "la campagne tarifaire soutient des activités qui ont été jugées prioritaires par les pouvoirs publics" et non des "opérateurs en particulier", faisant valoir que les secteurs public et privé étaient traités de manière "identique".

Et "ce n'est pas en allant à l'encontre des priorités de santé publique pour les populations que l'on aidera les cliniques", a-t-elle considéré.

Avec la grève des cliniques, "bien évidemment, une charge va se reporter sur les hôpitaux publics", mais "il faut rappeler que 80% de la permanence des soins en établissement sont assurés par l'hôpital public et que, sur les 21 millions de passages aux urgences par an, 19 millions sont assurés par l'hôpital public", a-t-elle commenté.

"Donc oui, il va y avoir un report de charge sur l'hôpital, mais l'hôpital va accueillir tout le monde", a-t-elle assuré.

Ce mouvement de grève doit être l'occasion de réaliser "ce que nous demandons depuis des années", c'est-à-dire "les schémas territoriaux de la permanence des soins, sous l'autorité de l'agence régionale de santé, à même d'examiner et d'anticiper comment on va organiser l'offre de soins du territoire", a-t-elle expliqué (cf dépêche du 07/09/2023 à 18:45).

C'est en particulier "ce que nous demandons chaque année pour les périodes estivales, parce que chaque année, il y a, du fait des congés, des cliniques qui ralentissent leur activité et nous nous retrouvons à assurer la continuité des soins", a-t-elle ajouté.

La FHF demande que soit élaboré par toutes les ARS, à l'échelle des territoires, un état des lieux "des services ouverts, qui fonctionnent à taux plein, ou qui fonctionnent au ralenti, pour la période de juin, juillet, août et septembre", a-t-elle précisé. Cela "devrait être fait tous les ans en février-mars".

Dans les territoires, des organisations se mettent néanmoins en place "pour préparer l'été", d'autant que la période des Jeux olympiques doit être particulièrement anticipée, a-t-elle précisé.

"S'agissant des activités des services d'urgence, il y a une obligation au regard de la loi de continuité de permanence et d'accueil, quel que soit le statut des hôpitaux, qu'ils soient du secteur public comme du secteur privé", a par ailleurs fait valoir Zaynab Riet.

L'ARS devra donc "organiser les soins à l'échelle des territoires, prendre les mesures qui s'imposent le cas échéant" et "donner les moyens aux hôpitaux publics pour assurer la continuité".

Il est pour l'heure difficile de prévoir "quelle sera la charge réelle", mais "toute charge supplémentaire nécessitant des moyens supplémentaires devra être financée pour l'hôpital public", a également défendu Zaynab Riet.

mlb/nc/APMnews

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